À la suite de ma déception au marathon d’Ottawa, malgré une préparation exemplaire et un niveau de forme inégalé, j’ai beaucoup remis en question mon entraînement. Voici mes constats et les adaptations que j’ai mis en place pour le cycle du marathon d’automne.
Depuis 2020, mon kilométrage global s’est grandement apprécié (le volume). Je ne compte plus les semaines à plus de 100 kilomètres, elles font maintenant partie de ma vie à chaque mois. Or, en octobre 2019, mes grosses semaines d’entraînement se situaient davantage vers 90 ou 95 kilomètres. Progression normale vous dites? Oui, mais avec le recul je me demande si le juste point d’équilibre n’est justement pas vers ces chiffres. J’ai donc trouvé, je crois, un compromis intéressant.
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Comme il semble y avoir un consensus chez les coachs autour des bénéfices sur le long terme de l’augmentation graduelle du volume dans la vie d’un coureur, il me semble difficile de réduire celui-ci afin de retourner vers les chiffres de 2019. De plus, comme les blessures ont été quasi-absentes depuis trois ans, je pense que la charge n’est pas exagérée avec des semaines à 110, 120 ou 130 kilomètres. Ce que je note toutefois, c’est que lors de ces grosses semaines, il m’est beaucoup plus difficile de bien réaliser les séances d’intervalles courts. Par exemple, lors de séances de 400 mètres, la lourdeur des jambes se fait sentir.
J’ai donc décidé de réduire le nombre de répétitions prévues du groupe avec lequel je m’entraîne, mais de les courir plus rapidement.
1er bienfait : Je peux m’accrocher aux lièvres les plus rapides dans les entraînements et ainsi moins réfléchir aux allures à maintenir.
2ème bienfait : De ce fait, je vais me placer dans des situations inconfortables au niveau des sensations afin de développer ma vitesse de pointe, mon talon d’Achille.
Le moyen retenu pour réaliser cet objectif : Souvent je vais faire les répétitions impaires uniquement, laissant le temps à ma respiration de se calmer avec une récupération plus longue. Les machines avec qui je cours s’épuisent pendant ce temps 😉
Ma prédiction (ou l’évaluation des moyens mis en place) : Je pourrai éventuellement ajouter des répétitions à ces allures afin de d’améliorer mon endurance anaérobique.
Comme je ne suis pas suivi par un entraîneur personnel, cette expérimentation reste à prouver. De plus, ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas nécessairement pour l’autre. Dimanche le 11 septembre, je pourrai mesurer les potentiels bénéfices de cette approche en participant au classique30 kilomètre des rives de Boucherville. Ce rendez-vous annuel permet généralement de tester sa stratégie en vue du marathon d’automne, à Chicago dans mon cas.
Je vous livrerai mes impressions dans l’article du mois prochain.
Je suis parti courir. Un chiffre en tête. 75, 75, 75… Je savais que la prochaine chronique serait la soixante-quinzième (écrit en lettres, ça fait plus sérieux) *. 75 c’est un chiffre important, je devrais trouver quelque chose de marquant.
Rien à faire. Le seul souvenir que 75 m’inspirait c’était un numéro sur un chandail de hockey. Le 75 de Hal Gill.
Ben oui, Hal Gill.
J’ai eu beau essayer de trouver mieux, rien à faire. Alors, Hal Gill ce sera.
À moins d’aimer passablement le hockey, vous ignorez que Hal (comme dans… Halbert?) Gill a joué pendant 16 ans dans la ligue nationale, dont trois avec les Canadiens. Un défenseur dont la principale qualité était d’être grand. Très, très grand. 6 pieds 7 pouces. Et de chausser des patins de taille 24 (j’exagère à peine) où un nombre impressionnant de passes trouvaient le moyen de s’échouer.
Vous savez quand on dit d’un défenseur qu’il est fluide, intelligent avec la rondelle, possédant un grand sens de l’anticipation, avec un tir foudroyant et un don pour faire une passe précise? Personne, non, jamais personne n’a dit ça à propos de Hal.
Et il portait le 75. Pas le 2, le 3 ou le 4 des légendes, pas le 77 des défenseurs mobiles modernes, le 75. Un numéro de dernier de classe pis de « no-name ».
Mais, mais, il avait une très grande qualité, il faisait la job. Tout en bras, en jambes et en bâton. Imaginez que vous êtes un attaquant qui essaie de contourner cette éolienne sur lames. 9 fois sur 10 vous perdez patience et vous envoyez la rondelle au fond de la zone.
Hal Gill est une ode au travail qui est bien fait mais pas élégant. Ce n’est pas un col bleu, c’est le remplaçant de l’adjoint du sous-contractant d’un col bleu. On ne lui demande pas de faire les jobs de talent, Le but de malade en supplémentaire, on laisse ça à Marie-Philip Poulin. Hal, on lui demande de laisser traîner la longue jambe sur la glace pour couvrir le plus d’espace possible.
Pour vous dire, le fait saillant du passage de Hal Gill à Montréal, en plus d’avoir fait lever les yeux au ciel à quelques milliers d’adversaires, c’est une photo, prise en dehors de la patinoire.
Je dois d’abord vous dire que je ne l’ai jamais rencontré en personne mais que pour tout ce que j’ai lu sur lui, c’est un vrai bon gars. Quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux mais qui prend au sérieux ce que les athlètes représentent pour les fans. Le genre qui se porte toujours volontaire pour les bonnes actions.
Alors le voilà un jour à l’hôpital Sainte-Justine avec ses coéquipiers. Une tout petite patiente avait décidé pour l’occasion de se mettre sur son 36 avec sa robe de princesse. Super cute, évidemment.
On fait quoi, quand on est un très grand adulte qui rencontre une princesse? Quand on est un Hal Gill, on sait faire le petit extra qui rendra l’instant mémorable. Il s’est agenouillé et tel un chevalier présentant ses hommages respectueux, a fait le baisemain à sa princesse. Dieu merci, un photographe de La Presse a pu capter la scène.
Son numéro 75 s’est gravé dans ma mémoire, là.
Alors, en hommage à tous les Hal Gill du monde, à tous les « pas trop de talent, ben du cœur », à tous les remplaçants des adjoints des sous-contractants des cols bleus, j’offre la chronique numéro 75 qui comme Hal, fait son gros possible.
La course à pied est synonyme de répétition. On ne naît pas coureur. Non plus, on ne se réveille pas coureur. On le devient en pratiquant sur une longue période, un jour à la fois. C’est ce processus que le verbe devenir renferme et qui nous apprend à courir. Mais pas seulement, la course à pied nous révèle qui nous sommes et nous relève. D’ailleurs, c’est l’expérience que j’en fais depuis plus de 10 ans. Elle ne m’a pas apporté seulement une mise en forme physique. Bien plus qu’un sport, bien plus que des exploits sportifs, la course à pied, sortie après sortie, un intervalle à la fois, elle m’a permis de me « recroiser » alors que j’avais perdu la trace de cette petite fille de 8 ans que j’étais lors du génocide au Rwanda. Elle m’a aidée à me connaître et à puiser en moi la force de surpasser mes peurs face à la vie. Oui, la course à pied apporte discipline, rythme et bien plus dans la vie de tous ceux qui la pratique. Mais au-delà de ces bienfaits, même s’ils sont déjà nombreux, j’en conviens, il y a d’autres avantages aux répétitions, d’abord pour la progression et ensuite pour la vie simplement.
L’entraînement fractionné
Dans le monde de la course à pied, on trouve des répétitions dans l’entraînement en intensité, connu sous le nom d’entraînement fractionné ou encore d’intervalles. Ce travail se fait en deux temps: une partie de la course courue très rapidement à l’intérieur d’une course plus longue courue en endurance fondamentale (rythme où vous êtes capable à tous moments dans votre course de parler à haute voix ou encore de chanter). L’adaptation spectaculaire que le corps doit faire pour réaliser les parties courues au rythme plus élevé est immense. Le stress causé par ce travail de vitesse pousse notre organisme à trouver des moyens de s’adapter. Et c’est de cette difficulté à passer des séquences rapides aux lentes sans s’arrêter que réside les avantages de cette méthode d’entraînement. En effet, l’organisme doit apprendre à surmonter les obstacles (le stress) causés par les parties courues à un rythme plus élevé tout en augmentant sa capacité à maintenir son rythme fondamental. On trouve alors dans le travail en intensité tous les éléments clés d’un entraînement réussi, la progression au niveau de la vitesse et de l’endurance. Les résultats sur notre forme physique sont tout simplement incroyables! Seule ombre au tableau pour ne pas obtenir des progrès, c’est de ne pas s’écouter et aller au-delà de ses capacités.
Longtemps, c’étaient des coureurs sur route qui pratiquaient ce travail en intensité sur une piste ou encore un parcours mesuré pour les bénéfices qu’il offre. Aujourd’hui, même des coureurs en trail comme moi pratiquent ce type de course même dans nos sorties en sentier. En trail, on cherche l’amélioration de notre vitesse, mais surtout celle de notre endurance à courir sur des parcours longs où les dénivelés sont bien présents et plus importants. Ce travail d’intensité se révèle alors encore plus intéressant, si nous nous préparons à faire des courses en trail, lorsqu’il est pratiqué sur un parcours avec un certain dénivelé. Si l’on ajoute la résistance du vent, le temps qu’il fait, on a là des éléments qui aident notre organisme à croître sa capacité à aller plus vite et à courir plus longtemps.
Le choix de se répéter
La répétition n’est pas seulement bénéfique dans le sport. Loin de là! La vie est faite de répétitions dès l’enfance jusqu’ à la vie adulte. Plus enclins à la répétition, les jeunes enfants ne cessent d’utiliser cette méthode pour leur apprentissage. Pour nous, adultes, on peut mettre la répétition à contribution dans notre développement personnel. Comme dans l’exemple des intervalles en course à pied, l’adaptation de l’organisme se fait entre les parties courues rapidement. Pour obtenir le résultat, le coureur doit, après la portion au rythme plus élevé, non seulement courir au rythme de l’endurance fondamentale, mais doit le faire à chaque portion rapide.
Si cet « entre-deux » est important pour la course à pied, je crois profondément qu’il l’est aussi dans la vie de tous les jours. Adulte, c’est dans l’espace entre des moments à forte intensité et ceux à faible intensité que se crée la croissance personnelle. Donc, on ne peut pas vivre notre vie au rythme le plus élevé constamment. Il faut ralentir un moment donné pour obtenir les bénéfices de nos efforts. Et pour ralentir, faut-il encore avoir accéléré auparavant? Je veux dire qu’on ne peut pas non plus vivre notre vie seulement au rythme fondamental. Bref, vous comprenez. Sachez reconnaître la saison dans laquelle vous êtes pour profiter au maximum des apprentissages qui y sont liés. C’est vrai que les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas contrairement aux intervalles qui ont souvent la même durée, donc ma comparaison n’est pas tout à fait parfaite, mais chaque saison a son importance, les unes nous préparent aux autres et c’est ensemble qu’elles font un sens pour nous.
Au-delà de ces étapes et des coups durs de la vie qu’on ne contrôle pas, il y a les choix que chacun fait au quotidien pour se discipliner, pour prioriser et finalement pour persévérer. Oui, je vous propose de choisir vos défis, vos combats et vos priorités car la magie des répétitions ne réside pas dans des choses subies, mais celles choisies. Des comportements auxquels nous revenons sans cesse par choix: la routine familiale, les activités sociales, la pratique sportive, certains emplois, etc. Si vous saviez toutes les répétitions que nous faisons depuis notre décision, à mon mari et moi de fonder une famille. Vraiment, j’en reviens toujours pas! Les tétés jour et nuit, les lavages, le nombre infini d’aspirateur passé, le rangement de jouets, le nombre de fois où nous devons dire non à notre petit prince, la routine du soir (et celles de la nuit improvisées), etc.. Bref, désolé, je me suis emportée. C’était une belle occasion de se plaindre. Pourtant, je ne suis pas à plaindre puisque c’est avec plaisir qu’on se lance à nouveau dans l’aventure d’un deuxième enfant. Alors, revenons à nos moutons. Je disais qu’une vie presque réduite à des cycles de répétitions n’est pas synonyme d’une vie ennuyeuse ou encore ordinaire. Non, certains objectifs nous poussent à choisir une vie rythmée par des répétitions parce que nous arrivons à la conclusion qu’il y a véritablement là une occasion d’apprendre, d’évoluer et de se surpasser. Peu d’objectifs dans la vie, quels qu’ils soient, peuvent se passer des répétitions. Pour arriver aux buts fixés, il est très souvent nécessaire de mettre en place des moyens qui seront répétés plusieurs fois. Et c’est de cette insistance que naissent les résultats. Je dirais donc que la persévérance, c’est l’art de répéter.
L’art de répéter les gestes d’amour au quotidien
Dans le monde de la course, on entend souvent dire que la course à pied nuit aux relations. Je ne veux pas partir un débat, quoique intéressant, mais simplement faire un lien avec notre sujet des répétitions. Comme pour la course à pied, les relations humaines se construisent autour des actions en répétition ou en continue. Si vous dites à votre conjoint-e que vous l’aimez une fois par année à la Saint Valentin, il se peut que vous ayez quelques problèmes dans votre relation. Si vous prenez du temps ensemble seulement lorsque votre saison de compétitions de course à pied ou d’un autre sport est terminée, peut-être que vous trouverez votre partenaire de vie à l’autre bout tellement il y a eu l’absence de la répétition de l’expression de vos sentiments à son égard. Et en amitié, c’est pareil. Qui voudrait d’un ami qui nous passe un bonjour une fois par année? Bon, j’exagère, mais le fond reste vrai. Personne ne désire une amitié absente. C’est donc, le fait de lier les actions par la répétition qui donne du sens à nos relations.
Des actions séparées et de façon décousue ne permettront jamais une relation, peu importe sa nature de grandir. C’est pourquoi, à mon humble avis, je trouve que la magie de la répétition s’opère et se voit dans nos relations bien avant de propulser notre progression en course à pied. Oui, rien de tel qu’une personne qui prend soin de toi, qui se préoccupe de toi et qui arrose votre relation de façon régulière. Rien ne vaut une relation qui permet de surmonter ensemble les obstacles de la vie et d’accroître sa profondeur.
Le temps des fêtes est souvent synonyme de trouvailles et retrouvailles entre famille et amis, mais c’est toujours d’une grande tristesse de voir les déchirements de certains dans ces rassemblements familiaux et amicaux, alors que le but est de partager dans la bonne humeur. Malheureusement, une des raisons est l’absence de répétition de cet amour qui nous uni le reste de l’année. Pour profiter du temps des fêtes en famille ou entre amis, dites-vous que les actions répétées commencent le 1 janvier de chaque année autant pour se supporter dans des moments de haute intensité que pour rire, échanger et chanter dans ceux plus calmes.
Si la course à pied nuit aux relations, c’est surement parce que c’est un sport passionnant, pratiqué par des passionnés et que nous pouvons nous laisser emporter par les objectifs stimulants de la course à pied. MAIS, en ce début de l’été, pourquoi ne pas se rappeler que nous n’avons pas que des objectifs sportifs (de course à pied ou autre sport) dans notre vie et laisser la magie des répétitions se répandre dans d’autres sphères? Pourquoi ne pas faire profiter à votre entourage les bienfaits des répétitions dans les domaines qui le rejoignent? Lancez-vous et répétez les actions d’amour, les gestes de patience, les regards bienveillants, les mots d’encouragements et bien sûr essayez l’entraînement fractionné si ce n’est pas déjà fait et profitez de ces bénéfices. Car il faut s’adapter avant de se surpasser!
La forme n’est pas un état physique, c’est avant tout un état d’esprit, un mode de vie et une promesse d’être en paix avec son corps, et ce, tel qu’il est. Rien ne sert de se lamenter, car nous ne pouvons plus pratiquer le sport auquel nous étions habitués. Il faut apprendre à s’accepter et à progresser selon ses capacités. Dans cette optique, je vous donne quelques pistes de solution afin de garder la forme, et ce, avec un handicap et/ou avec une faiblesse qui vous brime de vos capacités habituelles.
Premièrement, gardez en tête que l’activité physique vous permet de vous sentir mieux. En effet, plusieurs font du sport simplement pour la sensation de bien-être qui s’en suit. À cet effet, si le sport que vous pratiquez vous stresse, il vaut mieux que vous changiez d’activité afin de réaliser une activité qui vous rendra heureux, détendu et serein.
Deuxièmement, lors d’un retour au sport, ne vous mettez pas de pression inutile. Il est normal que vous ne soyez pas au sommet de votre forme après un long repos. Le fait que vous ne puissiez pas réaliser votre entraînement de votre manière habituelle, n’est pas une fatalité en soi. Il s’agit plutôt de l’adapter afin que vous vous sentiez accompli à la fin de celui-ci. Si votre sport est la course et que vous aimez les longues sorties, diminuez votre cadence afin de pouvoir courir aussi longtemps, mais, cette fois, sur une moins longue distance. Vous ressentirez des effets semblables sans toutefois ressentir des douleurs post-entraînement. Les bienfaits physiques et psychologiques seront, eux aussi, les mêmes. Adaptez son entraînement à ses blessures, ce n’est pas un signe de faiblesse, mais bien d’intelligence, car, de cette manière vous mettez votre corps au sommet de vos priorités et, je vous garantis, que c’est un choix gagnant!
Troisièmement, apprenez à bouger autrement, à essayer d’autres sports et à essayer d’autres activités! Vous serez gagnant à apprendre de nouvelles choses, et ce, peu importe si vous continuez ou non ces activités lorsque votre condition s’améliorera.
Enfin, trouvez-vous un autre passe-temps! Si l’entraînement était la base de votre routine, un arrêt d’entraînement ne peut qu’être bénéfique pour vous, car vous aurez ainsi plus de temps pour vous adonner à de nouvelles activités et pour développer de nouvelles passions qui, elles, vous guideront vers un monde de découvertes inespérées.
Apprenez à ralentir et à lâcher prise,
Apprenez à apprécier les petits moments de la vie,
Vous y verrez de belles choses!
Sportivement avec vous et avec vos petites blessures,
Je suis parti courir. Au bout de quatre minutes j’étais pompé. Attention, pas « je pompais », comme dans manquer de souffle. J’étais « pompé », comme dans « pas de bonne humeur ».
Dans mes écouteurs, deux professionnels des médias, du monde de qui on s’attend à un certain standard de français, venait de s’échanger une paire de « faire assemblant ».
– Je gagerais que tu vas faire assemblant d’aimer le film ?
– Pas le choix, tout le monde autour adore alors je vais faire assemblant.
Je pète une coche. Automatique, aucune marge de manœuvre, j’entends « faire assemblant », je me fâche.
Alors, mémo à tous les utilisateurs : journalistes, milléniaux et boomers, animateurs, podcasteurs, monde ordinaire qui utilise des mots, en professionnel ou en amateur (ça fait quand même une catégorie assez large, ça), « à semblant ou assemblant » dans le sens de feindre, simuler… ÇA N’EXISTE PAS!
Il y a un A qui est tombé de sa tablette et s’est trouvé une job confortable devant « semblant ». Je ne sais pas quand et comment mais un bon jour, comme un virus, il s’est imposé. Comme on n’a jamais eu un confinement de vocabulaire, pratiquement tout le monde l’a attrapé. Résultat, maintenant, partout, on fait faussement « assemblant ».
On fait « semblant », pas de « a ». Assemblant ça n’existe que dans un sens, celui de mettre ensemble du monde, des choses. Un exemple? Voilà : J’ai été vu, assemblant les pièces d’un casse-tête. Je faisais semblant d’aimer ça.
Allez donc savoir pourquoi ça m’agresse autant. Même le fait que ça m’agresse autant, m’agresse un peu. Mais j’ai fini par renoncer à être rationnel là-dessus.
Ça et les « ce et cette » des commentateurs du hockey à la télé. « Il a vraiment travaillé fort pour récupérer cette rondelle ». Cette, c’est un adjectif démonstratif, cela signifie qu’on désigne parmi des choix, des options. À ma connaissance, quand Gallagher reprend le contrôle du disque, il n’y avait pas cinq rondelles parmi lesquelles choisir. Il y en avait juste une, « la » rondelle et Brendan l’a récupérée en échange contre trois bleus et deux dents.
Certains soirs, j’admets qu’on jurerait qu’il y a plusieurs rondelles pour les adversaires et aucune pour les Canadiens mais c’est une autre affaire.
Et un dernier mot pour la route? « Malaisant ». J’entends ça (souvent!) et j’accroche à chaque fois.
– Le film? Franchement pas bon. Malaisant même.
Ben là, vérification faite, c’est moi qui suis dans le champ. Malaisant, dans le sens d’embarrassant ou gênant, ça existe. Pas tellement dans les dictionnaires mais la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française en confirme l’utilisation correcte qui est devenue plus fréquente assez récemment, partout dans la francophonie. Alors toutes les fois où j’ai ronchonné en entendant quelqu’un l’utiliser? C’est moi qui avais tort.
Je sais ce que vous vous dites : c’est malaisant.
N.B. Toutes les chroniques Parti courir sont disponibles sur le site www.particourir.com