Monarchie d’espadrilles

Monarchie d’espadrilles

 

Je suis parti courir. Avec une nouvelle paire d’espadrilles. Les précédentes avaient fait leur temps. Plus que leur temps. Le conseiller m’a dit que 800 kilomètres, étirons ça à 1000, c’est probablement le maximum qu’on devrait courir avec une paire. J’avais fait au moins deux fois ça, peut-être trois, avant de réaliser que j’étais dû.

À la boutique où j’ai mes habitudes, ils pourraient mettre ma photo sur le mur avec le titre du client le plus facile à servir. J’arrive là avec les anciennes, je demande la version actuelle du même modèle, pointure 11. Je les essaie pour la forme, je passe à la caisse. Si la transaction dépasse les 10 minutes, c’est que j’ai fait un nœud dans les lacets.

Pour vous dire, j’ai passé plus de temps à jaser avec le personnel des ventes d’équipement de ski de fond qu’à acheter mes espadrilles. Exceptionnelles cette année, elles mèneront, inévitablement, à une vente massive : « équipement de ski de fond usagé, n’a presque jamais servi » l’automne prochain. Les gens ont réalisé que les conditions idylliques des publicités pour la région de Charlevoix, ben justement, c’est dans Charlevoix et c’est de la publicité.

Nouvelles espadrilles, donc. Généralement, le changement se passe sans problème. Un peu comme aux États-Unis, la transition ordonnée du pouvoir avec l’élection d’un nouveau président. À moins d’avoir vécu dans une caverne les quatre-cinq derniers mois, vous savez que ça se passe bien… la plupart du temps.

Heureusement, rien de tel à signaler ici. Les New Balance grises ont cédé la place à des New Balance noires sans rechigner. Je ne sais pas si elles se sont parlé, si les anciennes ont donné des avertissements aux nouvelles, genre « prépare-toi, chose, il court vraiment sur les talons ». Quoi qu’il en soit, les noires ont pris le relais, facile.

Ce qui laisse maintenant la difficile question de la gestion de la paire sortante. Une lignée d’espadrilles, c’est un peu comme la famille royale au Royaume-Uni. Tout le monde y a sa place et, hormis une ou deux paires, les autres ne sont pas tellement occupées.

Dans le cas qui me préoccupe, les noires, c’est la Reine. Les grises, qui viennent de perdre la job, la Reine mère. Si vous êtes très prévoyant (pas mon cas), possible que vous ayez une paire de Prince Charles de course en attente dans le walk-in. Ensuite, dans les rangées basses de l’organigramme, tout une gang de has-been qui ont été pendant un bout de temps la « top paire » avant de subir les outrages additionnés du temps et des kilomètres.

Chaque nouvel achat enclenche un effet domino. Les nouvelles sortent seulement pour la course. Les précédentes deviennent celles qu’on met pour marcher. Les suivantes servent quand on sait que le terrain sera boueux. Les autres passent au rôle de « paire que tu laisses quelque part pour les fois où on en a besoin ».

Et ça continue comme ça jusqu’au dernier maillon de la chaîne, le poste le moins prestigieux, celles qui trainent dans le garage et n’en sortent que pour la peinture.

La ligne de succession va toujours en descendant. Il n’y a jamais eu, que je sache, un « coup d’État d’espadrilles » qui aurait ramené sur la route une triomphante vieille paire tachée de cinq couleurs de latex.

Triste destin, j’en conviens. Mais qui s’intéresse au sort des vieilles espadrilles?

À part moi, bien sûr.

Défi Everest

Défi Everest

les defis de beat
J’ai découvert l’existence du défi Everest l’été dernier. Quand Line Pelletier et Christiane Plamondon m’ont expliqué ce que c’était…  Cela m’intriguait, j’étais curieuse, mais je ne me sentais pas capable de faire des dénivelés à tire-larigot. Alors, afin de mieux cerner ce que c’était avant de prendre ma décision, je les ai suivies toutes les deux sur leur périple en septembre… (voir article )

Line Pelletier en action, gagnante de la saison 2020

Line Pelletier en action, gagnante de la saison 2020

Line Pelletier en action, gagnante de la saison 2020

Wow, quelle aventure ! Plus je les voyais aller et plus j’étais déçue de ne pas m’être inscrite, car c’est un véritable défi, le genre de défi qui me motive, me passionne et me pousse à toujours donner plus, dans tous les sens du terme. Ce jour-là, j’ai pris l’engagement de le faire avec elle cette année.

Entraînement

On connaît tous les dénivelés de Drummondville ? Évidemment, il n’y en a pas ! En m’engagent dans ce défi je savais que ma première difficulté serait de réfléchir à comment

s’entraîner sans montagne près de chez soi ? J’ai bien un tapis dans le pire des cas… Cela peut me dépanner, mais ça ne peut pas être ma solution sur pour du long terme.

Christiane Plamondon à son 100ème km

Christiane Plamondon à son 100ème km

Depuis que j’ai pris goût à aller courir dehors l’hiver, tous mes entraînements se font dehors quel que soit la météo. Ceci grâce à mon amie Vicky Villiard et la fine équipe de Zone Course en 2017, maintenant, je suis accro et je cours rarement sur le tapis.

Prendre le bon départ

Je sais que j’ai plus aucun entraînement en dénivelé, je pars de loin soit du départ. Mon but dans un premier temps est d’habituer mon corps progressivement à faire du dénivelé à répétition. Les sentiers de l’Estrie pendant les fêtes ont été un excellent test pour savoir d’où je partais dans ce défi. Cela m’a permis de roder mes mollets sur des dénivelés assez importants. En répétant l’action tous les deux jours, cela a pu apporter le travail de progression et/ou de maintien selon le programme du jour. À chaque retour à la maison, je pouvais faire mon bilan sur la réaction de mon corps face à la difficulté et je pouvais constater les progrès sur chaque sortie. Grâce à ces tests, j’ai pu mettre mes objectifs réalisables compte tenu de ma localisation pour ce défi Everest 2021.

Étude des dénivelés

En habitant Drummondville, je ne m’aide pas pour faire des dénivelés, mais en plus j’ai une montre que j’adore, mais qui est 0 pour calculer les déniveler. En ayant le projet de faire ce défi Everest cela m’a fait porter une attention particulière sur les dénivelés pour toutes mes sorties en montagne ou sur le plat. C’est là que j’ai constaté que je partais perdante avec ma montre qui ne sait pas lire les dénivelés, elle n’est pas faite pour ça… Sur chaque sortie l’écart des données est colossal entre les résultats de Christian et moi-même. Christian étude les cartes topographiques pour vérifier quelle montre est le plus près des résultats. Il me confirme que c’est la sienne et qu’il n’a pas pour autant les bonnes données. Il ne m’en faut pas plus pour me renseigner et remédier au problème que je trouve énorme pour le défi que je veux faire. C’est simple si ma montre m’avait donné les bonnes informations depuis le départ, j’aurais déjà un Everest et demi voir 2…

Le meilleur est à venir

Peu importe le nombre d’Everest que je fais en réalité, c’est juste que je veux les bonnes informations tant qu’à forcer autant forcer égal. Je devrais recevoir ma nouvelle montre Apex 46 aujourd’hui. Je vais donc avoir un peu de course à faire pour me l’approprier, mais ça devrait bien aller. Christian qui est toujours à la recherche de solution pour mieux m’aider dans mes petits délires, c’est mis à étudier les cartes topographiques pour avoir un meilleur rendement de dénivelé. C’est simple à Drummondville pour avoir 100 mètres de dénivelé, il faudrait que je fasse 100 km, selon les données de ma Garmin. Vous comprendrez qu’on oublie ça. En revanche si je vais du côté de Richmond, là c’est payant même en faisant la route. Je fais 10 km pour 480 mètres de dénivelé…

Se donner les moyens

 

Quand je me suis engagée avec Line et Christiane pour ce défi cet été, je n’avais aucune idée de savoir comment j’allais faire pour mes entraînements. La seule chose que je savais c’est que j’allais trouver une

Béat en plein travail de dénivelés à Richmond

Béat en plein travail de dénivelés à Richmond

solution en temps et lieu. Et voilà le travail, en 2 semaines et avec l’aide de Xavier Fagard et Christian Vallée, je tiens ma solution gagnante. Car je sais qu’avec ma nouvelle montre et en allant faire mes

entraînements à Richmond, je peux réussir non seulement à atteindre mes 12 sommets pour l’année, mais en plus je vais pouvoir travailler mes vitesses en semaine. Oui, car avec le couvre-feu, je peux faire mes entraînements de dénivelé uniquement du vendredi au dimanche. J’ai bien hâte de voir mon prochain Everest arriver ! Avec les bons outils, il se peut qu’il arrive plus vite que le premier alors que je ne suis plus en vacances… Oh oh oh, affaire à suivre. Je vous ai déjà dit ? J’adore ma vie… Vive les défis !

 

 

 

La course à pied : une accessibilité insatiable!

La course à pied : une accessibilité insatiable!

La course à pied : une accessibilité insatiable!  

Au cours des dernières années au Québec, la popularité de la course à pied a connu une ascension fulgurante. Il suffit de jeter un œil par la fenêtre lors de la pause du midi pour apercevoir des dizaines de travailleurs courir dans la rue sur leur heure de lunch. Le phénomène a probablement été accentué dernièrement avec le télétravail et le stress relié à la pandémie. Mais la question mérite d’être posée, est-ce que la course à pied est accessible à tous, peu importe la condition physique, l’âge et le budget?

À moins de souffrir d’une pathologie qui empêche réellement de pratiquer un sport d’impact cardiovasculaire, je crois sincèrement que tout le monde a le potentiel de s’y mettre un jour ou l’autre. Il suffit de le faire de façon progressive, structurée et de posséder le minimum d’équipement requis.

Mais par où commencer? Je vous donne un coup de main pour répondre à cette question et je vous propose trois pistes de réflexion.

  1. Évaluer votre condition physique et prendre vos informations.

Si vous avez une pathologie, avez déjà été blessé, que vous éprouvez une douleur à l’effort ou que vous débutez la course à un certain âge, vous devriez vous faire encadrer par un entraineur qui vous posera les bonnes questions et qui prendra votre condition physique au sérieux en vous rencontrant (en personne ou virtuellement) et en vous demandant de compléter un questionnaire d’aptitudes à l’activité physique. Même avec une bonne santé générale, le choix d’un entraineur peut s’avérer judicieux dans l’optique d’éviter une éventuelle blessure. Cependant, si vous êtes de cette seconde catégorie, le web regorge également de sites et de blogs fiables sur le sujet. Investir du temps dans des lectures traitant de la course et de ses à-côtés, tels l’alimentation et la récupération, est un investissement que vous ne regretterez jamais. L’entrainement et l’activité physique sont des sujets qui évoluent constamment et sur lesquels il est toujours possible d’approfondir ses connaissances. L’important est de ne pas vouloir trop en faire, trop vite. La lune de miel du coureur débutant, l’endorphine et le sentiment d’invulnérabilité peuvent mener au surentrainement. Votre corps vous parlera, prenez le temps de l’écouter.

  1. Définir vos motivations, votre horaire et vos objectifs.

Pourquoi courez-vous? Pour le plaisir? Pour contrôler votre poids? Pour votre santé cardiovasculaire? Pour évacuer vos émotions? La bonne réponse constitue souvent un mélange de toutes ces raisons. Courir uniquement pour l’une ou l’autre de ces raisons entrainera un manque de motivation à long terme. Vous devez trouver la façon d’intégrer la course et le plaisir qu’elle procure à votre routine. Vous devez prendre plaisir à courir et savourer vos sorties, même si inévitablement, certaines journées seront plus difficiles que d’autres. Si vous n’êtes pas un coureur élite ou un compétiteur dans l’âme, vous savez d’emblée que votre vie ne tournera pas autour de la course mais plutôt que la pratique de ce sport servira à équilibrer les différentes sphères de votre vie. En établissant vos objectifs, votre temps disponible et vos lieux de pratique, vous définirez par la même occasion, vos besoins en termes d’équipement et le budget approximatif que vous devrez prévoir afin de vous le procurer. Ce qui nous amène au troisième point.

Courir

  1. Vous procurer le bon équipement.

On entend souvent dire que la course à pied est un sport quasi gratuit. En réalité, cela peut s’avérer un sport peu coûteux ou, au contraire, très coûteux pour les plus passionnés. Cela dit, peu importe la catégorie dans laquelle vous vous trouvez, il y a des articles qui selon moi sont indispensables.

Les chaussures. S’il y a bien un élément dans lequel vous devez investir sans réellement regarder le budget, ce sont les chaussures. C’est la base, le soutien de votre corps. Des chaussures mal adaptées à votre morphologie et à votre démarche de course vous causeront inévitablement des blessures, ce qui entrainera une perte de motivation et une dégradation des performances à long terme. Une chaussure devrait être changée à tous les 600km de course en moyenne même si en apparence, elles semblent encore belles. N’hésitez pas à demander conseil en vous rendant dans des magasins spécialisés, ce sont eux qui pourront vous guider convenablement dans vos choix. Ils tiendront compte de votre démarche de course, de vos particularités (ex : supination ou pronation), de vos objectifs personnels et du type de terrain que vous foulerez.

Une montre GPS. Bien que ce ne soit pas indispensable, cet outil d’analyse, en plus de comptabiliser vos km, saura vous indiquer des éléments importants pour votre équilibre et votre santé. Le rythme cardiaque, le sommeil, les zones d’entrainement, le temps de récupération suggéré et l’estimation du VO2 max, entre autres, sont tous des éléments non seulement intéressants et captivants pour conserver votre motivation et votre progression mais représentent également des données qui pourront vous aider à vous entrainer sécuritairement et de façon équilibrée. Une montre GPS (avec capteur de fréquence optique au poignet) d’entrée de gamme contenant ces fonctions coûte habituellement entre 300$ et 400$ et saura satisfaire les besoins d’une grande majorité de coureurs. Pour ceux et celles qui pratiquent principalement en montagne, il vous faudra peut-être investir davantage afin d’avoir un altimètre barométrique intégré qui saura vous indiquer précisément le dénivelé parcouru.

Les vêtements et accessoires. Bien que l’hiver québécois représente une magnifique occasion d’améliorer certaines compétences en course à pied, comme la stabilisation et l’endurance, cela représente aussi un investissement supplémentaire en termes d’accessoires et de vêtements. Si l’équipement d’été demeure relativement simple, l’équipement hivernal, quant à lui, représente un défi. Il vous faudra une paire de chaussures de course, idéalement de sentier, imperméables (ou Goretex), des couches de base pour le haut et le bas du corps (synthétiques ou en merinos), une bonne paire de bas de course chaude et respirante, une couche intermédiaire telle une mince doudoune synthétique et une couche extérieure de type coupe-vent. Plusieurs coureurs utilisent des vêtements conçus pour le ski de fond, tels des collants doublés, des coquilles imper-respirantes ou encore des tuques et des gants synthétiques qui protègent bien du vent.  Bien que la tenue vestimentaire varie d’une personne à l’autre selon les préférences et la tolérance au froid, c’est globalement ce à quoi il faudra vous attendre afin d’affronter votre premier hiver dans la peau d’un coureur québécois.

Dans tous les cas, l’important est d’investir progressivement selon vos objectifs et priorités personnelles. Il ne sert à rien de vous procurer les vêtements et les accessoires les plus dispendieux si vos besoins ne les nécessitent pas. Comme toujours, de bons conseils vous feront économiser temps et argent.

Alors, une fois ces trois éléments principaux décortiqués, pouvons-nous considérer la course à pied comme étant l’un des sports les plus accessibles au monde?

Selon moi, définitivement!

C’est un sport que vous pouvez pratiquer quand vous le voulez et où vous le voulez.

Certainement, au départ, il vous faudra probablement effectuer quelques investissements qui, à moyen terme, sauront rendre votre expérience plus agréable. Cependant, ils seront rapidement rentabilisés.

Et, plus vite que vous ne le pensez, votre besoin de courir deviendra insatiable parce que la course c’est plus qu’un sport, c’est un mode de vie.


Karine Pépin
Récréologue, coach et propriétaire d’Entrainement plaisir actif
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Courriel: karine.pepin@hotmail.ca