Une défaite classique, post-moderne, contemporaine
Je suis parti courir. Sur la rue Racine à Chicoutimi. Dans ma tête, à l’époque où la ville s’appelait encore Chicoutimi (Saguenay, Seigneur…) et la rue Racine vibrante. Il y avait Chez Georges, où se tenait toute la classe politique, Laflamme le tailleur et Bégin le vendeur de chaussures, le siège social des magasins Continental et, un étage au-dessus, CJMT, la station de radio où je travaillais.
J’ai reçu la semaine dernière un cadeau qui m’a ramené à cette époque. Un T-Shirt portant le logo du magasin La Boite à musique. Yves Hébert, m’avait annoncé « une surprise », celle-là était de taille.
Car sur la rue Racine, il y avait aussi La Boite à musique. La boutique de disques de deux collègues et amis de CJMT, Yves Hébert et Louis Trépanier.
Une vraie boutique, avec des vrais disques en vinyle. Pas de la musique « dématérialisée » qu’on loue en ligne. Un local, des présentoirs, des posters de groupes, des clients, une caisse avec des billets de banque. La totale.
La boutique appartenait à des chums, j’y allais souvent. Tellement qu’ils ont fini par me faire une offre : y travailler quelques heures par semaine, rémunéré en disques. « Travailler », était beaucoup dire. Repartir avec une brassée de disques, trop beau pour être vrai.
Ne pas payer les disques encourage à essayer des affaires, quitte à ce que ça devienne une pochette-ramasse poussière. J’ai découvert comme ça Joe Jackson, Chuck Mangione, Keith Jarrett, un paquet de musiciens ayant partagé une session de studio avec Neil Young ou James Taylor et aussi, Steve Reich.
Steve Reich c’est un grand nom de la musique « minimaliste ». Particulier, intéressant, vraiment pas pour tous les goûts. Les experts le décrivent comme classique, post-moderne, contemporain (une autre façon de dire « pas pour tous les goûts »). Il venait de sortir l’album Tehillim : côté A, 17 minutes 25 secondes interrompues d’une phrase musicale d’inspiration traditionnelle juive, répétée en décalage. Côté B… pas mal la même affaire.
Dieu sait pourquoi, j’aimais ça Tehillim.
Un bon samedi, arrive à la Boite à musique un client régulier. Le gars arbitre dans ma ligue de balle-rapide. Il me demande ce que j’écoute ces temps-ci, je pars sur Tehillim : « Tu vas aimer ça, c’est spécial mais je te dis, c’est accrocheur ». Il est ressorti avec l’album. Les ventes de Steve Reich venaient d’exploser à Chicoutimi.
Deux jours plus tard, match de balle-rapide à Jonquière (Saguenay, Seigneur…). Mon acheteur de l’album Tehillim est justement d’office derrière le marbre.
Je fais une parenthèse. On jouait, dans la région, un gros calibre de balle-rapide. On prenait ça au sérieux, il y avait de bons athlètes sur le terrain. Mon équipe comptait sur deux excellents lanceurs, Yvon et Roger. Avec ces gars-là, la balle arrivait vite et précise. Il fallait tous avoir les yeux grands ouverts, le frappeur, le receveur et… l’arbitre.
L’arbitre, justement :
– Hey, Steve Reich, comment tu trouves ça?
– Sérieux? Tehillim? C’est quoi c’t’affaire-là? Méchante musique de pas d’allure!
Un #@#&*%@# de gaspillage!
Un client, disons, déçu. Sans connaissance, serait peut-être plus proche de la réalité. OK, en beau calvaire. Le disque, lui, il l’a payé.
La partie va commencer. Mauvais timing, c’est moi le receveur. L’arbitre se positionne, le visage quelques centimètres au-dessus de mon épaule. Il marmonne quelque chose à propos de Steve Reich. Rien de bien positif.
Premier lancer, en plein centre du marbre : Balle! Bon, une erreur ça arrive. Deuxième lancer, même chose : Balle! Troisième lancer, encore : Balle! Le frappeur et moi on regarde l’arbitre. Le frappeur se trouve chanceux. Moi, je réalise que ce match va se jouer style « classique, post-moderne, contemporain ».
Toute la soirée, la zone des prises a été comme la musique de Steve Reich : minimaliste. On a perdu, évidemment. Je n’ai pas senti utile d’expliquer pourquoi à mon lanceur. Il a quitté le terrain croyant avoir été battu par « Shipshaw Électrique » et un mauvais arbitre.
Moi seul connaissait la vérité : un compositeur américain d’origine juive, né à New-York et habitant à Berlin s’était invité, bien malgré lui, dans un match de balle-rapide au Saguenay.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça aura été chaotique du début à la fin ce marathon !
Blessure au genou
Seulement quelques semaines après le début de mon deuxième programme marathon de 2022, j’ai commencé à ressentir un certain malaise au niveau de mon genou droit. Qu’à cela ne tienne, ça allait passer, que je me suis dit, et j’ai poursuivi mes entraînements intenses avec les Guépards (je pense à Dany & Christian ici), et puis quelques intervalles plus tard, mon genou était absolument hors d’usage, kapoute comme diraient certains.
S’en est suivi des rendez-vous avec mon orthothérapeute, et puis une physiothérapeute également, et finalement un orthésiste qui a déterminé qu’il serait préférable de compenser les problèmes au niveau de mes arches de pied avant celui de ma jambe trop courte. Mais avant la fin de mon évaluation, il en est aussi venu à se demander si ça n’avait pas un lien avec mes souliers Hoka qui sont très rigides, et qui m’offrent une stabilité incontestable pour le bien-être de mes chevilles, mais qui empêcheraient le mouvement naturel de ma rotule.
J’ai donc entrepris d’aller courir avec mes vieux NB GTX ayant plus de 1600 Km au compteur, et puis abracadabra ! Après des semaines à ne pas pouvoir courir plus de 1000m, je ne ressentais plus aucune douleur me forçant à devoir m’arrêter, mais que des signaux m’indiquant de ne pas pousser davantage la machine. Puis ensuite je suis passé à mes Skechers comportant déjà un support pour les arches, et là magie magie ! Je pouvais, non seulement courir de plus longues distances, mais également m’offrir quelques pointes de vitesse, j’étais alors aux anges !
J’ai finalement reçu mes orthèses, et s’il est vrai que je me sentais bien avec, je ne pense pas qu’il aurait été approprié de partir pour une sortie longue avec, alors j’ai fait mon test de 3h avec mes Skechers. Mais en fait, je m’étais dit que j’allais soit faire 3h, soit faire 30 Km, que j’ai complété en 2h49, et qui m’a complètement vidé. Mais mon genou avait tenu le coup !
Après 30 Km, j’étais aussi vide que ma gourde et mon sac de boules énergétiques.
Faire partie des statistiques
Il me restait donc 14 jours pour tester mes orthèses, mais au lendemain de mon test de 3h, j’ai été frappé d’un mal de tête incroyable, qui s’est étendu jusqu’au tympan, puis finalement à la gorge. Sans trop vouloir m’étendre sur ce dimanche de merde, et bien le lendemain j’allais finalement faire partie des statistiques en testant positif à la covid-19.
Quatre jours plus tard, je ne me pouvais plus, je devais tester mes orthèses et suis allé faire un 3 Km. Et alors que je trottinais, je me sentais comme lors d’un sprint sur 5 Km, c’est-à-dire que j’avais le fond du palais qui brûlait, et en plus j’avais l’impression que mon cerveau voulait défoncer le dessus de ma boîte crânienne à chaque impact au sol, alors c’était plutôt horrible comme sensation. MAIS je n’ai pas eu mal au genou malgré le fait que j’aie couru avec mes nouveaux Hoka !
Quelques jours avant le grand jour, test #2 sur une distance de 11 Km sans douleur aucune, alors j’avais la conviction que je devais m’essayer.
Le jour de la course
Bon, petit calcul habituel, comme le départ devait se faire à 7h45, je devais donc avoir terminé de manger à 4h45, ce qui voulait dire que j’allais me lever à 4h. Mais comme je voulais aussi attraper le premier métro de 5h30, j’allais devoir partir vers 5h, ce qui n’allait pas me laisser suffisamment de temps pour faire toute ma préparation, alors comme pour le marathon des pompiers, levée du corps à 3h.
Peut-être est-ce le fait que je n’avais plus cette pression de devoir faire un meilleur temps que la dernière fois, mais j’ai vraiment bien dormi, et mes yeux se sont ouverts que quelques secondes avant que mon téléphone démarre.
Donc petit matin bien relaxe, tellement que j’ai eu le temps de m’étendre sur le sofa, de bien regarder mes Hoka Bondi X, et puis me dire que ça n’était pas sérieux d’aller courir durant 42,2 Km avec des souliers et des orthèses que je n’avais pas suffisamment testés. J’ai donc enfilé mes Skechers, et puis le départ s’est fait avant 5h pour me rendre au métro, je n’ai pris que l’essentiel que j’ai enfilé dans leur sac, puis je me suis laissé reconduire jusqu’à l’Île-Ste-Hélène.
Emplacement pour la vague #1 dans laquelle je devais me retrouver.
Mon téléphone n’est pas très performant pour les photos de nuit, mais c’était franchement beaucoup plus beau en vrai.
Pas très longtemps après cette photo, j’ai rencontré des collègues de bureau, ainsi que des collègues Guépards avec qui j’ai passé de bien beaux moments cet été. Je pense à Guy, Marie-Josée et Pierre que j’allais croiser plus tard lors des premiers Km.
Le matin était plutôt frais, alors j’étais content d’avoir ma petite veste que je suis allé porté à l’autobus environ 30 minutes avant le départ, mais la file était plus longue que prévue, alors il restait moins de temps pour la dernière étape avant le départ.
Et donc attente interminable pour aller aux toilettes. Tellement trop que j’ai dû me rabattre, comme plusieurs autres coureurs, aux petits boisés d’à côté, pour finalement manquer le départ de ma vague. J’ai réussi, in-extremis, à me joindre à la vague #2, puis c’était fait, je m’élançais avec des centaines d’autres passionnés. Premier constat : Le tendon de la cheville droite fait défaut, mais qu’à cela ne tienne, c’est loin d’être la première fois que ce petit bobo refait surface, et il a plutôt tendance à s’estomper une fois bien réchauffé.
Rendu près de Ste-Catherine et Berri, quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître, à mes côtés, Pierre avec qui j’ai piqué un petit brin de jasette.
Et c’est à partir de ce moment précis que j’ai commencé à me demander si j’étais en train de faire le bon parcours. Et si jamais il avait fallu que je prenne place dans la vague #1 pour faire le trajet du marathon ? Car à chaque fois que je regardais un dossard, et bien c’était celui du demi que je voyais.
Alors lentement mais sûrement, j’ai commencé à croire que ça devait tout simplement se passer ainsi, que finalement j’allais faire un demi, mon genou allait être content, mais que là, tant qu’à faire, je n’allais pas continuer avec cette allure au ralenti, j’allais ouvrir la machine davantage question de faire un temps raisonnable, et je n’allais pas me faire rattraper par mes collègues de bureau par le fait même.
Passé le Parc Lafontaine, qui je vois, Dany du club les Guépards. Je savais qu’il devait avoir fait le 10 Km la veille, mais là il m’a expliqué qu’il faisait sa sortie longue et venait encourager tous ces coureurs qui s’infiltraient dans les rues de Montréal.
Puis finalement nous sommes arrivés à une intersection où les gens du demi tournaient à droite, puis les gens du marathon complet allaient plutôt vers la gauche, alors j’étais vraiment soulagé. Et sans hésitation aucune, j’ai pris vers la gauche, question de m’engouffrer dans ce défi hors norme.
C’est plutôt rare que je vois un coureur avec les 2 bras aussi bien détendus.
Rendu là, il y avait nettement moins de coureurs, avec une allure pour le moins beaucoup plus adaptée à celle que j’aurais dû avoir depuis le début, mais aussi encore beaucoup de gens pour nous encourager, surtout aux intersections, c’était tout à fait magique !
J’allais donc me rendre sur St-Laurent où j’ai trouvé bien loufoque la fille qui m’a reconnu comme étant un coureur de St-Eustache. Et quelques mètres plus loin, aussi incroyable que celui puisse paraître, nous croisions le coureur #1 qui avait déjà compléter la boucle, et qui était sur son chemin du retour !
C’est donc ce légendaire boulevard qui devait m’amener au Parc Jarry où je j’avais prévu croiser mon ex belle-soeur et ses filles. Mais finalement, j’ai reçu son message qu’après avoir dépassé le parc. Donc petit appel vidéo pour lui dire qu’on s’était manqué, mais que j’allais repasser plus tard… beaucoup plus tard finalement ! Mais c’est qu’il est long ce foutu boulevard !
Et c’est finalement au Km 24 que la mécanique a commencé à flancher, à commencer par mon genou droit qui m’a clairement laissé savoir que je n’avais pas intérêt à pousser davantage, et même que j’aurais pu arrêter tout ça là tellement le signal a été lancinant, avec perte d’équilibre et pincement au cœur.
Qu’à celà ne tienne, je n’allais certainement pas marcher durant les 18 Km restants ! J’ai donc rétrogradé en mode relaxe, mais déjà je sentais la lourdeur s’installer dans mes cuisses, l’acide lactique qui engorgeait mes muscles malgré le fait que je me sois arrêté à tous les points d’eau sans exception, et avoir consommé tout ce qu’il y avait à consommer.
J’ai finalement croisé mon ex belle-sœur aux environs du Km 28 alors que c’était au tour du mollet gauche de cramper.
Je n’avais donc déjà plus la capacité d’atterrir sur la plante des pieds, et puis au Km 30 je sentais cramper le derrière de ma cuisse droite, et je crois qu’à partir de là j’étais carrément dans la gestion de la douleur, en espérant ne pas trop en demander à tout mon corps qui chialait, tellement qu’il y a même eu cette voix qui a retentit, dans ma tête embrouillée, pour poser cette question chiante : Mais pourquoi est-ce que je m’inflige tout ça ? Disons qu’en langage “hockey”, j’aurais pu dire que j’étais blessé au bas du corps tellement tout ne fonctionnait plus très bien.
Enfin, disons que la petite voix n’a pas trop perduré, c’est qu’il y avait tellement de gens qui nous criaient que nous étions les meilleurs, que nous étions inspirants, que nous étions des champions, et j’en oublie certainement, que la question a laissé place à de la gêne de devoir m’arrêter de plus en plus souvent. Tellement, que j’avais l’impression de répéter mon tout premier marathon.
Et plus je marchais, plus je sentais les jambes qui n’en pouvaient juste plus, alors que les dénivelés positifs étaient tout aussi souffrants que ceux négatifs, et toujours ces gens qui nous encourageaient en nous disant que ça allait enfin en descendant pour le restant du parcours, que tout allait bien aller.
Il y a aussi eu cette fille déguisée qui m’a encouragé et m’a dit : On lâche pas ! Je te reconnais toi, tu es passé devant la Boutique Endurance tout à l’heure ! Et bien ça faisait effectivement partie du parcours, mais j’en ai déduit que je devais avoir une barbe peu commune, alors elle avait l’air bien contente de me reconnaître.
Je peine à marcher, et je me questionne sur le comment je pourrais m’y remettre sans cramper totalement.
J’ai de nouveau eu l’image de cette femme qui s’effondre à quelques mètres de la ligne d’arrivée, qui se relève, mais qui n’a tout simplement plus de jambes pour l’amener à la fin du parcours.
Alors de retour sur Sherbrooke, avant l’entrée vers le Stade, j’ai vainement tenté de m’y remettre, j’ai trottiné quelques mètres avant de m’arrêter de nouveau, même pas capable de me choquer le moindrement pour y arriver, la boule de feu était éteinte, j’avais complètement perdu ma tête de cochon.
Et tous ces gens qui couraient plus vite moi ! Ouf ! Ce fut dur à encaisser.
Ce n’est qu’à 200m de l’arrivée, quand il y avait toute cette foule en délire qui criait à tue-tête, que j’ai pris ce qui me restait de jus dans les trippes, j’ai clopiné jusqu’au tapis rouge, puis j’ai traversé la ligne d’arrivée.
Je peux au moins dire que je n’ai jamais même pensé abandonné, alors en ce sens ma tête de cochon m’a bien servi, et malgré le temps “trop long” que j’ai pris pour compléter la course, si je pense au fait que 14 jours auparavant je me débattais ardemment avec la covid, je pense pouvoir affirmer avoir bien achevé mon défi.
Mon souper du champion, bien mérité !On comprend bien, ici, que si moi, le gars ordinaire d’à côté, suis capable de traverser une telle épreuve, c’est que tout le monde peut se permettre d’y rêver, d’y toucher, et de la vivre jusqu’au bout. Faites comme moi, et soyez le super héros de votre vie !
Le retour à la maison ne fut pas de tout repos non plus. Les escaliers, puis la marche jusqu’au métro Pie IX, les escaliers, le transfert à Berri, les escaliers, la descente à Montmorency, les escaliers, pour finalement rouler jusqu’au Boston Pizza pour me payer mon souper du champion.
Mon souper du champion, bien mérité !
Malgré tout cela, et bien j’ai déjà hâte à l’année prochaine ! Que voulez-vous, c’est un des avantages d’avoir une mauvaise mémoire.
En rafale… Je me souviens…
De ce couple de danseurs au Parc Lafontaine.
De cet homme qui brandissait une pancarte avec l’inscription : Souriez si vous courez sans sous-vêtement. Et de son immense sourire quand il a vu le mien.
De cette femme qui m’a crié : Let’s go Running Addict!
De cette fille qui criait : Let’s go papa ! Un peu comme si elle encourageait tous les pères qui participaient.
De cet enfant qui voulait donc taper dans la main des coureurs, et qui, quelques Km plus loin, était juché sur la balustrade d’une terrasse, et qui m’a tendu la sienne, toute aussi moite que la mienne finalement !
De tous ces gens qui m’interpellaient par mon prénom parce qu’il était inscrit sur mon dossard.
De tous ces gens qui battaient le rythme sur leurs tambours, c’était hyper entraînant et motivant, et surtout vraiment très fort !
Course ludique vers un accès à l’eau potable pour tous
La Fondation One Drop, en collaboration avec le Cirque du Soleil, se met en mouvement pour contribuer à changer le monde par une action collective. En octobre 2022, vous êtes tous invités – à Montréal ou n’importe où en ligne – à prendre part à une course dynamique de 5 km, où plusieurs prix seront offerts, afin de soutenir les initiatives locales et mondiales liées à l’eau potable de la Fondation One Drop.
Courez, marchez, utilisez des échasses, faites la roue… Bougez comme vous le voulez pour nous rapprocher d’un accès universel à l’eau potable.
Vous pouvez rejoindre une équipe ou participer en tant qu’individu !
Chacun de vos pas transforme l’eau en action
Date : 9 octobre 2022 de 9h à 12h Lieu : 8400, Avenue du Cirque, Montréal (Québec) H1Z 4M6
Parc Frédéric-Back
*5$ seront reversés à la Fondation One Drop
À propos de One Drop
La Fondation One DropMC est une organisation philanthropique internationale créée par Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil et de Lune Rouge, avec la vision d’un monde meilleur, où tous ont accès à des conditions de vie permettant leur développement et leur épanouissement.
Sa mission est d’assurer un accès durable à l’eau potable et à des services d’assainissement et d’hygiène aux communautés confrontées à des obstacles extrêmes, grâce à des partenariats novateurs, à la créativité et à la force de l’art.
La Fondation One Drop transforme l’eau en action depuis 15 ans avec des projets qui auront bientôt amélioré les conditions de vie de plus de 2,7 millions de personnes à travers le monde.
Pour en apprendre plus veuillez consulter onedrop.org.
Je suis parti courir. À Roberval, au Lac-St-Jean, à rattraper le temps perdu pour cause de Covid. En courant le long du lac, je suis passé devant l’hôpital, là où j’ai travaillé mes étés d’étudiant, en 1972, 1973 et 1974. Là où j’ai été un brave.
Vous me direz que pour travailler dans un hôpital, il faut nécessairement être brave. C’est vrai. Mon cas était quand même un peu particulier. La job impliquait de se lancer dans le vide. Littéralement, se lancer dans le vide. Le dos tourné. À 30 mètres de haut.
Mon oncle était Alfred était le patron de l’entretien à l’hôpital. Grâce à lui, j’avais une place dans l’équipe qui nettoyait, l’été, les fenêtres de l’établissement. Toutes les fenêtres. Y’en a 1000? 1500? À l’intérieur, mais surtout à l’extérieur. On est en 1972, avant la CSST, avant les MAT (méthodes appropriées de travail) et les équipements de sécurité. Avant la possibilité de lever la main pour dire « Non, je ne suis pas assez fou pour faire ça ».
Un lundi matin de juin, on se présente à l’atelier, les trois autres gars de l’équipe et moi. Rencontre monsieur Bélanger (qui deviendra vite pour nous Monsieur B), employé « de la maintenance ». Il va nous initier au travail de laveur de vitre. On prépare d’abord le matériel qui tient sur deux chariots : poches de guenilles, éponges, « gratteux » à lames de rasoir, chaudières et des contenants d’ammoniaque qu’on diluera dans de l’eau chaude en guise de nettoyant.
Parlant d’ammoniaque Monsieur B. prend le temps de nous expliquer que l’ammoniaque concentré ça « sent fort ». Alors, pour ne pas déranger l’entourage lorsqu’on le transvide d’une grande urne de verre à des contenants de plastiques plus commodes pour le transport, on s’enferme dans un placard. Faut faire vite en respirant le moins possible.
Des vapeurs d’ammoniaque, concentré calibre industriel, dans un espace clos, pendant plusieurs minutes. Tous les jours pour partir la journée. Est-ce que je vous ai dit que c’était avant la CSST?
J’en étais où? Ah oui, le matériel. Une fois les chariots chargés, il ne manquait que le principal, le harnais. Une ceinture de cuir avec des bretelles, des emplacements pour les outils et deux crochets de métal. L’enfant bâtard d’une ceinture d’ouvrier et d’un accessoire de costume médiéval. Monsieur B. voit bien qu’on ne sait pas trop quoi faire avec ça. Il va nous l’apprendre.
Ascenseur de service jusqu’au 6e étage. On trouve une chambre vide. Monsieur B. ouvre une fenêtre en remontant le bas. Il nous montre deux minuscules crochets sur les côtés extérieurs: « On met le harnais et on sort. On se tient en équilibre, les pieds sur le montant en briques pis on se relève en se tenant après la petite poignée ici. Ensuite, on pose les encrages sur les crochets. Quand c’est fait, il reste juste à se laisser tomber vers l’arrière, la courroie s’étire et vous allez pouvoir laver l’extérieur comme ça ».
Pardon!?!
– Le harnais date d’au moins vingt ans
– Les crochets sont gros comme des dix cents.
– Le montant de la fenêtre mesure deux pouces (je chausse des 11).
– La poignée pour se lever permet de rentrer au plus trois doigts.
o Elle tient par deux vis d’un demi-pouce.
– On est au 6e étage.
– Au-dessus d’un stationnement.
Monsieur B. retient un petit sourire en coin. On est un juin mais je pense que pour lui, c’est un peu Noël.
J’ai regardé le harnais, la fenêtre ouverte, pas trop le stationnement. J’ai réalisé que si je n’y allais pas le premier, je n’oserais jamais le faire. Alors j’ai dit : « J’y vas! ». J’ai enfilé le harnais et je suis sorti. Je me suis relevé en collant la fenêtre comme une sangsue. J’ai accroché les encrages en tremblant et je me suis peureusement laissé aller vers l’arrière en priant pour que ça tienne. Ça a tenu.
Le temps de laisser mes genoux cesser de claquer ensemble j’ai apprivoisé la place. Pas mal comme vue! J’ai fini par rentrer, sous le regard admiratif de mes collègues. Même Monsieur B. a eu l’air de se dire : « il est brave, le flot ».
Je n’ai jamais osé leur dire que ce n’était pas de la bravoure. Juste une bonne gestion de « avoir la chienne ». Faire une bonne première impression, ça vaut cher.
N.B. Toutes les chroniques Parti courir sont disponibles sur le site www.particourir.com
Pourquoi cette course ?
J’ai vu passer l’offre de la course Cryo sur mon fil d’actualité qui a retenu toute mon attention. Courir pour ressentir et aider les enfants atteints du cancer. Oh là là que cette cause est venue me chercher…
Pour courir tu dois, payer ta course 100$, mais aussi amasser 1000$ pour ces enfants afin qu’ils puissent faire des activités extérieures pour continuer à croire en leur guérison.
Je n’aime pas courir longtemps l’hiver dehors. Je n’ai jamais fait de course de raquettes, je n’ai jamais couru sur un lac gelé, mais je trouverai la force, le courage et j’irai chercher le meilleur de moi-même pour aider ces enfants malades.
Ce sera mon premier défi de l’année 2022.
Entraînement course Cryo
Je me suis inscrite le lendemain que j’ai vu la publication. Je ne voulais pas prendre le risque d’être influencé par mon entourage et que cela me fasse changer d’avis. Il est fréquent que j’agisse de la sorte pour rester en harmonie avec mon bien-être.
Fière de mon engagement pour la course Cryo, j’ai publicisé à mon tour sur les réseaux sociaux pour la fondation Sur la Pointe des Pieds s’y rattachant afin de les faire connaître. Je savais que je devais me mettre à l’entrainement course Cryo. Essayer de recréer les conditions de cette course, pour avoir un peu la sensation avant le jour de l’évènement.
Mes amis Line Pelletier, Diane Dumas et Themy Del Campo se sont eux aussi inscrits à cet évènement, ce qui donne une légèreté aux entraînements. On s’entraîne ensemble quand on peut, on se motive, se challenge, c’est toujours très agréable de partager nos ressentis, nos appréhensions et d’échanger nos visons.
Course de raquette Selon les années précédentes, il est recommandé de faire cette course en raquettes si on n’est pas dans les coureurs de tête.
Comme, je suis loin d’être une coureuse élite, je dois donc prévoir de faire cette course avec mes entraves, soit en raquettes. Des entraînements sont nécessaires sans aucun doute.
Mon amie Line me prête ses anciennes raquettes pour que je fasse ma première expérience le 19 décembre 2021.
14 km au Mont Saint-Hilaire pour une première sortie… Wow, je suis rentrée les pieds meurtris. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que ce modèle de raquettes n’est pas fait pour moi. Oui, je ne dois rien avoir qui passe par-dessus mon pied tel que des sangles comme le modèle que j’ai testé. Je dois prendre un modèle avec essieu.
Test après test
Depuis cette expérience, je me suis équipée des raquettes avec essieux. Elles laissent le mouvement du pied sans retenue sur le dessus du pied par la raquette. Courir avec ce modèle semble plus facile. Néanmoins, c’est toujours plus difficile que de courir en simple running.
Cela demande plus de cardio, plus de musculation dans les cuisses, je dirais même, plus de tortures…
Mais, alors, pourquoi je fais ça me direz-vous ?
Bien tout simplement, parce que je me suis engagée comme 99 autres coureurs à aider les enfants atteints du cancer avec la Fondation Sur la Pointe des Pieds.
Oui, je pourrais tout lâcher, mais je ne serai pas moi… Ces enfants aussi pourraient tout lâcher, mais on ne les reverrait plus… Non, j’ai choisi de les aider, les soutenir, eux subissent et n’ont pas le choix…
Courir la nuit
Pendant mes folles expériences de test, je suis partie 2 fois par des températures à -25 et plus pour tester mon mental dans le noir…
À 18 heures, un samedi soir, dans le bois avec mon partenaire Christian Vallée, nous avons fait 18 km avec une température qui variait entre -25 et -30.
Je n’avais pas fait 10 km que j’avais l’impression d’en avoir fait 50. Perdu dans la nuit, sans aucun repère, je n’arrivais pas à avancer, je n’avais même pas vécu ça pendant mon 12 heures de nuit à Défi le sentier Drummondville. Je me suis parlée, parlée et encore parlée pour compléter la boucle que je m’étais fixée.
Ce qui m’a sauvé, c’est que je n’étais pas seule. Christian m’accompagnait et je m’accrochais aux raisons pour lesquelles je faisais ça. Quand je suis rentrée, même si je suis loin de rentrer dans les temps que demande cette course, j’étais fière de moi, de mon résultat, car je n’ai pas abandonné.
Remise en question
Je m’entraîne fort, mais je ne rentre toujours pas dans les temps. Depuis le 30 décembre, mon corps réagit mal au post-Covid. J’ai de la difficulté à courir, mes fréquences cardiaques tournent entre 175 et plus de 200. Cela m’oblige à marcher pour reprendre mon souffle et revenir le plus possible avec des FC de 175.
J’ai donc décidé de lever le pied sur les entraînements pour reprendre ma vitesse sans les raquettes. Histoire de me redonner confiance. Mais là encore, sur le tapis, sans le vent, sans le froid, sans mes raquettes, mes fréquences cardiaques ne sont toujours pas bonnes même à la marche.
Je pourrais diminuer ma distance pour me laisser plus de chance de réussite afin de ne pas être coupée… Non, en faisant ça c’est comme si j’abandonnais sans même essayer… Ce n’est pas l’exemple que je veux donner à ces jeunes.
Non, je vais faire comme eux, je vais aller chercher au fond de moi la puissance et la force pour donner le meilleur de ce que je pourrais faire le 19 février.
Les croyances
Si je me suis inscrite à cette course, c’est que j’ai les capacités de la réussir. Je suis certaine de pouvoir là compléter. Le hic, c’est en 5h que je ne passe pas présentement, avec mon handicape du moment.
Je crois beaucoup aux lois de l’attraction, alors à défaut de pouvoir réaliser mes entraînements physiquement, je travaille la pensée positive pour continuer d’y croire afin de réussir au mieux de mes possibilités.
En six heures, c’est certain que je passe, mais en 5h il y a 3 semaines cela ne fonctionnait toujours pas.
Demain c’est le jour J, je vais tout donner mon plein d’énergie que j’ai fait cette semaine.
Je remercie tous les donateurs qui se sont joints à moi pour aider ces jeunes.