Ce à quoi ressemblait l’immense cortège de coureurs ce matin, du point de vue spectateur. Certains avaient l’air épuisés, d’autres déterminés, certains souriaient aux passants, d’autres regardaient leur montre en grimaçant. Chacun avait l’air de trottiner à son rythme. Quelqu’un n’ayant jamais pris part à une course pourrait s’arrêter là dans sa reflexion.
Devenir spectateur après avoir complété soi-même une course permet souvent de voir les choses dans une différente perspective. Surtout après avoir été témoin d’une réanimation cardiorespiratoire beaucoup trop longue pour assurer une chance de survie, d’un jeune dans la vingtaine sur le parcours.
Les coureurs affluent par groupe au point d’arrivée. La réaction de chacun est variable: fierté, joie, déception, tristesse, tout cela est observable. Il y en a qui ont dû mettre une quantité incroyable d’énergie pour répondre présent à la course. Les difficultés personnelles, les épreuves morales, les blessures physiques ont été de réels défis à surmonter durant l’entraînement auparavant. Quelques participants ont enfilé leurs baskets quelques fois avant le jour J, n’ont pas eu à se déplacer pour participer à l’événement et ont couru à une vitesse au-delà de la moyenne.
Il n’est pas évident de comprendre toutes ces différences, d’un point de vue justice. Pourquoi Julia est elle tombée sur la glace cet hiver après plusieurs mois d’entraînement discipliné la faisant régresser presqu’à la case départ? Comment Vincent a-t-il réussi à terminer la course, presque les doigts dans le nez dans un temps record, en ayant peu dormi la veille, suite à une soirée bien arrosée?
En discutant à gauche à droite, il est évident de voir que la justice, telle que l’on peut la définir, ne se trouve pas. Toutefois, il est possible de constater en creusant, que chacun a ce dont il a besoin, jour après jour, simplement. Pour les épreuves, la force de perséverer est proportionnée. Dans un moment de souffrance, l’humain est souvent aveuglé sur cette réalité. Il a parfois aussi une conception de ses besoins qui est décalée de ce qui est bon pour lui.
Pour revenir à la fourmilière, il y a place à beaucoup d’émerveillement dans ces moments ou une masse de gens s’unit sur un parcours déterminé pour courir. L’effort individuel réuni collectivement donne une intensité à l’événement qui suscite généralement l’admiration.

 

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