Courses Folles | Épisode 4 – Le grand départ!
– Poulet ou pâtes?
La voix de l’agent de bord, s’adressant aux passagers devant moi, me tire de mon sommeil. Peut-il y avoir meilleur réveil dans la vie que de se faire offrir un repas? Je ne croirais pas. Je hume l’odeur plus ou moins claire du mélange de nourriture réchauffée, du parfum au Pacioli de ma voisine d’allée et de mes chaussettes de moins en moins propres plus le voyage avance et je sens mon ventre gargouiller. Il est quand même 2 heures du matin, quelle belle heure pour souper. Je mets sur pause le film dont j’ai dû voir la moitié du générique d’ouverture avant de sombrer dans le coma grâce au cocktail parfait du voyageur : Sleep eze et vin rouge. Je déplie ma tablette, redresse mon siège et prépare déjà ma réponse à la question tant attendue lorsque les lumières des ceintures de sécurité se rallument et je vois mon plateau-repas s’éloigner rapidement en compagnie de l’agent de bord. Nonnnnnn.
– Ici votre commandant, nous traversons une zone de turbulences, veuillez regagner votre siège et attacher vos ceintures. Le service de repas reprendra dans quelques instants.
***
– Tu boudes encore? me demande Nico.
– Je ne boude pas, je suis juste extrêmement déçue, nuance.
Nico me prend par les épaules.
– Inquiète-toi pas, tu vas en manger des pâtes trop cuites d’ici la fin du voyage. dit Nico en rigolant.
Les portes automatiques s’ouvrent et une bouffée de chaleur nous écrase. Ouf l’air climatisé de l’aéroport me manque déjà.
– Bienvenue en Australie pour notre première course folle! s’écrit Marie attirant le regard intrigué des passants.
Joël improvise une petite danse de joie pas piquée des vers. Malgré nos yeux cernés et ma cheville de la taille d’une clémentine, nous sommes bien excités.
***
– Allez c’est l’heure. Marie me secoue brusquement dans mon lit.
Le décalage horaire, quelle invention inhumaine. Je ne sais pas comment on a pu se convaincre que de courir le lendemain de notre arrivée à Melbourne pour sauver 100$ sur nos billets d’avion serait une bonne idée. J’ai l’impression de m’être fait renverser par un dix roues. Et un dix roues avec des pneus à clous. J’enfile ma tenue de course. C’est fou comment je deviens superstitieuse quand il s’agit de choisir mes vêtements. Rien n’est laissé au hasard; de l’élastique à cheveux, aux bas en passant par les bobettes tout a été choisi avec soin. Éviter les frottements, légers, harmonieux et surtout interdiction de porter le chandail de l’événement le jour de la course au risque d’être foudroyé instantanément. Un chandail d’une année précédente est toutefois acceptable. J’attrape mon mélange de Gatorade et d’eau, mon rouleau de tape élastique et mes souliers de course.
On se dirige vers le départ de la course. La fébrilité nous gagne rapidement lorsque nous croisons d’autres participants déjà en train de s’échauffer. Arrivés à la table d’inscription, on récupère nos dossards, nos épingles et notre pacte de bières.
Nous y voilà. À nous le BEER MILE!