Qui l’aurait cru!

Rien n’arrive pour rien

Septembre 2016

C’est arrivé le 28 avril 2017
Nous approchons la fin décembre 2016, je suis au bureau… Comme d’habitude je suis débordée de travail et le stress est à son maximum. La fin d’année est une période très chargée au boulot et elle m’apporte toujours beaucoup de stress.

Pour alléger l’atmosphère, nous avons un petit déjeuner d’équipe… C’était au tour d’Anna et de je-sais-plus-qui d’apporter les trucs pour ce déjeuner causerie. Anna est Italienne et elle apporte toujours de trop bonnes choses à manger. On va se le dire, les pâtisseries italiennes sont vraiment bonnes ! Surtout les Cannolis! Hmmmm c’est vraiment trop bon ! Je mange de ces pâtisseries. Oui, CES pâtisseries, parce que je n’en ai pas mangé qu’une ! Je jase avec des collègues de tout et de rien, je ne pense plus à tout le travail qui m’attend. Ça fait du bien de prendre quelques minutes pour penser à autres choses.

Mais toute bonne chose a une fin, donc à un moment donné, il faut bien retourner bosser, alors GO, je pars, « rien’k su’une patte », à mon bureau. Je m’assieds, déverrouille mon ordinateur, et là mon cerveau s’enclenche à la vitesse grand V… Et les hamsters se font aller…!

– Je suis rendue où déjà ? Ah oui ! Je vérifiais la liste des rapports.
– Ah oui ! Les détails de vérifications de ce rapport n’ont pas d’allure !
– Il faut que j’aille voir S. pour lui demander quels sont les bons critères de vérification
– Oh ! Et l’autre rapport aussi, les critères ne tiennent pas la route… Et l’autre non plus… Coudonc, y’a rien qui va !
– Faut que j’aille le voir… mais il me fait sortir de mes gonds !!
– Ahhhh! Il ne comprendra rien parce que c’est lui qui a donné les critères, et s’il n’a pas donné les bons critères au départ, pourquoi il serait en mesure de me donner les bons maintenant ?
– On approche dangereusement du 31 décembre !! On doit terminer rapidement afin de fournir tous les correctifs à faire à la gang TI…
– C’est clair qu’on n’arrivera pas dans les temps ! On est vraiment dans la m !
Tout ça en l’espace de 10 secondes… La pression monte… Je me lève d’un coup et BAM !

Je retombe sur ma chaise.
Je suis étourdie.

Ça tourne… Et ça tourne… Et ça tourne encore…

Ma collègue Julie me voit et me demande si je vais bien. Pas besoin de répondre, et elle me dit : Non, tu vas pas bien! Elle me connaît très bien, ça fait 25 ans que nous travaillons ensemble ! Elle m’amène aux toilettes, mais je ne peux pas rester à l’intérieur, ça me donne mal au cœur. Elle m’amène sur un banc devant les ascenseurs, et va chercher une serviette d’eau froide, que je place dans mon cou… Je m’éponge le front, je suis rouge, j’ai chaud, et puis j’ai pas chaud en même temps… Ça tourne toujours, et j’ai toujours mal au cœur. Je n’ai pas conscience du temps qui passe.

« Le-gars-qui-s’occupe-des-gens-qui-ne-vont-pas-bien » arrive, et décide de m’amener dans une petite salle où il y a une civière, pour que je puisse m’y étendre, me reposer en attendant que ça passe… Mais ça ne passe pas… Et ça ne passe toujours pas… Je suis toujours étourdie… Je sais qu’il m’a posé des questions, mais je ne m’en rappelle pas trop.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, mais à un moment donné on décide que je retourne chez-moi. Mis à part le fait que je suis étourdie et que j’ai mal au cœur, je ne juge pas pertinent de me rendre à l’hôpital. Tout ce que je veux, c’est être chez moi, dans mon pyjama, écrasé dans mon divan et ne plus bouger. Mon boss décide de me reconduire chez moi, car il ne me laisserait pas prendre le train seule pour rentrer au bercail ! Comme je vis seule, nous nous entendons pour que je le texte à toutes les heures, et ce jusqu’à la fin de la journée, sinon il appelle l’ambulance, et je n’aurai pas le choix de me rendre à l’hôpital. Disons que j’ai intérêt à écouter !

Comme je suis une personne disciplinée, et presque docile, je le texte à toutes les heures. Il est satisfait et moi aussi, sauf que je ne vais pas mieux. Ni le lendemain, ni le surlendemain, et ni les semaines suivantes en fait.

Je me résigne donc, après une ou deux journées, à aller voir mon médecin (je suis chanceuse de même moi, j’ai ça un médecin de famille !). Il me fait passer des prises de sang et me dit de me rendre à l’urgence pour investigation, parce qu’il ne sait pas du tout ce que je peux avoir. Cependant, il me signe un arrêt de travail pour une durée indéterminée. Fiou ! Parce que j’ai de la misère à faire un aller-retour divan-cuisine ! Alors je me vois bien mal prendre le train pour aller travailler et avoir les yeux sur un écran d’ordi pendant sept heures !

Je vois donc l’urgentologue qui me fait des examens, et tous s’avèrent négatifs. Elle m’envoie voir une ORL (otorhinolaryngologiste – Ouin ben, à part de savoir que c’était l’un des mots le plus long, jamais je n’aurais pensé avoir à en consulter un, un jour !). On veut savoir si c’est une labyrinthite que je fais. Résultat ? Non, c’est pas ça ! Ben coudonc !

Au bout du compte, je n’ai jamais su ce que j’ai eu. Aucun diagnostique. Mais moi je l’ai appelé mon « shut down » de système. Mon corps m’a dit STOP ! C’est ici que ça se termine ma belle ! À partir de maintenant, tu vas devoir t’occuper de toi !

Peut-être qu’on n’a pas su ce que j’ai eu exactement, mais des prises de sang, il en est sorti que je commençais à faire du cholestérol. Pas beaucoup, mais quand même. Mon médecin m’a dit qu’après être rétablie de mon « on-ne-sait-pas-ce-que-tu-as », on se pencherait sur le problème de cholestérol. Ça aura pris trois bons mois avant de pouvoir se pencher sur ce problème.

À ce moment, il m’a dit :
– Tu as deux choix : Soit tu prends de la médication pour le contrôler, ou tu commences à faire de l’exercice, tu changes ton alimentation, et idéalement, tu arrêtes de fumer. C’est à toi de décider.

Connaissant les antécédents familiaux qui sont assez lourds de conséquences (AVC pour ma mère, artères bloquées pour ma mère et mon père, infarctus pour mon père et mon frère, et j’en passe !), et prenant déjà de la médication à vie pour la maladie de Crohn, je n’avais pas vraiment envie de m’embarquer là-dedans !

Je lui ai donc répondu que j’étais pour intégrer l’activité physique et changer mon alimentation. Et j’étais sincère lorsque je lui ai dit que j’étais pour le faire. C’était décidé dans ma tête, c’était pour être un tournant dans ma vie. La version 2.0 de Clo venait d’arriver en ville !

Rien n’arrive pour rien

Avril 2021

J’ai donc retroussé mes manches et réfléchi à comment j’étais pour aborder ça pour que ça reste dans ma vie.

Tout d’abord, je me suis dit que je devais le faire graduellement… un petit pas à la fois… Je me disais que si j’y allais trop drastiquement, je risquais de me décourager et d’abandonner. Et je n’avais vraiment pas envie d’abandonner !

Alors, c’est ce que j’ai fait, j’ai changé mon alimentation graduellement. Et j’ai intégré l’activité physique qui était de la marche à ce moment-là, à raison de trois fois par semaine au début. Progressivement, j’ai ajouté des journées et des kilomètres.

Et à un moment donné, l’envie de courir s’est manifesté.

Euhhh… What ???
Moi ? Courir ? Ben non ! Je suis la reine du « potato couch » ! Ça se peut pas !
Et bien oui, ça s’peut !

C’est donc le 28 avril 2017 que j’ai enregistré ma première course, qui était de la « marche/course », et qui a progressé avec le temps.

C’est là que ma vie a pris un tournant. C’est à ce moment que ma vie a changé ! C’est à ce moment que je suis devenue une coureuse !

Comme quoi, rien n’arrive pour rien dans la vie ! Aussi plate que ça puisse être parfois !

Rien n’arrive pour rien
Rien n’arrive pour rien