Physiologie de l’exercice

Physiologie de l’exercice – les grandes lignes

Le présent compte rendu découle d’une entrevue avec Myriam Paquette, physiologiste de l’exercice travaillant à l’Institut National du Sport du Québec. Si vous préférez une version audio, vous pouvez l’écouter ici : https://open.spotify.com/episode/5hUk9Wxl9jskzAJrDIxXq3?si=ba1360dd5ed4407f

La musculation chez les coureurs

Sujet névralgique pour certains coureurs, mais prouvé par la science, la musculation contribue à améliorer la performance. Ce pourrait être le sujet d’un article complet, mais grosso modo, un entraînement axé sur la force maximale est nécessaire; vous aurez ainsi besoin de charges lourdes pour tirer un maximum de bénéfices. Il est recommandé de garder des répétitions en réserve, c’est-à-dire que si vous effectuez quatre répétitions avec une charge donnée, vous auriez encore assez de force pour la lever une ou deux fois de plus.

Quels sont les avantages? Une amélioration de l’efficacité de mouvement et d’économie d’énergie. Pas mal, non?

Ensuite, la progression doit être graduelle : augmentez progressivement les charges tout en réduisant le nombre de répétitions. Ultimement, visez de huit à 12 semaines de travail en force maximale.

En phase spécifique, la musculation a-t-elle encore sa place? Réponse assez simple : bien sûr! Toutefois, puisque l’intensité des entraînements en course à pied va augmenter, optez pour du maintien. Pour ce faire, réduisez le nombre de séances par semaine et le nombre de séries. Si vous aviez comme habitude de faire deux séances d’entraînement par semaine et trois séries par exercice, une séance et une série par semaine permettront de maintenir certaines adaptations pendant 12 à 18 semaines.

Entraînement polarisé, le plus efficace?
La croyance populaire veut que l’entraînement polarisé soit le plus efficace. En examinant les études, Myriam nous a dit qu’il y a peu de distinctions entre l’entraînement polarisé et l’entraînement pyramidal.

L’essentiel est d’avoir un volume d’entraînement majoritairement en zone 1 (endurance de base).

Les différences interindividuelles, tout comme les objectifs, jouent un rôle sur le volume qui sera effectué en zone 2 ou en zone 3. Un marathonien visera un volume en zone 2 important lors de sa préparation spécifique, car sa course se déroule dans cette zone. À l’inverse, un coureur de 5km pourrait privilégier, toujours en préparation spécifique, du volume en zone 3.

Deux intervalles par semaine, est-ce dépassé?

Selon Myriam, le schéma classique de deux séances d’intervalles par semaine n’est pas dépassé.

Cependant, si vous planifiez des blocs de surcharge, vous bénéficierez d’adaptations physiologiques et, par conséquent, d’une amélioration de la performance. Ainsi, vous pouvez ponctuellement ajouter une séance d’intensité à votre semaine. La clé réside dans la prudence afin d’éviter les blessures. N’oubliez pas d’opter pour une bonne récupération suite à ces entraînements.

L’une des constantes dans la littérature sur l’entraînement est que le changement fonctionne. Si vous essayez quelque chose de nouveau, vous en tirerez probablement des bénéfices. Le phénomène peut être observé chez les sportifs de haut niveau qui change parfois d’entraîneur pour favoriser leur progression. Évidemment, il faut savoir doser. Le changement sera bénéfique s’il est réfléchi et graduel; il serait probablement déconseillé de changer du tout au tout en espérant des gains significatifs.

Semaine d’assimilation et sa pertinence
La semaine d’assimilation, c’est cette fameuse semaine après un bloc d’entraînement où vous relâchez au niveau de l’intensité et/ou du volume.

Est-elle pertinente? Tout à fait! Comme mentionné précédemment, le cycle de surcharge d’entraînement et de récupération permet d’augmenter la charge d’entraînement graduellement d’une semaine à l’autre. Cette méthode permet une meilleure amélioration que de maintenir un volume stable d’une semaine à l’autre.

Le principe demeure au sein même de la semaine. Si vous avez la même intensité dans chacun des entraînements, vous progresserez moins que si, dans la semaine, vous intégrez quelques séances avec une plus grande intensité.

Entraînement croisé et ses bénéfices
Il y a certainement un avantage psychologique à l’entraînement croisé, en nous permettant notamment une pause mentale. Qu’en est-il cependant au niveau physiologique?

En course à pied, le stress mécanique est élevé; chaque foulée est un impact sur le corps. L’entraînement croisé permet d’augmenter le volume sans toutefois exacerber ce stress, si le sport choisit permet d’éviter ces impacts. Le vélo et le ski de fond peuvent être de bons choix selon ce critère. De plus, chaque sport ou activité utilisant suffisamment de masse musculaire du bas du corps permet de travailler le débit cardiaque, le volume sanguin et la capacité respiratoire. Ce sont des transferts qui peuvent se faire d’un sport à l’autre et qui constituent l’avantage d’opter pour de l’entraînement croisé, surtout lors de la saison morte.

 

En conclusion
Myriam Paquette nous a fourni de belles pistes de réflexion par rapport à la physiologie de l’exercice. Ce qu’il faut retenir, c’est que ses conseils sont axés sur l’amélioration de la performance à tous les niveaux. Si vous êtes à l’aise dans votre routine et que le maintien de vos chronos n’est pas un enjeu, continuez! L’important, c’est d’être actif!

Ma peur du marathon

Ah, le marathon. J’y ai succombé. Une seule fois.

Je voyais le marathon comme l’accomplissement ultime, avant même de me considérer comme un coureur avec assez d’expérience. Quelques courses de 10km sous les 40 minutes et deux demi-marathons en 1h22 m’auront convaincu que j’étais prêt pour la bête.

C’était en 2017, sur le fameux P’tit Train du Nord. Dans ma grande naïveté, je ne visais pas seulement de compléter le marathon. Je visais le prestigieux marathon de Boston et un temps de qualification de 3h05. Pas de chances à prendre, je visais 3h00.

Ma préparation? Pas très glorieuse. Une cinquantaine de kilomètres par semaine, pas de travail spécifique et aucune sortie au-delà de 25 kilomètres. Je m’alignais directement vers un mur et dans ma tête, je m’alignais facilement vers une qualification!

La première moitié a été complétée en 1:33:09, un peu plus lent que prévu, mais après tous, les bons marathoniens sont plus vites sur la deuxième moitié de course, aucun souci à avoir! À ce moment, j’étais 72e place. Cette première moitié de course s’était déroulée dans le confort et la confiance. Le rythme était plus que soutenable, mon objectif atteignable.

La deuxième moitié? En quatre éternités et demi, de mon point de vue. Dans les faits, 2:41 et une chute de près de 500 positions. Ouch. Environ au 30e kilomètre, je me suis mis à marcher et ce, jusqu’à la fin. Le physiothérapeute m’aura diagnostiqué une tendinite au genou. Ma voix intérieure m’aura, elle diagnostiqué une préparation inadéquate et une prétention exagérée. Le retour sur terre (et en voiture) aura été pénible. Évidemment, le constat ici n’est ni contre ma position, ni contre le temps en tant que tel, mais plutôt en vertu de mes ambitions initiales.

Six ans plus tard, je ne me suis pas rapproché du marathon. Pas même un peu. Ce qui m’apparaissait comme la consécration comme coureur s’est transformée en quasi-dégoût.

Et pourtant, ceux avec qui je m’entraîne le plus, ce sont des marathoniens, pour la plupart. Ce sont aussi ces personnes qui gardent ma motivation de course élevée, celles avec qui j’échange le plus sur la course à pied. Dans le cadre de mon podcast, j’ai été inspiré par des performances incroyables, notamment celles de Maxime Leboeuf et Pierre-Lou Billerot.

Ces amis qui m’entourent performent bien, avec des temps qui pourraient créer l’envie chez bon nombre de coureurs. Briser les 3h, ce n’est pas donné à tous! Ils mettent la barre haute et mon orgueil ne me permettrait pas d’être si loin d’eux. Oui, un premier marathon (ou un second dans mon cas, même si je ne considère pas le premier comme une réussite), doit être pris avec modestie. Plus facile à dire qu’à faire!

Ma volonté elle, ne me permet pas de mettre les heures d’entraînement qu’ils investissent. Les voir fréquemment atteindre 120, 130 voir des 150km, c’est impressionnant. Je me donne l’excuse actuellement d’avoir deux jeunes enfants pour ne pas m’y lancer tête première, mais fondamentalement, ça demeure une question d’un manque de volonté non assumé.

Nous entendons souvent le point de vue positif des coureurs sur les marathons; voici le mien sur la peur du marathon. Sur la peur d’avoir mal pendant 3h, sur la peur de mettre 12 semaines spécifiques d’entraînement pour un objectif qui peut être difficile à atteindre, sur la peur d’éprouver des difficultés gastriques, sur la peur d’avoir mal pendant (trop) longtemps.

Ces amis autour de moi sont inspirants. Et qui sait, peut-être que cette peur se transformera un jour en inspiration pour une prise deux sur marathon.

Je suis curieux. Qu’est-ce qui vous motive autant, les marathoniens?