Es-tu fière/fier de toi ?

Es-tu fière/fier de toi ?

Stéphane Castellon

On va se le dire, la dernière année a été particulière pour nous tous. Peut-être que comme moi et plusieurs autres, tu as voulu te renouveler, te retrouver ou découvrir des faces cachées de la meilleure version de qui tu es. Tu as sans doute fait le ménage de tes armoires, jeté quelques objets dont tu t’étais détaché depuis longtemps mais que tu t’acharnais à garder. Ton garage, tu l’as peut-être transformé en salle de jeu pour tes enfants. Tu sais peut-être maintenant faire du pain…

Peut-être que tu as quitté définitivement un emploi qui ne te plaisait plus après une mise à pied temporaire pour t’apercevoir que tu manquais à ta copine, ton copain, et que cet arrêt dans le temps vous a fait réaliser que depuis des années, vous aviez oublié de vous regarder dans les yeux. Vraiment.

Peut-être que tu as choisi de penser à toi en premier, malgré les inconforts et les nouveaux regards posés sur toi et qu’enfin, tu l’as faite, cette « chose » que tu voulais faire depuis longtemps.

Tu as peut-être retrouvé d’anciennes passions, comme la course, la peinture ou la menuiserie et que maintenant, peu importe ce qui se passe autour, tu y accordes une priorité inébranlable parce que ça te procure du bonheur et de la reconnaissance envers toi-même.

Malgré les autres responsabilités, cette passion est peut-être là pour rester.

Tu as peut-être mis fin à certaines relations pour faire place à de nouvelles qui viennent changer le sens que tu donnais aux anciennes en réalisant que depuis un bout de temps, ça n’allait plus entre vous. Tu as peut-être aussi compris que celles qui sont déjà là conviennent parfaitement à ta personnalité.

Tu as peut-être choisi de ne plus voir la Vie comme une menace mais plutôt une alliée et un privilège de pouvoir encore la savourer.

Il y a peut-être une nouvelle route qui se dessine devant toi et pour la première fois, tu n’as pas peur de t’y aventurer parce que tu as compris que la Vie peut ne tenir qu’à un fil et qu’il est peut-être temps de prendre le temps de la vivre cette Vie…

Peut-être que tu as vécu tout ça dans la dernière année.

Sois fière/fier de toi d’y être arrivé ! Et d’être là où tu es aujourd’hui.

Maintenant, payes-toi la traite au resto, sur une terrasse, en jouant dehors avec tes amis, fais la fête dans ta maison, reçois tes voisines que tu aimes et ensemble, jouez aux cartes jusqu’aux petites heures, va marcher dehors à minuit, embrasse tes enfants, tes petits-enfants sur la joue, sans masque ni peur de savourer la Vie !!!

Tu le mérites ! Et tu y as droit maintenant !

CHLOÉ JUTEAU

Par CHLOÉ JUTEAU

Un petit merci à Abebe Bikila, Jacqueline, Alain, Max, Éric et tous les autres qui font rêver les coureurs

Un petit merci à Abebe Bikila, Jacqueline, Alain, Max, Éric et tous les autres qui font rêver les coureurs

Le rêve fait partie des accessoires essentiels des coureurs et coureuses, on devrait en contrôler la quantité aux stations de ravitaillement afin de s’assurer que la personne puisse terminer. Nous avons tous été marqués par des moments inoubliables, des performances qui nous ont obligés à nous pincer en se disant, ce n’est pas vrai ce qui se passe, je ne pensais jamais qu’un être humain pourrait faire cela, et pourtant, parfois l’impossible arrive.

Abebe BikilaPour ma part, mon imaginaire de coureur a été marqué une première fois par les images d’Abebe Bikila, remportant le marathon des Jeux olympiques de Rome, pieds nus, libre et heureux. J’ai regardé cette course au moins cent fois, et chaque fois j’ai l’impression qu’Abebe gambade calmement en laissant tout le monde derrière lui, cette course-là, c’est un homme libre qui l’a gagné.

Il arrive que le rêve soit berné, je me souviens d’un moment particulièrement cruel, et je me revois sur le bord d’un feu de camp au camping Tropicana a regardé les olympiques de Séoul sur un téléviseur à piles. Le signal était mauvais, je devais orienter l’antenne de ma télé noir et blanc chaque minute, mais j’ai réussi à voir un homme voler pendant 9:79 secondes. Malheureusement, il volait aux stéroïdes, probablement comme tous les autres qui étaient à la ligne de départ avec lui, ils nous ont tous eu.

Jacqueline Gareau La course au Québec a aussi été marquée par des moments qui vont rester dans ma tête ad vitam æternam. Il y a la performance de Jacqueline Gareau qui gagne le marathon de Boston, devancé seulement par une coureuse qui avait pris le métro. Elle est repartie avec sa médaille d’argent, n’insistant pas, laissant le temps faire son temps, la justice a cheminé lentement et elle a retrouvé sa première place, quelle dignité.

Alain BordeleauIl y a un de ces moments marquants avec lequel je me vante d’avoir une relation toute personnelle, c’est celle du marathon de d’Ottawa en 2h14 d’Alain Bordeleau, une marque qui demeure intacte encore presque de 40 ans plus tard. Quelques années auparavant, je m’entraînais avec son club, Regina Mundi et il m’arrivait d’être au départ des entraînements avec lui. J‘étais avec quelques autres membres du groupe de ‘’la relève’’, beau titre pour dire que nous n’étions pas encore vraiment assez rapides pour suivre les meneurs. À chaque départ, je me disais, cette fois, je m’accroche, je vais le suivre, je vais y arriver, mais cela ne s’est jamais produit. Après sa performance exceptionnelle, Alain aurait pu nous quitter pour aller aux ‘’states’’ et faire la grosse tête, il est demeuré ici, humble et réservé.

Il y a encore de ces marques qui alimentent nos rêves. Plus récemment, en course en sentier, je me souviens d’avoir croisé Maxime Leboeuf en 2019 alors qui venait de gagner le championnat canadien en courant 110 kilomètres et en établissant un record de l’épreuve. Pour ma part, je venais de terminer le 80K, c’est donc dire qu’il avait plus de 30 kilomètres d’avance, il était frais comme une rose, prêt à repartir, simple et gentil, comme si ce qu’il venait de faire était tout simple.

Éric DeshaieEn ces temps de pandémie, les rêves sont malmenés, disons qu’il faut de l’imagination pour en avoir, mais il y en a qui persiste. Un gars de l’Outaouais, Éric Deshaie a décidé de faire 10 marathons et 10 qualifications de Boston en 10 jours, comme si de rien n’était, juste pour le fun, un bon moyen de se remettre en forme après avoir résisté à la Covid.

J’aime la course pour tous ces rêves qu’elle apporte, il m’arrive encore de me prendre pour Abebe Bikila, je m’imagine courir pieds nus dans les champs, jusqu’à ce je doive arrêter, car je suis trop essoufflé pour continuer, ou encore que je doive rattacher mes lacets, mais bon, j’ai fait un maudit beau rêve pendant quelques secondes, ce n’est pas rien quand même.