Les principes de base en course à pied

Les principes de base en course à pied

 

La course à pied est un sport à la fois simple et complexe. Il est simple parce qu’il ne nécessite très peu de matériel et son exécution est assez simple, mais complexe dans le sens où les principes permettant de s’améliorer sont multiples et variables. C’est donc dans cette optique que j’aimerais démystifier les principes de base en course à pied dans cet article.

Tout d’abord, il est important de savoir que tou·te·s les coureur·euse·s sont différent·e·s. Il n’y a donc pas un programme «one size, fits all». La meilleure façon de s’améliorer est d’avoir un programme personnalisé préparé par un·e kinésiologue ou un·e entraîneur·euse spécialisé·e. Cependant, il m’apparaît pertinent de connaître les fondements de l’entraînement afin de mieux choisir et adapter son programme d’entraînement au besoin.

La fréquence d’entraînement
L’une des premières considérations est de déterminer la fréquence hebdomadaire d’entraînement. Bien qu’il soit préférable de courir de plus courtes distances plus souvent, il est bon de considérer sa propre réalité en ce qui a trait à sa disponibilité pour s’entraîner. Pour certaines personnes, leur emploi du temps ne leur permet pas courir plus de trois fois par semaine alors que d’autres peuvent en faire le double. Le·a coureur·euse en soi n’est pas une entité distincte de sa personne. En d’autres mots, la personne qui s’entraîne à la course à pied a différentes facettes et ces dernières sont toutes interconnectées. À titre d’exemple le stress au travail se transfert également dans la pratique de la course à pied. Il est donc primordial de considérer sa personne dans son ensemble plutôt que de segmenter sa personne en plusieurs compartiments imperméable les uns aux autres.

En ce qui concerne la fréquence d’entraînement, le nombre d’entraînements minimal pour espérer des améliorations est de trois par semaines. En deçà de ce nombre, le·a coureur·euse maintient ses acquis (2x/semaine) ou court pour une autre raison que les gains physiologiques (1x/semaine). En fonction de son expérience et de ses objectifs, il sera possible de courir jusqu’à 6 fois ou plus hebdomadairement (en condiférant une personne qui ferait plus d’une sortie par jour) tout en gardant au minimum une journée de repos dans la semaine. Il est à noter que doubler sa fréquence hebdomadaire d’entraînement en passant de trois à six fois ne doublera pas les gains et peut être même nuisible dans le sens où les risques de blessures peuvent être augmentés. Il faut donc trouver la fréquence optimale en fonction de son niveau, ses objectifs et son contexte personnel.

L’aérobie de base (endurance fondamentale)
L’entraînement de base est souvent négligé par de nombreux coureur·euse·s. La pensée populaire semble croire que les entraînements d’intensités sont les entraînements qui génèrent le plus de gain parce qu’ils sont … plus intenses. Ce n’est pas totalement faux. Évidemment, afin de s’améliorer, les entraînements par intervalles sont grandement aidant, mais je ne crois pas qu’il faille les mettre sur un piédestal par rapport aux séances de basse intensité en continu. En fait, l’aérobie de base — qui est réalisé lors d’une sortie à 50 à 69% de la VAM, à 60 à 75% de la fréquence cardiaque ou à un effort de 4/10 — permet d’augmenter l’endurance. Très peu de fatigue est accumulée par ce genre d’effort, le niveau d’intensité est bas et aucune douleur n’est ressentie en raison du lactate facilement recyclé à cette allure. Ce type d’entraînement peut donc être réalisé tous les jours voire plusieurs fois par jour sans toutefois générer un niveau de fatigue élevé comme c’est le cas pour les entraînements par intervalles. De plus, plus un·e coureur·euse est endurant·e, plus iel peut performer dans ses entraînements par intervalles. Dans cet optique, les séances d’aérobie de base semblent prendre toute leur pertinence et ne sont pas moins importantes que les entraînements pas intervalles dans un programme d’entraînement à la course à pied.

La progression
De nombreuses blessures sont associées à une mauvaise progression en course à pied. La personne qui débute en course à pied est souvent très enthousiaste à l’idée d’amorcer son programme et c’est ce qui peut lui causer du tort. C’est qu’il ne faut pas négliger le mouvement cyclique et les impacts répétés sur des structures corporelles très ciblées. Il est donc nécessaire d’habituer le corps à absorber ces impacts et augmenter graduellement la longueur des sorties et les intensités afin de permettre aux corps de bien récupérer entre chaque sortie.

En effet, il existe deux principaux mécanismes de blessures : les blessures traumatiques et les blessures d’usure. Les blessures traumatiques surviennent lorsqu’un fort impact percute une structure. L’impact est tellement fort qu’il provoque une blessure. Les blessures d’usures sont plus insidieuses et sont typiques chez les coureur·euse·s. Ce sont plusieurs petits impacts qui, sans une récupération optimale entre chacun d’eux, provoquent une blessure. Il n’est souvent pas possible de déterminer la cause exacte de la blessure.

Afin de limiter les risques de blessures en course à pied, il est préférable de commencer avec des séances d’entraînement en continu à basse intensité à un faible kilométrage et d’augmenter tout au plus 10% de son millage ou de l’intensité d’une semaine à l’autre. Il est également important d’écouter les signes précurseurs d’une blessure (douleur, inconfort, tension) et de ne pas hésiter à diminuer son kilométrage ou son intensité s’ils surviennent.

Vous voulez augmenter vos performances en course à pied ? Je vous propose un suivi personnalisé avec un suivi hebdomadaire et humain. Contactez-moi pour un programme adapté à vos besoins et vos objectifs. Il me fera plaisir de travailler avec vous.

Menteur

Menteur

Courir comme un fieffé menteur ou la psychologie à trente sous d’un coureur de mauvaise foi.
On dit qu’un mensonge répété mille fois devient une vérité, j’en suis loin d’en être certain, mais par contre, je suis convaincu que lors d’une course à pied, se raconter des petits mensonges, cela ne peut faire que du bien.

Le principe du menteur
Prenons l’exemple d’un marathon, cela peut être long et difficile, mais en troquant un peu la réalité, on y arrive bien plus facilement. Chaque coureur a sa philosophie de course, pour ma part, j’aime bien me mentir un peu à moi-même et, en faisant semblant de ne pas le savoir, un marathon peut paraître court, court, court.

Les vérités de La Palice
Il y a des conseils que les entraîneurs répètent ad nauseam et qui selon moi doivent être remise en question. L’une des vérités les plus pernicieuses, c’est celle qui affirme que partir lentement est nécessaire afin de se conserver de l’énergie pour la seconde partie de la course. Foutaise! Faites attention à ce conseil, car il ne tient pas compte d’éléments importants. Lors d’une vraie course, plusieurs facteurs vont vous faciliter la vie afin de vous permettre de bien performer dans la seconde partie du parcours. Un, vous avez ralenti le volume d’entraînement, vous avez donc beaucoup plus d’énergie. Deux, vous avez fait le plein d’adrénaline et l’énergie de la foule vas vous transporter. Donc, pour un marathon, l’objectif est simple, faire un beau demi, poursuivre sur notre rythme d’aller pour 3 ou 4 kilomètres et terminer le tout avec l’adrénaline et l’énergie de la foule et un peu de chance. Selon ce principe, votre marathon, devient un 21K, pas beaucoup plus.

Un petit demi
Naturellement, la logique que vous avez appliquée pour le marathon est aussi bonne pour votre nouveau demi. Première démarche, vous éliminer, le dernier kilomètre, on ne commencera pas à compter quelques centaines de mètres, cela n’en vaut vraiment pas la peine. Par la suite, le même raisonnement s’applique, vous divisez le 20K en 2, le but devient de faire un beau 10k + votre rythme d’aller + l’adrénaline + l’énergie de la foule= 21K, facile, facile.

De 10K à 100 mètres
Maintenant que vous vous concentrez sur le premier 10K, vous continuez toujours à appliquer la même règle et ce 10 kilomètres devient un 5K, tout d’un coup, oups, c’est fait. Toutefois, pour faire un beau 5K, il faut changer de façon de penser et se rappeler que ce n’est que 50 fois 100 mètres. 100 mètres ce n’est rien, l’autre jour, je l’ai vu à la télévision, faire 100 mètres cela prend moins de 10 secondes, c’est un pet ! Donc, faire 50 fois cette si petite distance, ce n’est rien, quelquefois 10 secondes.

42,2=100
Quand on regarde cela objectivement, un marathon ce n’est qu’un tout petit plus que 100 mètres. Donc l’idée, c’est de faire un beau 100 mètres et s’accrocher, s’accrocher, s’accrocher et encore s’accrocher. J’ai testé plusieurs fois cette philosophie de course, je me garde bien de vous en donner des résultats finaux, mais j’ai fait de foutus beaux 100 mètres, bien agréables. Pour le reste, disons que j’ai parfois appris à la dure, mais c’est devant l’adversité que nous grandissons, paraît-il, disons que j’ai pris quelques centimètres depuis que j’applique cette philosophie de course. (1)

Menteur - Richard Sevigny

(1) L’auteur ne prend aucune responsabilité en ce qui a trait aux mauvais résultats que l’application du principe du menteur pourrait entraîner sur vos performances.

Toi aussi, tu as ta place

Toi aussi, tu as ta place

La course à pied est un bon sport! J’aime courir et je souhaiterais que tout le monde court autour de moi. Il y a quelques années, j’ai offert à mon grand frère des chaussures de course, alors qu’il n’avait aucune intention de faire de la course à pied. Mais je me disais que peut-être s’il a les chaussures, il aura envie de courir… Non, c’était complètement faux comme conclusion. On trouve des gens comme moi qui ne font pas que courir, mais qui embrassent la course comme si une vie en dépendait. On pense à la course, on mange pour courir, on dort pour courir, on s’organise pour courir, on dépense pour courir, bref, vous voyez l’idée. D’autres ne font pas que courir non plus, mais ils additionnent les performances: marathons, ultra marathon, ultra trail avec des temps toujours impressionnant les uns et les autres. En plus, il y a aussi ceux qui courent pour la forme et le plaisir. Mais on retrouve aussi des personnes qui, malgré des nombreuses tentatives, n’aiment pas courir. Qui ne voient pas en quoi c’est génial. Nous avons tous une relation différente avec la course à pied. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de ces personnes qui ne se trouvent pas dans cet univers merveilleux de la course. Ce sentiment de ne pas être à sa place peut être animé par différentes raisons.

Je vous propose de se jaser d’une des raisons, car je crois que chacun de nous peut faire une différence là-dessus. Cette raison est le manque de confiance en soi. En effet, je me mets à la place d’une personne qui n’y arrive pas malgré ses efforts ou celle qui n’arrive pas à progresser. Autour d’elle, il y a des gens comme moi qui ne cessent de faire éloge de la course à pied. Elle voit des gens qui continuellement bas des records, sans visiblement trop d’efforts. Je pense aussi à ces gens qui aiment courir, qui progressent bien, mais qui continuellement ont l’impression de ne pas être assez bons. Ils se disent: par rapport à l’autre, je ne suis pas bonne. Par rapport à lui, je devrais être rendu à un tel niveau. Par rapport à mon ami-e il y a encore du chemin à faire… Dans le monde de la course, il y a ceux qui ont l’air de tout maîtriser et ceux qui n’y comprennent rien. En d’autres mots, ceux qui ont trouvé leur place, qui en prennent même pour deux et il y a les autres qui ne se sentent pas inclus.

La course à pied comme sport peut être un facteur de renforcement d’estime ou au contraire être destructive. On dit que quand on se compare on se console, mais dans le monde de la course, j’ai l’impression que c’est l’inverse quand on se compare, on se tape dessus, on se dévalorise et on se décourage. Je m’adresse à vous coureurs-coureuses, surtout intermédiaires et avancés-es. L’’estime de soi touche tout le monde sans exception et elle est super importante. Nous avons une part de responsabilité dans la prise de confiance des personnes coureuses. J’ai l’impression qu’il y en a qui ont presque besoin d’une autorisation pour se dire coureurs ou coureuses, tellement ce monde est pourtant si vaste et du coup trop petit pour eux. Soyons accueillants et inclusifs. Soyons impressionnants, mais aussi impressionnés par la richesse du parcours de chacun de nous, du débutant à l’expert (s’il en existe). Alors, comment aider les autres coureurs et coureuses à prendre confiance en eux et à trouver leur place (parce qu’ils-elles en ont une) dans notre grande famille qui est le monde de la course à pied?

1. Soyez fiers, mais modestes!
La Gazelle

Une des façons d’être humble c’est de se rappeler d’où on vient. Moi, j’ai commencé d’une façon innocente la pratique de la course. La preuve c’est que j’ai passé d’une course de 10km à un marathon de 42,2km sans même me demander si j’étais prête. J’ai pris un coach et ma «job» a été de suivre le programme d’entraînement en faisant confiance à la fois à la personne et à moi-même. À l’époque, j’avais zéro stress. Je me disais : si j’ai mal, j’arrête; si je suis fatiguée, j’arrête; et si je finis la course à la marche, ce n’est pas grave. Je n’avais ni montre de course, ni connaissance du temps vs les kilomètres (allure). Je ne suivais pas un plan d’alimentation particulier sinon le bon sens. Mes références en la matière (la course) étaient ma respiration, le degré de la fatigue et le truc que je me suis donné pour vérifier si je suis assez hydratée. Je courais pour moi et personne d’autre!
Au fur et à mesure des années, j’ai appris des tas d’informations et acquis bien des connaissances sur la course. C’est tranquillement que j’ai intégré le mantra de certains-es coureurs-coureuses : entraînements, performances, accomplissements. On accumule les records personnels, les médailles, la fierté, la liste est longue. Ceux que les autres ne savent pas, c’est qu’on accumule aussi le stress des entraînements toujours plus exigeants et très souvent des blessures dues au surentraînement. Les dommages peuvent être considérables tant moralement que physiquement. Sur un an d’entrainement, je passais par-là plusieurs fois. J’abusais en me surentrainant parfois innocemment, et d’autres fois très consciente de la chose. Le pire, c’est que je suis la première à dire aux gens de prendre soin d’eux, d’y aller avec modération. Dans le fond, ça revient à dire : fais ce que je dis et non ce que je fais! Il serait plus avantageux pour les personnes qui commencent la course à pied ou qui cherchent encore l’équilibre et le confort de connaître vos débuts, vos difficultés et vos défis autant que vos victoires. Non seulement cela normalise leur cheminement à eux, mais aussi de cette façon-là, elles peuvent s’encourager à persévérer.

2. Parlez du processus aussi!
La Gazelle

Quand j’ai commencé à faire des ultra marathons, j’étais tellement démunie face à ces nouvelles épreuves que j’ai eu des moments de panique. Pour me calmer et mettre toutes les chances de mon côté afin de réussir ma première course ultra marathon de 60 km, j’ai dû retourner aux bases. D’une part, courir pour moi. D’autres parts, miser sur la connaissance de soi. Longtemps focalisée sur les performances, cette fois, je savais que je frapperais un mur si je gardais la même approche. Alors, je me suis rappelé mes débuts dans le monde de la course à pied où le principal moteur était le plaisir de courir. J’ai misé sur moi plutôt que sur les techniques qui me faisaient défaut. La connaissance de nous-mêmes qui est la clé dans bien des domaines semble s’imposer aussi dans la course! C’est là que devrait commencer la prévention quant aux blessures et à l’esprit de compétition sans balise. À l’époque, j’ai lu un article des auteurs Mark Tosques et Christophe Szumski qui parlaient de «demeurer stoïque» lorsqu’on court. Ils parlaient d’un état d’esprit connecté à ce qui se passe sur le moment et que cela apporte un comportement calme et un esprit clair. Mais alors «le moment présent» on le vit comment si on est préoccupé par notre performance?! Il faut couper quelque part Gisèle, me suis-je dit; ramener au centre; trouver l’équilibre entre connaissances et instinct; entre effort et bien-être; entre l’expérience du moment et la victoire de la fin… L’expérience de cette course fut mémorable et m’a donné des ailes.

C’est donc un processus comme ça qui encourage quelqu’un au lieu de lui bloquer la route. Les défis, les doutes, les remises en question, les changements d’idées, grandir comme régresser, tout cela fait partie de ce processus d’un coureur ou d’une coureuse peu importe son niveau. Toutes les courses demandent une préparation autant physique que mentale. Je vous invite à avoir le réflexe de partager sur le processus derrière telle ou telle victoire. Cela nous permet de savourer les résultats de nos efforts, mais aussi et surtout d’aider les autres.

3. Valorisez tous les niveaux!

La Gazelle

On aime la course à pied parce que c’est un sport accessible à tout le monde. Et on vit plein de bonnes choses autant quand on commence que quand on a fait «ben» du chemin. C’est aussi vrai dans la course que dans la vie, on apprend tous les jours. Alors pourquoi j’ai l’impression qu’on te regarde de haut quand tu es à tes premiers pas? Peut-être parce qu’on oublie vite que l’on est passé par là. Permettez-moi une petite parenthèse: la grossesse, l’accouchement et l’entraînement post-partum ont été des éléments qui m’ont rappelé qu’on peut perdre le niveau, on peut perdre la forme physique. J’imagine qu’une maladie ou une blessure peuvent aussi nous faire régresser sur la forme physique. Mais ce qui fait de moi une coureuse, ce ne sont pas mes performances, mais bien mon amour pour la course à pied. Je ferme la parenthèse. Alors quel niveau ça prend pour être pris en considération? À mon avis, aucun niveau n’est nécessaire.

4. Soyez accessibles!
La Gazelle

Que dire de plus que tout ce que je vous ai déjà dit? Je suis sûr que le monde de la course à pied s’en porterait mieux si personne ne se prenait pour un dieu. Si vous avez le temps de «surfer» sur Facebook et/ou Instagram, vous avez le temps de donner un conseil ou deux à une personne qui vous en demande. Si vous avez le temps de courir avec votre club élite, vous avez le temps de courir avec vos amis-es débutants-es. Si vous avez les connaissances pour faire un plan d’entraînement ou d’alimentation pour votre prochaine course, je suis sûr que dans votre entourage il y en a qui voudrait un peu d’aide là-dessus. Et n’ayez pas de fausse modestie en disant que vous êtes pas des experts et du coup vous n’êtes pas sûr que ça va faire pour l’autre. Donnez-lui l’occasion d’essayer et d’en juger par lui-même. Je me rappelle la veille de ma première course ultra-trail de 65 km d’Harricana, je ne savais même pas qu’il me fallait un plan d’alimentation durant la course. Je pensais reproduire ce que je faisais pour les marathons ou ultra-marathon sur route. Et heureusement pour moi, j’étais avec des coureurs qui ont voulu partager leurs connaissances sur la meilleure façon de faire. Je les ai écoutés, posé des questions et je me suis ajustée. Aujourd’hui ces apprentissages me servent encore dans les Ultra-trail. C’est ça que je veux dire lorsque je parle d’être accessible. Partagez, encouragez, motivez, ainsi vous donnez au suivant tout en impactant positivement autour de vous.

5. Soyez vrais!
La Gazelle

Et oui, je me répète peut-être, mais j’aime la course à pied et j’ai horreur que des personnes croient qu’il y a que des coureurs et coureuses qui se la «pètent» dans notre communauté. Non, il y a aussi des coureurs et coureuses authentiques et humbles. Ils sont capables de parler autant de leurs victoires que de leurs défis; autant de leurs super stratégies pour progresser que de leurs faiblesses et doutes. Oui, soyez vrais, soyons vrais. La course à pied nous rend meilleure comme personne (en tout cas pour moi), mais elle ne nous rend pas extraterrestre. Si on est emballé et qu’on se rend compte qu’on ne parle que de nos sorties de course et nos performances, diminuons la cadence pour ne pas taper sur les nerfs de certains-es. Encore mieux, lors de vos pique-niques, vous soupers, ou autres moments entre famille et amis-es, laissent la place à d’autres sujets que la course à pied.

Coureur un jour, coureur toujours, alors bienvenu à tous et à toutes dans ce monde de la course à pied.

Monarchie d’espadrilles

Monarchie d’espadrilles

 

Je suis parti courir. Avec une nouvelle paire d’espadrilles. Les précédentes avaient fait leur temps. Plus que leur temps. Le conseiller m’a dit que 800 kilomètres, étirons ça à 1000, c’est probablement le maximum qu’on devrait courir avec une paire. J’avais fait au moins deux fois ça, peut-être trois, avant de réaliser que j’étais dû.

À la boutique où j’ai mes habitudes, ils pourraient mettre ma photo sur le mur avec le titre du client le plus facile à servir. J’arrive là avec les anciennes, je demande la version actuelle du même modèle, pointure 11. Je les essaie pour la forme, je passe à la caisse. Si la transaction dépasse les 10 minutes, c’est que j’ai fait un nœud dans les lacets.

Pour vous dire, j’ai passé plus de temps à jaser avec le personnel des ventes d’équipement de ski de fond qu’à acheter mes espadrilles. Exceptionnelles cette année, elles mèneront, inévitablement, à une vente massive : « équipement de ski de fond usagé, n’a presque jamais servi » l’automne prochain. Les gens ont réalisé que les conditions idylliques des publicités pour la région de Charlevoix, ben justement, c’est dans Charlevoix et c’est de la publicité.

Nouvelles espadrilles, donc. Généralement, le changement se passe sans problème. Un peu comme aux États-Unis, la transition ordonnée du pouvoir avec l’élection d’un nouveau président. À moins d’avoir vécu dans une caverne les quatre-cinq derniers mois, vous savez que ça se passe bien… la plupart du temps.

Heureusement, rien de tel à signaler ici. Les New Balance grises ont cédé la place à des New Balance noires sans rechigner. Je ne sais pas si elles se sont parlé, si les anciennes ont donné des avertissements aux nouvelles, genre « prépare-toi, chose, il court vraiment sur les talons ». Quoi qu’il en soit, les noires ont pris le relais, facile.

Ce qui laisse maintenant la difficile question de la gestion de la paire sortante. Une lignée d’espadrilles, c’est un peu comme la famille royale au Royaume-Uni. Tout le monde y a sa place et, hormis une ou deux paires, les autres ne sont pas tellement occupées.

Dans le cas qui me préoccupe, les noires, c’est la Reine. Les grises, qui viennent de perdre la job, la Reine mère. Si vous êtes très prévoyant (pas mon cas), possible que vous ayez une paire de Prince Charles de course en attente dans le walk-in. Ensuite, dans les rangées basses de l’organigramme, tout une gang de has-been qui ont été pendant un bout de temps la « top paire » avant de subir les outrages additionnés du temps et des kilomètres.

Chaque nouvel achat enclenche un effet domino. Les nouvelles sortent seulement pour la course. Les précédentes deviennent celles qu’on met pour marcher. Les suivantes servent quand on sait que le terrain sera boueux. Les autres passent au rôle de « paire que tu laisses quelque part pour les fois où on en a besoin ».

Et ça continue comme ça jusqu’au dernier maillon de la chaîne, le poste le moins prestigieux, celles qui trainent dans le garage et n’en sortent que pour la peinture.

La ligne de succession va toujours en descendant. Il n’y a jamais eu, que je sache, un « coup d’État d’espadrilles » qui aurait ramené sur la route une triomphante vieille paire tachée de cinq couleurs de latex.

Triste destin, j’en conviens. Mais qui s’intéresse au sort des vieilles espadrilles?

À part moi, bien sûr.