DU « PACE BONHEUR » AU « PACE OLYMPIQUE », VIVE LA DIVERSITÉ DES COUREURS!

DU « PACE BONHEUR » AU « PACE OLYMPIQUE », VIVE LA DIVERSITÉ DES COUREURS!

Il y a plusieurs types de coureurs, de grandes coureuses vites, des petits moins vites, des moyennes persévérantes, de grands entêtés qui sont lents mais déterminés, des méticuleux perfectionnistes qui astiquent tout leur matériel, des inconséquentes qui rencontrent le mur à chaque course, des aventuriers qui se perdent dans le bois, nous pouvons dire que la panoplie de profils différents des amants de la course est infinie, et c’est tant mieux.

Il n’y a pas une façon de courir, il y a autant de façon de courir qu’il y a de coureurs. Nous avions tendance à voir la course comme étant un sport ayant un seul but, aller, vite, vite, vite, mais la course, s’est aussi une façon de vivre, une façon d‘être bien. Le véritable étalon de mesure d’une course cela ne peut être que notre niveau de satisfaction personnelle. En réaction au modèle unique valorisé, soit celui du coureur rapide, est né le beau mouvement du « pace bonheur », revendiquer le droit de courir au rythme qui nous rend heureux, quelle bonne idée. Cela dit, la course peut aussi être un art que l’on peaufine pendant des années et parfois, cela nous permet d’aller vite, et cela, aussi, c’est remarquable. Le mouvement parfait d’un coureur au « pace olympique » que c’est gracieux et que d’efforts que cela nécessite pour y arriver.

Il est difficile de bien mesurer ce que représente le fait de terminer une course pour chaque personne et le sentiment d’accomplissement a souvent peu de choses à voir avec le temps ou la vitesse. Pour ma part, mon 5 km le plus lent, c’est celui dont je suis le plus fier, je l’ai complété en aidant un jeune qui tentait pour la première fois de réussir une activité sportive. Il a persévéré en s’entraînant pendant des semaines, nous l’avons terminé, je pleurais comme un veau au fil d’arrivée, mais nous l’avons fait.

Comme dans plusieurs activités sportives, une forme de compétition malsaine, un jugement de l’autre peut facilement s’immiscer. Mais heureusement, la course à pied peut être tout le contraire, elle peut être une occasion d’être bien, de profiter de la vie, de partager et de se soutenir mutuellement. Dans cet esprit, en m’inspirant un peu maladroitement des principes d’un beau mouvement québécois, celui de favorisant la diversité corporelle (1) , je vous propose bien naïvement des principes et des attitudes que j’aime voir et qui me font aimer cette activité :


LES 7 PRINCIPES DUNE PETITE CHARTE DE LA COURSE À PIED

1) Promouvoir une diversité des modèles des coureurs. Peu importe ton rythme, si tu cours, tu fais partie d’un grand mouvement inclusif qui vise avant tout à être bien.

2) Encourager de saines habitudes de vie et de course. Recourir à des produits ou des astuces qui te donnent un avantage, ce n’est pas dans l’esprit de la course.

3) Dissuader les comportements compétitifs excessifs. Les autres coureurs ce ne sont pas des adversaires, mais des complices.

4) Refuser de souscrire à un modèle uniquement compétitif, la course, c’est quelque chose que l’on fait pour soi et non contre l’autre.
5) Garder une attitude vigilante et diligente envers les autres coureurs, être attentif aux autres pendant une course, c’est une belle marque de savoir-vivre, c’est une belle façon de vivre.

6) Agir à titre d’agents et d’agentes de changement afin que dans les événements de course un esprit d’entraide et de soutien émerge constamment.

7) Faire connaître le bonheur de courir.

Comme il semble bien que nous allions avoir une saison avec quelques événements, bonne course, la vie est trop courte pour ne pas en profiter, et surtout ayez du plaisir!


1-Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée

Le pace, le pace, le pace : sommes-nous obsédés par le pace?

Le pace, le pace, le pace : sommes-nous obsédés par le pace?

Runwise

Quand j’ai commencé la course en 2014 j’étais vraiment motivé, un peu comme un enfant, je découvrais un sport complètement nouveau.

Un sport tellement dur que j’ai vite compris que j’aurai besoin de certains trucs pour rester motiver.

Un de ces trucs ? Les chiffres.
La course c’est le sport le plus impitoyable qui soit : nos progrès sont mesurés de façon 100% objective. Impossible de tricher.

(Bon vous pouvez toujours dire qu’il y avait du vent, de la neige, ou que votre intestin et sensible, mais voilà quoi …)

Or les progrès sont une des plus grandes sources de motivation en course à pied.

Courir plus vite, plus longtemps, ça fait du bien !
Au début c’est sympa, la courbe de progression est en notre faveur. Tu fais un record à chaque course, c’est cool.

Tu peux même gagner plusieurs minutes sur ton 10k.
Mais avec le temps … la progression se ralentit.

Le problème durant mes premières années, c’est que j’ai sauté à pieds joints dans cette frénésie du chrono, du pace, de la Vo2max, l’obstination pour les chiffres quoi.

Même quand je ne courais pas, je calculais toutes sortes de choses.
• Le chrono que je pourrai faire dans 6 mois, 1 an, 2 ans.
• Le pace que je pourrai tenir au prochain entrainement.
• Je calculais même mon temps que j’allais faire … en plein milieu d’une course.

Tout bien réfléchi, j’étais devenu un expert-comptable.

Heureusement, avec le temps, mon obsession pour les chiffres s’est tassée.

Ce qui m’a ouvert les yeux, c’est quand je suis devenu entraineur.

Je me suis rendu compte que la plupart des coureurs se rendaient fous eux aussi.

(Bon certain plus que d’autres …)

Le problème avec les chiffres ?

Une fois qu’ils nous rentrent dans la tête, ils alimentent la roue du hamster.

Vous connaissez le hamster ?

Cette voix qui nous martèle avec des chiffres avant, pendant et après l’entrainement.

Cette fatigue cognitive, c’est le premier problème.

Mais, il y en a un second :

Avez-vous déjà porté attention à l’expression suivante : « Je vaux 20 minutes au 5k » ?

« Je vaux »

Le coureur lie sa valeur personnelle à son chrono.

Tout à coup, cette valeur, ou estime de soi devient totalement mesurable.

C’est peut-être ça le problème.

Un jour, vous ne progresserez plus aussi vite, vous aurez même une ou plusieurs années sans record.

Si vous avez fonctionné avec les chiffres toute votre carrière, votre motivation et votre santé mentale pourraient connaitre un coup dur.

C’est pour cela que j’encourage mes athlètes à courir aux sensations.

Je crois sincèrement que le monde de la course gagnerait à se recentrer sur ses sensations.

Apprendre à faire confiance à notre corps et ne plus laisser les chiffres définir notre valeur sociale.

Je crois que nous pouvons aimer la course avec moins de chiffres.

Et tenez-vous bien …

Je pense que nous pouvons davantage performer avec moins de chiffres.

La performance n’est pas une mauvaise chose, mettre toute son énergie dans un projet un peu fou, peut-être impossible, c’est excitant !

C’est découvrir de quoi nous sommes réellement capables.

Mais si la performance se mesure avec des chiffres, en aucun cas ils ne sont nécessaires pour performer.

J’ai fait ce travail sur moi durant ces derniers mois, et savez-vous quel est le sentiment qui m’a habité ?

Le soulagement : je me suis senti libéré.

Je fais également ce travail avec les coureurs que j’accompagne, et je constate de nombreux bénéfices : meilleure gestion de courses, plus de plaisir à l’entrainement, moins de stress avant une grosse séance, une meilleure gestion de la fatigue à long terme, etc.

Mon dernier conseil ?

Essayez de vous entrainer aux sensations (par exemple 6×3’ effort 5k) et regardez votre allure comme une indication de votre effort et de votre niveau de forme.

Le comportement inverse qui consiste à suivre religieusement l’allure prescrite par sa montre est selon moi souvent une belle erreur.

Bonne course 😉
Max