C’est ça qui est ça!

C’est ça qui est ça!

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça aura été chaotique du début à la fin ce marathon !

Blessure au genou
Seulement quelques semaines après le début de mon deuxième programme marathon de 2022, j’ai commencé à ressentir un certain malaise au niveau de mon genou droit. Qu’à cela ne tienne, ça allait passer, que je me suis dit, et j’ai poursuivi mes entraînements intenses avec les Guépards (je pense à Dany & Christian ici), et puis quelques intervalles plus tard, mon genou était absolument hors d’usage, kapoute comme diraient certains.

S’en est suivi des rendez-vous avec mon orthothérapeute, et puis une physiothérapeute également, et finalement un orthésiste qui a déterminé qu’il serait préférable de compenser les problèmes au niveau de mes arches de pied avant celui de ma jambe trop courte. Mais avant la fin de mon évaluation, il en est aussi venu à se demander si ça n’avait pas un lien avec mes souliers Hoka qui sont très rigides, et qui m’offrent une stabilité incontestable pour le bien-être de mes chevilles, mais qui empêcheraient le mouvement naturel de ma rotule.

J’ai donc entrepris d’aller courir avec mes vieux NB GTX ayant plus de 1600 Km au compteur, et puis abracadabra ! Après des semaines à ne pas pouvoir courir plus de 1000m, je ne ressentais plus aucune douleur me forçant à devoir m’arrêter, mais que des signaux m’indiquant de ne pas pousser davantage la machine. Puis ensuite je suis passé à mes Skechers comportant déjà un support pour les arches, et là magie magie ! Je pouvais, non seulement courir de plus longues distances, mais également m’offrir quelques pointes de vitesse, j’étais alors aux anges !

J’ai finalement reçu mes orthèses, et s’il est vrai que je me sentais bien avec, je ne pense pas qu’il aurait été approprié de partir pour une sortie longue avec, alors j’ai fait mon test de 3h avec mes Skechers. Mais en fait, je m’étais dit que j’allais soit faire 3h, soit faire 30 Km, que j’ai complété en 2h49, et qui m’a complètement vidé. Mais mon genou avait tenu le coup !

C’est ça qui est ça! - Courir Québec

Après 30 Km, j’étais aussi vide que ma gourde et mon sac de boules énergétiques.

Faire partie des statistiques
Il me restait donc 14 jours pour tester mes orthèses, mais au lendemain de mon test de 3h, j’ai été frappé d’un mal de tête incroyable, qui s’est étendu jusqu’au tympan, puis finalement à la gorge. Sans trop vouloir m’étendre sur ce dimanche de merde, et bien le lendemain j’allais finalement faire partie des statistiques en testant positif à la covid-19.

Quatre jours plus tard, je ne me pouvais plus, je devais tester mes orthèses et suis allé faire un 3 Km. Et alors que je trottinais, je me sentais comme lors d’un sprint sur 5 Km, c’est-à-dire que j’avais le fond du palais qui brûlait, et en plus j’avais l’impression que mon cerveau voulait défoncer le dessus de ma boîte crânienne à chaque impact au sol, alors c’était plutôt horrible comme sensation. MAIS je n’ai pas eu mal au genou malgré le fait que j’aie couru avec mes nouveaux Hoka !

Quelques jours avant le grand jour, test #2 sur une distance de 11 Km sans douleur aucune, alors j’avais la conviction que je devais m’essayer.

Le jour de la course
Bon, petit calcul habituel, comme le départ devait se faire à 7h45, je devais donc avoir terminé de manger à 4h45, ce qui voulait dire que j’allais me lever à 4h. Mais comme je voulais aussi attraper le premier métro de 5h30, j’allais devoir partir vers 5h, ce qui n’allait pas me laisser suffisamment de temps pour faire toute ma préparation, alors comme pour le marathon des pompiers, levée du corps à 3h.

Peut-être est-ce le fait que je n’avais plus cette pression de devoir faire un meilleur temps que la dernière fois, mais j’ai vraiment bien dormi, et mes yeux se sont ouverts que quelques secondes avant que mon téléphone démarre.

Donc petit matin bien relaxe, tellement que j’ai eu le temps de m’étendre sur le sofa, de bien regarder mes Hoka Bondi X, et puis me dire que ça n’était pas sérieux d’aller courir durant 42,2 Km avec des souliers et des orthèses que je n’avais pas suffisamment testés. J’ai donc enfilé mes Skechers, et puis le départ s’est fait avant 5h pour me rendre au métro, je n’ai pris que l’essentiel que j’ai enfilé dans leur sac, puis je me suis laissé reconduire jusqu’à l’Île-Ste-Hélène.

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Emplacement pour la vague #1 dans laquelle je devais me retrouver.

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Mon téléphone n’est pas très performant pour les photos de nuit, mais c’était franchement beaucoup plus beau en vrai.

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Pas très longtemps après cette photo, j’ai rencontré des collègues de bureau, ainsi que des collègues Guépards avec qui j’ai passé de bien beaux moments cet été. Je pense à Guy, Marie-Josée et Pierre que j’allais croiser plus tard lors des premiers Km.

Le matin était plutôt frais, alors j’étais content d’avoir ma petite veste que je suis allé porté à l’autobus environ 30 minutes avant le départ, mais la file était plus longue que prévue, alors il restait moins de temps pour la dernière étape avant le départ.

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Et donc attente interminable pour aller aux toilettes. Tellement trop que j’ai dû me rabattre, comme plusieurs autres coureurs, aux petits boisés d’à côté, pour finalement manquer le départ de ma vague. J’ai réussi, in-extremis, à me joindre à la vague #2, puis c’était fait, je m’élançais avec des centaines d’autres passionnés. Premier constat : Le tendon de la cheville droite fait défaut, mais qu’à cela ne tienne, c’est loin d’être la première fois que ce petit bobo refait surface, et il a plutôt tendance à s’estomper une fois bien réchauffé.

C’est ça qui est ça! - Courir Québec
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Rendu près de Ste-Catherine et Berri, quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître, à mes côtés, Pierre avec qui j’ai piqué un petit brin de jasette.

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Et c’est à partir de ce moment précis que j’ai commencé à me demander si j’étais en train de faire le bon parcours. Et si jamais il avait fallu que je prenne place dans la vague #1 pour faire le trajet du marathon ? Car à chaque fois que je regardais un dossard, et bien c’était celui du demi que je voyais.

Alors lentement mais sûrement, j’ai commencé à croire que ça devait tout simplement se passer ainsi, que finalement j’allais faire un demi, mon genou allait être content, mais que là, tant qu’à faire, je n’allais pas continuer avec cette allure au ralenti, j’allais ouvrir la machine davantage question de faire un temps raisonnable, et je n’allais pas me faire rattraper par mes collègues de bureau par le fait même.

Passé le Parc Lafontaine, qui je vois, Dany du club les Guépards. Je savais qu’il devait avoir fait le 10 Km la veille, mais là il m’a expliqué qu’il faisait sa sortie longue et venait encourager tous ces coureurs qui s’infiltraient dans les rues de Montréal.

Puis finalement nous sommes arrivés à une intersection où les gens du demi tournaient à droite, puis les gens du marathon complet allaient plutôt vers la gauche, alors j’étais vraiment soulagé. Et sans hésitation aucune, j’ai pris vers la gauche, question de m’engouffrer dans ce défi hors norme.

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C’est plutôt rare que je vois un coureur avec les 2 bras aussi bien détendus.

Rendu là, il y avait nettement moins de coureurs, avec une allure pour le moins beaucoup plus adaptée à celle que j’aurais dû avoir depuis le début, mais aussi encore beaucoup de gens pour nous encourager, surtout aux intersections, c’était tout à fait magique !

J’allais donc me rendre sur St-Laurent où j’ai trouvé bien loufoque la fille qui m’a reconnu comme étant un coureur de St-Eustache. Et quelques mètres plus loin, aussi incroyable que celui puisse paraître, nous croisions le coureur #1 qui avait déjà compléter la boucle, et qui était sur son chemin du retour !

C’est donc ce légendaire boulevard qui devait m’amener au Parc Jarry où je j’avais prévu croiser mon ex belle-soeur et ses filles. Mais finalement, j’ai reçu son message qu’après avoir dépassé le parc. Donc petit appel vidéo pour lui dire qu’on s’était manqué, mais que j’allais repasser plus tard… beaucoup plus tard finalement ! Mais c’est qu’il est long ce foutu boulevard !

Et c’est finalement au Km 24 que la mécanique a commencé à flancher, à commencer par mon genou droit qui m’a clairement laissé savoir que je n’avais pas intérêt à pousser davantage, et même que j’aurais pu arrêter tout ça là tellement le signal a été lancinant, avec perte d’équilibre et pincement au cœur.

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Qu’à celà ne tienne, je n’allais certainement pas marcher durant les 18 Km restants ! J’ai donc rétrogradé en mode relaxe, mais déjà je sentais la lourdeur s’installer dans mes cuisses, l’acide lactique qui engorgeait mes muscles malgré le fait que je me sois arrêté à tous les points d’eau sans exception, et avoir consommé tout ce qu’il y avait à consommer.

J’ai finalement croisé mon ex belle-sœur aux environs du Km 28 alors que c’était au tour du mollet gauche de cramper.

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Je n’avais donc déjà plus la capacité d’atterrir sur la plante des pieds, et puis au Km 30 je sentais cramper le derrière de ma cuisse droite, et je crois qu’à partir de là j’étais carrément dans la gestion de la douleur, en espérant ne pas trop en demander à tout mon corps qui chialait, tellement qu’il y a même eu cette voix qui a retentit, dans ma tête embrouillée, pour poser cette question chiante : Mais pourquoi est-ce que je m’inflige tout ça ? Disons qu’en langage “hockey”, j’aurais pu dire que j’étais blessé au bas du corps tellement tout ne fonctionnait plus très bien.

Enfin, disons que la petite voix n’a pas trop perduré, c’est qu’il y avait tellement de gens qui nous criaient que nous étions les meilleurs, que nous étions inspirants, que nous étions des champions, et j’en oublie certainement, que la question a laissé place à de la gêne de devoir m’arrêter de plus en plus souvent. Tellement, que j’avais l’impression de répéter mon tout premier marathon.

Et plus je marchais, plus je sentais les jambes qui n’en pouvaient juste plus, alors que les dénivelés positifs étaient tout aussi souffrants que ceux négatifs, et toujours ces gens qui nous encourageaient en nous disant que ça allait enfin en descendant pour le restant du parcours, que tout allait bien aller.

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Il y a aussi eu cette fille déguisée qui m’a encouragé et m’a dit : On lâche pas ! Je te reconnais toi, tu es passé devant la Boutique Endurance tout à l’heure ! Et bien ça faisait effectivement partie du parcours, mais j’en ai déduit que je devais avoir une barbe peu commune, alors elle avait l’air bien contente de me reconnaître.

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Je peine à marcher, et je me questionne sur le comment je pourrais m’y remettre sans cramper totalement.

J’ai de nouveau eu l’image de cette femme qui s’effondre à quelques mètres de la ligne d’arrivée, qui se relève, mais qui n’a tout simplement plus de jambes pour l’amener à la fin du parcours.

Alors de retour sur Sherbrooke, avant l’entrée vers le Stade, j’ai vainement tenté de m’y remettre, j’ai trottiné quelques mètres avant de m’arrêter de nouveau, même pas capable de me choquer le moindrement pour y arriver, la boule de feu était éteinte, j’avais complètement perdu ma tête de cochon.

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Et tous ces gens qui couraient plus vite moi ! Ouf ! Ce fut dur à encaisser.

Ce n’est qu’à 200m de l’arrivée, quand il y avait toute cette foule en délire qui criait à tue-tête, que j’ai pris ce qui me restait de jus dans les trippes, j’ai clopiné jusqu’au tapis rouge, puis j’ai traversé la ligne d’arrivée.

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Je peux au moins dire que je n’ai jamais même pensé abandonné, alors en ce sens ma tête de cochon m’a bien servi, et malgré le temps “trop long” que j’ai pris pour compléter la course, si je pense au fait que 14 jours auparavant je me débattais ardemment avec la covid, je pense pouvoir affirmer avoir bien achevé mon défi.

Mon souper du champion, bien mérité !On comprend bien, ici, que si moi, le gars ordinaire d’à côté, suis capable de traverser une telle épreuve, c’est que tout le monde peut se permettre d’y rêver, d’y toucher, et de la vivre jusqu’au bout. Faites comme moi, et soyez le super héros de votre vie !

Le retour à la maison ne fut pas de tout repos non plus. Les escaliers, puis la marche jusqu’au métro Pie IX, les escaliers, le transfert à Berri, les escaliers, la descente à Montmorency, les escaliers, pour finalement rouler jusqu’au Boston Pizza pour me payer mon souper du champion.

Mon souper du champion, bien mérité !

C’est ça qui est ça! - Courir Québec

Malgré tout cela, et bien j’ai déjà hâte à l’année prochaine ! Que voulez-vous, c’est un des avantages d’avoir une mauvaise mémoire.

En rafale… Je me souviens…

  • De ce couple de danseurs au Parc Lafontaine.
  • De cet homme qui brandissait une pancarte avec l’inscription : Souriez si vous courez sans sous-vêtement. Et de son immense sourire quand il a vu le mien.
  • De cette femme qui m’a crié : Let’s go Running Addict!
  • De cette fille qui criait : Let’s go papa ! Un peu comme si elle encourageait tous les pères qui participaient.
  • De cet enfant qui voulait donc taper dans la main des coureurs, et qui, quelques Km plus loin, était juché sur la balustrade d’une terrasse, et qui m’a tendu la sienne, toute aussi moite que la mienne finalement !
  • De tous ces gens qui m’interpellaient par mon prénom parce qu’il était inscrit sur mon dossard.
  • De tous ces gens qui battaient le rythme sur leurs tambours, c’était hyper entraînant et motivant, et surtout vraiment très fort !
L’Eau en Action

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Course ludique vers un accès à l’eau potable pour tous

La Fondation One Drop, en collaboration avec le Cirque du Soleil, se met en mouvement pour contribuer à changer le monde par une action collective. En octobre 2022, vous êtes tous invités – à Montréal ou n’importe où en ligne – à prendre part à une course dynamique de 5 km, où plusieurs prix seront offerts, afin de soutenir les initiatives locales et mondiales liées à l’eau potable de la Fondation One Drop.

Courez, marchez, utilisez des échasses, faites la roue… Bougez comme vous le voulez pour nous rapprocher d’un accès universel à l’eau potable.
Vous pouvez rejoindre une équipe ou participer en tant qu’individu !

Chacun de vos pas transforme l’eau en action

L’Eau en Action

Date : 9 octobre 2022 de 9h à 12h
Lieu : 8400, Avenue du Cirque, Montréal (Québec) H1Z 4M6
Parc Frédéric-Back

L’Eau en Action - prix

*5$ seront reversés à la Fondation One Drop

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À propos de One Drop

La Fondation One DropMC est une organisation philanthropique internationale créée par Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil et de Lune Rouge, avec la vision d’un monde meilleur, où tous ont accès à des conditions de vie permettant leur développement et leur épanouissement.

Sa mission est d’assurer un accès durable à l’eau potable et à des services d’assainissement et d’hygiène aux communautés confrontées à des obstacles extrêmes, grâce à des partenariats novateurs, à la créativité et à la force de l’art.

La Fondation One Drop transforme l’eau en action depuis 15 ans avec des projets qui auront bientôt amélioré les conditions de vie de plus de 2,7 millions de personnes à travers le monde.
Pour en apprendre plus veuillez consulter onedrop.org.

 

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Un brave

Un brave

 

Je suis parti courir. À Roberval, au Lac-St-Jean, à rattraper le temps perdu pour cause de Covid. En courant le long du lac, je suis passé devant l’hôpital, là où j’ai travaillé mes étés d’étudiant, en 1972, 1973 et 1974. Là où j’ai été un brave.

Vous me direz que pour travailler dans un hôpital, il faut nécessairement être brave. C’est vrai. Mon cas était quand même un peu particulier. La job impliquait de se lancer dans le vide. Littéralement, se lancer dans le vide. Le dos tourné. À 30 mètres de haut.

Mon oncle était Alfred était le patron de l’entretien à l’hôpital. Grâce à lui, j’avais une place dans l’équipe qui nettoyait, l’été, les fenêtres de l’établissement. Toutes les fenêtres. Y’en a 1000? 1500? À l’intérieur, mais surtout à l’extérieur. On est en 1972, avant la CSST, avant les MAT (méthodes appropriées de travail) et les équipements de sécurité. Avant la possibilité de lever la main pour dire « Non, je ne suis pas assez fou pour faire ça ».

Un lundi matin de juin, on se présente à l’atelier, les trois autres gars de l’équipe et moi. Rencontre monsieur Bélanger (qui deviendra vite pour nous Monsieur B), employé « de la maintenance ». Il va nous initier au travail de laveur de vitre. On prépare d’abord le matériel qui tient sur deux chariots : poches de guenilles, éponges, « gratteux » à lames de rasoir, chaudières et des contenants d’ammoniaque qu’on diluera dans de l’eau chaude en guise de nettoyant.

Parlant d’ammoniaque Monsieur B. prend le temps de nous expliquer que l’ammoniaque concentré ça « sent fort ». Alors, pour ne pas déranger l’entourage lorsqu’on le transvide d’une grande urne de verre à des contenants de plastiques plus commodes pour le transport, on s’enferme dans un placard. Faut faire vite en respirant le moins possible.

Des vapeurs d’ammoniaque, concentré calibre industriel, dans un espace clos, pendant plusieurs minutes. Tous les jours pour partir la journée. Est-ce que je vous ai dit que c’était avant la CSST?

J’en étais où? Ah oui, le matériel. Une fois les chariots chargés, il ne manquait que le principal, le harnais. Une ceinture de cuir avec des bretelles, des emplacements pour les outils et deux crochets de métal. L’enfant bâtard d’une ceinture d’ouvrier et d’un accessoire de costume médiéval. Monsieur B. voit bien qu’on ne sait pas trop quoi faire avec ça. Il va nous l’apprendre.

Ascenseur de service jusqu’au 6e étage. On trouve une chambre vide. Monsieur B. ouvre une fenêtre en remontant le bas. Il nous montre deux minuscules crochets sur les côtés extérieurs: « On met le harnais et on sort. On se tient en équilibre, les pieds sur le montant en briques pis on se relève en se tenant après la petite poignée ici. Ensuite, on pose les encrages sur les crochets. Quand c’est fait, il reste juste à se laisser tomber vers l’arrière, la courroie s’étire et vous allez pouvoir laver l’extérieur comme ça ».

Pardon!?!

– Le harnais date d’au moins vingt ans
– Les crochets sont gros comme des dix cents.
– Le montant de la fenêtre mesure deux pouces (je chausse des 11).
– La poignée pour se lever permet de rentrer au plus trois doigts.
o Elle tient par deux vis d’un demi-pouce.
– On est au 6e étage.
– Au-dessus d’un stationnement.

Monsieur B. retient un petit sourire en coin. On est un juin mais je pense que pour lui, c’est un peu Noël.

J’ai regardé le harnais, la fenêtre ouverte, pas trop le stationnement. J’ai réalisé que si je n’y allais pas le premier, je n’oserais jamais le faire. Alors j’ai dit : « J’y vas! ». J’ai enfilé le harnais et je suis sorti. Je me suis relevé en collant la fenêtre comme une sangsue. J’ai accroché les encrages en tremblant et je me suis peureusement laissé aller vers l’arrière en priant pour que ça tienne. Ça a tenu.

Le temps de laisser mes genoux cesser de claquer ensemble j’ai apprivoisé la place. Pas mal comme vue! J’ai fini par rentrer, sous le regard admiratif de mes collègues. Même Monsieur B. a eu l’air de se dire : « il est brave, le flot ».

Je n’ai jamais osé leur dire que ce n’était pas de la bravoure. Juste une bonne gestion de « avoir la chienne ». Faire une bonne première impression, ça vaut cher.

N.B. Toutes les chroniques Parti courir sont disponibles sur le site www.particourir.com

Entraînement course Cryo

Entraînement course Cryo

 

les defis de beat

Pourquoi cette course ?
J’ai vu passer l’offre de la course Cryo sur mon fil d’actualité qui a retenu toute mon attention. Courir pour ressentir et aider les enfants atteints du cancer. Oh là là que cette cause est venue me chercher…

Pour courir tu dois, payer ta course 100$, mais aussi amasser 1000$ pour ces enfants afin qu’ils puissent faire des activités extérieures pour continuer à croire en leur guérison.

Je n’aime pas courir longtemps l’hiver dehors. Je n’ai jamais fait de course de raquettes, je n’ai jamais couru sur un lac gelé, mais je trouverai la force, le courage et j’irai chercher le meilleur de moi-même pour aider ces enfants malades.

Ce sera mon premier défi de l’année 2022.

Entraînement course Cryo
Entraînement course Cryo
Je me suis inscrite le lendemain que j’ai vu la publication. Je ne voulais pas prendre le risque d’être influencé par mon entourage et que cela me fasse changer d’avis. Il est fréquent que j’agisse de la sorte pour rester en harmonie avec mon bien-être.

Fière de mon engagement pour la course Cryo, j’ai publicisé à mon tour sur les réseaux sociaux pour la fondation Sur la Pointe des Pieds s’y rattachant afin de les faire connaître. Je savais que je devais me mettre à l’entrainement course Cryo. Essayer de recréer les conditions de cette course, pour avoir un peu la sensation avant le jour de l’évènement.

Mes amis Line Pelletier, Diane Dumas et Themy Del Campo se sont eux aussi inscrits à cet évènement, ce qui donne une légèreté aux entraînements. On s’entraîne ensemble quand on peut, on se motive, se challenge, c’est toujours très agréable de partager nos ressentis, nos appréhensions et d’échanger nos visons.

Course de raquette
Entraînement course CryoSelon les années précédentes, il est recommandé de faire cette course en raquettes si on n’est pas dans les coureurs de tête.

Comme, je suis loin d’être une coureuse élite, je dois donc prévoir de faire cette course avec mes entraves, soit en raquettes. Des entraînements sont nécessaires sans aucun doute.
Mon amie Line me prête ses anciennes raquettes pour que je fasse ma première expérience le 19 décembre 2021.

14 km au Mont Saint-Hilaire pour une première sortie… Wow, je suis rentrée les pieds meurtris. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que ce modèle de raquettes n’est pas fait pour moi. Oui, je ne dois rien avoir qui passe par-dessus mon pied tel que des sangles comme le modèle que j’ai testé. Je dois prendre un modèle avec essieu.

Test après test
Depuis cette expérience, je me suis équipée des raquettes avec essieux. Elles laissent le mouvement du pied sans retenue sur le dessus du pied par la raquette. Courir avec ce modèle semble plus facile. Néanmoins, c’est toujours plus difficile que de courir en simple running.

Cela demande plus de cardio, plus de musculation dans les cuisses, je dirais même, plus de tortures…

Mais, alors, pourquoi je fais ça me direz-vous ?

Bien tout simplement, parce que je me suis engagée comme 99 autres coureurs à aider les enfants atteints du cancer avec la Fondation Sur la Pointe des Pieds.

Oui, je pourrais tout lâcher, mais je ne serai pas moi… Ces enfants aussi pourraient tout lâcher, mais on ne les reverrait plus… Non, j’ai choisi de les aider, les soutenir, eux subissent et n’ont pas le choix…

Entraînement course Cryo
Courir la nuit
Pendant mes folles expériences de test, je suis partie 2 fois par des températures à -25 et plus pour tester mon mental dans le noir…

À 18 heures, un samedi soir, dans le bois avec mon partenaire Christian Vallée, nous avons fait 18 km avec une température qui variait entre -25 et -30.

Je n’avais pas fait 10 km que j’avais l’impression d’en avoir fait 50. Perdu dans la nuit, sans aucun repère, je n’arrivais pas à avancer, je n’avais même pas vécu ça pendant mon 12 heures de nuit à Défi le sentier Drummondville. Je me suis parlée, parlée et encore parlée pour compléter la boucle que je m’étais fixée.

Ce qui m’a sauvé, c’est que je n’étais pas seule. Christian m’accompagnait et je m’accrochais aux raisons pour lesquelles je faisais ça. Quand je suis rentrée, même si je suis loin de rentrer dans les temps que demande cette course, j’étais fière de moi, de mon résultat, car je n’ai pas abandonné.

Entraînement course Cryo
Remise en question
Je m’entraîne fort, mais je ne rentre toujours pas dans les temps. Depuis le 30 décembre, mon corps réagit mal au post-Covid. J’ai de la difficulté à courir, mes fréquences cardiaques tournent entre 175 et plus de 200. Cela m’oblige à marcher pour reprendre mon souffle et revenir le plus possible avec des FC de 175.

J’ai donc décidé de lever le pied sur les entraînements pour reprendre ma vitesse sans les raquettes. Histoire de me redonner confiance. Mais là encore, sur le tapis, sans le vent, sans le froid, sans mes raquettes, mes fréquences cardiaques ne sont toujours pas bonnes même à la marche.

Je pourrais diminuer ma distance pour me laisser plus de chance de réussite afin de ne pas être coupée… Non, en faisant ça c’est comme si j’abandonnais sans même essayer… Ce n’est pas l’exemple que je veux donner à ces jeunes.

Non, je vais faire comme eux, je vais aller chercher au fond de moi la puissance et la force pour donner le meilleur de ce que je pourrais faire le 19 février.

Entraînement course Cryo
Les croyances
Si je me suis inscrite à cette course, c’est que j’ai les capacités de la réussir. Je suis certaine de pouvoir là compléter. Le hic, c’est en 5h que je ne passe pas présentement, avec mon handicape du moment.

Je crois beaucoup aux lois de l’attraction, alors à défaut de pouvoir réaliser mes entraînements physiquement, je travaille la pensée positive pour continuer d’y croire afin de réussir au mieux de mes possibilités.

En six heures, c’est certain que je passe, mais en 5h il y a 3 semaines cela ne fonctionnait toujours pas.

Demain c’est le jour J, je vais tout donner mon plein d’énergie que j’ai fait cette semaine.

Je remercie tous les donateurs qui se sont joints à moi pour aider ces jeunes.

Course Cryo

Course Cryo

 

les defis de beat

21 février 2022
Béat
Pas de commentaire

La course Cryo ! On l’attendait tous, ce jour «J»! Quand je dis tous, je parle des coureurs de ce fameux 33 km pour la traversée du Lac St-Jean. Tellement de stress, d’inconnu, d’inconfort règnent dans la préparation de cette course assez spéciale.

Mon truc, toujours se rattacher à la cause, à pourquoi je fais ça afin de rester dans mon bien être, en harmonie avec mes choix.

Une course est avant tout personnel, mais ici ce n’est pas pareil, c’est en priorité pour ces jeunes atteints du cancer, pour mes donateurs qui m’ont soutenu et me font confiance et ensuite pour moi, mon dépassement personnel.

C’est dans cet ordre précis que je me suis entraînée et c’est avec vous, amis et lecteurs que j’ai réalisé cette traversée.

Chaque pas a été fait avec Sarah-Jeanne Noël de St-Nicephore dans mes pensées. Cette jeune fille de 22 ans atteints du cancer, qui se bat pour avoir un peu d’aide, un peu de soutien. Elle ne rentre dans aucune catégorie d’ordre général pour être soutenu.

Course cryo

Sarah-Jeanne Noël

Avant départ
J’arrive à la dernière minute pour prendre mon départ, j’aime pas ça. Je préfère être sereine, faire mon repérage, m’imprégner des lieux, me visualiser dans la situation.

Mon chéri est secouriste à la patrouille de Bromont, les vendredis soir jusqu’à 23h. Nous sommes donc partis à 7h du matin, le samedi de la course. Une météo assez stressante pour faire la route avec un repos de seulement 6h, enfin bref, tout le contraire de ce que je préconise.

Je voulais fermer les yeux, m’allonger pour faire le vide trente minutes avant de me rendre au départ pour l’autobus. Le temps de retirer mon dossard, manger sur le pouce dans la chambre et c’était l’heure.

Horreur, malheur, un vrai cauchemar… Pendant cette minie coupure, jai rêvé qu’on me coupait mon pied gauche et que je faisais le choix de continuer à courir comme Terry Fox avec un ressort métallique…

Voyage en autobus

Course cryoNous avions l’obligation de prendre l’autobus pour nous rendre au départ. Cela m’ennuyait, je respecte les consignes même si ce n’est pas dans mes idéaux.

Le fait d’être obéissant est toujours payant, grâce à cette obligation j’ai pu constater que je devais faire des ajustements sur ma tenue vestimentaire.

Oui, en attendant l’autobus, je sentais beaucoup de frais sur les jambes, mes 3 épaisseurs étaient insuffisantes pour faire 33 km avec ce vent. Mes lunettes de protection ne conviendraient pas non plus, je prenais déjà froid aux yeux.

Mes lunettes de ski se trouvaient dans mon sac à dos, problème réglé. Je donne à Christian mes lunettes fantaisistes pour la journée et réfléchis à une solution pour mes jambes.

Notre hôtel est à 2 minutes en voiture. Je demande à Christian s’il peut aller me chercher un pantalon ouaté, celui, prévu pour mon après-course. Par-dessus mes 3 couches, cela devrait me permettre d’arriver au 3ème ravitaillement. Ici, je retrouverai mon pantalon coupe-vent, prévu pour la dernière partie du parcours.

Le hic, Christian devait faire l’aller-retour juste pour ce pantalon. 90 minutes de route pour ça… Je l’informe de mon idée. Tout en le laissant décider de faire ou non le voyage.

Course cryo
Le départ
Je suis dans ma bulle, je suis physiquement là, mais mentalement, je suis déjà dans ma course. Je ne comprends rien à ce qui se passe autour. Je vois sans voir, je regarde sans regarder, je suis concentrée, c’est très rare que je me renferme comme ça. Cela faisait partie de ma préparation, ne pas prendre ou écouter les craintes des autres coureurs. Je visualise mon arrivée.

Il fait froid. Il fait blanc, du blanc partout avec des dessins d’humains sur les murs blancs, un blanc immaculé. Je n’ai jamais vu ça en vrai, uniquement dans mon imagination du paradis. Les images créées quand j’écoutais la chanson de Michel Berger, « Le paradis blanc ».

Christian m’a apporté mon pantalon, il est mon sauveur du jour. Aussitôt enfilé, je ressens tout de suite fait la différence. Je suis prête. Je vais réussir.

Tous les tests que j’ai faits m’ont permis d’ajuster ces points importants à la dernière minute. Courir à Drummondville et au Lac St-Jean à la même température ne donnait pas la même sensation sur le corps. Le vent apportait une grosse nuance. Ici, c’est l’hiver, le vrai.

Ces ajustements m’ont permis de retrouver mon confort de course.

1er Ravito
Aujourd’hui, je ne cours pas 33km. Non, je vais un ravito à la fois. Une distance de 5km environ les sépare, mais ce n’est pas important. Ce qui compte c’est traverser.

Je pars dans les premières pour prendre de l’avance sur le dernier, parce que je sais que je vais marcher rapidement.

Je ne peux pas courir, la COVID m’a laissé des séquelles. On appelle ça, la Covid longue dans le jargon médical. Moi, j’appelle ça la poisse. Depuis, je n’arrive plus à courir. Je reprends progressivement, mais c’est long, c’est difficile. J’étouffe à l’effort, résultat, mon cardio monte avec des fréquences à plus de 200. J’ai dû accepter cet handicape et ajuster ma préparation.

Depuis le 13 janvier, j’ai travaillé la marche rapide pour me permet de rester avec des fréquences cardiaques acceptables. Or, si je cours je regrimpe rapidement à 200 et plus. Je sais exactement quand je vais trop vite pour mon petit cœur.

J’essaie malgré tout de courir les premiers km. Au bout de 200 mètres de course, je prends ma marche de croisière, je m’étouffe. Je ne persiste pas, car ça aussi, j’ai testé…

2ème Ravito
Si je me suis fait doubler par tous les coureurs ou presque sur le premier km, la tendance s’inverse depuis la borne 27.

Je rattrape les coureurs assez facilement, les double, leur demande si tout va bien. Tous sont surpris de mon dépassement à la marche. Je ne m’attarde pas, car je sais que j’ai une traversée à la marche à faire et toutes les minutes sont comptées.

Dès l’instant que tout est ok pour eux, je trace ma route sans jamais me retourner.

Étrange sensation, tout ce blanc partout, ça fait tellement irréel. Le balisage est présent tous les 100 mètres, mais on ne le voit pas, les murs, le ciel, le sol, blanc, blanc, blanc et encore blanc… Les coureurs devant moi disparaissent et réapparaissent comme si mon imagination me jouait des tours. Aucun doute, je suis au paradis blanc.

Avant d’arriver au 2ème ravito, un médical contrôle chaque coureur pour vérifier s’il n’a pas d’engelures.

Wow, j’avoue que c’est très rassurant de passer ce contrôle, je me sens en complète sécurité. Je suis impressionnée par le déploiement des équipes, nombreuses et attentives.

3ème Ravito
Il fait froid, mais je suis bien, mon corps va bien. La nuit arrive peu à peu et on sent une pression chez les motoneigistes.

Beaucoup de va-et-vient parfois à vive allure comme pour palier à une urgence, parfois avec de forts ralentissements à hauteur des coureurs pour s’assurer que tout se passe bien pour chacun de nous.

Ils font un travail extraordinaire. Moi, je suis dans ma bulle et j’avance vers mon 3ème ravito, sans perdre mon allure. Je suis super bien, heureuse et reconnaissante de vivre cette course Cryo. Je veux donner l’exemple de la persévérance à ces jeunes. Même si ce n’est pas facile, il faut creuser, chercher au fond de soi pour continuer à aller toujours droit devant.

Cela fait 2 ou 3 km que je suis repartie de mon 2ème ravito quand une main sur mon épaule se pose. J’hurle, un cri de la mort. Je suis seule au milieu de nulle part. Juste le bruit du vent, je ne vois rien et cette main est venue comme sortie des ténèbres. Mon cardio a dû frôler le 300 le temps d’une fraction de seconde, tellement j’ai eu peur.

Éric, un formeur de course qui s’assurait que tout allait bien pour les coureurs. Cette personne a été mon ange gardien pendant toute la traversée.

L’hécatombe
Le 3ème ravito, pffff… Il faut absolument que je prenne du chaud et que je mange sinon je mets ma réussite en péril. C’est ici aussi que se trouve mon sac pour me changer.

Au premier ravito, le chaud prévu n’était pas là. Les bénévoles étaient bien embêtés devant un disfonctionnement du matériel en raison de la météo. Ces 2 bénévoles m’ont réchauffé le cœur en m’offrant des bleuets enrobés de chocolat noir. Humm, ça a bien remplacé le chocolat chaud accompagné d’un soda.

Au 2ème ravito, il y avait trop de monde dans la cabane avec des coureurs en hypo. Un bénévole m’a offert son thé privé pour me réchauffer, car il était impossible pour quiconque de rentrer au chaud. Je l’ai remercié en le rassurant que tout allait bien pour moi, je m’arrêterai au suivant.

Au 3ème c’était pire, du monde, oh là là, beaucoup d’effervescence, des coureurs frigorifier. Une bénévole me demande aussitôt ce que je veux. Du chaud, je ne sais lui dire que ça, je veux du chaud. Elle s’empresse pour me trouver un bouillon mais il y a tellement de monde… Elle se hisse plus proche de la cabane et une chaine de mains se dresse entre les bénévoles pour que je puisse recevoir un peu de chaud. Oh ! J’apprécie ce bouillon… J’en prends un second avec du gâteau aux bananes. De nouveau la chaine se remet en action. Ils sont formidables.

Du chaud et du sec
J’ai beau boire du chaud, je dois me changer. Je suis toujours dehors, le vent est plus violent que jamais sur mes vêtements mouillés.

Besoin prioritaire à faire d’urgence, récupérer mon sac dans la tente des hommes… Pfff, dur, dur… Un monde… Difficile de circuler pour repérer mon sac. Une fois en main, go la tente des femmes pour se changer.

Il est plus facile de rentre dans cette dernière. Une dizaine de femmes sont présentes pour se réchauffer ou se changer. Je ne peux pas accéder au chauffage mais je suis coupée du vent. Je me change à la hâte pour repartir le plus vite possible.

J’ai tellement pris froid aux mains que je ne peux plus attacher mon sac à dos pour repartir. Mon amie Diane Dumas qui se trouvait avec moi, m’a aidé à attacher mon sac sur moi et essayé de sécher mes lunettes de ski, mais en vain, ça n’a pas marché…

Pas facile, pas facile… Je comprends la gravité de ce qui se passe quand on m’interdit de repartir seule. Tous les coureurs doivent être minimum 2 pour continuer la traversée.

Je dois attendre et me trouver un comparse de course. Trente minutes d’arrêt m’auront été nécessaire avant de pouvoir repartir. J’aurais dû poursuivre ma route et me débrouiller avec mon stock jusqu’au ravito suivant.

Course Cryo
4ème Ravito
Je suis déçue, mais je comprends la situation. J’accepte d’attendre une autre personne. Comme je marche vite je sais que je vais devoir ralentir ma cadence. Cela me frustre, car je mets en péril ma réussite. Je me raisonne, il est plus prudent qu’on veille l’une sur l’autre pour se rendre jusqu’au 5ème ravito.

Impossible de remettre mes lunettes de skis sur les 3 premiers km. La météo est horrible, j’ai les yeux qui gèlent, je n’y vois rien, le vent, le blizzard nous fait dévier de notre route. Nous sommes perdus.

Par chance, l’évacuation de tous les abandons en motoneige nous donne des repères et nous ramène sur le bon chemin. À 3 reprises nous avons dû nous réaligner. Heureusement qu’on était 2, je me félicite une fois de plus d’être une personne obéissante.

Je prends soin de parler avec ma partenaire. On marche ensemble, elle n’a plus de lumière. Je n’étais pas contente d’être jumelée, mais c’était plus sécuritaire. Je me réjouis d’avoir fait ces km à ces côtés. Difficile de discuter, le vent nous empêchait de nous comprendre.

5ème Ravito
Wow, je sens la victoire arriver. Je suis encore super bien, mon mental n’a pas de faille. Cette fois il y a de la place dans la cabane.

Ma comparse de course et moi sommes invitées à rentrer se réchauffer pour boire du chaud et manger. Ah quel bonheur… Du chaud, ne pas se réjouir trop vite, on ne va pas se mentir, on est loin de pouvoir se brûler.

Quand, on vit des expériences aussi fortes, il vaut mieux avoir de l’imagination pour les sensations ou faire appel à sa mémoire pour avoir le bon effet, n’est-ce pas Éric ?

Je dois me trouver un nouveau coéquipier, la précédente abandonne. Les consignes n’ont pas changé, toujours 2 coureurs minimum.

Zut, c’est chiant, mais pas le choix, la sécurité avant tout, je suis la première à recommander ça.

Comme il n’y a pas d’autres coureurs, Éric me dit qu’il repart avec moi. Oh que c’est cool, je suis tellement reconnaissante. Je le remercie de croire en moi et de me donner cette chance de réussir.

Party, victoire
Wow, c’est le dernier ravito, pour moi s’est gagné ! Les bénévoles nous invitent dans la méga grande tente juste pour nous.

Wow, nous sommes reçus comme des rois. Service à la perfection, chichis, boissons chaudes, fraîches, tout y est. On savoure cet instant, 3 ou 4 coureurs, les formeurs et les bénévoles de la place.
Y a d’la joie, je suis et je vis du vrai plaisir de course, ce pourquoi je fais ça. Le dépassement de soi partager par tout ce monde dans cette tente.

Il faisait bon dans la tente comme dans nos cœurs, même si la course n’était pas finie. Il nous restait 5 km on avait tous le même ressenti, celui de la victoire, la fierté.

Quand la directrice de course est entrée en se demandant ce qui se passait ici, je n’ai pu m’empêcher de lui dire que c’était le party. C’est ce que je ressentais, une ambiance de party autour d’un petit feu. C’était génial.

Arrivée
Course CryoPrête à repartir, mais toujours pas toute seule, un coureur de Montréal cette fois a emboîté mon pas pour finir en beauté.

Voir défiler les km à l’envers élargit le sourire à chaque fois que tu vois le nouveau chiffre. Malheureusement au km 4, j’ai bien cru que mon sourire allait avoir fini d’exister, quand la directrice de course est venue me dire que je devais courir pour finir…

Je lui ai expliqué, non je ne peux pas, je suis post Covid, je ne peux plus courir sinon j’étouffe, etc…

Elle m’a demandé, si j’avais marché depuis le début, en écoutant ma réponse. Elle m’a dit que je pouvais donc poursuivre.

Je culpabilisais, car je craignais de faire finir les bénévoles trop tard à cause de moi. Je suis retournée la voir à l’arrêt suivant ou elle se trouvait.

Je lui ai dit de me couper si cela gênait sa bonne organisation. Elle m’a dit que non, tout était correct.

Ensuite, se sont les bénévoles en motoneiges qui me faisait de la peine, car ils devaient avoir le goût de rentrer. Je suis allée m’excuser auprès d’eux.

Ils ont eu les bons mots pour me déculpabiliser tout comme Éric, ce qui m’a permis de finir ma course toujours dans le confort comme à mon départ.

Course Cryo recommandée
Course CryoJe recommande aux personnes qui ont le potentiel de faire cette course Cryo de s’essayer. Elle a tellement à nous apprendre sur nous-mêmes. Le don de soi et le dépassement de soi, la persévérance et la résilience, la solidarité et la compassion. Vivez cette expérience au moins une fois dans votre vie, vous vous sentirez grandir.

Les organisateurs et les bénévoles ont fait un travail de titan. Une belle équipe pour que les coureurs soient bien et en sécurité. On a pu noter ça tout le long du parcours.

Tous sont au petit soin et ne l’ont pas facile dans ce froid intense. Ils doivent donc pallier tous les imprévus que la nature leur impose et font de leur mieux pour nous rendre la course plus facile.

Merci d’offrir cet évènement hors du commun, riche en enseignement, qui vaut la peine d’être vécu.

Longue vie à la course Cryo.