Dans quelques semaines je serai Marathonienne.
Un Marathon, c’est courir 42.2 km. Oui le .2 est important! Personne ne vous dira qu’il a fait un Marathon s’il s’est arrêté à 40 km et de toute façon, personne qui possède encore au moins une jambe rendu au 40e km ne s’arrêterait avant la ligne d’arrivée. Probablement que même s’il ne me restait que mon tronc, je roulerais sur 200 mètres pour le titre.
Mais la vérité, c’est qu’un un Marathon (et j’insiste sur le M majuscule parce que c’est grandement mérité), ce n’est pas courir 42.2 km. Ce serait une grave erreur de mathématiques que de penser que ça s’arrête là… Un Marathon, c’est une succession de réflexions, de décisions, d’actions, de remises en question, de sacrifices, mais avant tout, c’est un engagement. Un « commitment » envers sois même.
Le mot Marathon a nécessairement une signification différente pour chaque personne qui s’y commet. Un défi, un pari, un objectif, une ambition, de la folie…. Dans mon cas, c’est une demande de pardon. Le chemin > que la destination. Marathon signifie m’être levé un matin et me demander c’que j’ai fait. C’est regarder autour de moi et constater avec enthousiasme que je me suis perdu, que je ne me connais plus et peut-être même que même que je n’existe plus. Enthousiasme tu dis? Mais OUI!! Parce que ce triste constat est venu avec la décision de me choisir, de me retrouver et avec la certitude que je vais réussir même si le chemin s’annonce long et ardu. Le défi m’excite et éveille tous mes sens d’un coup sec tel un électrochoc. J’ai envie de changement, d’exagération et ça devra être ostentatoire!! En fait, j’invente rien là… J’pense qu’on appelle ça la crise de la quarantaine….
Un Marathon, c’est avoir 40 ans, décider de ne plus être « qu’une mère » et choisir d’être la femme que j’ai envie d’être. Les pages sont blanches, toute l’histoire de cette femme est à écrire. C’est la deuxième moitié de ma vie et tout est possible. Il suffit d’y croire pour que ça devienne vrai. Un Marathon, c’est me commettre envers moi-même dans la la bienveillance et le respect. J’ai toujours été présente pour les autres, il est temps que je le sois pour moi. Un Marathon, c’est aussi constater que mon corps ne me permet pas de courir 42.2 km parce qu’en fait, il ne me permet même pas de courir 1 km, mais c’est décider de lui donner tout l’amour dont il a manqué dans les 10 dernières années. Je vous jure que ce jour-là, les bottines ne « fittaient » pas les babines. Zéro crédibilité… Pour ceux qui ne me connaissent pas… Parce que les vrais savaient…
Le corps humain est affamé de mouvement. Craving constant! C’est un système brillamment, savamment et efficacement conçu pour marcher, courir, sauter et transporter. Le mouvement est sa raison d’être, c’est ce qui le garde en vie. Un corps immobile est un corps en manque. Le chemin vers le Marathon c’est pour moi, une façon de lui donner ce dont il a besoin et en profiter pour lui demander pardon. Pardon à ce corps fiable, solide et toujours au rendez-vous. Pardon à ce corps qui a conçu et porté la vie 3 fois. Ce corps qui a nourri, bercé et aimé le jour comme la nuit pendant 5 ans et qui continuera d’être aimant et protecteur jusqu’à la fin des temps. Ce corps c’est leur maison. C’est aussi demander pardon à ce corps négligé, ce corps que j’ai volontairement blessé et qui en gardera les marques toute sa vie. J’ai une dette envers lui. Il a toujours été là mais moi pas…
J’aurai 42 ans cette année et ces 42.2 km seront la fête de ce pardon. Un cristi de gros party! Aujourd’hui, je suis devenue cette femme que j’ai imaginé il y a 2 ans. Je donne ce que je n’ai pas eu, je suis la personne dont j’aurais eu besoin et je suis aussi forte et aussi fiable que ce corps qui m’a visiblement pardonné. La vie vie comme jamais et a mis et remis des personnes merveilleuses sur mon chemin. Ces gens formidables sont devant, derrière et autour de moi. Parfois de près, parfois de loin, je me sens soutenue et le vide s’est éloigné peu à peu. Le chemin > que la destination.
Dans quelques semaines, je serai Marathonienne. Ce dernier bout de chemin avant l’gros party représente encore plusieurs centaines de kilomètres de courses, tout autant de vélo et j’ai bien l’intention de profiter de chacun d’entre eux en guise de remerciement. Merci à vous qui êtes là et qui feront encore un p’tit bout avec moi.