Autoportrait d’une écrivaine en coureuse de fond

Autoportrait d’une écrivaine en coureuse de fond

Entrevue avec Anne Genest, Écrivaine et Ultramarathonienne

« Le parallèle entre les ultramarathons et l’écriture d’un roman est juste parfait » (A. Genest)

Comment concilier le sport et l’acte d’écriture? Deux passions qui peuvent paraître tellement éloignées aux yeux du commun des mortels. Mais c’est ce que les gens voient de l’extérieur. Nageur, coureur et écrivain, on m’a souvent amené sur ce terrain en entrevue. Combien de fois m’a-t-on appelé le nageur-poète? Rappelant la manière dont les journalistes baptisaient Stéphane Ouellet : le boxeur-poète. Pourtant, il doit exister une filiation entre ce qui semble constituer deux solitudes. Il y a sûrement un dénominateur commun qui relie les deux. L’écrivaine et ultramarathonienne Anne Genest a accepté d’aborder le sujet avec moi et de me parler de ces deux passions : l’écriture et la course à pied.

L’éloge de la lenteur
« Quand je me suis mise à courir, ça a déclenché plein de choses » m’avoue Anne Genest lorsque je l’ai rencontré pour une entrevue le 4 septembre dernier. En effet, l’écrivaine-coureuse-bibliothécaire dit avoir préféré la vitesse, au début, dans l’exercice de la course à pied. Elle recherchait alors le besoin de faire battre son cœur, d’avoir chaud. Cette rapidité lui apportait un côté très libérateur. Mais elle ressent, à un certain moment, le besoin de ralentir. Et l’apprentissage de la lenteur correspond à une philosophie qui est celle d’entreprendre un projet de longue haleine comme, par exemple, l’écriture d’un roman… « Une phrase à la fois, un pas à la fois c’est comme ça que je vais arriver à faire les choses qui sont justes impossibles. Faire un ultra, courir 160 kilomètres, ça semble impossible. C’est ça qui est extrêmement trippant. Quand tu as une histoire dans la tête et que tu t’assoies pour l’écrire, il y a comme un vertige. Tu peux rester figée face à la peur, mais cette peur-là, je la trouve stimulante et je vais foncer dedans. Et c’est tellement le fun ces moments-là. »
Anne Genest trouve de l’inspiration chez l’auteur japonais Haruki Murakami, qu’elle considère comme un modèle important, un mentor. Il est l’auteur d’Autoportrait de l’auteur en coureur de fond qu’il écrit tout en débutant la course, car il ne se sent pas en forme. Il trouve dans ces deux activités physiques (car oui, écrire ça peut aussi être très physique) toute la force et la discipline pour mener à bien son projet d’écriture à terme.

Anne trouve aussi que les deux activités sont très complémentaires. Courir aide à sa concentration : elle peut poursuivre dans l’acte d’écrire, l’élan de son effort physique. Cela stimule la concentration et aide à la discipline tout en lui apportant de la force, mais surtout de la confiance. Car si elle peut courir quand il pleut, quand il neige, en pleine nuit, dans le froid voire dans la grêle, qu’est-ce qui peut bien venir faire peur à la coureuse?

Pourtant elle ne trouve pas l’écriture plus facile pour autant. Anne m’avouera que l’écriture, c’est comme un ultra, ça ne fonctionne jamais bien. Il y a toujours un imprévu, quelque chose qui ne fonctionne pas comme on l’avait imaginé. « Parfois, on chute, on saigne, on se blesse, mais il faut trouver une façon de se relever et de terminer la course. » D’ailleurs, en janvier 2021, elle décide de jeter le roman qu’elle est en train d’écrire et de tout recommencer. Elle en était à plus de 300 pages d’écriture.

« Quand tu cours, tu es tout seul avec toi-même. J’aime courir et nager, car je travaille des idées. Un peu comme un peintre qui vient superposer des couches sur un tableau. »

Bonne humeur toxique et contagieuse
Lorsqu’elle court en forêt, ses sens toujours aux aguets nourrissent son côté créatif. De la goutte d’eau reposant sur une feuille au cerf farouche bondissant sous ses yeux dans la trail, tout émerveille l’ultramarathonienne. Elle transforme d’ailleurs tout ce qui l’entoure en positif, courant ses ultras avec le sourire du début à la fin. À l’été 2020, elle rejoint, à Saint-Rock-des-Aulnais, son conjoint Joan Roch qui a entrepris de rallier la Gaspésie à Montréal à la course. Telle une boule d’énergie ravivant le moral des troupes, l’arrivée d’Anne transforme le périple difficile de l’ultramarathonien Joan Roch en une grande réussite. Elle se surprend d’ailleurs d’avoir pu accompagner Joan sur une aussi grande distance. 50 km par jour pendant 5 jours. Encore une fois son côté souriant et positif jumelé à ce grand accomplissement la fait gagner en confiance.

« C’est dans de longues courses comme un ultra que l’on peut voir la vraie nature des gens. Lorsqu’on s’embarque dans ce genre d’aventure, on est fatigué voire irritable. On a le choix de chialer et de vivre notre mauvaise humeur… mais puisqu’il faut bien terminer, on a le choix de transformer l’expérience en quelque chose de positif avec le sourire aux lèvres. On parle aux animaux, on transfert tout le négatif en positif. »

Même dans ses livres, ses personnages, dotés d’un grand romantisme tout comme l’écrivaine, ne se laissent pas impressionner par la démesure. Peut-être qu’Anne rêve toujours qu’un jour, son amoureux osera, dans un geste fou, lui décrocher la lune :
Un peu plus tard, au jardins des Écluses, il se penche sur mon visage, caresse de ses doigts ma nuque, s’arrête sur mon oreille, me chuchote : « Là, maintenant, regarde droit devant. » Les lumières de l’enseigne Farine Five Roses se sont éteintes. Pendant quelques secondes, tout est noir. Puis, une à une, les lettres A, N, E apparaissent, le temps d’un battement de paupières, le temps d’une hallucination.
(Fécondes, p.18)

Entrevue avec Anne Genest

Bibliographie d’Anne Genest
Les papillons boivent les larmes de la solitude (nouvelles)
Fécondes (autofiction)

En production :
La sueur est un désir d’évaporation (roman sur la course à pied et le couple)

https://www.leslibraires.ca/livres/les-papillons-boivent-les-larmes-de-anne-genest-9782895024163.html

https://www.leslibraires.ca/livres/fecondes-anne-genest-9782760948082.html

Photos d’ Olivia Laperrière-Roy/UTHC et d’ Audrée Wilhelmy

Commencer ou recommencer

Commencer ou recommencer

Commencer ou recommencer. Quand courir, n’est pas facile pour tous!

Si vous vous êtes sentis visé par le titre de cet article, vous êtes à la bonne place. Si vous avez souri ou que vous êtes mort de rire en ce moment même… passez votre chemin et allez donc tous et toutes… courir tiens! Pendant ce temps-là, je m’occupe de vous faire une petite séance d’empathie. Essayons de nous motiver entre nous.

Et je m’inclus aussi dans ce nous, car je vis aussi les éternels recommencements. Pour ma part, ce sont des problèmes de variations de poids, rarement des blessures, plus vieillis, plus je deviens sage.

Recommencer

Peu importe la raison qui vous a fait arrêter, l’important est de recommencer de la bonne façon. Ainsi, il est important de bien recommencer à la base. Prenez le temps que ça prend. Armez-vous d’un ou deux bons livres afin d’avoir une littérature intéressante et de pouvoir répondre en toute impartialité à vos questions. Toutes les réponses ne se trouvent pas sur Facebook auprès de madame/monsieur tout le monde, même si certaines pages peuvent offrir des réponses plus adéquates que d’autres. Repartez donc sur de bonnes bases. Certaines personnes essaient de reprendre au même niveau qu’ils étaient lorsqu’ils ont arrêté et c’est bien sûr une grave erreur. Il en résultera de la frustration, du découragement et un fort risque de vous causer une blessure.

L’influence des réseaux sociaux

Comme plusieurs d’entre vous, je suis membre de différents groupes Facebook et Instagram sur lesquels je ne suis guère actif. Un J’Aime par ci, un J’Adore par là. Un petit commentaire d’encouragement à l’un ou l’autre. Je ne poste pas très souvent. Par contre, je lis. Et plus je lis, plus je vois combien il y a des types de coureurs différents. Ça va bien sûr de l’athlète de pointe en passant par l’amateur qui compétitionne fréquemment sur les circuits. Il y a les marathoniens qui s’inscrivent pour Boston, New-York, Paris et le premier marathon sur Mars. Il y a bien sûr les Dieux et Déesses des Ultras qui nous font sentir bien petits ou qui nous font rêver, (c’est selon) quand on commence et qu’on peine à terminer un 3 km sans marcher. Pour le coureur qui débute, celui influencé par un groupe d’amis et qui prend le pouls des réseaux sociaux, c’est la grande période de questionnements et avec raison. Alors, à travers tous ces messages de réussites ou d’exploits sportifs on sent fréquemment, dans certains messages, la gêne de dire que l’on est fier d’avoir complété un premier 3 km en intervalles et qu’on s’entraîne pour pouvoir courir un 5km. Sachez que vous n’êtes pas seuls.

Se comparer aux autres : Frustration et jalousie

J’envie les athlètes qui recommencent à courir après quelques mois d’inactivité et qui sont fiers d’avoir fait un 5 km à 5 min du km à leur première sortie. Bravo, je vous lève mon chapeau! C’est wow! La semaine suivante, l’individu en question se tape un 12km ou 15km avec le sourire aux lèvres… Vous faites chier! Je vous aime mais vous faites chier!

En fait, c’est vous et vous seul qui comptez dans l’équation.

Quelques conseils en terminant :

Chaque victoire personnelle est importante et vous fait aller de l’avant.

Fixez-vous des objectifs (en terme de temps et de distances) à court terme qui sont réalisables. Vaut mieux plusieurs petites victoires qu’une accumulation d’échecs.
Sortez beau temps, mauvais temps.

C’est bien d’avoir un objectif à long terme, c’est motivant.

Dans un processus de gestion du poids, attention de ne pas reprendre les kilos perdus.

Courez régulièrement. Intégrez la pratique sportive au cœur de votre vie. Rendez-là nécessaire comme manger et dormir.

Écouter votre corps… il vous parle.

Bon été!

Mets tes raquettes!  Pis cours!

Mets tes raquettes! Pis cours!

Ahhh, les merveilles de l’hiver! Partir en raquettes avec votre conjointe ou conjoint, avec des amis, la famille et fouler la neige épaisse de nos forêts comme l’ont fait auparavant des générations de nos ancêtres autochtones. Gravir des montagnes, descendre dans des coulées ou simplement emprunter des pistes balisées, puis admirer des paysages à couper le souffle. Mais le saviez-vous? Il y a faire de la raquette et courir en raquettes? Oui oui! Vous avez bien entendu! On peut courir en raquettes. Pas avec celles que l’on utilise pour fouler la neige pour nous empêcher de s’enfoncer, non! Il existe sur le marché, depuis plus d’une trentaine d’années, des raquettes pour la course à pied. Parfaites pour les amateurs de course en sentiers. Des raquettes qui vont vous permettre de continuer à courir en trail et ce, en plein hiver.

François Bernard Tremblay

Déjà, au 19e siècle, l’existence du Montreal Snowshoe Club, au début de années 1840, nous montre tout l’intérêt de partager l’activité de la raquette entre amis. Quelques années plus tard, la fondation de nouveaux clubs à travers le Québec élève le niveau récréatif à des niveaux compétitifs. Les grandes compagnies le comprennent et s’ajustent. Nouveaux matériaux, nouvelles formes, légèreté. Aujourd’hui, les adeptes de ce sport ont accès à des produits de pointe.

Ambassadeur de la région Saguenay—Lac-Saint-Jean de la course en raquettes, l’athlète Carl St-Hilaire a accepté de nous informer sur ce sport méconnu. Le Saguenéen est bien connu comme participant de la course des portageurs (15 km avec une poche de 100 lbs sur le dos) et est aussi un redoutable joueur de hockey sur glace. Personnellement, c’est la nage en eau libre et le triathlon qui nous a rapprochés.

Où?
La course en raquettes se pratique sur des surfaces préalablement entretenues où la neige est déjà foulée comme les sentiers de marche, de fat bike et de motoneige (vérifier avant si vous avez l’autorisation d’y accéder).

Les coureurs qui empruntent les sentiers uniquement munis de leurs chaussures ne sont pas toujours bien vus par les autres utilisateurs, ils brisent les sentiers et font des trous dans la surface. Par contre, les coureurs équipés de raquettes sont les bienvenus partout et même dans les centres payants m’affirme St-Hilaire.

François Bernard Tremblay

Comment et Combien?
La course en raquettes est tout de même un sport qui vous paraîtra relativement abordable. En effet, tout ce qu’il vous faut, ce sont ces fameuses raquettes spécialement conçues pour courir. Beaucoup moins longues que celles fabriquées pour la marche en forêt, elles viennent tout de même en plusieurs déclinaisons de modèles.

Pour Carl St-Hilaire, un athlète parcourant plus 500 km en raquettes par hiver depuis près d’une quinzaine d’années et qui est impliqué dans l’organisation de divers événements, il n’y a qu’un seul modèle qui vaille : La TSL-305. Il vous en coûtera près de 200$ pour l’achat des raquettes, plus l’achat d’une tige-attache (moins de 100$) et d’une paire de chaussures. Seules certaines boutiques tiennent ce modèle de raquettes, car il faut percer la semelle de la chaussure avec une perceuse (il faut une chaussure avec une semelle assez épaisse à l’avant) afin d’y installer la fameuse tige-attache qui s’amarrera à la raquette (Notez bien que la botte TSL existe également). Ce type de raquettes demande par contre un léger ajustement dans le style de course, car grâce à l’attelage spécial, l’arrière de la raquette va traîner au sol. Il y a donc un effet de glissement du pied qui diminue aussi la projection de neige dans le dos du coureur.

raquettesIl existe d’autres modèles plus simples d’utilisation où le pied se fixe entièrement à la raquette. Vous aurez plus la sensation de courir avec une chaussure. L’arrière de la raquette ne traîne pas au sol. Il faut donc, comme à la course à pied, lever un peu plus les genoux. L’avantage de ce type de raquettes est que vous pouvez utiliser la chaussure de votre choix. Par contre, il y a aussi un désavantage important : la projection de neige qui vous éclaboussera le dos, voire même la tête. Le port d’un vêtement hydrofuge est plus que conseillé. L’acquisition de ce type de raquettes vous en coûtera autour de 250$, mais comme toute chose, des modèles plus onéreux sont également disponibles.

D’autres modèles ont tenté d’imiter l’effet « inclinaison ou pivot » de la TSL-305 en fixant le devant du pied sur un attelage pivotant. Encore là, un investissement de quelque 250$ vous permettra de vous chausser convenablement pour la pratique de course en trail hivernale.

François Bernard Tremblay

Bref, comme vous le voyez, il existe des modèles pour tous les goûts et tous les budgets. Un débutant pourra trouver un produit qui lui convient à partir de 150$ environ et le coureur qui cherche plus de performance devrait s’en tirer pour moins de 500$.

Pourquoi?
Parce que t’es une fille de trail ou un gars de trail et que l’asphalte et les longues lignes droites ne sont pas pour toi. Parce que tu veux continuer à courir en sentier l’hiver. Parce que l’hiver dans le bois, les paysages sont à couper le souffle. Pour quitter l’environnement bruyant de la ville et reconnecter avec la nature.

Pour te motiver un peu, sors en groupe! Ou si t’en peux juste pu de la belle gang de « chialeux » qui t’accompagne à l’année longue, inscris-toi dans un club, il en existe sûrement un près de chez toi. La plupart du temps, les clubs de course en raquettes sont associés à des boutiques spécialisées. Au Saguenay-Lac-St-Jean, le Club Vo2 trail et dans la région de Québec le club Le Coureur nordique, sont spécialisés dans ce domaine.

Raquettes

Un gros merci à Carl St-Hilaire (Vo2 Trail) qui a accepté de m’éclairer sur le sujet.

Bonne course!

Crédit photo : Carl St-Hilaire

Hé les nouveaux!  Adaptez-vous à l’hiver!

Hé les nouveaux! Adaptez-vous à l’hiver!

Pour certains coureurs, l’automne marque le début d’une pause bien méritée et souhaitée. Les circuits de course tirent à leur fin, les objectifs annuels sont choses du passé, alors aussi bien migrer vers l’intérieur et s’entraîner bien au chaud ou adopter un sport de transition jusqu’à la prochaine saison. Chacun possède sa propre petite routine, se tournant alors vers la salle de musculation, le vélo de spinning ou le tapis roulant. D’autres délaissent la course hivernale, car ils craignent la vilaine chute sur la glace. Ceux-là empruntent donc le ski de fond, la course en raquettes dans les sentiers ou le fat bike. Si c’est vrai pour certains coureurs et que nous devons respecter leur choix, pour d’autres, l’arrivée du froid et du gel rime avec nouvelle réalité de course et de nouveaux défis. L’hiver offre des panoramas parfois époustouflants et une expérience personnelle souvent très valorisante. La guerrière et le guerrier en vous pourrait bien y trouver son compte.

Pour le coureur qui recherche avant tout la performance, ce n’est évidemment pas le meilleur moment de l’année. « On s’entretient » comme aiment le dire ceux qui arpentent les rues pendant l’hiver. Cependant, dans cet article, c’est surtout aux nouveaux adeptes et aux coureurs débutants que je veux m’adresser. Si vous êtes un coureur plutôt costaud, comme moi, l’hiver est la saison idéale. Dieu sait que la chaleur estivale peut parfois être fort incommodante pour les gens ayant un fort gabarit. Vous êtes prêts à me suivre pour un petit pep talk de course hivernale? Allez! Suivez-moi!

Une belle saison pour commencer
Pourquoi attendre une température plus clémente pour commencer? Vous croyez que le temps doux va favoriser les choses? Ou pire, que vous n’êtes pas prêt? Des défaites! C’est le temps de tenir vos fameuses résolutions de début d’année et de passer à l’acte. Si vous attendez le printemps, il y aura une nouvelle raison pour remettre à l’été qui vient, puis au mois suivant puis à la semaine des quatre jeudis. En fait, ça commence ici et maintenant. Allez-y tranquillement. Marchez. Faites des 30 secondes de course, 1 minute de marche. En alternant. Vous trouvez ça ridicule courir des 30 secondes? Courir des minutes? Tous les coureurs qui recommencent ou qui sont de retour d’une blessure reviennent à la base. Et ceux et celles qui ne le font pas sont plus souvent qu’à leur tour victimes de blessures. Allez-y vous verrez! Lancez-vous! Déjà, dans quelques semaines, vous courrez deux ou trois kilomètres en continu et avant longtemps, vous viserez un cinq kilomètres. Et vous savez quoi? Tous les coureurs sérieux vous le diront, un bon coureur est un coureur qui maîtrise bien la distance de cinq kilomètres. C’est un atout important. Tous les coureurs en font. Cinq kilomètres, cela peut être un aboutissement en soit. Certains coureurs ne feront jamais plus que cette distance populaire. D’autres utilisent le 5 km comme entraînement pour gagner de la vitesse. L’important est de commencer quelque part. L’expérience que vous gagnerez en courant dès l’hiver sera bénéfique pour vos sorties estivales. Vous pourrez même participer à des courses organisées. Il existe plein d’épreuves de 5km et 10 km qui seront prêtes à vous recevoir.

Habillement
Comme on l’entend souvent dans le milieu de la course à pied : « Il n’y a pas de mauvaises températures, il n’y a que des gens mal habillés ». Pour l’habillement, c’est à vous de voir. Vous vous connaissez. Chacun d’entre nous est différent. Personnellement, je peux sortir courir en short jusqu’à -10. Si si. Chacun ses limites. Vos organes se situant dans le haut du corps (expression empruntée au monde du hockey), c’est cette partie qu’il importe de bien protéger. Si vous décidez de sortir par une température froide oscillant entre -10 et -30, optez pour la technique des trois couches de vêtement pour le haut du corps. La première couche, celle qui est collée sur votre peau, doit être composée de matière synthétique. Évitez les vêtements de coton. C’est la pire chose à faire. Ajoutez un chandail plus chaud pour la deuxième couche et terminez avec un coupe-vent pour la dernière. Et mettez en pratique ce truc : Vous devez avoir légèrement froid au départ, sinon vous aurez trop chaud durant votre entraînement.
Côté accessoires, complétez le tout par une tuque, des gants. Je traîne souvent un cache-cou de type « Buff » avec moi. Si le vent devient incommodant ou me glace soudainement le visage, j’ai un vêtement pour me protéger. De plus, il peut servir pour la tête, le cou, et même pour les mains, on ne sait jamais.
Pour les chaussures, pas besoin d’investir de sommes astronomiques. Votre chaussure estivale fera l’affaire au début. Si la petite chaussette habituelle n’offre pas la chaleur recherchée, optez pour un bas en laine de mérinos et le tour est joué. Si vous avez un modèle de chaussures de sentier ou hivernal, la question ne se pose pas. C’est le temps de les sortir et vous aurez une meilleure adhérence. Personnellement, je ne suis pas adepte des crampons, mais leur efficacité sur la glace n’a pas son pareil.

Posture
L’hiver, il faut s’ajuster. Asphalte, neige durcie, glace, slush (gadoue), eau, accumulation de neige, variation de température, bref, autant de variables qui peuvent rendre votre entraînement quotidien à des lieux de celui de la veille. Ce ne sont toutefois pas des raisons pour ne plus courir ou pour annuler votre entraînement. Adaptez-vous à l’hiver! Pour ce faire, plusieurs coureurs adoptent une foulée plus courte, favorisant un meilleur contrôle en cas de dérapage sur une chaussée glissante. Si possible, favorisez une approche vers l’avant ou le milieu du pied (médio pied) plutôt qu’une attaque talon. Je ne veux pas ici créer de débat. Mais en hiver, une approche talon jumelée à un pied positionné trop loin à l’avant du genou pourrait entraîner une chute. Un pied bien positionné sous le genou devrait vous amener un maximum de stabilité.

Une invitation aux coureurs plus lourds
Il existe des profils de personne qui souffrent énormément de la chaleur l’été. C’est le cas de plusieurs coureurs, mais particulièrement le cas des coureurs lourds. En raison de la canicule, des joggeurs ont des étourdissements et perdent facilement conscience. Je me souviens d’une course à Roberval en plein mois de juillet où j’avais escorté une amie de peur qu’elle ne s’effondre. Nous courrions tous les points d’eau disponibles. Les gens nous arrosaient à l’aide de leurs boyaux d’arrosage. Bref, c’était dangereux. Six participants étaient tombés dans les pommes et avaient eu recours à de l’assistance médicale. Il est donc normal que nous soyons plusieurs, dans de telles conditions, à faire nos entraînements estivaux le soir après le coucher du soleil à la recherche d’un peu de fraîcheur et à crier de joie quand l’automne prend enfin sa place.
En hiver, c’est le contraire. Et pour une fois que les coureurs costauds pourraient bénéficier d’un léger avantage, ils seraient fous de ne pas en profiter. En effet, les coureurs plus lourd doivent fournir plus d’efforts pour avancer explique Jean-François Harvey dans son livre Courir mieux 2 (Éditions de l’Homme). Ils consomment plus de puissance et dépensent donc plus de watts. C’est vrai aussi pour les coureurs rapides. Ces deux types de coureurs activent leur chaufferette interne plus que ne le font les coureurs légers et les coureurs lents. Les coureurs lourds et les coureurs rapides pourraient tirer parti de la course hivernale pour ces mêmes raisons. Ça ne vous évitera évidemment pas les coups de chaleur durant la canicule estivale, mais vous serez en mesure d’apprécier un peu votre confort hivernal.

Fartlek ! Pourquoi pas!
Far quoi? Fartlek. Cette pratique nous venant de la Suède a été développée pour les coureurs de fond et de demi-fond. Qui dit Fartlek, dit courir sans pression. Pas de soucis de performance, donc pas de déception. Pas de programme rigoureux à suivre à la lettre. C’est vous ou vos partenaires de course qui fixez et dictez les règles. Vous partez seul ou accompagné de quelques-uns de vos amis. Vous prenez l’allure que vous voulez puis vous variez votre course en accélérant jusqu’au gros arbre, avant de marcher 1 minute et de repartir en visant un autre petit défi. Bref, pas de course en continu, pas d’intervalles réguliers à respecter, vous pouvez adapter votre course aux conditions de la route et celle-ci devient un terrain de jeu agréable, sans pression et sans souci de performance. Joggez cinq minutes à un rythme déterminé, accélérez, marchez, sprintez (si vous avez une surface sécuritaire). Cette pratique s’adapte bien à la course hivernale qui est moins adaptée aux performances de pointe. Certains avanceront que cette méthode possède tout de même un important défaut : elle a tendance à nous faire rester dans notre zone de confort. Donc, pour le coureur qui vise tout de même certains standards, il est peut-être moins le bienvenu. Pour l’autre qui cherche à varier ses sorties, cela fait une belle sortie ludique.
Certes, courir l’hiver c’est parfois difficile. Ça demande de la motivation. Mais avec l’habitude, vous en viendrez à ne reculer devant aucune température. Habillez-vous et ajustez-vous. Vous découvrirez la magie de la ville le soir, des rues désertes ou encore des chauds rayons d’un soleil réconfortant. Et quand vous croiserez un autre coureur sur votre chemin par un temps froid ou en vous faisant fouetter par la brise, vous vous sentirez unis à votre semblable dans une même expérience que vous seuls aurez partagée.
Brisez la glace, soyez prudent et bonne course hivernale.

Quelques mises en garde
• Méfiez-vous des intersections. Les voitures y patinent et la formation de glace y est fréquente.
• Si vous sortez la nuit, soyez bien voyant.
• N’allez pas trop loin, il faut revenir (une nuit, par moins -30, seul, j’ai douté).
• La nuit, aventurez-vous dans des lieux sécuritaires.