Réguler l’hypersensibilité par la course à pied

Réguler l’hypersensibilité par la course à pied

Il est possible de trouver beaucoup d’informations en lien avec les personnalités hypersensibles sur la toile. Un conseil revient souvent. Faire du sport, individuellement, en maximisant le contrôle des stimuli. La course à pied permet quelque chose de précieux et vital pour les personnes à la sensibilité exacerbée. Être dans sa bulle soit se ressourcer, se recentrer, retrouver son énergie vitale, se retrouver et retourner à l’harmonie intérieure. L’intensité des ressentis par rapport aux autres, à  ses émotions, ses sentiments, les événements est telle que la fatigue mentale peut vite s’accumuler si la gestion n’est pas tout à fait adéquate à la réception de toute cette stimulation. Aller courir permet non seulement de reprendre pied mais aussi, de mettre à profit la sensibilité pour se recharger. Le vent, le taux d’humidité, la température, les paysages, la lumière variante, la présence des différents types de nuages sont autant de variables perceptibles par les sens très alertes. L’effet thérapeutique est presqu’instantané après s’être recentré dans le présent et que le stress retombe.

Les conditions météos plus extrême peuvent être une réelle source de bien-être. Un vent violent ralentit certainement la cadence de la course tout en étant revitalisante pour le coureur. Les arbres se ploient  sous son souffle, les feuilles multicolores dansent  à un rythme de plus en plus effréné , la mousse monte en pic sur les vagues qui se creusent, la pluie devient cinglante et l’odeur humide et fraîche apportée par les bourrasques ajoute une touche plutôt magique à ces moments précieux.

Sur une note plus humoristique, cette exacerbation des sens chez les gens hypersensibles est parfois comparée à l’état dans lequel se trouve quelqu’un qui consomme certaines drogues. La souffrance physique ou morale est généralement vécue intensivement mais les périodes de bien-être sont aussi proportionnées. Le « trip » est gratuit et sans effet néfaste pour la santé. L’autorégulation reste primordiale afin de favoriser l’harmonie intérieure et celle avec son entourage.

 

Fourmilière

Fourmilière

Ce à quoi ressemblait l’immense cortège de coureurs ce matin, du point de vue spectateur. Certains avaient l’air épuisés, d’autres déterminés, certains souriaient aux passants, d’autres regardaient leur montre en grimaçant. Chacun avait l’air de trottiner à son rythme. Quelqu’un n’ayant jamais pris part à une course pourrait s’arrêter là dans sa reflexion.
Devenir spectateur après avoir complété soi-même une course permet souvent de voir les choses dans une différente perspective. Surtout après avoir été témoin d’une réanimation cardiorespiratoire beaucoup trop longue pour assurer une chance de survie, d’un jeune dans la vingtaine sur le parcours.
Les coureurs affluent par groupe au point d’arrivée. La réaction de chacun est variable: fierté, joie, déception, tristesse, tout cela est observable. Il y en a qui ont dû mettre une quantité incroyable d’énergie pour répondre présent à la course. Les difficultés personnelles, les épreuves morales, les blessures physiques ont été de réels défis à surmonter durant l’entraînement auparavant. Quelques participants ont enfilé leurs baskets quelques fois avant le jour J, n’ont pas eu à se déplacer pour participer à l’événement et ont couru à une vitesse au-delà de la moyenne.
Il n’est pas évident de comprendre toutes ces différences, d’un point de vue justice. Pourquoi Julia est elle tombée sur la glace cet hiver après plusieurs mois d’entraînement discipliné la faisant régresser presqu’à la case départ? Comment Vincent a-t-il réussi à terminer la course, presque les doigts dans le nez dans un temps record, en ayant peu dormi la veille, suite à une soirée bien arrosée?
En discutant à gauche à droite, il est évident de voir que la justice, telle que l’on peut la définir, ne se trouve pas. Toutefois, il est possible de constater en creusant, que chacun a ce dont il a besoin, jour après jour, simplement. Pour les épreuves, la force de perséverer est proportionnée. Dans un moment de souffrance, l’humain est souvent aveuglé sur cette réalité. Il a parfois aussi une conception de ses besoins qui est décalée de ce qui est bon pour lui.
Pour revenir à la fourmilière, il y a place à beaucoup d’émerveillement dans ces moments ou une masse de gens s’unit sur un parcours déterminé pour courir. L’effort individuel réuni collectivement donne une intensité à l’événement qui suscite généralement l’admiration.

 

Humaniser ou déshumaniser

Humaniser ou déshumaniser

Déshumanisation : ce qui fait perdre le caractère humain de l’individu.

L’humain a ce besoin fondamental d’amour, de respect et de considération.

Il semblerait qu’un équilibre dans la pratique du sport serait possible, en considérant les buts principaux : la libération du corps, le plaisir et l’amitié. Retrouver un bien-être en évacuant les tensions et les ankyloses, éprouver du bonheur à se mouvoir et vivre un moment d’échange et d’affection à l’occasion, dans les sports de groupe par exemple.

L’atteinte de ces buts serait propre à chacun, en fonction de ses capacités, ses affinités, sa mentalité et son éducation, entre autres.

À travers le sport, le corps est parfois instrumentalisé, de façon consciente ou inconsciente, par son occupant. Cela peut entraîner diverses blessures psychiques comme la perte du sentiment de la consistance de l’être, l’aliénation mentale et le vide intérieur.

L’intensité des blessures peut varier. D’autres situations peuvent illustrer l’effet de la déshumanisation.

C’est le caractère déshumanisant de la violence et des différents types de viols qui leur confèrent autant de gravité. La conséquence étant ce processus déshumanisant qui laisse chez la victime de graves séquelles, surtout lorsque vécu durant l’enfance. L’humain est instrumentalisé dans ce processus.

Le livre intitulé « Faire face » , écrit par Martin Steffens et Pierre Dulau, explore la nécessité de dépasser l’objectification du visage en 2021.

Miser sur l’amour et le respect du corps pourrait peut-être contribuer à porter un juste regard sur la place que devrait tenir le sport dans notre vie.

Il semble qu’il existe aussi une sorte d’emprise discernable touchant l’activité physique actuellement. Une sorte de pression sociale qui incite à lui donner une place démesurée par rapport aux sphères biopsychosociales et spirituelle de l’être humain.

Il y a aussi une augmentation des métiers sédentaires qui explique certainement, en partie, la promulgation accrue de l’activité physique et de ses bienfaits.

L’ajustement est parfois subtil et la limite plutôt floue entre ce qui construit ou détruit, vivifie ou annihilie. Le fait d’être à l’écoute de ses besoins, de ses limites, de ce qui est vraiment bon pour soi, permet de discerner un peu mieux les choix à faire.

Il est toujours possible de naviguer vers un bien-être profond et une harmonie intérieure plus grande en restant à l’écoute de ce qui pourrait nous faire grandir et devenir meilleur.

La ligne du temps

La ligne du temps

Enfant

Galoper avec la sensation de voler
S’essouffler jusqu’à la nausée
Comparer la rougeur des joues
Se mouvoir avec la légèreté des papillons
Avoir les sens en éveil à tout instant
S’imprégner de la beauté
S’arrêter émerveillé
Vivre le moment présent

Adolescent

Courir pour se défouler
S’arrêter pour tenter de mieux comprendre
Rêver au futur
Imaginer de refaire le monde
Entreprendre sa quête identitaire
Apprivoiser de nouvelles perspectives
Se positionner ou s’opposer
Réfléchir passionnément
Oublier de vivre au présent
Sentir la rage de vivre
Expérimenter à toute allure

Jeune adulte

Se mouvoir dans un but précis
Tempérer la fougue adolescente
Tracer des repères
Changer de perspective
S’arrêter parfois pour savourer l’instant
Rêver souvent au futur
Osciller entre la confiance et le doute
Voir consciemment la beauté
S’intéresser à la différence
S’habituer à se responsabiliser

Adulte

Adopter une vitesse de croisière
Courir pour le bien-être procuré
Avancer, changer de cap
Regarder les nuages
S’arrêter plus souvent
Choisir de prendre le temps
Couper court pour rester au présent
S’abandonner dans la confiance
Comparer ses expériences
Éprouver de la gratitude
Remettre son moi en perspective
Lâcher prise
Réaliser qu’il y a encore du temps
Être témoin de la précarité de la vie
Chercher l’harmonie intérieure

La ligne du temps s’arrête parfois abruptement. Certains connaîtront le vieillissement, étape que je décrirais par ce que j’ai vu ou entendu.

Bénéficier des habitudes encrées
Se mouvoir pour conserver ses facultés
Prendre le temps
Faire la paix avec son passé
Entrevoir sans trop s’émouvoir, la fin qui approche
Laisser aller ses facultés
Revenir au présent doucement
Apprivoiser un peu plus sa vulnérabilité
Voir facilement à travers
Accepter un peu plus l’humain
Aimer malgré tout
Pardonner souvent
Remercier jusqu’au dernier moment

 

Fourmilière

Sortir de soi

Synonyme : s’épanouir
En quelque sorte, prendre congé de soi, aller vers plus grand en sortant de sa façon d’être actuelle.

Notion abstraite qui trouve son application concrète dans les actions, ces mouvements de notre volonté qui nous entraînent doucement vers une plus grande harmonie intérieure.
La course à pied est certainement un bon exemple de ces actions qui nous aident à sortir de nous-même. Il faut déjà abandonner le train de nos activités en cours pour se donner ce temps d’exercice. C’est un premier lâcher-prise.

Ensuite, vient le dilemme entre ce qu’on pense pouvoir exiger de notre corps et les limites que celui-ci nous fait ressentir d’une fois à l’autre. Il me semble que c’est un apprentissage qui se fait toute la vie, qui demande de varier entre l’imposition d’une discipline au corps rebuté par l’effort et l’acceptation de ses limites pour éviter les blessures et le surmenage. Cet exercice semble pouvoir se réaliser plus facilement dans un esprit d’amour et d’abandon.

Les bienfaits physiques durant le temps d’effort où les pieds s’alternent pour nous pousser vers l’avant transforment aussi, par le même élan, nos perceptions, ressentis et émotions du moment. C’est une opportunité de faire le vide et de se reconnecter à soi de façon saine. L’ouverture au changement est cruciale, la capacité de prendre congé de ses idées, ses certitudes aussi, parfois.
Véronique Lambert
Le bien-être qui s’en suit, certainement amplifié par la sécrétion d’endorphines, permet de revenir à ses activités avec un regard neuf, déchargé, comme l’enfant qui retourne à l’étude après un moment de récréation.

La simplicité nous permet d’accepter qu’un lot de nos difficultés peut se dissoudre dans une séance d’exercice, tout comme une faim rassasiée ou une sieste savent le faire.
Le segment d’un début de parcours de course habituel, d’intensité élevée, est souvent un bon indicateur de ce que l’on peut exiger de son corps, quotidiennement.
La reconnexion à soi semble grandement favorisée en courant dehors, peu importe la météo.

En sortant de soi, on se détache intérieurement. Une joie profonde s’en suit, souvent inexplicable car indépendante de ce qui se passe dans notre vie. Un pas vers le vrai bonheur?
Dans ce contexte, prendre congé de soi pour mieux se reconnecter à soi, c’est en quelque sorte, sortir de son être par l’exercice physique, pour être en mesure de retrouver une vision plus juste de soi. C’est acquérir lentement une clairvoyance sur ce que l’on est vraiment. C’est surtout s’approprier une introspection plus juste et objective de soi.