Sportif/sportive: comment va ta santé mentale

Sportif/sportive: comment va ta santé mentale

Avec un titre pareil, je me demande qui va oser cliquer sur l’article! Pas un sujet facile à écrire ni populaire auprès du lecteur. Récemment, j’ai lu une publication d’une femme sportive qui a resonné pour moi. Je me suis donc demandé pourquoi on n’a pas accès à de tels contenus, alors que tout le monde a une santé mentale? La réponse facile est que c’est encore plus facile en 2025 à parler de nos bobos physiques que d’aller du côté mental. Un tabou qui persiste!

Moi je veux faire partie du changement, j’espère contribuer à lever le voile sur la santé mentale en général, mais surtout la mienne. Je veux encourager les personnes sportives à ne pas prendre soin que de l’enveloppe externe, mais s’occuper de l’intérieur aussi. Dans cet article, je vous amène sur un sujet propre à chacun dans la manière de le vivre, mais commun à tous.

La vraie bonne hygiène de vie
comment va ta santé mentale
Pour moi, le plus difficile n’est pas de courir, de bien manger, de faire mes exercices de physio ni même d’inclure les étirements dans ce mode de vie que j’ai choisi qui vise, au meilleur de mes connaissances, d’entretenir cette bonne hygiène de vie extérieure quoi!

Ce qui ne l’est pas c’est prendre soin de ma santé mentale, de confronter mon passé d’un enfant ayant vécu le génocide et différentes immigrations comme enfant réfugié. Si ça ne dépendait que de moi, je n’irais jamais jouer dans les traumatismes et les fardeaux du passé que je porte. Je pourrais aussi me résigner à vivre une vie moins épanouissante pour ne pas payer le prix de s’épanouir pleinement.

On peut arriver à tout faire de l’extérieur, on “focusse” beaucoup sur le corps et son bien-être, mais on oublie souvent que c’est dans la tête et dans le cœur que ça se passe. Nos choix, nos actions quotidiennes, notre rapport à la nourriture, nos blocages, notre manque de motivation, notre amour de soi, rien de tout ça peut se régler de l’extérieur.

Mais souvent, quand quelque chose bloque, on mise sur les éléments extérieurs pour nous sortir de là, on fait payer notre corps de la souffrance profonde. Aussi difficile que cela puisse être et qu’on le fasse ou pas, la vraie solution est de remonter aux origines du problème et de faire le travail nécessaire.

C’est sûr que le fait de courir, de bien manger et tout le kit est important et des références bien solides dans l’équilibre que j’essaye d’avoir. C’est sûr que lorsque, à une époque, j’avais mille cauchemars liés aux horreurs de la guerre, la course à pied de minuit m’a permis de passer à travers ces nuits difficiles. C’est sûr que l’hygiène de vie, j’ose croire, me permet d’avoir une meilleure santé physique à défaut d’avoir une moins bonne santé mentale. Mais, en toute honnêteté, l’hygiène sans apporter avec nous le “Soi” est comme avoir une belle terre à cultiver remplie de mines.

Mais c’est vrai que le fait de s’occuper des bobos du passé, de lever les croyances et les pensées limitantes, ce n’est pas évident. Ce n’est pas facile pour ne pas dire que c’est dur, mais c’est absolument nécessaire. C’est la vraie bonne hygiène de vie, la vraie liberté, la vraie détente!

Pourquoi
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Pour n’importe quelle personne qui a déjà passé de moments difficiles émotionnellement sait à quel point ce n’est pas facile d’aller dans ces zones-là, de s’avouer qu’on a besoin d’y aller et de trouver les ressources intérieures et extérieures nécessaires. Alors, pourquoi c’est essentiel quand même?

Je vous amène dans mon histoire et vous en jugerez vous-même. Lorsque je survivais autant pendant le génocide au Rwanda qu’après dans les différentes immigrations non souhaitées d’abord en République démocratique du Congo et ensuite dans un camp de réfugiés en Ouganda, mon cerveau a agi avec efficacité pour me protéger de certaines images en les mettant en oubli et de toutes les émotions en déployant ce qu’on appelle une coupure émotionnelle. Jusque-là, j’avais la paix de ne pas avoir conscience de ce que je porte comme chocs post-traumatiques et les stigmates qu’ils ont laissés.

Dès mon arrivée au Québec, à l’âge de 16 ans, quelqu’un a dû dire à mon cerveau que c’était bon, le danger était écarté! Alors tout, mais vraiment tout de ce chao intérieur se manifeste par différentes façons: cauchemars, mutilation pour un échappatoire temporaire, difficulté à s’aimer à sa juste valeur, se laisser mourir de faim pour ensuite s’anesthésier par la nourriture, punir son corps à défaut de ne pas trouver le coupable sur qui taper en se surentraînement, faire fuir les relations saines et s’enliser dans celles toxiques, ne pas parvenir à passer à l’action, difficulté à se respecter pour avoir envie de prendre soin de soi, etc.

Vous pourriez penser qu’après toute cette liste de problèmes, j’en ai parlé, consulté, ou que je me suis engagée dans une longue thérapie! Rien de tout ça. Il faut dire qu’en haut de mes 16 ans, dans mon développement je n’étais encore qu’un enfant de 8 ans, l’âge que j’avais lors du génocide et dans ma tête, j’avais atteint l’âge adulte depuis longtemps. Ça faisait quelques années que je n’avais pas été sur un bas d’école, mon “qui suis-je” avait figé dans le temps, mes émotions glacées, bref, mon cri de demande d’aide était subtile, silencieux, faible en vocabulaire médical pour exprimer ma souffrance. Alors non, je n’ai pas consulté, je ne me suis pas confiée à une amie (tous ceux qui me voulaient du bien, je les faisais fuir).

J’ai laissé la médecine soigner mes blessures externes lors des épisodes de mutilation, mais on n’a rien pu pour la santé mentale. Les psychiatres/psychologues/travailleuse sociale que j’ai pu rencontrer à mon arrivée au Québec, malgré leur bonne volonté, n’avaient pas le même cadre de référence de la santé mentale que moi. D’ailleurs, là d’où je viens, il n’y a pas de cadre de référence en santé mentale. Le concept même d’avoir une santé mentale est inexistant. Donc, je ne savais pas c’était quoi ni que j’en avais. Alors que je criais à l’aide, je n’ai pas su dire où j’avais bobo avec les mots et les termes d’ici. Dans les premières années, il y aura beaucoup de demandes d’aide et autant de rendez-vous manqués pour sauver ce qui reste de moi.

J’ai traité ma souffrance inexprimable par le silence. Seuls les comportements autodestructeurs et mon anxiété sociale disent quelque chose sur mon état de santé mentale. Dans l’impossibilité de comprendre et de maîtriser la “Aline” d’avant, je me suis construite une autre. La nouvelle “Aline” a performé à l’école malgré son retard initial, elle a couru le jour et la nuit au sens figuré et propre après le contrôle de son corps et de son mental.

J’ai compartimenté ma vie pour que jamais le passé ne croise le présent sauf la nuit où mon inconscient prenait ses droits en me sortant tout ce que j’avais essayé de cacher le jour. Rapidement, je suis devenue une jeune femme accomplie selon notre société d’aujourd’hui. Diplômes, belle carrière en intervention sociale, personne entourée en apparence, sportive prometteuse, j’avais tout pour plaire aux autres sauf à moi-même qui connaissez le nombre de squelettes dans le placard.

Tout cela malheureusement était une carapace extérieure. J’aurais aimé que ça soit vrai, que ça soit le moi intérieur, mais on a une seule vie, on ne peut s’en créer une autre sauf dans nos rêves. Donc, à défaut d’avoir une nouvelle moi, le fossé qui sépare ma vie d’avant et celle d’aujourd’hui était toujours là et n’avait cessé de grandir. Et aux moindres petites pauses dans cette vie effrénée que j’avais construite, la Aline d’avant me rendait visite. Triste, vide, apeurée par le passé, le présent et l’avenir, angoissée par le contact humain, elle était là avec compassion et bienveillance face à la difficulté de la prendre avec moi dans le quotidien créé de toute pièce pour avoir une impression d’avancer. Je la regardais avec tristesse à mon tour et ma seule réponse était de remplir davantage mon agenda pour que ma porte soit fermée la prochaine fois qu’elle est de passage.

Et un jour, alors que comme intervenante j’aidais un cégépien qui avait des idées suicidaires, il a monté en moi une réflexion qui a changé ma vie. Ça disait en gros: “Si tu arrives à contribuer à sauver la vie des autres, pourquoi n’essayes-tu pas de t’aider à te sauver?”. On est en 2014. Je ferais une première tentative de demander de l’aide à mon tour, vite je me dirais que c’est trop dur. Mais à la deuxième tentative en 2016 je décidant qu’il était temps de s’occuper de la souffrance de la jeune Aline et qu’il était plus temps de redonner de la profondeur à la femme que j’étais devenue. Aujourd’hui vous ne connaîtrez pas la suite de l’histoire, quoi que juste le fait d’écrire sur ma santé mentale vous pouvez imaginer le chemin parcouru depuis! Aujourd’hui, je suis consciente que j’en ai une et heureuse de la bonne santé qu’elle est entrée de prendre 🙂

Comme chaque élément cité plutôt pour avoir une bonne hygiène de vie externe compte, en est pareil chaque pas pour améliorer sa santé mentale. Les efforts physiques oui, mais les efforts pour soigner, renforcer ou reconstruire l’intérieur le sont tout autant. “Ben” contente d’être la sportive d’aujourd’hui et non celle d’hier. Je vous souhaite, à votre rythme, un meilleur équilibre entre les apparences et le vrai “vous”!

Bonne réflexion 🙂

Un marathon qui m’a fait évoluer

Un marathon qui m’a fait évoluer

Marathon de Parakou 2025La réalisation de chacune de mes courses à son histoire. Celle que je vais vous partager le démontre encore une fois.

J’ai réussi à franchir la ligne d’arrivée du Marathon de Parakou 2025 pour une douzième fois, mais en utilisant toutes mes énergies et mes expériences de course à pied.

En effet, même avec une préparation sérieuse au Québec pour cette course, mon corps m’a joué un tour vers le 23e kilomètre. Sous une chaleur accablante, une douleur intense est apparue dans mon mollet gauche ce qui m’a forcé à prendre une pause afin de me faire traiter par mon épouse Huguette, massothérapeute, qui me suivait à moto à partir de la mi-parcours.

Elle et moi avons mis en place cette stratégie d’accompagnement dû au fait que ma période d’acclimatation au climat de ce pays est relativement très courte soit environ 5 à 7 jours (selon les années). Aussi, devoir gérer un décalage horaire ainsi qu’une température de plus de 30 degrés est toujours pour moi, un grand défi.

Marathon de Parakou 2025

Sans contredit, ce soutien ambulant est une formule gagnante à chacune de mes courses au Bénin mais aussi pour les autres coureurs. Ces derniers ainsi que les organisateurs de l’événement apprécient les services d’une massothérapeute suivant à moto les participants tout en distribuant du jus de bissap, de l’eau et des collations.

Ainsi, après le traitement reçu de Huguette j’ai pu repartir et gérer tant physiquement que mentalement cette douleur tout au long du parcours restant sur une surface très variée. Nous retrouvons sur les 42 kilomètres de l’asphalte, de la terre battue, des surfaces en pierre et du béton.

Même avec les difficultés rencontrées, je me devais de terminer cette course puisque j’avais associé ma participation au Marathon de Parakou à une cause humanitaire au Québec soit l’Auberge la Clé des Champs de Saint-Cyprien situé dans le bas St-Laurent et qui oeuvre auprès des personnes handicapées.

 

Pour cette première campagne de financement, nous avons reçu 39 donateurs de 42$ chacun totalisant la somme de 1 638$. Et pour agrémenter cette campagne, nous avons effectué un tirage d’une pièce d’or parmi tous les donateurs ainsi qu’un article souvenir de l’Afrique.

Avec le recul, je peux affirmer que participer à cette 17e édition du Marathon de Parakou a été une réussite personnelle à travers laquelle j’ai appris beaucoup de choses sur moi-même. Ce qui prouve que la vie est un long processus d’apprentissage.Marathon de Parakou 2025

EN PRÉPARATION POUR LA COURSE DES ZÈBRES DE RIVIÈRE-DU-LOUP
Marathon de Parakou 2025Cette course se déroule au mois de juin à Rivière-du-Loup et est réalisé par la Fondation Simon le Zèbre. Elle permet de récolter des sommes pour soutenir le Regroupement québécois des maladies orphelines et des maisons de répit du Québec.

Pour obtenir plus d’informations, vous pouvez visiter leur site web :
https://courirpourleszebres.com/