Bien plus que de la course

Bien plus que de la course

 

Mon chapeau d’étudiante en philosophie m’amène à penser la pratique de la course à pied bien au-delà de ses aspects physiques et physiologiques. C’est dans ce contexte que je ne suis intéressée à l’étude de Alison. L. Boudreau et Barbro Giorgi qui a documenté l’appropriation de soi et les changements mentaux chez des femmes qui débutent un programme d’entraînement à la course à pied pour le marathon.

Ce que les auteurs ont constaté, c’est que l’entraînement pour des épreuves de longues distances à la course à pied, tel le marathon, avait de nombreux bénéfices psychologiques pour les femmes. De plus, ces bienfaits ne sont pas seulement présents lors de la pratique du sport, mais ils le sont également dans les autres sphères de la vie des femmes. À ce titre, Boudreau et Giorgi recensent une amélioration en ce qui a trait à six composantes : (1) la perception de l’environnement extérieur, (2) l’ouverture envers soi-même et les autres, (3) l’amélioration de soi, (4) le maintien d’un état mental désiré, (5) la capacitation dans la considération de nouvelles possibilités et (6) le soutien pour relever de nouveaux défis. Voici ce qu’il en est de chacune des composantes.

La perception de l’environnement extérieur
Tout d’abord, ce que rapportent les femmes s’étant prêtées au programme d’entraînement, c’est le changement dans leur perception de l’environnement extérieur. Plutôt que de le détecter comme une menace et de craindre de sortir de la maison, les participantes disent se rendre compte de la beauté de la nature en plus de s’y sentir bien et éveillées.

Ouverture envers soi-même et les autres
Également, la course permet aux femmes d’être plus confiantes et d’avoir plus d’ouverture envers elles-mêmes et les autres. Ce qu’elles constatent, c’est que la course leur permet de faire des choses qu’elles n’auraient jamais imaginé faire. À titre d’exemple, l’une des participantes affirme avoir eu le courage de s’intégrer à un club de course et d’interagir avec des inconnus alors qu’elle avait toujours été très timide et solitaire. Elle constate aussi beaucoup plus de patience et de compréhension envers les membres de sa famille.

Amélioration de soi
Dans le même ordre d’idée, l’entraînement à la course à pied a permis aux femmes de mieux se (re)centrer sur elle-même et de mieux se connaître en utilisant la course comme une façon de se (re)connecter à leur être d’une manière intime et personnelle. Cette amélioration se reflète notamment par un état plus calme et une plus grande facilité à se centrer sur soi ainsi que sur les choses qui ont de l’importance.

Maintien d’un état mental positif
Pour poursuivre, les femmes de l’étude sentent qu’elles ont une attitude beaucoup plus positive de manière générale. À titre d’exemple, l’une des femmes mentionne qu’à la suite de sa qualification pour le marathon de Boston, elle a réalisé qu’elle pouvait tout accomplir. Elle relate que sa qualification lui a non seulement permis de prendre confiance en ses capacités physiques, mais également en ses capacités d’affronter n’importe quelles autres tâches, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle.

Capacitation dans la considération de nouvelles possibilités
Dans la même veine que le précédent constat, les femmes de l’étude disent non seulement avoir des pensées positives, mais avoir la force de se mettre en action. Comme elles le rapportent, l’entraînement pour le marathon leur a permis de sortir de leur zone de confort et de se forcer à être volontaires pour de nouveaux projets. Elles ont le désir et elles savent qu’elles peuvent accomplir de grandes choses.

Support pour relever de nouveaux défis
Enfin, le dernier point observé par Boudreau et Giorgi est la capacité de relevés de nouveaux défis. La course a permis aux femmes de l’étude de voir la vie d’un nouvel œil. Elles ont l’impression d’habiter un nouveau monde, un monde où la vision de la vie est positive. Peu importe les épreuves (ex. séparation, décès, perte d’emploi), les coureuses ont la confiance de pouvoir les surmonter plutôt que de les subir. Ainsi, à l’aune des résultats de cette étude, l’entraînement à la course à pied apparaît comme un processus prometteur pour non seulement entraîner ses capacités physiques, mais également évoluer sur le plan psychologique.

Bonne course !

Une étude scientifique dévoile les facteurs de la performance du 5k au marathon

Une étude scientifique dévoile les facteurs de la performance du 5k au marathon

Runwise

Peut-être l’un des meilleurs qu’il m’a été donné de lire ces derniers mois.

L’article dont je vais vous parler a été publié en 2019 dans Journal of Strength and Conditioning Research par trois chercheurs espagnols.

World-class long- distance running performances are best predicted by volume of easy runs and deliberate practice of short interval and tempo runs and deliberate practice of short interval and tempo runs
Pour les curieux, vous pouvez le télécharger ici.

La question au centre de cet article est simple :

Quels sont les facteurs qui prédisent le mieux la performance chez les coureurs de fond du 5000m au marathon.

C’est un peu la question ultime que les entraineurs et les coureurs se posent afin de maximiser leur performance.

Si cette étude est aussi intéressante, c’est parce qu’elle a récolté les données de 85 coureurs hommes de niveau national à international sur une durée de 7 ans à trois reprises : à 3 ans, 5 ans et 7 ans après le début de leur carrière.

Les participants de cette étude étaient des spécialistes du 5000m, 10000m, semi et marathon âgés de 18 à 43 ans.
Leurs meilleurs chronos allaient de 2:03:23 (un ancien détenteur du record du monde) à 2:36:15 au marathon et de 58:54 à 1:08:48 au semi-marathon.
(Plutôt solide n’est-ce pas …)
Les chercheurs se sont intéressés aux variables suivantes afin de voir lesquelles étaient les meilleurs prédicteurs de la performance :

  • Volume total en course à pied (à vie)
  • Easy runs
  • Tempo runs
  • Intervalles longs (1000m-2000m)
  • Intervalles courts (200m à 1000m)
  • Compétitions
  • Âge de début en course

Les chercheurs ont suite fait des corrélations entre la performance et chacune de ces variables à 3 ans, 5 ans et 7 ans de leur carrière.

Ce qu’ils ont trouvé est extrêmement intéressant …

Le volume total de course courue à vie était le meilleur prédicteur de la performance expliquant à lui seul jusqu’à 59% de la variabilité de la performance entre les athlètes.

Dit autrement, juste en connaissant le volume d’entrainement d’un coureur, il serait possible de prédire ses chronos avec 59% de précision !!
Maxime Lopes

(C’est énorme !).

Si vous savez lire une corrélation, c’est exactement ce que montre ce graphique.

Plus le nombre de kilomètres accumulé est grand (axe des ordonnées), plus votre performance augmente (l’axe des abscisses).

Autre point intéressant …

L’âge auquel les athlètes ont commencé la course avait une influence marginale sur leur performance.

En clair, il semblerait que ce soit surtout le nombre de kilomètres que vous ayez accumulé dans votre vie qui compte.

Finalement, jetez un œil au tableau suivant :

Maxime Lopes

Ce tableau résume les différentes corrélations entre la performance et les facteurs de la performance testées par les chercheurs.

Après le volume total, les easy runs ainsi que les tempos étaient les meilleurs prédicteurs de la performance.
(les tempos étaient définis comme des courses continues de 45 à 70 minutes ou des intervalles de 1000m à 5000m à un effort de 82 et 92% de la fréquence cardiaque max).

Étrangement, les longs intervalles favorisaient peu la performance dans cette étude, alors que les courts intervalles étaient très bénéfiques pour la performance.

Que retenir de tout ça ?
Après 7 ans de course, certains coureurs de cette étude avaient parcouru près de 70 000 kms soit 18% de la distance terre-lune (une moyenne de 27 kms par jour pendant 7 ans).

Si vous voulez avoir ne serait-ce qu’une petite idée de votre potentiel en course de fond, faites de votre volume de course une priorité.

En tant qu’entraineur je vous conseillerais de vous faire peut-être un peu moins mal sur les séances d’intervalles, ce qui devrait vous permettre d’être moins fatigué et peut-être plus motivé à augmenter votre volume.

Pour atteindre son potentiel, nul doute qu’un coureur a besoin de courir au moins 100 km par semaine pendant des années.

Que vous soyez prêt ou non à vous investir dans cette quête au moins maintenant vous connaissez la recette 😉

Bonne course !