Être dans la tête d’un coureur

Être dans la tête d’un coureur

Vivre tous les sentiments du monde en même temps , Syn : Être dans la tête d’un coureur

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir frustré? J’imagine surement que oui. Comme toute personne normalement constituée, il s’agit d’un sentiment parfaitement normal à ressentir dans certaines situations.

Le dictionnaire Larousse nous donne la défénition que voici;

Frustration : État de quelqu’un qui est frustré, empêché d’atteindre un but ou de réaliser un désir.

Bon là, vous vous demandez, mais elle s’en va ou avec ses skis ou ses running shoes? Rassurez-vous, j’y arrive.

En fait la pratique de sport, dans ce cas-ci la course à pied, peut comporter son lot de frustrations.

La météo, les conditions routières, le chemin emprunté, des batteries à plat, de mauvais échanges avec des automobilistes… et j’en passe, sont toutes des situations ou la frustration se fera sentir. Mais j’aimerais vous parler de ma dernière situation de ‘’frustration’’, j’ai choisi de le mettre en guillemets car encore aujourd’hui je ne sais pas si j’ai vécu le bon sentiment. Il peut aussi s’agir d’un mélange de sentiments.

Ce qui me suivent ou me lisent, savent que le 11 septembre prochain j’aspire à courir mon premier ultra marathon. Dans les faits, je cours depuis plusieurs années, 9 marathons à mon actif, mais malgré tout, la distance envisagée de 65km en trail s’il-vous-plait, vient avec un entrainement plus poussé. Autant dans les kilomètres à courir, la musculation et les choix alimentaires.

Mais voilà, une course en automne, signifie un entrainement avec une portion qui se fera durant l’été, et ouiiii, durant les vacances… Ahhh là maintenant vous voyez ou je m’en vais.

Alors me voici à organiser nos vacances, aux Îles de la Madeleine…. Paradis incontesté de plage, de repos, de zénitude, d’ornithologie et potentiel photos partout où l’on regarde. Mais là moi, j’ai signé pour une course avec un dénivelé de ?? ah oui, un chiffre que je me pratique à oublier 😉. Donc, moi qui pratique les sentiers (bien que légers) du Mont St-Bruno et Orford (3 reprises) comment ne pas perdre toute l’expérience et endurance acquise durant les dernières semaines.

Nous avions choisi d’allonger nos vacances avec entre autres une nuit à l’ïle d’Orléands, en face de Québec avant de nous rendre tranquillement vers le traversier. Je m’étais comme fait un plan de course, pour ne pas tout perdre, 2 semaines, c’est quand même 2 semaines. Bon, mon conjoint qui est compréhensif et tente toujours de calmer mes angoisses, doit entendre cette fois-ci mes plans de courses qui je l’espère feront l’unanimité.

Comme nous serons en face de Québec le premier samedi des vacances, en secret je vais vérifier les sentiers possibles à faire au Mont Ste-Anne. Je lis aussi sur une page Facebook à laquelle je suis abonnée les commentaires de tout un chacun. Je trouve le QMT25 qui serait balisé toute l’année. Un bon dénivelé à y faire… J’en parle à mon homme, qui m’encourage à le faire, même si pour lui cela voudra dire, prendre une promenade seule en compagnie de notre toutou.

Donc me voilà avec au moins une course d’organisée qui me fera pratiquer ce pourquoi j’ai signé. Mais la deuxième semaine je serai aux Îles… terrain somme toute assez plat. Sans grande montagne. Je tente de penser à faire le sentier de la butte ronde en me disant que si je le fais aller/retour plusieurs fois, j’aurai au moins ça de pris.

Le QMT25 me faisait quand même peur… le faire seule. Ne sachant pas trop dans quoi je m’embarquais. Mais j’y tenais. Mes pensées étant préoccupées par cette course, j’avais un sentiment partagé du fait que les vacances approchaient. Normalement en vacances, je peux faire une distance, mais faire distance et dénivelé, et jamais une aussi longue distance.

Le matin des vacances on fait un arrêt ornitho-photo d’une rareté. Cela rime avec vacances…. Mais dès que nous rembarquons dans l’auto, me revoilà en mode de course. Il nous reste un bon 2 heures trente à rouler. Le soleil veut sortir et nous promet une chaude journée et un facteur humidex assez élevé.

Je prendrai le départ de cette course vers 10 :45. Loin de mes habitudes, car normalement je débute ma course toujours maximum à 09 :00. Bref; Souris tu es en vacances…. Bien que je sentisse l’être après ce défi réalisé. Je fût impressionnée par beaucoup, moi-même… c’est positif 😉 le sentier en lui-même, la réalité du défi en lui-même… On a joué dans du fragile pour moi, je souffre de vertige… Mais pas le temps de s’apitoyer sur soi, awoye avance ça va passer.

Me voilà à me servir de la ose au chalet sur le parcours mise à la disposition des randonneurs, je l’avais aussi lu sur Facebook, elle devait ne pas être évidente à trouver, mais un spécial pour moi, elle était bien accrocher à la vue sur une pancarte.

Je ne rêve que d’une bonne bière froide…
Et je termine le parcours comme dans une autre sorte de vertige…un état second. Me disant :
• Bon là je suis en vacances
• Réalises-tu que tu viens de réaliser un méga beau défi
• Je n’en reviens pas de ce que j’ai parcouru, on était loin des sentiers de mon terrain de pratique de d’habitude. Avec les premiers kilomètres totalement dans la boue ou les randonneurs faisaient demi-tour
• Ok, mais avoir été en septembre il me restait encore 40 km à faire
Durant la soirée et les jours suivants, je suis restée dans ce semi état second, ou fierté et un peu de frustration se mêlant alégrement au rythme de mes pensées.
Pourquoi frustrée?
• Me semble que je n’ai pas profité comme il faut de ce beau parcours
• J’aurais dû débuter la course plus tôt, ça m’aurait évité de partir en plein chaleur
• Cette course faisait partie de mes vacances, pourquoi dois-je me sentir être en vacances seulement après l’avoir terminée
Le reste de la première semaine, ayant de la route à parcourir pour nous rendre au traversier, la course n’avait pas beaucoup de place. J’ai pu placer 1 ou 2 petits 5 à max 7 km de distance.

Sentiment de frustration :
• Tu avais monté ton kilométrage à 76km la semaine dernière en 5 sorties, là tu régresses.
• Oui, mais je suis tout de même en vacances
• Et bla bla bla, vous comprenez 😉
Ma deuxième de vacances posséda son lot de frustration, la première je n’y pouvais rien, miss météo n’a pas été tendre, pas de chaleur et pas beaucoup de soleil. Étant aux Îles de la Madeleine qui possède des kilomètres et kilomètres de plage, je ne pouvais ni ne voulais dire à mon homme, bon ben je reviens dans 2 heures, quand le soleil se pointait enfin …
Non, je me contentais d’aller courir un petit 5 km rapide. Hop la douche et nous étions partis. Et pas non plus à chaque jour…
Des sentiments partagés entre ma course, et mon inscription à un ultra. À maintenir un minimum tout en pouvant profiter de cet endroit paradisiaque.

La butte ronde vous vous demandez? J’ai abandonné le projet, nous étions dans cette région après une excursion. Nous nous y sommes rendus, mais l’avons monté en marchant. Une course intense en vacances vient avec beaucoup d’organisation. La douche après la course, croiser des gens en vacances qui profitent etc…
J’aurais surement aimé me frotter à cette côte, car le petit déniveler est sur une très courte distance donc peut devenir très intéressant. Mais j’ai accepté de ‘’prendre’’ des vacances.
Ma deuxième semaine à donc totalisée un tout petit 18 kilomètres. Malgré tout je n’ai pas vécu que de la frustration, j’ai réalisé de belles choses aussi.;
• Un 5 kilomètre réalisé avec une moyenne de 5.06/min par kilomètre, ça faisait longtemps que je n’avais pas couru aussi rapidement. Comme je fais de plus longues sorties, elles ne sont pas aussi rapidement que les petites.
• Mon tendon d’Achille gauche avait besoin de cet allègement
• Sans que je m’en rende compte mon esprit et mon corps en général aussi.
Toutes ces questions et mélanges de sentiments, j’ai décidé de vous en parler, une sorte d’exutoire pour moi et peut être pour vous, qui n’avez peut-être jamais partager ces sentiments avec personnes, vous verrez que vous n’êtes pas seuls.

Je ne crois pas avoir besoin de thérapie ou autre… j’aime ma vie, en fait je ne la voudrais pas autrement. Se poser autant de questions est pour moi une façon de réaliser que je prends les choses à cœur, pas nécessairement au sérieux, mais à cœur.

Je me dis aussi profite. Profite de ce premier Ultra-marathon. Quand on court un marathon, le temps limite pour réaliser la course devient une notion floue à laquelle on n’accorde pas vraiment d’importance si on court à une vitesse moyenne. Mais un Ultra a des ‘’cut off’’ je suis encore aujourd’hui à me demander si je pourrai franchir la ligne d’arrivée dans les temps.

Voici donc sur quoi j’avais le goût de vous parler avec cet article. Quand il sera publié, j’aurai peut-être fait mon Ultra (11 septembre). J’espère de tout cœur qu’il se déroulera bien.

J’espère franchir la ligne d’arrivée dans les temps. Sinon, je profiterai… Tout autant que j’ai profité de l’entrainement. Pouvoir courir avec un ami dans son terrain de jeu. Voir tous ces cerfs de Virginie dans Mon nouveau terrain de jeu. Faire l’essai d’un paquet de bidule…. Faire ce fameux QMT à Québec.

Mais alors vous dites-moi, ressentez-vous parfois aussi un mélange de sentiments de ce genre ? 😊

Citation :

Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera.

Boudha

Fourmilière

Fourmilière

Ce à quoi ressemblait l’immense cortège de coureurs ce matin, du point de vue spectateur. Certains avaient l’air épuisés, d’autres déterminés, certains souriaient aux passants, d’autres regardaient leur montre en grimaçant. Chacun avait l’air de trottiner à son rythme. Quelqu’un n’ayant jamais pris part à une course pourrait s’arrêter là dans sa reflexion.
Devenir spectateur après avoir complété soi-même une course permet souvent de voir les choses dans une différente perspective. Surtout après avoir été témoin d’une réanimation cardiorespiratoire beaucoup trop longue pour assurer une chance de survie, d’un jeune dans la vingtaine sur le parcours.
Les coureurs affluent par groupe au point d’arrivée. La réaction de chacun est variable: fierté, joie, déception, tristesse, tout cela est observable. Il y en a qui ont dû mettre une quantité incroyable d’énergie pour répondre présent à la course. Les difficultés personnelles, les épreuves morales, les blessures physiques ont été de réels défis à surmonter durant l’entraînement auparavant. Quelques participants ont enfilé leurs baskets quelques fois avant le jour J, n’ont pas eu à se déplacer pour participer à l’événement et ont couru à une vitesse au-delà de la moyenne.
Il n’est pas évident de comprendre toutes ces différences, d’un point de vue justice. Pourquoi Julia est elle tombée sur la glace cet hiver après plusieurs mois d’entraînement discipliné la faisant régresser presqu’à la case départ? Comment Vincent a-t-il réussi à terminer la course, presque les doigts dans le nez dans un temps record, en ayant peu dormi la veille, suite à une soirée bien arrosée?
En discutant à gauche à droite, il est évident de voir que la justice, telle que l’on peut la définir, ne se trouve pas. Toutefois, il est possible de constater en creusant, que chacun a ce dont il a besoin, jour après jour, simplement. Pour les épreuves, la force de perséverer est proportionnée. Dans un moment de souffrance, l’humain est souvent aveuglé sur cette réalité. Il a parfois aussi une conception de ses besoins qui est décalée de ce qui est bon pour lui.
Pour revenir à la fourmilière, il y a place à beaucoup d’émerveillement dans ces moments ou une masse de gens s’unit sur un parcours déterminé pour courir. L’effort individuel réuni collectivement donne une intensité à l’événement qui suscite généralement l’admiration.

 

CONFIANCE  ÉGARÉE

CONFIANCE ÉGARÉE

Je ne veux surtout pas me plaindre. Loin de là est mon intention. Surtout qu’hier, c’était la journée mondiale de la course à pied !

Au contraire, je remercie la vie de me donner l’opportunité de pouvoir encore courir aujourd’hui. J’ai bien récupéré de cette intervention chirurgicale pour l’ablation d’un cancer de la prostate et ce contrairement à d’autres personnes que j’ai pu rencontrer depuis octobre dernier.

Je répète et je persiste à croire que ma condition physique obtenue au fil des années par une bonne alimentation et la pratique de mon sport favori a certes pesé lourd dans la balance.

Toutefois, ce n’est plus ce que c’était. J’ai comme perdu la « drive » qui me caractérisait lorsque je me retrouvais à la poursuite de mon objectif des 100 marathons. Je me plais à comparer mon attitude à celle d’un hockeyeur professionnel qui remporte la coupe Stanley, l’objectif ultime dans la LNH. L’année suivante, lorsque débute une autre saison régulière, il a du mal à retrouver l’essence qui lui permettait de se surpasser lors des séries éliminatoires du printemps précédent. Vous comprenez ce que je veux dire ? Je sens que je n’ai plus le contrôle.

Voilà la situation dans laquelle je me retrouve présentement. Je n’ai pas couru un marathon depuis octobre 2019 et nous sommes en juin 2021. Il y a eu cette pandémie qui a gelé les événements puis ce fameux cancer qui a tout bousillé sur le plan de la course à pied.

ALORS, JE ME CHERCHE

Pourtant expérimenté après 26 ans de pratique, je m’interroge. Nombreuses les explications qui arrivent des personnes qui écouteront mes confidences.

Plusieurs me disent que je dois prendre le temps nécessaire pour me rebâtir.

Je vise encore le marathon car c’est la distance dont j’ai besoin pour poursuivre. En fait, elle me caractérise. Cependant, je n’arrive pas à dépasser les 21km et c’est la force du mental comme disait Marc Messier dans les Boys que je ne peux retrouver.

Pas question d’abandonner. Même si je continue d’avancer en âge, je demeure persuadé que je serai encore capable de traverser la ligne d’arrivée d’un 42 km. Et j’ai avisé ma compagne qui va taper du pied à la ligne d’arrivée, qu’elle devra s’armer de patience car je risque fortement de me retrouver dans la dernière portion des finissants. En autant que je pourrai le terminer, c’est ce qui compte pour moi, ne serait-ce que pour me rassurer que je peux encore vivre cette sensation.

CONTINUER DE RÊVER

Je suis conscient que je suis exigeant car plusieurs se contenteraient de sortir sain et sauf de cette mésaventure et de continuer à profiter des bienfaits de la vie.

Même si certains marathons ont débuté leur période d’inscriptions, je les regarde d’un œil discret pour le moment et j’attends avant de passer à l’acte. Dans mon for intérieur, je sais très bien que je finirai par sélectionner celui qui deviendra mon 101e, une étape que sincèrement, je n’anticipais franchir considérant les obstacles de la vie.

Je continue de courir aux deux jours et de rêver.

Rien de plus important que la confiance en soi que je tenterai de retrouver au cours des prochains mois.

Courses folles Épisode 5- Le Beer Mile

Courses folles Épisode 5- Le Beer Mile

Andréanne Poisson Robert

Toute mon attention est dirigée sur l’épingle que j’essaye, sans grand succès, de piner dans mon dossard. Pour une fois, j’aimerais bien ne pas ressembler à Charlie Brown et son cerf-volant à la fin de la course.

— Des IPA?? s’exclame Marie en regardant les cannettes de bière posées devant nous.

Je lève la tête et une épingle sournoise en profite pour glisser à l’extérieur de mon chandail et me mordre le doigt.
Épingle 1, Joanie 0.

— Tu as choisi des bières IPA! Tu es fou!

— Ben quoi? C’est toujours ça que vous buvez au bar, répond Joël sur la défensive.

Marie et moi lui lançons un regard estomaqué. Oui une bière houblonnée de micro entre deux craquelins au fromage en regardant le Canadien en final de la coupe Stanley, c’est plus qu’agréable, c’est même jouissif. Toutefois, devoir s’enfiler quatre cannettes de bière derrière la cravate en courant un mile, je suis moins convaincue du bonheur occasionné.

Nico arrive tout feu tout flamme après s’être échauffé autour de la piste. Ses bas de compression fluo remontés jusqu’aux genoux, ses petites gourdes remplies de sa potion magique d’eau/gatorade et sa montre GPS probablement reliée directement au bras canadien ou plutôt à la jambe canadienne. Il commence à faire des talons-fesses au même moment ou je demande quelle est la meilleure technique pour caler une canette de bière.

— Il faut que tu retiennes ta respiration et que tu détendes ta gorge.

— Détendre ma gorge?

Il y a beaucoup de muscles que j’ai détendus au fil de mes années de yoga, mais la gorge ça jamais! Bon OK, j’ai assisté à un cours de yoga en 2012, mais depuis je porte mes leggings de yoga presque tous les jours. Dans mon livre à moi, ça compte!

On s’approche du fil de départ, plus qu’une minute avant le coup de canon. J’aligne stratégiquement mes cannettes de bières, de moins en moins froides.

— N’oubliez pas, vous devez pencher votre canette en haut de votre tête pour prouver que vous l’avez bu au complet! nous informe un organisateur. Une bière avant de partir et une à chaque 400 mètres pour un total de quatre bières. Si vous vomissez, vous devez compléter un tour de plus à la fin. Pas le droit aux pailles ni aux entonnoirs. Des questions?

La seule question qui vient me en tête c’est pourquoi, mais pourquoi je me suis inscrite à cette course.

— Prêts? Buvez!!

Je ne peux plus reculer. J’attrape ma première bière et tente de détendre ma gorge, mais j’oublie de retenir ma respiration. Je m’étouffe un peu, la bière me rentre dans le nez. Nico et Joël sont déjà loin. Après une quinte de toux, je penche ma bière en haut de ma tête, un peu de liquide me coule sur les cheveux, mais je peux commencer à courir. Je me sens lourde, mais bien heureuse. Plus que trois bières avant le fil d’arrivée.

La Gaspésia 100 (2021)

La Gaspésia 100 (2021)

les defis de beat

Wow ! Le retour de La Gaspésia 100 … Je l’attendais avec impatience… Ce jour « J » est arrivé. L’occasion pour les coureurs privilégiés de 2020, de se retrouver et revivre une nouvelle aventure sur ces lieux magiques.

Toute l’année, cet évènement vécu en 2020 m’a tenu en haleine. Il était inconcevable que je ne sois pas au rendez-vous en 2021. Cette course résonne dans ma tête, La Gaspésia 100.
Accompagnées de mes amis, Nathalie Landry, Line Pelletier, Nathalie Roy, Judith Chapados, Cindy Miller et Christian Vallée, nous nous sommes retrouvées au départ du G50. Cherchez-nous pas, on en a pour la journée…

Une distance de 54 km dans un décor très diversifié nous attend avec un dénivelé de 1400 mètres. Vous savez entre la théorie et la pratique, on peut parfois avoir des surprises. Eh bien La Gaspésia 100 (2021) nous a fait ce cadeau. La distance et le dénivelé ont été revus à la hausse pour le même prix.

Sans oublier notre amie Christiane Plamandon qui trottera sur le 25km.

Gaspésie 100 (2021)

Le départ

Gaspésie 100 (2021)

Qu’est-ce que je suis contente de me retrouver à cet endroit précisément. Rien à changer comme dans ma mémoire… Même Jean-François Tapp n’a pas bougé. Toujours à la même place avec son humour, blagueur, rieur, c’est le petit comique de la place des Pêcheurs.

Le bateau de pêche servant de podium, présent aussi, tout est là…
Contre toute attente, le palpitant s’accélère au fur et à mesure que je m’approche du bateau. Le sourire aux lèvres, je ressens la même excitation qu’il y a un an.
Je reconnais les visages, Sébastien, Daniel avec lesquels j’ai pu discuter avant le départ. Puis Jean-François détaille le parcours, donne quelques règles et laisse la parole pour le pointage des athlètes.

Après le décompte nous nous lançons direction la mer pour parcourir nos premiers kilomètres.

Une joie intense immergeait tout mon être, j’étais de nouveau la petite fille qui crapahute de roche en roche pour aller de l’avant.

Le premier ravitaillement

Très difficile de dépasser quelqu’un en trail mais sur les rochers c’est pire. À moins que ce dernier nous laisse la place.

La personne devant moi avait un peu de misère avec les rochers, cela n’a pas été long pour que les premiers nous distancent.

Une fois sortie des roches puis des galets, la vieille voie de chemin de fer nous attendait. Je me sentais dans un film en courant sur cette voie ferrée, comme si je voulais m’évader. Suis-je la seule à avoir eu ce sentiment ?

Le balisage est bien indiqué et heureusement, car jamais il ne me serait venu à l’idée de grimper le talus du viaduc.

Un petit bout de la 132 pour rejoindre les sentiers, et le tour est joué nous voilà dans les sentiers et la boue pour un bon bout de temps….

Le premier ravitaillement est déjà là… Wow, c’est cool, 8km de fait, je ne les ai pas vu passer. Difficile de dire combien de temps cela m’a pris, je n’ai jamais regardé ma montre.

Gaspésie 100 (2021)

2ème ravitaillement

Judith et Line sont devant moi tandis que les 2 Nathalie, Cindy et Christian sont derrière. Je veux les attendre avant de repartir.

Me voyant attendre, les bénévoles au ravitaillement me demandent si je veux autre chose. Je leur explique que j’attends mes amis. Ils sont désolés de ne pas avoir de chaises à m’offrir.

En restant immobile, le froid arrive vite et les moustiques attaquent. Je me bats avec eux quand approchent Nathalie R et Christian. Oufff, je suis contente de les voir… Juste le temps pour eux de prendre quelques affaires…

On reprend la route tous les trois. On traverse la rivière aux émeraudes, quel beau spot, c’est féérique. J’en profite pour prendre une photo, un si bel endroit, on ne peut pas passer à côté.
Puis, je reprends mes sentiers de boue à n’en plus finir. Le 18ème km arrive encore à une vitesse grand V.

C’est génial, ça va bien malgré la difficulté du sol. Je suis admirative de revoir ces paysages défilés comme dans mon souvenir.

J’attends de nouveau mes amis. Nathalie arrive, mais j’en peux plus. Le froid me transit. Christian apparaît au fond, péniblement. Je dois repartir, j’ai trop froid.

3ème ravitaillement

L’avantage quand tu as pris froid en attendant, tu repars reposer et tu as le goût de courir pour te réchauffer.

Je trace ma route seule. Je me félicite d’avoir téléchargé le parcours sur ma montre. Cela me rassure de contrôler et confirmer fréquemment que je suis sur le bon sentier. Vive la technologie et les cartes GPX.

Je croise de temps à autre les coureurs du 100km, car ils font 2 fois la même boucle en sens inverse. Je les encourage et les félicite, je suis tellement heureuse d’être capable de vivre ça.

Je peux saluer mes amis Pascal Langlois, Catherine Bujold, Yves Aubut ainsi que Karine Litalien. Croiser ces athlètes me donne un élan, une fierté, une admiration et surtout le goût de courir encore plus.

Gaspésie 100 (2021)

Saviez-vous que Pascal, Catherine et Karine ont été mes maîtres de la trail. Ils m’ont donné confiance et assurance pour affronter la peur de me retrouver seule la nuit dans le bois. Ils m’ont aussi fait savoir que j’avais la capacité et le potentiel pour courir en trail.

Du fond du cœur, merci, vous êtes mes références.

J’arrive au 30ème km avec la même énergie qu’au départ. Je suis bien, j’aime ma course. Mes pieds souillés reçoivent une exfoliation à chaque pas tellement j’ai de la boue dans mes chaussures.

4ème ravitaillement

Un sac de rechange avec collations, vêtements et chaussures m’attendait pour faire les ajustements que je souhaitais pour poursuivre.

Heureusement que j’ai vu mon ami Daniel Jacques changer ses chaussettes et chaussures sinon je n’y pensais plus que j’avais ça là…

J’ai donc profité de ce moment de pause à attendre mes amis pour mettre mes pieds au sec. Bien placé au soleil, je n’avais pas froid. De plus un petit muret nous permettait d’être assis, tranquilles, on était bien. Tout était fait pour qu’on ne reparte plus… Non, non pas du tout les organisateurs ne feraient pas ça ?

Assise depuis quelques minutes, arrive Cédric Chavanne qui parcours le 160 km. Wow super, je ne m’attendais pas à le voir.

J’échange un peu avec lui, mais il ne faut pas que je le retarde, c’est le numéro 1 sur cette distance. Il a encore un bon bout de chemin à faire. Oh là là, je ne voudrais pas nuire à son avancement.

J’ai eu la chance de courir 3 étapes l’année passée avec lui et sa merveilleuse femme Julie Berthiaume.

C’est grâce à lui que je serai sur le départ du Big Wolf Backyard le 18 juillet 2021. Ces défis me fascinent. Alors évidemment, je veux m’y frotter, vivre ces sensations fortes pour avoir mes propres expériences, même si on est pas du tout du même niveau, on a la même passion.

Le dépassement de soi est une sensation extra, les papillons, la fierté, tout y est, je souhaite que tout le monde connaisse cet immense nuage de bonheur à l’intérieur et extérieur de nous-mêmes.

J’ai atteint le 38ème km ou se tenait le 4ème ravitaillement, avec tous ces sentiments de fierté grâce aux belles rencontres que j’avais faits.

Toujours aussi bien dans ma course et bien dans mon corps, je n’avais toujours pas l’impression d’avoir couru.

Gaspésia 100 (2021)

Le 5ème ravitaillement

J’ai cessé d’attendre mes amis qui prenaient de plus en plus de retard au 4ème ravitaillement.

La partie effort en dénivelé approchait après celui de la boue. Je dépassais les premiers coureurs fatigués, mais pas tant que ça, contrairement à ce que j’aurais pensé.

La visibilité réduisait, le brouillard s’installait peu à peu, je n’avais aucune notion du temps. J’avance au petit pas de course ou à la marche si c’est une cote. Je sais que le plus dur est à venir alors je veux garder mon énergie.

Je n’ai jamais ressenti de douleurs dans les mollets, les cuisses ou le dos, épaules ou autres… Je me demande si finalement ma fille n’a pas raison. Suis-je encore humaine ???

La partie difficile approche, je me sens prête à l’affronter pour atteindre le mont St-Anne avec son dénivelé rude voir très rude.

Je fais un ravitaillement très bref au 45ème kilomètre, car je sais qu’il y en a un autre au sommet dans très peu de temps.

J’apprends que ça fait plus de 8h que je cours ! Oh dommage, je réalise que j’ai pris trop de bon temps. Mince, mince, mince je peux encore rentrer dans le cut off mais pfff ai-je le goût de m’inquiéter du chrono maintenant ??? Il est peut-être un peu trop tard…

Ma mère avait une expression qui dit : « c’est pas quand on a fait dans la culotte qu’il faut serrer des fesses » et bien en apprenant l’heure, je me sentais dans cette situation, il est trop tard pour y penser, maintenant il faut assumer.

Gaspésia 100 (2021)

Je décide donc de continuer avec l’insouciance du chrono et je continue dans le bien-être de ma course.

La surprise de la Gaspésia 100 (2021)

Maintenant que je connaissais l’heure, j’avais comme un peu de mal à rester dans le même rythme, pourtant je me moquais du chrono, alors pourquoi ce sentiment ?

Tout simplement, je n’avais pas le goût de finir à la frontale. Non, je savais que je devais finir par les descentes, alors s’il fait trop noir, je ne pourrais pas courir aussi vite. Les descentes sont mes forces.

Au sommet du Mont-Ste-Anne, je n’ai jamais trouvé le 6ème ravitaillement. Comme il faisait froid avec beaucoup de vent et de brume, j’ai pensé que les bénévoles s’étaient abrités. Je vérifiais plusieurs fois ma montre pour être certaine que le tracé soit le bon.

Je reconnaissais parfaitement les lieux donc je ne comprenais pas… Pourquoi ils ne sont pas là ? Déception, crève-cœur, je n’ai pas réussi à pointer mon dernier point de passage, tout en reprenant le sentier pour redescendre. J’ai pensé appeler Jean-François, pour savoir ou exactement se trouvait ce ravito, mais je ne voulais pas remonter, alors j’ai laissé tomber.

J’étais tellement déçue de constater mon incompétence en matière d’orientation…

Tout portait à croire que j’avais fait une erreur de parcours, j’avais passé 54 km et toujours pas arrivé… Un dénivelé supérieur à ce qui était prévu…

Voir l’arche avant que je sorte ma lampe frontale m’a fait oublier cette déception envers moi-même.

L’accueil par mes amies Line et Judith m’a redonné le sourire et l’énergie que j’avais perdue en ruminant les derniers kilomètres.

Gaspésia 100 (2021)

En discutant avec tout le monde, la confiance en moi est revenue quand j’ai appris qu’on avait tous presque 57km avec un dénivelé supérieur à 1700 mètres quant au dernier ravitaillement, il avait plié bagage avant la nuit.

Ce fut un soulagement d’apprendre que j’avais su suivre l’itinéraire prévu et que j’avais fait ça en 10h20. Je ne suis pas rentrée dans le cut off, mais j’aurais largement pu. J’ai eu une excellente course, je suis fière de mon accomplissement et je regorge d’espoir pour mes prochaines courses.

Merci à toute l’équipe organisateur, bénévoles, supporters de la Gaspésia 100 (2021) vous faites partie de l’équation dans la réussite de tous ces athlètes, merci d’être là.

Félicitations

Finir les distances que l’on choisit est un pas en avant pour continuer quel que soit le temps. Félicitations à tous les participants de la Gaspésia 100 (2021) que vous ayez complétée ou pas votre distance, vous avez avancé, vous avez essayé, c’est comme cela que l’on progresse avec des essais.

Quant à toi, Cédric Chavanne, le champion du 160 km en 24h, je t’admire, tu es une grande source d’inspiration, tu m’as fait pleurer à ton arrivée… FÉLICITATIONS, c’est formidable de te voir aller

Félicitations à tous ces athlètes qui ont pu rentrer dans leur cut off respectif, bravo, bravo, bravo.

On se retrouve l’année prochaine sur la distance du 100km en 3 jours
– 13 km le vendredi
– 54 km le samedi
– 35 km le dimanche

Gaspésie 100 (2021)

Gaspésie 100 (2021)