Marathon de Boston vécu de l’intérieur

Marathon de Boston vécu de l’intérieur

Dimanche le 2 avril

Ça y est, la dernière grosse semaine d’entraînement est complétée. Nous sommes deux semaines avant le marathon de Boston et je termine mon café en regardant le calendrier des 13 dernières semaines. Je devrais plutôt écrire mon dernier café avant le jour du marathon. En effet, après avoir écouté un balado où Mathieu Blanchard était interviewé, je me suis dit que je pourrais essayer, comme ce dernier, de me sevrer de la caféine deux semaines avant la course pour profiter du kick de celle-ci le jour de l’événement. Je l’essaie!

Alors voilà, dernier café et jus de betteraves à chaque jour jusqu’au marathon! Placebo ou pas, si je vais à Boston juste une fois dans ma vie, autant y aller all in.


Samedi le 15 avril

Direction Boston, Massachussetts!

La route se passe très bien. On fait un premier arrêt à Hooksett dans le New Hampshire pour dîner, couper le trajet en deux et de se délier les jambes. Un arrêt stratégique que les habitués font à chaque année. Après avoir engloutis nos repas, on repart en direction du Prudential Center de Boston, où se tient l’expo du marathon et ses kiosques de récupération de dossards. À l’approche de Boston, de plus en plus de panneaux publicitaires affichent les couleurs de la 127ème édition de cette course mythique. L’arrivée au Prudential Center est impressionnante avec ses serpentins de coureurs qui se dirigent tous au même endroit. On récupère nos dossards, on visite très rapidement l’expo, puis on reprend la route pour quelques minutes le temps d’arriver à l’hôtel.

On effectue le check-in et un jog de 5 kilomètres est rapidement organisé pour 4 des gars de notre groupe de course. On se délie les jambes et on chasse la nervosité qui commence à s’installer.


Dimanche le 16 avril

On se lève, on va déjeuner et on se présente à 7hrs30 dans le lobby de l’hôtel pour participer au tirage de l’agence de voyages Contact Amérique. Ce tirage pourrait nous permettre de tous monter à bord de l’autobus voyageur du groupe à Pierre Bourassa le matin de la race. Cette gâterie non négligeable nous permettrait de rester au chaud les heures précédant le marathon jusqu’au dernier moment, plutôt que de devoir descendre du bus scolaire de l’organisation le matin de la course et aller attendre sous la pluie au village des athlètes pendant +- 2 heures. Après quelques sueurs froides et un concours de circonstances favorables, le tirage nous favorise et nous pourrons tous être dans le bus 24 heures plus tard.

On remonte à la chambre et je me prépare pour un petit jog de reconnaissance de fin de parcours en compagnie de vétérans du groupe qui ont couru Boston plus d’une dizaine de fois. Cette sortie nous permet de faire le dernier kilomètre du parcours, soit le passage sous le viaduc, suivi du mythique right on Hereford street, then left on Boylston! On franchit la ligne d’arrivée qu’on reverra dans 24 heures.

De retour à l’hôtel, je lis La Presse et j’y trouve l’article d’Yves Boisvert, lui aussi à Boston pour courir et couvrir le marathon. Son billet parle bien sûr d’Eliud Kipchoge (parce que tous les yeux sont rivés vers ce Kenyan d’exception). Après ma lecture, je fais ma routine d’exercices habituelle en écoutant la vidéo de Greg McMillan qui parle de sa stratégie de pacing pour le marathon de Boston.

Si ça vous intéresse, voici le lien : vidéo de Greg McMillan

Suite au visionnement, l’heure de la sieste est officiellement décrétée pour tous. Au réveil, le reste de l’après-midi est consacré à lire, reposer nos jambes et carbloader pour le lendemain. Un souper au riz ou aux pâtes est organisé. On visionne à nouveau des reportages inspirants et la vidéo de McMillan. Le mot d’ordre de cette vidéo? No banking time! On part conservateur et on se garde de l’énergie pour le dénivelé positif sur la deuxième portion du parcours. It’s the final countdown…


Lundi le 17 avril – Marathon de Boston

Une nuit de sommeil excellente pour ma part. Le téléphone me réveille à 5hrs. Je me sens calme et confiant. Une douche, le déjeuner en bas (AVEC MON PREMIER CAFÉ RÉGULIER EN 2 SEMAINES!), puis je remonte pour m’habiller en race. Direction autobus voyageur qui nous attend dehors. Lorsque tout le monde est à bord, le chauffeur met le cap sur Hopkinton où se tient la ligne de départ. Il s’agit d’un trajet de 45 minutes/une heure.

À l’arrivée sur les terrains de l’école qui sont consacrés à l’évènement (pas de cours le 3ème lundi d’avril, c’est un congé férié aux U.S.A.), on constate que nous sommes très chanceux d’être à bord de cet autobus. Il y a beaucoup moins de coureurs qu’au village des athlètes et l’attente aux toilettes est d’environ 5 minutes. Le calme et le confort de l’autobus sont aussi appréciables. Vers 8hrs40, j’enfile une barre collation Maurten et la boisson de la même marque à la caféine. Je quitte le bus avec 3 autres gars quelques minutes après pour aller faire un jog de 2 kilomètres incluant quelques accélérations. À la suite de cette sortie, on remonte à bord pour récupérer nos derniers effets personnels, dont les vieilles chaussures et vieux vêtements qu’on va jeter avant le départ afin de rester au sec le plus longtemps possible. Les autres coureurs du bus qui nous voient redescendre nous applaudissent et nous encouragent. Ça y est, la première vague se met en marche vers la ligne de départ.

On doit prévoir une vingtaine de minutes pour arriver au bon endroit. Naturellement, un flot de plusieurs milliers de coureurs s’étale sur des centaines de mètres. J’arrête un instant à un stand pour mettre mes chaussures de race et changer mes chaussettes, puis on se dirige vers notre corral respectif. Il reste environ 10 minutes avant le départ. J’engouffre un gel sans caféine.

On démarre nos montres GPS. Le signal est rapidement reçu. L’annonceur présente l’interprète de l’hymne national américain et le silence s’installe pour faire place à la jeune chanteuse. Les dernières notes du Star-Spangled Banner annoncent le départ imminent du 127ème marathon de Boston. Pour l’instant c’est brumeux, la pluie n’a pas encore débuté. Un flottement de quelques secondes où tout le monde attend rend ce moment assez spécial. POW! Un coup de pistolet retentit et la masse se met rapidement à avancer. Un dernier fist pump à Mathieu, mon partenaire de course avec qui j’ai convenu de courir, et on embarque dans le train.

Kilomètres 0 à 5:

Le rythme est un peu lent sur les 500 premiers mètres mais on parvient à atteindre la cible visée de 4:10/km sur le premier kilomètre, malgré la pluie qui se met de la partie. La masse est importante, on se fait dépasser à gauche, à droite et certains ont même le culot de se faufiler entre nous. Il est évident qu’on souhaite courir côte à côte, les deux camisoles identiques qu’on revêt devraient allumer une certaine lumière, non? Avec toute cette action, il arrive qu’on s’éloigne momentanément, mais on se retrouve généralement dans les secondes suivantes. Vers le 2ème ou 3ème kilomètre, on assiste à une scène dramatique; un coureur est sur le côté de la route, penché vers l’avant sur un garde-fou et pleure à chaudes larmes. Son marathon est vraisemblablement déjà terminé! Une blessure? On ne le saura jamais, mais on se doute qu’abandonner 42,2K après moins de 15 minutes n’est pas ce qu’il comptait faire aujourd’hui…c’est vraiment triste.

Je split ma montre manuellement sur le tapis du 5ème K et la moyenne de ces 5 000 derniers mètres s’affiche: 4:09/km – Une seconde plus vite que prévu, c’est un excellent départ. No banking time!

Kilomètres 5 à10:

L’allure se stabilise, mais rester côte à côte avec Mathieu est compliqué étant donné la masse importante de coureurs. De plus, je m’efforce vraiment de rester à 4:10/km même si ça descend jusqu’au KM 6,5 environ. J’ai l’impression que mon partenaire est légèrement plus rapide puisque l’écart entre lui et moi se creuse peu à peu. Je l’ai toujours en garde-à-vue, mais lors des descentes il s’échappe légèrement. Il se retourne à plusieurs reprises pour vérifier où j’en suis, mais je ne cherche pas à le rattraper, pas à ce stade-ci de la course. Finalement, lors d’une autre descente aux alentours du 7ème ou 8ème kilomètre, j’ai l’impression que Mathieu se laisse aller et à ce moment je sais que je dois le laisser filer.

Prise de gel avec caféine au kilomètre 8.

Pace de ce split 5K: 4:10/km – Right on!

Kilomètres 10 à 15:

Le parcours est principalement plat sur cette section. Le régulateur de vitesse est bien réglé à 4:10/km et les sensations sont excellentes. Jusqu’à maintenant je respecte le plan de match à la lettre. Je cherche toujours Mathieu à l’horizon lorsque j’ai un bon point de vue sur le pack, mais je ne le repère pas malgré ses 6 pieds 1 pouces. Mentalement, ça me change toutefois les idées.

Pace de ce split 5K: 4:10/km – Encore right on!

Kilomètres 15 à 20:

Encore en mode cruise control et sensations toujours excellentes.

Prise de gel avec caféine au kilomètre 16.

Pace de ce split 5K: 4:11/km – La seconde récupérée des kilomètres 0 à 5. No banking time!

Kilomètres 20 à 25:

On commence à entendre les filles du collège Wellesley hurler plusieurs centaines de mètres avant de franchir ce qu’on appelle le Scream tunnel. Cette institution est reconnue pour la quantité importante d’étudiantes prêtes à se faire embrasser par les coureurs. Les affiches fabriquées par celles-ci sont toutes plutôt originales. J’en aperçois une très attendrissante: Run faster bitch! Ça a le mérite de te changer les idées! Ce tourbillon dépassé, on franchit la barrière physique et psychologique du demi-marathon. J’avais en tête de le réaliser en 1hrs28:00 et un regard à ma montre me confirme que j’y suis parvenu en 1hrs28:10. Le plan de match est toujours respecté et les sensations sont encore excellentes.

Prise de gel sans caféine au kilomètre 24.

Pace de ce split 5K: 4:11/km – Ça va bien!

Kilomètres 25 à 30:

Les habitués de Boston le savent, c’est ici que la bête commence à rugir. En effet, entre le kilomètre 25 et 26 la descente est plutôt importante, puis on tourne légèrement à droite et se profile la première des célèbres Newton Hills. Cette série de 4 côtes nous fera payer cher un départ trop rapide. Je le sais et j’attaque ce dénivelé avec respect en ralentissant. Je m’efforce de faire des petits pas, d’être penché légèrement vers l’avant et de m’aider avec mes bras. Je m’efforce aussi de sourire pour envoyer un message positif à mon cerveau. La foule est incroyable de chaque côté du parcours. Le niveau de décibels est élevé et l’énergie est contagieuse. La pluie n’empêche pas les habitants d’exprimer leur support et leur fierté. Je regarde ma montre à l’occasion et je suis agréablement surpris par l’allure respectable que je réussis à maintenir. Je ne sais pas si c’est l’effet placebo ou si la caféine fait vraiment son effet, mais je suis dans un état de concentration extrême. J’apprécie le moment. L’entraînement et la musculation payent car mes muscles répondent à merveille.

Pace de ce split 5K: 4:17/km – Très satisfait!

Kilomètres 30 à 35:

La série des 4 côtes de Newton se déroule bien jusqu’à maintenant, mais je sais que la célèbre Heartbreak Hill débutera vers le 32ème kilomètre. J’enfile donc un gel sans caféine un peu avant et je me concentre sur des images positives (ma blonde, mes enfants, etc.). À ce moment, j’aperçois Mathieu devant moi. Il se retourne, m’aperçoit à son tour et je réalise qu’il marche. Je le pointe et lui crie d’embarquer en m’approchant. Malheureusement, il me fait signe rapidement que ses jambes ne répondent plus et m’indique de continuer sans moi. On se tape dans la main et nos chemins se séparent à nouveau. On espère ne jamais vivre ça dans une course, mais un marathon c’est une bête et Boston c’est un monstre à trois têtes! Mathieu saura se reprendre cet automne, j’en suis certain.

La dernière ascension du parcours est difficile, mais je gère bien. J’aperçois une deuxième pancarte d’un supporteur qui me fait bien rire. On peut y lire: If you collapse, I’ll pause your Garmin. Ça fait toujours du bien ce genre d’humour dans un marathon. J’arrive bientôt au sommet de la mythique montée de 800 mètres, celle-là pour qui on s’entraîne sur la rue Beckett à Sherbrooke à des heures impossibles les matins de février. Je suis bien, mes jambes ne sont pas détruites et la patate n’est pas en train d’exploser non plus.

Ça y est! Les montées sont derrière moi. Je suis fier et les partisans sur les dizaines de mètres qui suivent sont tout simplement en délire. Ça huuuuurle! Il se passe alors quelque chose qui ne m’était jamais arrivé dans un marathon, je me mets à pleurer! Mon plan de course a fonctionné à merveille jusqu’ici, mes sensations sont bonnes et tous ces gens sont là pour nous encourager. On est vraiment privilégiés de pouvoir vivre ces expériences. Comme on se le dit souvent entre boys, quand on est rendu à courir des marathons c’est parce que les premiers étages de la pyramide de Maslow vont bien. Ce sentiment de gratitude mélangé avec une fatigue physique certaine fait de ces quelques mètres un moment fort émotif. J’accueille cette émotion sans orgueil, mais ce n’est quand même pas facile de courir à +-4:10/km en pleurant…! Je dois alors me ressaisir et retrouver mon focus. Je sais qu’à partir de ce 33ème kilomètre ça descend jusqu’au centre-ville de Boston. Go man, time to fly!

Pace de ce split 5K: 4:20/km – Très bien considérant les montées.

Kilomètres 35 à 40:

La foule se densifie à mesure qu’on se rapproche du centre-ville. La quantité de coureurs qui marchent est de plus en plus importante, les côtes ayant laissé des cicatrices. Au niveau cardiovasculaire je me sens vraiment bien, mais les muscles sont fatigués. Je m’efforce d’augmenter l’allure et je réussis à peine à gagner quelques secondes par kilomètre. Je prends la moitié d’un gel sans caféine au 36ème kilomètre, ne serait-ce que pour envoyer un message positif au cerveau quant à mon niveau de glycogène. De plus, je sens que mon mollet droit est plutôt tendu. Ne souhaitant pas gâcher ma belle gestion de course, je décide de ne pas pousser outre-mesure. Un claquage avec 4 ou 5 kilomètres à faire serait VRAIMENT bête. Aussi bien en finir dignement et sans risque.

Pace de ce split 5K: 4:19/km – La vie est belle. Je suis au marathon de Boston! Gratitude, gratitude, gratitude!

Les derniers 2,2 kilomètres:

Je sais exactement ce qui m’attend. J’ai visionné des dizaines de fois l’aperçu du parcours sur YouTube. Arrive le passage sous le viaduc, puis le fameux right on Hereford street, then left on Boylston. Sur cette artère historique, il ne reste plus que 600 mètres à parcourir. Je vois l’arrivée au loin, je me place au milieu de cette rue survoltée. Je passe devant l’endroit où la deuxième bombe a explosé il y a 10 ans -frisson-, puis devant le petit mémorial que la ville a installé marquant l’endroit où la première bombe a elle aussi sauté -frisson à nouveau-. La colonne de décibels rebondit entre les gratte-ciels du centre-ville, les supporteurs nous portent avec eux jusqu’au dernier pas de course, jusqu’à ce moment magique où mes pieds touchent le mot FINISH signifiant la fin de mon parcours au marathon de Boston 2023.

YEAH! Tout ce travail n’aura pas été vain, toutes ces séances d’entraînement dans le froid, le vent et le noir des matins d’hiver québécois avec mes boys en auront valu la peine. I am a finisher. I… AM…A… BOSTON MARATHON…FI-NI-SHER!

Pace des derniers 2,2 kilomètres: 4:15/km.

Résultat officiel: 2hrs59:17 (Moyenne de 4:13/km)


Épilogue:

Le jour J c’est la récompense, c’est l’expérience ultime! C’est toutefois clair pour moi à quel point je n’échangerais pas la camaraderie du groupe d’entraînement pour un record personnel sur marathon. Pour reprendre les mots de ma blonde qui me voit au quotidien en train de réfléchir, peaufiner, analyser, prédire, maudire, sourire et oui…vivre d’espoir…

«Vous êtes cutes les gars»

Au fond, elle a raison ma blonde, c’est vrai qu’on est cutes. Si y’a des matins où les réveils sont plus difficiles, la grande majorité du temps où je vais courir, je me sens comme le p’tit gars qui balance son sac d’école au bout de ses bras en arrivant à la maison, ramasse son bâton de hockey et déguerpi aussi vite qu’il est entré pour aller jouer.

C’est ça qu’on fait en s’entraînant, on joue. Avec nos vies de fous à 100 miles à l’heure, on le fait certes à des heures impossibles, mais on prend le temps de jouer comme quand on avait 10 ans. C’est malade!

2023 ne fait que commencer, nous aurons beaucoup d’autres moments de course à partager.

Allez 👉

Danick, Boston Strong!

Marathon d’Annecy – Ma petite histoire

Marathon d’Annecy – Ma petite histoire

Lorsque j’y réfléchis sincèrement, mon histoire avec le Marathon d’Annecy a débuté quand pour la première fois, j’ai foulé le sol de la Haute-Savoie en 1991 suite à l’invitation d’une amie européenne.

La Providence m’a permis de rencontrer cette très gentille Gévrienne lors de son stage dans un camp d’été à Gatineau.  Elle était hébergée par ma famille et de là s’est créé un lien d’amitié entre elle et moi.   Elle souhaitait que nous découvrions son coin de pays et une de ses grandes passions soit la randonnée en montagne. Au fil des ans, notre amitié s’est développée grâce à la réalisation de projets en France pour les adolescents et les adultes québécois.

C’est en 2011, que j’ai réalisé mon premier marathon à Annecy qui en fait est mon deuxième marathon en France.  Le premier est le Marathon du Médoc en 2004 accompagné de deux amis québécois. 

Cette participation se voulait un prétexte pour revoir ma très grande amie Gévrienne que j’ai perdue de vue. 

Ayant beaucoup d’estime pour les personnes qui ont influencé positivement mon chemin de vie, je saisis les chances pour retourner courir à Annecy dans l’espoir de se croiser un jour sur la route. Cette opportunité s’est présentée cette année car je célébrerai mes 60 ans sous peu. Ce serait un beau cadeau de la Providence. II faut toujours garder espoir en elle.

MARATHON D’ANNECY - MA PETITE HISTOIRE

LE PARCOURS

Le Marathon d’Annecy a un tracé très plat qui longe le magnifique lac d’Annecy avec son décor enchanteur par la présence des montagnes de Chamonix. Le mois d’avril est une période idéale pour admirer la beauté des lieux.

Le trajet du Marathon est un aller-retour. J’aime bien cette formule car elle permet d’encourager les coureurs qui reviennent sur le parcours. Lorsque je cours, il est important pour moi de soutenir moralement mes semblables. Je me souviens en 2019 (3e participation), sur le chemin du retour, j’ai rejoint une jeune coureuse qui semblait être un peu en difficulté pour les 16 km lui restant à courir.  Avec sa permission, nous avons continué le défi sportif ensemble. Elle en était à son premier marathon et son programme d’entrainement, suivant les informations qu’elle m’a partagées me laissaient entrevoir, selon ma petite expérience, qu’il était très incomplet pour une distance de marathon.  Malgré des douleurs importantes aux jambes, elle a réussi à terminer sa course.

De mon côté, cet accompagnement m’a aussi été très bénéfique pour compléter mon troisième marathon à Annecy  à la grande joie de mon ami André que j’ai connu lors de ma première participation au Marathon du Beaujolais en 2014 (COUSIN DU MARATHON DU MÉDOC). 

MARATHON D’ANNECY - MA PETITE HISTOIREQuelques semaines auparavant, j’avais participé au Marathon du Togo (mars) et mon état de santé m’avait permis de réaliser 34 km. Donc, mon corps n’était pas à son maximum.

MARATHON D’ANNECY - MA PETITE HISTOIRE

Après la course à Annecy, j’ai séjourné chez une de mes amies à Lille pour récupérer physiquement. Elle gère un magnifique petit restaurant nommé Solange.  Cette pause se voulait essentielle avant de revenir au Canada.    Malheureusement, ce temps de repos n’a pas empêché le paludisme de se développer dans mon corps.  Par chance, mon épouse Huguette (Africaine-Béninoise) m’avait conseillé d’apporter les médicaments traitant le palu. Sans ces médicaments, une personne peut mourir en trois jours.  À mon retour au Canada, mon corps était dans un état assez pitoyable et ma préparation pour le Marathon d’Ottawa au mois de mai, a été remise en question.

On me demande quelques fois le nombre de marathons que j’ai réalisés. J’évite de le dire, car ce qui compte est le sens que je donne à la réalisation de chacun de ces défis.

Premièrement, l’entrainement m’apporte une discipline de vie que j’ai eu tendance à négliger pendant certaines périodes de ma vie.

Deuxièmement, le long trajet à parcourir est pour moi un pèlerinage qui m’amène à une réflexion sur la vie. Beaucoup de fois, pendant la course, je me dis :  Que fais-tu ici ?   Et après avoir franchi la ligne d’arrivée, une grande satisfaction s’installe en moi.

Personnellement, la distance d’un marathon me fait passer par plusieurs émotions et le corps me parle régulièrement. Disons, que le rythme, en douceur, qui est ma philosophie de course me conditionne à vouloir en réaliser d’autres.

MA PRÉPARATION ET MON ALIMENTATION

Généralement, ma préparation pour le marathon d’Annecy se résume à un plan sur une période déterminée.  Je participe au Marathon de Parakou à la mi-février.  Je m’accorde 4 séances de massothérapie.  Je cours des distances entre 3 et 10 km, une ou deux fois par semaine et je termine avec une longue distance de course de 21 km, une semaine avant le marathon. De plus, je marche ou je  fais du vélo à chaque jour quand la température au Québec y est favorable.

Au niveau des repas, je varie les plats suivants : Pizza du Chef, pâtes, riz africain avec poulet frit, frites avec sauce tomates et oignons, hambourgeois avec laitue et tomates et comme petit déjeuner une bonne assiette de patates rôties avec oignons. J’adore la banane, la clémentine, le melon, les arachides et les fromages. Enfin, comme breuvage d’entraînement : le jus de Bissap + eau et après une course, une bonne bière ou un verre de vin. Je dois garder la modération au rendez-vous.

CONCLUSION

Voilà ma courte histoire en lien avec le Marathon d’Annecy. Je remercie la Providence de m’avoir fait rencontrer toutes les personnes qui ont été sur ce chemin. Également, je tiens à souligner le soutien de l’équipe de la municipalité de Saint-Cyprien et de la Maison Le Cénacle de Cacouna dans ma préparation de 2023 ainsi que le comité organisateur du Marathon d’Annecy pour m’avoir offert un dossard et un soutien logistique.  Enfin, je remercie mes amis Français et Québécois qui m’accompagnent dans ma planification de mon séjour en sol Français.

Cette quatrième participation que je prépare présentement et qui est assez particulière sera dédiée à mon oncle Arthur qui nous a quitté dans son sommeil en mars dernier. II était le frère de mon défunt père Gérald. Dans leur famille, seule vit ma tante Lucienne. Notre vie est une grande roue qui tourne et un jour elle doit s’arrêter peu importe l’âge que nous avons.  

MARATHON D’ANNECY - MA PETITE HISTOIRE

Mon ami Sergio au Marathon de Parakou (2015) qui m’avait accompagné sur une distance de plus de 10 km.  Un an plus tard, je n’ai pu le revoir. Sa roue de vie s’étant arrêtée.

Toute ma gratitude aux personnes qui ont pris le temps de lire cette humble histoire de course à pied et peut-être aussi celle du Marathon d’Ottawa dans les semaines à venir en collaboration avec la Revue Courir Québec et ma très chère collaboratrice qui révise mon contenu.

MARATHON D’ANNECY - MA PETITE HISTOIRE

LG – clownluc.ca

Du côté de chez Bjorn

Du côté de chez Bjorn

Cela fait une petite éternité maintenant que la Norvège me colle à la peau, que je m’affuble d’elle, de sa belle croix bleue et blanche couchée sur son lit écarlate. Né quelque part entre les Jeux d’hiver de Sarajevo et ceux d’été de Séoul, j’avais tout juste huit ans lorsque la télé me renvoya les images oniriques de mon baptême olympique, une vaste mer rouge sur fond de neige (de cette neige cristalline, faste et abondante comme il ne s’en conçoit plus tellement aujourd’hui). Lillehammer scintillante sous son azur et son soleil, emmitouflée dans ses drapeaux et ses vapeurs. Tout un peuple rieur ramassé en larges grappes, enserrant les fondeurs — le ski de fond est aux fondements de tout, là-bas — dans un tumulte de cloches et de cris, pendant civilisé du Tour de France et de son maillot jaune livré dans les hauts cols à toutes les injures, aux passions les plus exaltées. Certaines fières gueules, déposées çà et là aux abords du stade Birkenbeineren, se faisaient fines bouches; marmites et petites grilles fumaient joyeusement parmi les épinettes. L’on se plaît à croire qu’il devait bien se boire force café, quelques alcools aussi, au sein de ces grandes réjouissances nationales. On se figure comme une colonie de lutins blonds aux joues sanguines, tirant leurs rejetons sous une montagne de couvertures, enfouis dans des embarcations ayant des siècles plus tôt appareillé, pleines de Vikings atrabilaires, vers les mers noires du Groenland, puis reconverties en minuscules et braves traîneaux. En 1994, les jeux hivernaux se déployaient sur vraie neige (il ne venait à l’idée de personne à cette époque d’en autoriser la tenue dans le désert).

Bjørn Dæhlie, cet illustre nom me roule dans la bouche alors que j’apprenais encore à attacher les lettres du mien. Thomas Alsgaard, Vegard Ulvang, Erling Jevne. Plus récemment, Petter Northug, Martin Johnsrud Sundby, Johannes Høsflot Klaebo. Combien sommes-nous aujourd’hui en Amérique à ne connaître qu’un seul d’entre eux? Mais qu’importe, alors que la Norvège ne cesse d’enterrer l’oubli, d’engendrer des géants, hiver comme été, sur neige comme sur le bitume. Le triathlon, dans ses trois principales déclinaisons (olympique, demi-Ironman, Ironman), autrefois une affaire d’Australiens, de Néo-Zélandais, d’Américains et d’Anglais, est pris d’assaut depuis un an par deux rigolos de Bergen qui battent furieusement la mesure. Gustav Iden et Kristian Blummenfelt, inséparables comme Bouvard et Pécuchet, ne semblent pas à première vue attachés comme les antihéros de Flaubert à la science, mais en sont devenus les instruments de laboratoire à l’aune desquels les meilleurs se comparent, et se désolent. Un autre hurluberlu de Norvège, Jakob Ingebrigtsen, rafle tous les records et titres aux épreuves de demi-fond (1500 et 5000 mètres) en athlétisme. À première vue, on devinerait un prodige du piano, un simple étudiant en lettres ou un bibliophile invétéré. On ne donnerait pas cher de sa peau (tellement blême) aux côtés des fines jambes d’Afrique. Ce petit côté princier, cette allure dégingandée, ces départs étonnamment lents, tout pour précipiter sa chute apparente; puis, en bout de piste, des débordements implacables, des remontées fracassantes, l’index brandi sans coup férir, le visage impassible, à la limite de l’insolence.

Les Norvégiens, qui se démarquent dans la vie politique comme sociologique sur tous les tableaux, qui font figure de premiers partout et tout le temps, se montrent exemplaires jusque dans l’art de souffrir. Le test du VO2 max (lequel calcule la consommation maximale d’oxygène), vieux comme le pâté chinois, ce sont eux encore qui en rajoutent une couche et qui ne cessent d’en repousser les seuils sulfureux. Cet atavisme ne tient pas du hasard.

À l’école secondaire, chaque année, la session d’éducation physique devait culminer à son point le plus redouté, tant exécré par les élèves : le test de Cooper, qui mesure tout autant mais avec moins d’exactitude l’élasticité de nos souffrances cardiovasculaires. Il fallait alors pendant 12 minutes parcourir la plus grande distance en course. Certains se volatilisaient après quelques tours, trouvant refuge derrière les gros chênes bordant la piste. C’était pour mon frère et moi au contraire notre quart d’heure de gloire. Si taciturnes en classe, l’on faisait éclater enfin nos coquilles et chanter nos égos rabougris. La même histoire se répétait au test du bip, où il fallait courir d’un mur à l’autre du gymnase à la cadence imposée par ce signal sonore, l’intervalle de temps entre chaque son se réduisant sans cesse. À la fin, seuls jouaient encore la navette les deux frères, les Léger1, les deux gars ayant une décennie plus tôt préféré au ski alpin, au football, au hockey et aux jeux vidéos hallucinatoires l’obscurité toute scandinave du ski de fond.

L’hiver est ma Norvège, n’en déplaise à Vigneault. La Norvège, ce n’est pas un pays, c’est mon hiver. J’aimerais croire que mon Québec est aussi cette Norvège lointaine, cet hiver de 1994.

1 Par un hasard qui m’échappait jusqu’à ce jour, l’on appelle aussi ce supplice imposé aux adolescents québécois « test de Léger », test homonyme de son créateur Luc Léger, sans parenté aucune cependant avec ma famille maternelle immédiate.

Retraite de par le monde

Retraite de par le monde

Au début des années 80, la course à pied a connu une popularité grandissante et c’est à ce moment que j’ai débuté cette belle aventure d’être un marathonien. Mais je ne me suis jamais arrêté pour penser comment pourrait s’articuler ma retraite autour de cette passion.

À la veille de vivre cette période où l’on cesse (presque) ses activités professionnelles, je me questionne sur quel genre de retraite qui pourrait conjuguer mes deux passions soit la course à pied et les voyages. De plus en plus de coureurs planifient leurs vacances en fonction des courses qui les intéressent. Alors pourquoi pas planifier sa retraite comme, par exemple, organiser un voyage en Europe et planifier un 10 km à Lisbonne (Portugal) et 2 jours plus tard un demi-marathon à Paris (France). Et tu en profites évidemment pour visiter tous les attraits touristiques du pays.

Il existe déjà un organisme québécois qui se nomme Marathours qui organise des événements de course à pied à travers le monde. Leur calendrier pour l’année 2022 est déjà planifié dans des villes tel que Paris, Londres, Islande, Jordanie, etc. En 2016, Nathalie Rivard a écrit un livre fort intéressant, Courir autour du monde, où elle a répertorié près de 200 épreuves à travers le monde. C’est un livre abondamment illustré par de magnifiques photos et agrémenté de témoignages de coureurs.

Éboulois éboulé

Éboulois éboulé

La journée était fort belle. Le soleil de février dardait mon écran d’ordinateur de travail, m’empêchant par manque de contraste de bien y veiller – à mon travail – et renvoyait ma propre réflexion endormie. De tuque verte des Packers et de tasse de café refroidi j’étais comme chaque matin d’hiver affublé dans cette maison laissée volontairement frette, pendant que femme et fille sommeillaient sous la lourde couette. En cachette, je meublais virtuellement les mois à venir. La trame devait aboutir à un éclat : une course. La trêve avait assez duré depuis le marathon de Boston en 2019; j’avais le cœur rasséréné, donc belliqueux. Il était dès lors tout indiqué d’effacer le souvenir bostonnais par un marathon revanche en octobre, trois semaines cependant après une première salve de 65 kilomètres dans les bois. Quelques clics, la double affaire était réglée et j’étais encore en pyjama, aveuglé dans mes rayons.

De nos jours, pareille longueur (65) n’étonne plus grand monde. Les kilomètres, les milles même, atteignent et dépassent souvent la centaine, et les « ultras » (épithète pompeuse qui me rebute et m’endort tant elle court toutes les lèvres; à ce compte, ajoutez les maudits KOM et FKT*) pullulent. Franchir le cap de la soixantaine, y’a rien là, en bref. Pis : on sombre vite dans l’oubli. Un marathon – épreuve séculaire qui cristallise mieux que toute autre l’image de l’Homme se déliant franchement les jambes – happe davantage les esprits; les épreuves à trois chiffres quant à elles rendent béat. À mi-chemin entre les deux, la marche m’était interdite, la course impraticable de bout en bout. Par conséquent, je n’étais ni Hobbit, ni Jacqueline Gareau. Ni enfoui pour de bon sous les ramures et condamné à survivre sous les étoiles, ni quitte pour un carnaval de vitesse de deux heures. Ni chameau, ni jaguar, je me ferais bourrique. Ma gloire s’érigerait quelque part dans l’intermédiarité.

Les Éboulements. N’est-ce pas là le plus beau toponyme de tout le Québec? Existe-t-il plus joli siège de la poésie dans les noms de pays de la Belle Province? Le Parnasse investit la nomenclature municipale, un peu d’or émaille enfin le granit des MRC. J’irais donc, le temps d’une longue semaine, me faire fier Éboulois.

La course prenait racine dans le Parc national des Hautes Gorges-de-la-Rivière Malbaie, quelque cinquante kilomètres au nord de notre maison de vacances. Mon alarme fixait le lever à une heure farfelue : 3 h 30, mais l’était davantage l’idée d’avaler toasts et omelette au fromage — prolongement glycémique et monochrome du spaghetti de la veille — six heures plus tôt qu’à l’habitude. Un autobus scolaire attendait les participants et décollait à 4 h 30, nous nous élancerions à 6 h, entre loup et chien comme on dit (soit le début de la journée où la clarté est telle qu’on a du mal à distinguer l’un de l’autre). C’est le profil de pareille bête d’ailleurs qui ornait les affiches de l’événement (Harricana, pour ne pas le nommer).

Google Maps établissait mon heure d’arrivée à la navette à 4 h 32. Sous les étoiles, ma voiture hurlait et je faisais d’une main malhabile le tri des choses à apporter absolument dans l’autobus : une tuque, mon passeport vaccinal, une couverture de survie en aluminium, un sifflet en forme de canard dérobé à ma fille, mille gels. Vers 4 h 35, la navette m’éludait toujours, je tournais en rond sur le boulevard Kant à La Malbaie, Google Maps me répétait que l’autobus invisible me dévisageait de ses phares absents, les cieux faisaient s’abattre quelque malédiction fortuite sur ma vie. La suite appartient à l’Histoire.

À 4 h 40, un vieux prisme rectangulaire jaune bondé décollait sur la rue parallèle, et sur la banquette brune de mon enfance, les yeux fermés, j’expirais profondément. Précoce warm-up dont je me serais sacrément passé, aurais-je dit à mon voisin masqué, mais converser tenait de la dépense inutile et mes gels s’avéraient parcimonieusement comptés.

Mon dernier contact avec la réalité paisible avant l’enlisement dans l’étonnant vacarme forestier fut la loufoquerie d’un revenant. Bruno Blanchet, armé « trail » de pied en cap, l’homme qui faisait rire plus que tout autre Marc Labrèche il y a des lunes et invité d’honneur inopiné de l’Harricana, nous intimait : « Que j’en vois pas un me dépasser! » À 6 h, nous décollions, dévalant et avalant Bruno, et je ne conserverais rien de ce héros de mon adolescence au cours des prochaines heures, sinon la survivance de quelques néologismes lointains tirés de cette époque ancienne. Des mots en « âge », comme « gossage », « niaisage ». « Piochage », corrigerait un aîné.

Car la course en forêt, hors des routes, tenez-le vous pour dit, relève d’un gros leurre inavoué. L’addition course à pied et sentiers mène à plusieurs résultats, mais l’adéquation largement reçue d’avec le plaisir et le bien-être est bancale à maints égards. Ça me rappelle ce sophisme administré par l’orienteur du cégep à mon frère — garçon habile aimant les sciences et excellent pianiste — perdu face à l’avenir. L’homme satisfait, hissé hors de la multiplication des possibles, releva le menton vers le visage déconstruit d’Antoine et l’orienta à peu près : « ingénieur de son ».

1 x 1 = 1, calcul implacable qui essentialise hélas parfois l’existence.

Ainsi, les vingt premières bornes défilèrent en trombe, autour de cinq minutes le kilomètre, assez vite pour mettre en péril tous les ligaments du tarse. Le tiers de mes provisions au moins, ce sont mes yeux qui par l’exercice douloureux d’une extrême vigilance m’en délestèrent. Brûler des calories par l’intensité du regard, mon dossard d’emblée ne m’avait pas épinglé à ce fait. Les traverses boréales, comme leurs sœurs aurore, éblouissent et aveuglent à la longue. Nulle part dans l’hémisphère septentrional, les embûches sont-elles autant légion. Voyez les passerelles montagnardes pleinement dégagées de la Californie, du Colorado, foulez les GR soyeux des mondes alpestres. Aucune commune mesure. Les gagnants des grandes courses là-bas – Western States, Leadville, UTMB – courent à peu près au même rythme ou plus rapidement que les meilleures jambes québécoises de l’épreuve du 65 km, mais sur une distance tout autre (100 milles, environ 160 kilomètres) et par un dénivelé à l’avenant (à peu près cinq fois plus de verticalité montante et descendante), en altitude de surcroit.

Chez nous, au Québec, en histoire comme en course, on se déprend péniblement de nos racines.

Mais, la course, qu’en advint-il au juste en fin de compte? Les heures et les scènes se confondent; je me souviens de m’être trompé de voie à mi-parcours et d’avoir rebroussé chemin en jurant, je me rappelle de quatre édens appelés ravitaillements ralliés tant bien que mal à des moments charnières, je me revois atteindre le cap des 42 km et trouver absurde l’idée de n’en être qu’aux deux tiers, je me réjouis des huit derniers kilomètres où par écœurement j’ai fusé dans le top 10, tout à fait in extremis.

Aujourd’hui, j’écris et je guéris mon psoas droit. J’ai fait l’impasse sur le marathon du 3 octobre dernier. La qualification pour Boston remise aux calendes grecques. Ma saison de course atteint son crépuscule, la queue de poisson est quelque peu indigeste. Les feuilles tombent, les lumières déclinent, les premiers vents froids battent les rues désertes. J’essaie de prendre quelques livres, faire le plein, m’arracher de force hors de la condition de coureur-compétiteur. Cela fera son temps. À la fin, la bourrique reviendra au grand galop.