Je ne veux surtout pas me plaindre. Loin de là est mon intention. Surtout qu’hier, c’était la journée mondiale de la course à pied !

Au contraire, je remercie la vie de me donner l’opportunité de pouvoir encore courir aujourd’hui. J’ai bien récupéré de cette intervention chirurgicale pour l’ablation d’un cancer de la prostate et ce contrairement à d’autres personnes que j’ai pu rencontrer depuis octobre dernier.

Je répète et je persiste à croire que ma condition physique obtenue au fil des années par une bonne alimentation et la pratique de mon sport favori a certes pesé lourd dans la balance.

Toutefois, ce n’est plus ce que c’était. J’ai comme perdu la « drive » qui me caractérisait lorsque je me retrouvais à la poursuite de mon objectif des 100 marathons. Je me plais à comparer mon attitude à celle d’un hockeyeur professionnel qui remporte la coupe Stanley, l’objectif ultime dans la LNH. L’année suivante, lorsque débute une autre saison régulière, il a du mal à retrouver l’essence qui lui permettait de se surpasser lors des séries éliminatoires du printemps précédent. Vous comprenez ce que je veux dire ? Je sens que je n’ai plus le contrôle.

Voilà la situation dans laquelle je me retrouve présentement. Je n’ai pas couru un marathon depuis octobre 2019 et nous sommes en juin 2021. Il y a eu cette pandémie qui a gelé les événements puis ce fameux cancer qui a tout bousillé sur le plan de la course à pied.

ALORS, JE ME CHERCHE

Pourtant expérimenté après 26 ans de pratique, je m’interroge. Nombreuses les explications qui arrivent des personnes qui écouteront mes confidences.

Plusieurs me disent que je dois prendre le temps nécessaire pour me rebâtir.

Je vise encore le marathon car c’est la distance dont j’ai besoin pour poursuivre. En fait, elle me caractérise. Cependant, je n’arrive pas à dépasser les 21km et c’est la force du mental comme disait Marc Messier dans les Boys que je ne peux retrouver.

Pas question d’abandonner. Même si je continue d’avancer en âge, je demeure persuadé que je serai encore capable de traverser la ligne d’arrivée d’un 42 km. Et j’ai avisé ma compagne qui va taper du pied à la ligne d’arrivée, qu’elle devra s’armer de patience car je risque fortement de me retrouver dans la dernière portion des finissants. En autant que je pourrai le terminer, c’est ce qui compte pour moi, ne serait-ce que pour me rassurer que je peux encore vivre cette sensation.

CONTINUER DE RÊVER

Je suis conscient que je suis exigeant car plusieurs se contenteraient de sortir sain et sauf de cette mésaventure et de continuer à profiter des bienfaits de la vie.

Même si certains marathons ont débuté leur période d’inscriptions, je les regarde d’un œil discret pour le moment et j’attends avant de passer à l’acte. Dans mon for intérieur, je sais très bien que je finirai par sélectionner celui qui deviendra mon 101e, une étape que sincèrement, je n’anticipais franchir considérant les obstacles de la vie.

Je continue de courir aux deux jours et de rêver.

Rien de plus important que la confiance en soi que je tenterai de retrouver au cours des prochains mois.