Boston

Boston

Mars annonce le printemps, et le printemps annonce Boston. Plutôt, le printemps est l’apanage de Boston, ville sur laquelle s’échoue le plus vieux marathon au monde, qui ouvre dans la plupart des esprits la saison des grandes courses. Il y a certes Tokyo en février et Londres en avril, mais le rêve est perpétuellement américain. C’est sur les terres du Massachusetts, là où s’est construite l’Amérique, que les coureurs rêvent au moins une fois d’user leurs petites semelles sur la grande ornière de l’Histoire.

J’y étais, il y a deux ans.

Je me souviens, gamin ou ado, être tombé à quelques reprises sur le marathon de Boston à la télé, toujours un lundi de grisaille, chose inouïe puisque dimanche clôturait habituellement le noble sport (d’endurance, j’entends) au petit écran. Mon père m’avait alors raconté l’histoire de Jacqueline Gareau et de Rosie Ruiz. Mais j’en savais peu, et m’intéressais de loin à ces choses au si long cours, en la monotonie desquelles je m’inclinais avec égards mais sans ambages, laissant les autres battre le plat bitume, batailler interminablement hors des forêts, hors des montagnes, en dehors de tout véritable paysage, dans quelque bled prosaïque, sur des rues dont les noms rappelaient trop bien ma morne existence citadine.

Puis, le lundi 15 avril 2019, j’étais de ces autres, dans un bled nommé Hopkinton, et rien ne me paraissait plus extraordinaire que la succession de chemins asphaltés menant à Boston.

La veille, dans mon appartement loué, j’avais vu Philippe Gilbert triompher sur le vélodrome de Roubaix et le rondelet Patrick Reed affubler Tiger Woods du veston vert à Augusta. Paris-Roubaix en cyclisme, le Masters au golf, Boston en course à pied, la troisième d’avril est toujours la première à marquer au calendrier.

Le matin de la course, très tôt, il fallut prendre un autobus et quitter la belle ville pour atteindre l’obscur village. Dans les tristes ténèbres pleines de vent et de pluie, j’avançai en trottant, en marchant, en courant, croyant faire là un échauffement précoce et salutaire mais ayant trop chaud, cependant que rien n’était plus désagréable dans l’attirail que m’imposaient la Nouvelle-Angleterre et sa météo boudeuse. Un poncho en plastique, du genre de ceux qui – recevant la pluie, mais tenant captive la sueur – restent mouillés en tout point, et des sacs blancs d’épicerie noués aux chevilles plombaient mon allure, un peu le moral aussi, semblaient menacer jusqu’au temps que j’espérais fracasser dans quelques heures. Des petits fantômes, frères et sœurs d’armes, de partout surgissaient d’entre les bâtiments endormis, sur les rues noires que seuls éclairaient les feux de circulation tricolores. Peut-être formions-nous alors, minable procession de ponchos, aux yeux indifférents des passants qui s’en allaient travailler, l’étonnant rappel du bordel à venir dans leur métropole, comme un second cadran du matin qui marquait pour nous plus que pour eux une grande et importante journée.

Dans l’autobus, je pris place aux côtés d’une femme de mon âge, puis entamai mon gruau pris en pain sur l’étroite banquette brune de mon enfance. Durant l’interminable trajet, je m’excusai trop de fois auprès d’elle, lançant niaiseusement : « Sorry, sorry, I hope it’s OK », comme si avaler de l’avoine en poncho dans un autobus scolaire relevait du péché. L’expiation, elle me l’offrit pourtant chaque fois qu’elle osait cette gentillesse : « No, no, of course, go ahead, it looks good ».

Parvenus sur les lieux du départ, ce fut la guerre pour trouver abri, car avant même le manque de sommeil, le surentraînement, le sous-entraînement, les blessures, les ressorts imprévisibles de la digestion, la mauvaise connectivité GPS, la prime crainte du coureur le matin de la course est de mouiller l’empeigne neuve de ses souliers. Des tentes à perte de vue abritaient des mines flegmatiques, rêveuses, absentes, cordées serrées, les plus chanceux assis sur la pelouse humide, les autres debout à scruter le prochain à se dépêcher vers les toilettes chimiques. Moi-même dus m’y résoudre à la toute fin, après près de deux heures d’immobilisme, et quitter mon bout de gazon à regret, mais les files indiennes tous azimuts vers les toilettes me bloquaient déjà la voie, m’empêchèrent d’espérer pouvoir vider mon thermos de café plein la vessie et les boyaux à temps pour le départ.

Ma qualification inespérée, le temps au marathon de Philadelphie à abaisser à tout prix, la vigueur relative de mes jambes, ma présence même à Boston, tout cela disparu, mis en sourdine par mon ventre prêt à éclater. Le départ était imminent. Dans la cohue, il fallut me débarrasser de mes collants, lambeaux rouge et bleu, vieilles étoffes élimées portant en dégradé le nom de mon ancien club de ski de fond : Fondeurs Laurentides. Tout était fourré dans de larges poches que tenaient ouvertes les bénévoles contents. Thermos, sac à dos, poncho, perdus aussi pour toujours.

J’hésitai à retirer ma casquette pendant l’hymne américain, la calotte sur le cœur me semblait une peine dont le Québec et les autres nations pouvaient bien être exonérés. Au coup de départ fusant enfin vers un soleil qui nous surplomberait toute la journée, nous nous enfonçâmes mais trop lentement, sans propulsion franche, comme un déversement de boue, avec tout juste l’élan gravitationnel. Sur les bordures de trottoir, entre les boîtes aux lettres, sur les terrains mêmes des badauds qui applaudissaient devant leurs maisons victoriennes, et dans l’atmosphère desquelles lévitaient des relents de saucisses et de boulettes (les Américains rompus le matin au barbecue plus qu’à l’athlétisme), je m’affairai à contourner, dépasser, enjamber, rattraper. Au premier point de ravitaillement, le bitume était patinoire, et il fallut force adresse parmi les torrents d’eau et de Gatorade, jonchés de milliers de petits cônes de carton et de quelques épaves (trois ou quatre corps échoués sur le sol glissant). Les montres hurlaient, les drapeaux virevoltaient, nous étions bel et bien chez nos voisins du sud.

Si d’un long trait ma Garmin put dessiner mon allure (le pace, oracle du coureur, l’aiguillant au paradis ou tout droit en enfer), un cardiologue d’abord inquiet se serait réjoui de le voir décoller enfin au trente-deuxième assaut (kilomètre), piquant vers la stratosphère et tergiversant dans les hauteurs jusqu’à la fin, et aurait cru y déceler une renaissance de cœur. L’inverse, manifestement, se produisit, ou plutôt rien de tout cela, car alors que je courrai les deux premières heures à cadence de métronome comme un champion, j’avais la mort aux jambes. Mon sang fumait à gros bouillons (le poncho, coupable?). Vivant, je ne l’étais que d’après la sonnerie de ma montre qui me le rappelait nonchalamment, chaque kilomètre. Mais je tenais bon pourtant, je ne sais comment, enfin si : par orgueil, à coup sûr. Et ce n’est pas par poésie de la mise en abîme ni par penchant métaphorique que je m’arrêtai finalement dans la célèbre Heartbreak Hill, côtelette terrible, puis marchai défait les kilomètres suivants. Ma blonde me dit plus tard qu’à ce moment, elle qui suivait avec son père la course à la maison (bien enceinte et clouée là pour des raisons d’assurance), vit le cercle GPS portant mon nom disparaître soudainement de l’application sur son téléphone. Volatilisé, car trop lent. Quelque part, dans la stratosphère, je suçais un popsicle orange, philosophais sur les racines de l’existence en pensant au classique de Kundera, que je n’avais par ailleurs jamais lu : la vie est ailleurs.

Je fus le premier de retour dans l’appartement, tandis que ma mère en digne maman (qui m’avait accompagné dans mon escapade bostonnaise, ma grande sœur et ses enfants aussi) cherchait son fils parmi lits et civières de l’infirmerie non loin de l’arrivée. Au souper, une fois tous réunis, ma sœur qui connaissait pourtant bien son frère et devinait aisément mon amertume, devisa avec sagesse et un trop franc sourire :

« C’est une bonne leçon de vie, peut-être la meilleure chose qui puisse t’arriver. »

Mon frère me dit la même chose au téléphone. Dans deux semaines, ma fille verrait le jour, en détournerait le tranquille cours, et m’apprendrait que ces petites défaites ne sont rien. Ma sœur et mon frère avaient entièrement raison, mais je n’étais pas encore père, et avant de le devenir, je continuais à jouer le gamin ébauchant de grands rêves, ébauchant en secret ce soir-là au sein du tumulte des analyses post-course et méta-analyses de vie un souhait inavouable et incertain : Boston, dans ta grande ornière je reviendrai.

***

Le titre de mon dernier (et premier) article, Fartlek, ne cherchait pas à tromper le lecteur, mais en jeta quelques-uns dans une inévitable méprise. Ce terme suédois, désignant étymologiquement un jeu de vitesse, trouve aujourd’hui d’amoindris échos à l’ère des plans d’entraînement, de la souffrance orchestrée, structurée, chiffrée. Le fartlek, ostentatoirement dépourvu de cadre, de règles, décliné en vitesse selon l’agrément du sujet, d’après les ondulations du sol et les soubresauts de la volonté, échappe tout à fait à la mesure. À l’image, en bref, de mon texte fuyant et un peu comme la plume – brouillonne, changeante, ludique – dont le jeu sans cesse dissimulé est celui de la démesure.

Chéri as-tu vu mes mitaines ???

Chéri as-tu vu mes mitaines ???

Bon, je ne sais pas si c’est seulement moi… Pourtant, il me semble que je suis bien organisée dans la vie mais bref, lorsque je viens pour récupérer mes items/ articles et autres en vue de mon jogging matinal, il finit toujours par manquer quelque chose.

C’est qu’il faut partir bien équipée pour un 15km, ma distance maintenant devenue fétiche. Cette distance, je la cours 3 fois semaine depuis au moins un an. Cela représente entre plus ou moins 1 heure 19 minutes à 1 heure 30 minutes de course extérieure. Soit au chaud l’été soit au grand froid l’hiver, faut donc bien se préparer.

Bon parfois, c’est la motivation qui n’est pas au rendez-vous. Alors avoir à chercher mes mitaines ou mes lunettes, ça paye un peu 😉. On étire le temps. N’allez pas me dire que je suis la seule à rester 1 minute devant la fenêtre du salon à peser le pour et le contre d’une sortie extérieure avec scepticisme? Cette situation se présente surtout quand on regarde le thermomètre à l’extérieur, qui n’affiche rien de prometteur excepté la garantie que ce sera froid ou chaud selon la saison.

Il faut que je vous explique que je demeure en campagne. Ouin, alors quand le vent est vigoureux, la fille l’est un peu moins. Quand on se prépare à courir le vent de face et ce sur plusieurs kilomètres avec une température de moins mille degrés, euh… Je suis certaine que mon thermomètre à moi il descend jusque-là 😊. Il serait facile de mettre des shorts à la place et d’aller courir sur mon tapis roulant. Nettement moins stimulant, mais au moins on ne gèle pas.

Pour en revenir à mes bidules….

J’ai besoin d’une paire de gant légers, parce que des fois, même s’il y a apparence de froid, en courant on se réchauffe, alors les grosses mitaines se font retirer. Mais avoir une petite épaisseur peut être confortable, alors j’ai toujours une petite paire de gant dans le fond de mes poches.

Mes grosses mitaines, sans elles je ne ferais pas long. Toujours avec elles que je débute ma course. À un moment donné j’ai chaud, je retire une mitaine…. Après j’ai encore chaud, alors je retire l’autre. Oups, changement de cap, on revient le vent de face, mais ce n‘est encore pas si pire, alors je sors un gant, du coup 10 minutes après c’est la deuxième main qui se manifeste, elle demande à se faire couvrir un peu, alors je sors mon deuxième gant. Le plus beau dans tout ça, je n’ai jamais rien perdu 😊. En fait j’ai bien failli une fois, mes lunettes. Ne voulant pas arrêter et sachant que je repassais par le même chemin, elles étaient tombées, ben je les ai ramassées au retour. Pour de la chance, ça, c’est de la chance : En bordure de route, chemin de campagne venteux et neigeux.

J’ai aussi ma paire de lunette pour jogger, le vent qui rentre dans les yeux, ce n’est pas confortable, une bibitte l’été, ça l’est encore moins. Mais avec ça aussi je niaise un peu. L’hiver, même si mes lunettes sont censées ne pas buer… pftttt, alors remonte les lunettes, bon il commence à neiger, des flocons pleins les yeux, remet les lunettes. La neige colle j’y vois pu rien, essuis les lunettes, ce n’est pas mieux. Et même quand je remonte mes lunettes, des fois elles redescendent d’elles même pour me retomber sur le nez. C’est quand je ne m’y attends pas, bien dans ma bulle, un coup de vent un mouvement de côté et les voilà tout croche sur le bout de mon nez, j’en fais parfois le saut. Ça vous dit quelque chose ? 😉

La tuque avec elle c’est simple, on l’enfonce bien, elle reste en place. Les souliers aussi c’est simple. Faut pas oublier un buff, j’aime en porter un, car un coup de vent dans le cou, c’est tout sauf confortable. Et ça fait un petit bout de tissu à remonter sur les joues si elles gèlent, ah non, les lunettes bues, remontent les lunettes…
J’ai depuis environ un an, appris à courir sans eau, ni gel ou autre, alors au moins je n’ai pas à chercher ma ceinture. Elle est reste bien accrochée dans mon gym et demeure à disponibilité pour mon prochain marathon.

Ai-je mentionné ma musique? Sans elle, c’est possible, mais tellement moins agréable. Je suis le genre de personne qu’une musique peut rendre heureuse ou triste. Vous imaginez bien que celle qui se trouve dans mon lecteur de musique est entrainante, alors je reviens toujours de ma course de bonne humeur. Oh des fois totalement fatiguée, mais de bonne humeur avec une ‘’toune’’ entrainante en tête.

Pour la musique et ma montre, c’est assez simple de les retrouver car ils sont toujours prêts à être rechargés. Pas le choix, ça marche avec de la recharge ces bibites-là. Et comme je branche sur le chargeur mes bidules électroniques le soir avant d’aller me coucher, j’ai une place sur le coin de mon comptoir de cuisine. Faudrait donc que je me force pour les chercher.

Ce qui est drôle c’est que la plupart du temps toutes mes choses sont à peu près au même endroit, donc devraient être faciles à rapatrier …. Nenon…. On dirait que j’oublie toujours quelque chose… Bah, je me dis que ce n’est pas grave. Il n’y a pas mort d’homme, juste un peu de perte de temps.

J’ai par contre la chance de pouvoir partir courir quand bon me semble. Mon pic d’énergie est toujours le matin. Donc des fois, malgré mes 2 cafés, je ne suis peut-être pas totalement assez réveillé ce qui expliquerait mes recherches…. Bon, je me cherche une excuse là je crois 😉

Certaines personnes se contentent de surement moins et d’autres surement plus que moi. Quand j’y pense, je crois que je cours assez léger. L’été dernier, il a tellement fait chaud, je n’apportais même pas d’eau avec moi. Elle se serait retrouvée trop chaude pour être bue dans le temps de le dire.
Ou alors souvenir d’hiver, je courais encore avec ma ceinture à ce moment.

Je trainais donc une bouteille d’eau, car l’hiver on se déshydrate quasiment plus qu’en été, car la peau n’a pas la chance de se refroidir, alors on transpire encore plus. J’était toute contente de savoir qu’au retour je pourrais boire de l’eau. Le vent bien dans mon dos, je débute la ‘’descente’’ d’un chemin de campagne. J’adapte ma foulée pour être confortable, dégaine ma bouteille…. QUOI ??? complètement gelée…. Pas rien qu’à moitié ou juste l’eau dans le bouchon la…. Non non non, complètement gelée…. Grrrrrr, vous dire à quel point je l’aurais jeté dans le fossé.

J’ai dû remettre à mon grand dam, la bouteille gelée dans ma ceinture…

Il n’en fallait pas plus. J’ai dû finir la langue complètement à terre. Y a pas plus assoiffée que la personne qui savait qu’elle pourrait boire mais ne peut plus à cause du froid. ☹

Alors sagesse oblige, je ne traine plus rien. J’adapte ma course pour quelle demeure le plus confortable possible, et vous savez quoi? Ben ça marche. Que ce soit en plein été ou en plein hiver, je cours sans connaître la soif.

À preuve, lors de mon dernier marathon, qui fût virtuel, pas de ravitaillement, alors pas le choix on traine la ceinture, mais ça ajoute au poids ça 4 bouteilles et les gels, plus le cellulaire. J’ai donc décidé de ne prendre avec moi que 3 bouteilles… Ben, j’en ai ramené… Et j’ai eu une super bonne course, mon 2e meilleur temps de marathon. On parle en dedans de 4 heures là 😊

Comme de quoi un corps bien entraîner peut TOUT faire. Je n’ai pas terminé la langue à terre, j’ai récupéré super bien et rapidement. Aucune blessure n’est survenue.
J’ai alors trouvé ultra payant l’entrainement modéré que j’avais eu durant les derniers mois avant la course.
Ahh l’entraînement modéré synonyme aussi de : recalcul en court…

Plus le corps est faible, plus il commande; plus il est fort, plus il obéit
Jean-Jacques Rousseau

Psttttt :
Ça y est en fin de semaine on réglait des affaires. Le parcours de mon 9e marathon (3e virtuel) est décidé; à faire vers la mi-avril… et en début d’Après-midi dimanche, après quelques encouragements je me suis inscrite à mon premier ultra marathon en trail. Un beau 65km avec tellement de deniv + que j’ai oublié le chiffre 😉à faire en septembre. Vous allez pouvoir vivre avec moi les préparatifs, vous pourrez aussi me donner vos trucs et conseils, yeahhhh !!!

On se souvient toujours de la première fois

On se souvient toujours de la première fois

En septembre 1981, je débute ma dernière année d’étude en foresterie au Cégep de Ste-Foy. Ayant pas de voiture (je suis étudiant…loll), je pars sur le pouce pour aboutir finalement à Montréal sur l’heure du midi samedi.

Je me dirige tant bien que mal dans un petit hôtel (pas trop cher évidemment) dans le Vieux- Montréal. Je me couche tôt soit vers 10h00. À peine que j’avais fermé l’œil, une musique tonitruante vient à mes oreilles, pour finalement m’apercevoir que ma chambre est située au-dessus d’un bar de danseuse. Bravo André. Tu as bien choisi pour être top-shape pour ton premier marathon. Finalement, j’ai réussi à dormir de 3h00 à 6h00.

Quelle belle fébrilité d’utiliser le métro alors que tout ce que l’on voit, ce sont des coureurs qui s’apprête à vivre une expérience de surpassement de soi mais aussi de connaissance de nos limites. 10,000 coureurs se sont entassés sur le pont Jacques-Cartier sous une température chaude et ensoleillé. Le départ se donne et je passe au-dessus du fil de départ avec 5 minutes d’écouler au chrono. Quelques semaines auparavant, j’avais lu avec beaucoup d’intérêt une description du parcours avec Jo Mallejac, grand spécialiste de l’athlétisme à l’époque. Et rendu sur certaines rues, souvent une descente, je devais « me refaire une beauté«  comme le mentionnait très justement Malléjac. Donc je ralentissais pour reprendre mon souffle.

Ma stratégie (c’est un grand mot…loll) devait être que si je suis frais et dispos au 25e kilomètre, je pouvais accélérer très légèrement. C’est ce que j’ai fait……ayoye. Grossière erreur. Au 30e kilomètre, j’ai commencé à manquer d’essence et bang le… mur. Je ne voulais plus rien savoir. Alternance marche course et évidemment course au dernier kilomètre (j’ai quand même un peu d’orgueil). Quand j’ai franchi le fil d’arrivé, la première pensée fut : je fais maintenant partie d’un petit groupe sélect qui a réussis à courir 42 kilomètres. À partir de ce moment magique, plus jamais, je n’ai mis en doute mon potentiel. Car auparavant, j’avais pratiqué beaucoup de sports mais sans jamais vraiment exceller. Honnêtement, je possède un talent limité dans le sport d’équipe. Mais voilà que le marathon venait tout changer.

C’est quand même incroyable comment une épreuve tel que le marathon peut vous donner une poussée d’adrénaline et une augmentation de notre estime de soi. Par la suite, ce fut le début d’innombrables épreuves de course à pied de 5 à 42 km, mais je me souviendrais toujours de la première fois.