Parmi tous les gens d’exception dont j’ai eu le privilège de croiser la route, permettez-moi de vous présenter une personne hors normes, avec lequel j’ai partagé mille aventures et qui m’a tant appris, j’ai nommé le Dr Thierry Petry.
C’était en 1984, année qui restera gravée dans la mémoire collective des Québécois comme un grand cru, à tous les niveaux. Mario Lemieux, le petit gars de Ville Émard (c’est ma ville natale) est le premier choix au repêchage de la ligue nationale de hockey. Céline Dion chante pour le pape au Stade olympique. Jacqueline Gareau remporte le marathon de Los Angeles et c’est aussi l’année des cérémonies d’ouverture de Québec 84 qui fête le 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier. C’est la naissance, aussi, du Cirque du soleil.
Émergeant de cet élan de créativité naît un fabuleux projet pour les sportifs, la Traversée Jacques-Cartier. Le concept, très simple: un groupe de mordus de plein-air parcourt le Québec dans son axe est-ouest en skis de fond, un parcours de 1200 km, partant de Gaspé pour arriver à Hull (maintenant Gatineau). Le Dr Petry arrive de France spécialement pour vivre cette incroyable odyssée, à laquelle je me joins également, ayant toujours été attiré par les défis de toutes sortes.
Le 1er janvier, après une messe célébrée aux aurores et bénissant les skieurs, nous partons allègrement affronter cet immense défi. L’épopée durera 30 jours. Que de montagnes avons-nous gravies, et de paysages sublimes et inoubliables avons-nous contemplé, bravant les intempéries et un froid sibérien! D’ailleurs, certains skieurs ont dû abandonner, à cause d’engelures trop sévères entre autres.
Malgré tout cela, le Dr Petry est tellement enthousiasmé et conquis par la beauté, l’immensité de nos territoires et de nos forêts qu’il accepte un poste à Gaspé, où il réside depuis. Personnage original et haut en couleurs, il est capable d’arriver à l’hôpital à dos de cheval. Au fil des ans, Thierry se forgera une réputation de skieur nordique émérite, réalisant le Marathon canadien de ski de fond, auquel j’ai participé également, quelque 30 années consécutives comme coureur des bois.
Avec la complicité de Bernard Voyer (qu’il est désormais inutile de présenter), il décide de s’attaquer à beaucoup plus grand. Un exploit exclusif. Un record que personne n’avait réalisé avant lui. Atteindre le Pôle sud en pleine autonomie. Un défi gigantesque qu’ils réussissent, malgré les innombrables écueils qui se dressent sur leur route, l’idée d’abandonner n’étant pas une option, pour des homme braves et entêtés comme eux.
Avec le temps, nous avons développé une belle amitié et une complicité joyeuse et profonde. Je ne compte plus les kilomètres de course à pied que nous avons au compteur. Lors d’une visite de Thierry à Val-d’or, où j’habitais, je me rappelle entre autres, d’une partie de pétanque épique, accompagnée d’un bon coup de rouge, en tout bon Français qui se respecte! Nous en avons profité pour faire de belles sorties de course à pied, dont une au magnifique parc D’aiguebelle, où on peut observer le grandiose spectacle de la ligne de partage des eaux, cette particularité magnétique qu’a un cours d’eau à couler littéralement dans les deux sens à partir d’un point donné. Le sud en perd le nord!
Et croyez-le ou non, malgré nos expériences combinées, nous avons réussi à nous perdre en forêt! À vouloir trop sortir des sentiers battus, il faut en accepter les conséquences; puisque nous avons littéralement frayé notre chemin dans la densité du bois, nous en sommes sortis pleins d’écorchures, et avec nos egos un peu secoués! Je me souviendrai longtemps de ces 11 kilomètres!
Il y aurait mille autre anecdotes et histoires touchantes à raconter en compagnie de Thierry, mon mentor! Il émane de cet homme une force tranquille, une assurance à toute épreuve, et il possède cette résilience de l’esprit qui ordonne au corps de travailler en surcharge, lui permettant de puiser dans des réserves insoupçonnées, pour réaliser des exploits qui paraîtraient insurmontables à beaucoup d’autres. Oui, il m’a tant appris, et heureusement, il continue de me lancer des challenges…
Mon cousin est un homme exceptionnel !