Pourquoi cette course ?
J’ai vu passer l’offre de la course Cryo sur mon fil d’actualité qui a retenu toute mon attention. Courir pour ressentir et aider les enfants atteints du cancer. Oh là là que cette cause est venue me chercher…
Pour courir tu dois, payer ta course 100$, mais aussi amasser 1000$ pour ces enfants afin qu’ils puissent faire des activités extérieures pour continuer à croire en leur guérison.
Je n’aime pas courir longtemps l’hiver dehors. Je n’ai jamais fait de course de raquettes, je n’ai jamais couru sur un lac gelé, mais je trouverai la force, le courage et j’irai chercher le meilleur de moi-même pour aider ces enfants malades.
Ce sera mon premier défi de l’année 2022.
Entraînement course Cryo
Je me suis inscrite le lendemain que j’ai vu la publication. Je ne voulais pas prendre le risque d’être influencé par mon entourage et que cela me fasse changer d’avis. Il est fréquent que j’agisse de la sorte pour rester en harmonie avec mon bien-être.
Fière de mon engagement pour la course Cryo, j’ai publicisé à mon tour sur les réseaux sociaux pour la fondation Sur la Pointe des Pieds s’y rattachant afin de les faire connaître. Je savais que je devais me mettre à l’entrainement course Cryo. Essayer de recréer les conditions de cette course, pour avoir un peu la sensation avant le jour de l’évènement.
Mes amis Line Pelletier, Diane Dumas et Themy Del Campo se sont eux aussi inscrits à cet évènement, ce qui donne une légèreté aux entraînements. On s’entraîne ensemble quand on peut, on se motive, se challenge, c’est toujours très agréable de partager nos ressentis, nos appréhensions et d’échanger nos visons.
Course de raquette Selon les années précédentes, il est recommandé de faire cette course en raquettes si on n’est pas dans les coureurs de tête.
Comme, je suis loin d’être une coureuse élite, je dois donc prévoir de faire cette course avec mes entraves, soit en raquettes. Des entraînements sont nécessaires sans aucun doute.
Mon amie Line me prête ses anciennes raquettes pour que je fasse ma première expérience le 19 décembre 2021.
14 km au Mont Saint-Hilaire pour une première sortie… Wow, je suis rentrée les pieds meurtris. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que ce modèle de raquettes n’est pas fait pour moi. Oui, je ne dois rien avoir qui passe par-dessus mon pied tel que des sangles comme le modèle que j’ai testé. Je dois prendre un modèle avec essieu.
Test après test
Depuis cette expérience, je me suis équipée des raquettes avec essieux. Elles laissent le mouvement du pied sans retenue sur le dessus du pied par la raquette. Courir avec ce modèle semble plus facile. Néanmoins, c’est toujours plus difficile que de courir en simple running.
Cela demande plus de cardio, plus de musculation dans les cuisses, je dirais même, plus de tortures…
Mais, alors, pourquoi je fais ça me direz-vous ?
Bien tout simplement, parce que je me suis engagée comme 99 autres coureurs à aider les enfants atteints du cancer avec la Fondation Sur la Pointe des Pieds.
Oui, je pourrais tout lâcher, mais je ne serai pas moi… Ces enfants aussi pourraient tout lâcher, mais on ne les reverrait plus… Non, j’ai choisi de les aider, les soutenir, eux subissent et n’ont pas le choix…
Courir la nuit
Pendant mes folles expériences de test, je suis partie 2 fois par des températures à -25 et plus pour tester mon mental dans le noir…
À 18 heures, un samedi soir, dans le bois avec mon partenaire Christian Vallée, nous avons fait 18 km avec une température qui variait entre -25 et -30.
Je n’avais pas fait 10 km que j’avais l’impression d’en avoir fait 50. Perdu dans la nuit, sans aucun repère, je n’arrivais pas à avancer, je n’avais même pas vécu ça pendant mon 12 heures de nuit à Défi le sentier Drummondville. Je me suis parlée, parlée et encore parlée pour compléter la boucle que je m’étais fixée.
Ce qui m’a sauvé, c’est que je n’étais pas seule. Christian m’accompagnait et je m’accrochais aux raisons pour lesquelles je faisais ça. Quand je suis rentrée, même si je suis loin de rentrer dans les temps que demande cette course, j’étais fière de moi, de mon résultat, car je n’ai pas abandonné.
Remise en question
Je m’entraîne fort, mais je ne rentre toujours pas dans les temps. Depuis le 30 décembre, mon corps réagit mal au post-Covid. J’ai de la difficulté à courir, mes fréquences cardiaques tournent entre 175 et plus de 200. Cela m’oblige à marcher pour reprendre mon souffle et revenir le plus possible avec des FC de 175.
J’ai donc décidé de lever le pied sur les entraînements pour reprendre ma vitesse sans les raquettes. Histoire de me redonner confiance. Mais là encore, sur le tapis, sans le vent, sans le froid, sans mes raquettes, mes fréquences cardiaques ne sont toujours pas bonnes même à la marche.
Je pourrais diminuer ma distance pour me laisser plus de chance de réussite afin de ne pas être coupée… Non, en faisant ça c’est comme si j’abandonnais sans même essayer… Ce n’est pas l’exemple que je veux donner à ces jeunes.
Non, je vais faire comme eux, je vais aller chercher au fond de moi la puissance et la force pour donner le meilleur de ce que je pourrais faire le 19 février.
Les croyances
Si je me suis inscrite à cette course, c’est que j’ai les capacités de la réussir. Je suis certaine de pouvoir là compléter. Le hic, c’est en 5h que je ne passe pas présentement, avec mon handicape du moment.
Je crois beaucoup aux lois de l’attraction, alors à défaut de pouvoir réaliser mes entraînements physiquement, je travaille la pensée positive pour continuer d’y croire afin de réussir au mieux de mes possibilités.
En six heures, c’est certain que je passe, mais en 5h il y a 3 semaines cela ne fonctionnait toujours pas.
Demain c’est le jour J, je vais tout donner mon plein d’énergie que j’ai fait cette semaine.
Je remercie tous les donateurs qui se sont joints à moi pour aider ces jeunes.
La course Cryo ! On l’attendait tous, ce jour «J»! Quand je dis tous, je parle des coureurs de ce fameux 33 km pour la traversée du Lac St-Jean. Tellement de stress, d’inconnu, d’inconfort règnent dans la préparation de cette course assez spéciale.
Mon truc, toujours se rattacher à la cause, à pourquoi je fais ça afin de rester dans mon bien être, en harmonie avec mes choix.
Une course est avant tout personnel, mais ici ce n’est pas pareil, c’est en priorité pour ces jeunes atteints du cancer, pour mes donateurs qui m’ont soutenu et me font confiance et ensuite pour moi, mon dépassement personnel.
C’est dans cet ordre précis que je me suis entraînée et c’est avec vous, amis et lecteurs que j’ai réalisé cette traversée.
Chaque pas a été fait avec Sarah-Jeanne Noël de St-Nicephore dans mes pensées. Cette jeune fille de 22 ans atteints du cancer, qui se bat pour avoir un peu d’aide, un peu de soutien. Elle ne rentre dans aucune catégorie d’ordre général pour être soutenu.
Sarah-Jeanne Noël
Avant départ
J’arrive à la dernière minute pour prendre mon départ, j’aime pas ça. Je préfère être sereine, faire mon repérage, m’imprégner des lieux, me visualiser dans la situation.
Mon chéri est secouriste à la patrouille de Bromont, les vendredis soir jusqu’à 23h. Nous sommes donc partis à 7h du matin, le samedi de la course. Une météo assez stressante pour faire la route avec un repos de seulement 6h, enfin bref, tout le contraire de ce que je préconise.
Je voulais fermer les yeux, m’allonger pour faire le vide trente minutes avant de me rendre au départ pour l’autobus. Le temps de retirer mon dossard, manger sur le pouce dans la chambre et c’était l’heure.
Horreur, malheur, un vrai cauchemar… Pendant cette minie coupure, jai rêvé qu’on me coupait mon pied gauche et que je faisais le choix de continuer à courir comme Terry Fox avec un ressort métallique…
Voyage en autobus
Nous avions l’obligation de prendre l’autobus pour nous rendre au départ. Cela m’ennuyait, je respecte les consignes même si ce n’est pas dans mes idéaux.
Le fait d’être obéissant est toujours payant, grâce à cette obligation j’ai pu constater que je devais faire des ajustements sur ma tenue vestimentaire.
Oui, en attendant l’autobus, je sentais beaucoup de frais sur les jambes, mes 3 épaisseurs étaient insuffisantes pour faire 33 km avec ce vent. Mes lunettes de protection ne conviendraient pas non plus, je prenais déjà froid aux yeux.
Mes lunettes de ski se trouvaient dans mon sac à dos, problème réglé. Je donne à Christian mes lunettes fantaisistes pour la journée et réfléchis à une solution pour mes jambes.
Notre hôtel est à 2 minutes en voiture. Je demande à Christian s’il peut aller me chercher un pantalon ouaté, celui, prévu pour mon après-course. Par-dessus mes 3 couches, cela devrait me permettre d’arriver au 3ème ravitaillement. Ici, je retrouverai mon pantalon coupe-vent, prévu pour la dernière partie du parcours.
Le hic, Christian devait faire l’aller-retour juste pour ce pantalon. 90 minutes de route pour ça… Je l’informe de mon idée. Tout en le laissant décider de faire ou non le voyage.
Le départ
Je suis dans ma bulle, je suis physiquement là, mais mentalement, je suis déjà dans ma course. Je ne comprends rien à ce qui se passe autour. Je vois sans voir, je regarde sans regarder, je suis concentrée, c’est très rare que je me renferme comme ça. Cela faisait partie de ma préparation, ne pas prendre ou écouter les craintes des autres coureurs. Je visualise mon arrivée.
Il fait froid. Il fait blanc, du blanc partout avec des dessins d’humains sur les murs blancs, un blanc immaculé. Je n’ai jamais vu ça en vrai, uniquement dans mon imagination du paradis. Les images créées quand j’écoutais la chanson de Michel Berger, « Le paradis blanc ».
Christian m’a apporté mon pantalon, il est mon sauveur du jour. Aussitôt enfilé, je ressens tout de suite fait la différence. Je suis prête. Je vais réussir.
Tous les tests que j’ai faits m’ont permis d’ajuster ces points importants à la dernière minute. Courir à Drummondville et au Lac St-Jean à la même température ne donnait pas la même sensation sur le corps. Le vent apportait une grosse nuance. Ici, c’est l’hiver, le vrai.
Ces ajustements m’ont permis de retrouver mon confort de course.
1er Ravito
Aujourd’hui, je ne cours pas 33km. Non, je vais un ravito à la fois. Une distance de 5km environ les sépare, mais ce n’est pas important. Ce qui compte c’est traverser.
Je pars dans les premières pour prendre de l’avance sur le dernier, parce que je sais que je vais marcher rapidement.
Je ne peux pas courir, la COVID m’a laissé des séquelles. On appelle ça, la Covid longue dans le jargon médical. Moi, j’appelle ça la poisse. Depuis, je n’arrive plus à courir. Je reprends progressivement, mais c’est long, c’est difficile. J’étouffe à l’effort, résultat, mon cardio monte avec des fréquences à plus de 200. J’ai dû accepter cet handicape et ajuster ma préparation.
Depuis le 13 janvier, j’ai travaillé la marche rapide pour me permet de rester avec des fréquences cardiaques acceptables. Or, si je cours je regrimpe rapidement à 200 et plus. Je sais exactement quand je vais trop vite pour mon petit cœur.
J’essaie malgré tout de courir les premiers km. Au bout de 200 mètres de course, je prends ma marche de croisière, je m’étouffe. Je ne persiste pas, car ça aussi, j’ai testé…
2ème Ravito
Si je me suis fait doubler par tous les coureurs ou presque sur le premier km, la tendance s’inverse depuis la borne 27.
Je rattrape les coureurs assez facilement, les double, leur demande si tout va bien. Tous sont surpris de mon dépassement à la marche. Je ne m’attarde pas, car je sais que j’ai une traversée à la marche à faire et toutes les minutes sont comptées.
Dès l’instant que tout est ok pour eux, je trace ma route sans jamais me retourner.
Étrange sensation, tout ce blanc partout, ça fait tellement irréel. Le balisage est présent tous les 100 mètres, mais on ne le voit pas, les murs, le ciel, le sol, blanc, blanc, blanc et encore blanc… Les coureurs devant moi disparaissent et réapparaissent comme si mon imagination me jouait des tours. Aucun doute, je suis au paradis blanc.
Avant d’arriver au 2ème ravito, un médical contrôle chaque coureur pour vérifier s’il n’a pas d’engelures.
Wow, j’avoue que c’est très rassurant de passer ce contrôle, je me sens en complète sécurité. Je suis impressionnée par le déploiement des équipes, nombreuses et attentives.
3ème Ravito
Il fait froid, mais je suis bien, mon corps va bien. La nuit arrive peu à peu et on sent une pression chez les motoneigistes.
Beaucoup de va-et-vient parfois à vive allure comme pour palier à une urgence, parfois avec de forts ralentissements à hauteur des coureurs pour s’assurer que tout se passe bien pour chacun de nous.
Ils font un travail extraordinaire. Moi, je suis dans ma bulle et j’avance vers mon 3ème ravito, sans perdre mon allure. Je suis super bien, heureuse et reconnaissante de vivre cette course Cryo. Je veux donner l’exemple de la persévérance à ces jeunes. Même si ce n’est pas facile, il faut creuser, chercher au fond de soi pour continuer à aller toujours droit devant.
Cela fait 2 ou 3 km que je suis repartie de mon 2ème ravito quand une main sur mon épaule se pose. J’hurle, un cri de la mort. Je suis seule au milieu de nulle part. Juste le bruit du vent, je ne vois rien et cette main est venue comme sortie des ténèbres. Mon cardio a dû frôler le 300 le temps d’une fraction de seconde, tellement j’ai eu peur.
Éric, un formeur de course qui s’assurait que tout allait bien pour les coureurs. Cette personne a été mon ange gardien pendant toute la traversée.
L’hécatombe
Le 3ème ravito, pffff… Il faut absolument que je prenne du chaud et que je mange sinon je mets ma réussite en péril. C’est ici aussi que se trouve mon sac pour me changer.
Au premier ravito, le chaud prévu n’était pas là. Les bénévoles étaient bien embêtés devant un disfonctionnement du matériel en raison de la météo. Ces 2 bénévoles m’ont réchauffé le cœur en m’offrant des bleuets enrobés de chocolat noir. Humm, ça a bien remplacé le chocolat chaud accompagné d’un soda.
Au 2ème ravito, il y avait trop de monde dans la cabane avec des coureurs en hypo. Un bénévole m’a offert son thé privé pour me réchauffer, car il était impossible pour quiconque de rentrer au chaud. Je l’ai remercié en le rassurant que tout allait bien pour moi, je m’arrêterai au suivant.
Au 3ème c’était pire, du monde, oh là là, beaucoup d’effervescence, des coureurs frigorifier. Une bénévole me demande aussitôt ce que je veux. Du chaud, je ne sais lui dire que ça, je veux du chaud. Elle s’empresse pour me trouver un bouillon mais il y a tellement de monde… Elle se hisse plus proche de la cabane et une chaine de mains se dresse entre les bénévoles pour que je puisse recevoir un peu de chaud. Oh ! J’apprécie ce bouillon… J’en prends un second avec du gâteau aux bananes. De nouveau la chaine se remet en action. Ils sont formidables.
Du chaud et du sec
J’ai beau boire du chaud, je dois me changer. Je suis toujours dehors, le vent est plus violent que jamais sur mes vêtements mouillés.
Besoin prioritaire à faire d’urgence, récupérer mon sac dans la tente des hommes… Pfff, dur, dur… Un monde… Difficile de circuler pour repérer mon sac. Une fois en main, go la tente des femmes pour se changer.
Il est plus facile de rentre dans cette dernière. Une dizaine de femmes sont présentes pour se réchauffer ou se changer. Je ne peux pas accéder au chauffage mais je suis coupée du vent. Je me change à la hâte pour repartir le plus vite possible.
J’ai tellement pris froid aux mains que je ne peux plus attacher mon sac à dos pour repartir. Mon amie Diane Dumas qui se trouvait avec moi, m’a aidé à attacher mon sac sur moi et essayé de sécher mes lunettes de ski, mais en vain, ça n’a pas marché…
Pas facile, pas facile… Je comprends la gravité de ce qui se passe quand on m’interdit de repartir seule. Tous les coureurs doivent être minimum 2 pour continuer la traversée.
Je dois attendre et me trouver un comparse de course. Trente minutes d’arrêt m’auront été nécessaire avant de pouvoir repartir. J’aurais dû poursuivre ma route et me débrouiller avec mon stock jusqu’au ravito suivant.
4ème Ravito
Je suis déçue, mais je comprends la situation. J’accepte d’attendre une autre personne. Comme je marche vite je sais que je vais devoir ralentir ma cadence. Cela me frustre, car je mets en péril ma réussite. Je me raisonne, il est plus prudent qu’on veille l’une sur l’autre pour se rendre jusqu’au 5ème ravito.
Impossible de remettre mes lunettes de skis sur les 3 premiers km. La météo est horrible, j’ai les yeux qui gèlent, je n’y vois rien, le vent, le blizzard nous fait dévier de notre route. Nous sommes perdus.
Par chance, l’évacuation de tous les abandons en motoneige nous donne des repères et nous ramène sur le bon chemin. À 3 reprises nous avons dû nous réaligner. Heureusement qu’on était 2, je me félicite une fois de plus d’être une personne obéissante.
Je prends soin de parler avec ma partenaire. On marche ensemble, elle n’a plus de lumière. Je n’étais pas contente d’être jumelée, mais c’était plus sécuritaire. Je me réjouis d’avoir fait ces km à ces côtés. Difficile de discuter, le vent nous empêchait de nous comprendre.
5ème Ravito
Wow, je sens la victoire arriver. Je suis encore super bien, mon mental n’a pas de faille. Cette fois il y a de la place dans la cabane.
Ma comparse de course et moi sommes invitées à rentrer se réchauffer pour boire du chaud et manger. Ah quel bonheur… Du chaud, ne pas se réjouir trop vite, on ne va pas se mentir, on est loin de pouvoir se brûler.
Quand, on vit des expériences aussi fortes, il vaut mieux avoir de l’imagination pour les sensations ou faire appel à sa mémoire pour avoir le bon effet, n’est-ce pas Éric ?
Je dois me trouver un nouveau coéquipier, la précédente abandonne. Les consignes n’ont pas changé, toujours 2 coureurs minimum.
Zut, c’est chiant, mais pas le choix, la sécurité avant tout, je suis la première à recommander ça.
Comme il n’y a pas d’autres coureurs, Éric me dit qu’il repart avec moi. Oh que c’est cool, je suis tellement reconnaissante. Je le remercie de croire en moi et de me donner cette chance de réussir.
Party, victoire
Wow, c’est le dernier ravito, pour moi s’est gagné ! Les bénévoles nous invitent dans la méga grande tente juste pour nous.
Wow, nous sommes reçus comme des rois. Service à la perfection, chichis, boissons chaudes, fraîches, tout y est. On savoure cet instant, 3 ou 4 coureurs, les formeurs et les bénévoles de la place.
Y a d’la joie, je suis et je vis du vrai plaisir de course, ce pourquoi je fais ça. Le dépassement de soi partager par tout ce monde dans cette tente.
Il faisait bon dans la tente comme dans nos cœurs, même si la course n’était pas finie. Il nous restait 5 km on avait tous le même ressenti, celui de la victoire, la fierté.
Quand la directrice de course est entrée en se demandant ce qui se passait ici, je n’ai pu m’empêcher de lui dire que c’était le party. C’est ce que je ressentais, une ambiance de party autour d’un petit feu. C’était génial.
Arrivée Prête à repartir, mais toujours pas toute seule, un coureur de Montréal cette fois a emboîté mon pas pour finir en beauté.
Voir défiler les km à l’envers élargit le sourire à chaque fois que tu vois le nouveau chiffre. Malheureusement au km 4, j’ai bien cru que mon sourire allait avoir fini d’exister, quand la directrice de course est venue me dire que je devais courir pour finir…
Je lui ai expliqué, non je ne peux pas, je suis post Covid, je ne peux plus courir sinon j’étouffe, etc…
Elle m’a demandé, si j’avais marché depuis le début, en écoutant ma réponse. Elle m’a dit que je pouvais donc poursuivre.
Je culpabilisais, car je craignais de faire finir les bénévoles trop tard à cause de moi. Je suis retournée la voir à l’arrêt suivant ou elle se trouvait.
Je lui ai dit de me couper si cela gênait sa bonne organisation. Elle m’a dit que non, tout était correct.
Ensuite, se sont les bénévoles en motoneiges qui me faisait de la peine, car ils devaient avoir le goût de rentrer. Je suis allée m’excuser auprès d’eux.
Ils ont eu les bons mots pour me déculpabiliser tout comme Éric, ce qui m’a permis de finir ma course toujours dans le confort comme à mon départ.
Course Cryo recommandée Je recommande aux personnes qui ont le potentiel de faire cette course Cryo de s’essayer. Elle a tellement à nous apprendre sur nous-mêmes. Le don de soi et le dépassement de soi, la persévérance et la résilience, la solidarité et la compassion. Vivez cette expérience au moins une fois dans votre vie, vous vous sentirez grandir.
Les organisateurs et les bénévoles ont fait un travail de titan. Une belle équipe pour que les coureurs soient bien et en sécurité. On a pu noter ça tout le long du parcours.
Tous sont au petit soin et ne l’ont pas facile dans ce froid intense. Ils doivent donc pallier tous les imprévus que la nature leur impose et font de leur mieux pour nous rendre la course plus facile.
Merci d’offrir cet évènement hors du commun, riche en enseignement, qui vaut la peine d’être vécu.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis contente de faire mon retour à la course sur route, après pandémie, au Marathon Percé 2021. Oui c’est ce marathon qui prend la 7ème position sur les 100 avant 2030, à la place de celui de Paris qui aurait dû avoir lieu en 2020.
Un excellent choix, car Percé a été mon coup de cœur en 2020 avec la découverte de la course de trail à la Gaspésia 100. La fin de semaine que nous avons passée avec les 30 coureurs sélectionnés m’a transformé à tout jamais.
Tant et si bien que j’ai de plus en plus de difficulté à courir sur route. Maintenant, en course sur route, je m’ennuie. Je trouve les trajets fades versus ceux des montagnes qui nous enchantent avec leurs terrains variés sans oublier les surprises des habitants de la forêt.
Percé, le bout du monde
C’est loin Percé quand on habite à Montréal ou Québec. Il faut prévoir une journée de route aller et une autre pour le retour. Alors, la période idéale quand on a plus de congés est une longue fin de semaine, à moins d’être en retraite ou d’être dans la région de Percé.
Je n’habiterais pas en Gaspésie à longueur d’année. Néanmoins, y passer de longs séjours ne me dérange pas du tout, bien au contraire. Je trouve cette région reposante, ressourçant, très agréable pour y passer du bon temps entre amis.
C’est donc dans cette optique que nous avons organisé notre clôture de saison de course, pendant l’Action de grâce.
Christian et moi étions inscrits depuis 2020. Je divrais dire, heureusement, sinon je n’aurais pas osé m’inscrire de nouveau, à un autre marathon sur route.
Le marathon Percé 2021 m’a permis de renouer avec le bitume qui me donne tant de misère depuis quelques mois.
Le parcours
Jean-François Tapp est l’organisateur de cette belle organisation. Je vous ai déjà parlé de lui à plusieurs reprises pendant la Gaspésia 100 en 2020.
Ben, c’est le même, dans le costume de coureur sur route cette fois-ci.
Toujours aussi comique et brillant dans ses explications. Il anime et présente le déroulement de la course avec simplicité, j’adore son côté familial qu’il apporte en nous décrivant le parcours.
Le 42.2 km est un aller-retour. Tu reviens avec les coureurs du demi qui prennent leur départ à 21.1 km, deux heures plus tard. La mer nous accompagne tout le temps, tu ne là quittes pas des yeux très souvent, je dirais même rarement.
Cela nous permet d’encourager beaucoup de coureurs. Sinon c’est comme dans une trail, tu cours seul tout le long, si tes amis ne sont pas à ton pace.
Beaucoup d’amis
Partir entre amis pour faire un marathon est très différent au niveau émotionnel.
La préparation d’avant course dans la grande maison familiale apporte son lot d’anecdotes et de fou rire qui n’existent pas autrement. L’antistress des uns, la comparaison des autres faits que nous baignons dans une atmosphère féérique, légère avec un goût d’amour et d’humour.
Nathalie Landry, Nathalie Roy, Nancy Fiset et moi-même étions sur le marathon, puis Sylvia Storat, Isabelle Racette, Danny Baldassarre et Christian Vallée couraient le demi, Julie Doré faisait le 10 km, sans oublier notre supporter JP Noël.
Nous partions tous dans l’idée de finir notre distance respective dans la joie et la bonne humeur. Une petite organisation donne un marathon chaleureux. Nous avons un numéro de dossard, mais les gens vous connaissent et vous reconnaissent. Cela donne une belle chimie entre coureurs, organisateurs, bénévoles et supporters.
Les comparables
Nous sommes une trentaine de coureurs, beaucoup de filles selon JF par rapport aux autres années. C’est ma première participation avec si peu de coureurs, mais j’aime ça.
Ce parcours me fait penser à l’Isles Aux Coudres dans la section des marécages, ainsi qu’à mon marathon au Mont St-Michel en France. Ici, c’est le Rocher Percé qui nous semble proche, mais qui est encore si loin. Cela est comparable au Mont St-Michel que tu vois pratiquement tout le long de ta course, mais qui est si long à atteindre, toujours en bordure de mer aussi.
Quant à la tête d’Indien, il faut avoir un peu d’imagination ou être Gaspésien pour la voir… Enfin pour moi, ce n’est pas flagrant, faut dire que je n’ai jamais vu d’indien en vrai non plus…
Sur les 7 marathons enregistrés que j’ai faits il devient mon préféré, suivi par Ottawa, Mont St-Michel, 2X Toronto puis 2X Montréal.
Encourager en courant
Le paysage est tellement fascinant, qu’il est très facile de se laisser distraire et de courir sans s’en rendre compte.
Les kilomètres passent malgré la difficulté, mais tout va bien. Tout est calme, on écoute juste ton souffle, quelques voitures de personnes qui nous encouragent. Les familles ou amis d’autres coureurs qui sont là à multiples reprises sur le parcours pour nous encourager.
Puis les coureurs de tête sont déjà sur leur retour, wow, c’est excellent. Je compte rapidement, j’ai déjà 6 km d’écart avec le premier coureur. Oh, oh, ce n’est pas très flatteur pour moi, mais c’est la réalité. J’y vais à mon rythme avec ce que je peux donner de meilleur aujourd’hui.
Je croise mon amie Nancy avec qui j’ai couru les 4 premiers km avant de faire ma première mini pause pour ma tête. Nous avons 2 km d’écart maintenant. Je l’informe qu’elle est 4ème chez les femmes.
Enfin les coureurs du demi arrivent. Je ne reconnais pas Danny qui me salue, il est trop dans le peloton puis Sylvia et Christian. Je lui explique que c’est difficile, car j’ai souvent mal à la tête, je marche fréquemment pour ralentir le tempo du marteau qui frappe sur les tempes. Nous avons 1 km d’écart.
Puis c’est au tour des 2 Nathalie(s), nous avons 500 mètres d’intervalle environ.
Le retour
Quand je fais demi-tour, je pensais que j’étais dans les dernières peut-être 2 ou 3 ensuite, mais pas plus.
Je demande au ravito mais ces derniers me confirment que non pas du tout il y a encore des coureurs. Bon je peux dire au revoir à la lanterne du perdant.
Je me surprends à rattraper et dépasser d’autres coureurs, je m’assure que tout va bien pour eu et je valide qu’il n’ait pas besoin d’assistance. Entre les crampes pour un, la fatigue pour un autre, un mauvais entraînement, une mauvaise nuit, plus le goût de courir tout ça fait que je gagne 6 places alors que moi-même j’ai mon gros mal de tête.
Je pense que je peux me permettre de poursuivre, car je sais comment calmer mes maux de tête quand il frappe, car je sais à quoi c’est dû.
Je conserve cet avantage jusqu’à la fin, tant et bien qu’en arrivant, j’ai le goût de courir encore, je reste sur ma faim, car je n’ai pas pu courir à mon allure afin de ménager ma tête.
Podium 3ème position
Dans chaque course que j’ai faite et que l’on croisait des coureurs, j’ai toujours donné les positions des 4 premiers gars et filles.
Cela dans le but de booster le 2ème à la 1er, le 3ème à la 2ème etc… Je n’ai jamais eu la chance jusqu’ici de savoir réellement si cela faisait la différence dans la tête des coureurs.
En tous les cas pour moi ça me pousserait à aller chercher la place en avant, et là c’est exactement ce qui s’est passé avec mon amie Nancy Fiset.
Et oui, cela a eu l’effet d’une petite poussée de l’ego pour aller chercher la 3ème position.
Quand je suis arrivée et qu’elle m’a dit qu’elle a réussi à dépasser la fille devant elle, wow que j’étais contente. Pour une fois j’ai eu la confirmation que de donner la position à certaines étapes pouvait pousser les coureurs à en donner plus.
Je sais que ce n’est pas facile et notre chère Nancy l’a fait et a réussi à garder sa position.
Quelle fierté pour toutes les CDF de clôturer la saison avec ce podium pour notre belle Nancy Fiset.
Merci aux organisateurs, bénévoles, supporteurs, coureurs et amis extraordinaires. On refait ça la saison prochaine.
Chaque matin, lorsque la première heure de travail est enfouie, je divague hâtivement dans mes onglets habituels. J’ouvre les pages de la Presse, du Devoir, et choisis mes cinq articles du jour, à lire absolument. Puis, je consulte le bulletin météorologique truffé de titres dystopiques (« Un grand oublié balaiera le Québec en novembre, voyez lequel », « Record foudroyant battu à Montréal, du jamais vu »). Enfin, j’écrase le spleen et l’écoanxiété par ma dérobade habituelle – le sport – en consultant les entraînements d’amis et athlètes professionnels sur Strava. Média social des sports d’endurance, ce géant moissonneur recueille les données phares (distance, vitesse, géolocalisation) des sorties humaines en tous genres, laboratoire-vitrine de prouesses – petites comme grandes – tous azimuts. Vitrine, car on peut par la suite enjoliver les chiffres à coup de photos, de commentaires, d’épanchements. Et moi, stérile observateur, je brandis de petits pouces niais orange en retour. Je fais ça tous les jours, du lundi au vendredi.
Les jeunes garçons aiment semer aux quatre vents un aveu touchant que leur vieillissement éteint pudiquement à petit feu : « mon papa est mon héros ». On n’imagine pas à dix ans homme plus considérable que ce fiscaliste rompu au ski de fond et amoureux d’Elton John qu’on a pour père. Plus tard, les illusions tombent et notre héros même fait parfois s’évanouir sa légende et notre mirage. Ainsi, mon père un jour me parla d’un type qu’il avait connu sur les versants du ski alpin universitaire québécois. C’était assurément un Anglo, papa l’appelait Chip. Son vrai nom, je l’ignore. Mais j’appris qu’il devint l’un des meilleurs descendeurs canadiens et, si ce n’était d’interminables études, aurait été capable d’éroder l’inexpugnable iceberg autrichien. Chip était, d’après la légende que lui érigeait mon père, surdoué, gentil, beau, drôle, intelligent; en un mot, invincible. Ou tout juste. Une maladie foudroyante lui déroba ses plus belles années, période de constitution héroïque et d’élévation en mythe. Et pourtant, ce disparu dont je ne connais à peu près rien, que je n’ai jamais rencontré, plus de trois décennies après sa mort, renait aujourd’hui au bout de mes doigts sous vos yeux lecteurs. « Le tombeau des héros est le cœur des vivants », disait Malraux.
Victor Hugo écrivit abondamment sur ceux qu’il nommait les hommes océans. Horace, Dante, Virgile, Shakespeare et compagnie. Je me contenterai ici de moins, néanmoins de beaucoup, épluchant à mon échelle l’autre Chip, mon ami Simon, sorte de draveur glissant sur le fleuve Strava aux rives duquel je m’attache humblement tous les matins, le pouce en l’air, l’ego ébaubi, le cœur en berne.
Les Anglais ont une belle expression – « his heart sank » – qui n’a pas son égal français au chapitre de la concision et de la puissance métaphorique. J. K. Rowling en fait maint et bel usage dans Harry Potter. Et c’est bien la petite enclume de monsieur Dursley que je porte parfois lorsque me sautent au visage les statistiques ahurissantes de Simon en course à pied. Nulle jalousie, nul mécontentement, rassurez-vous; simplement, par le truchement de la comparaison, mon ami me tend à son insu un bien cruel miroir.
Simon Lambert-Lemay est, disons-le sans ânonner, une anomalie. La première fois que la Providence claironna son nom, je regardais le Tour de France. L’animateur de RDS, pour parer l’ennui de deux cents kilomètres sur les plates routes de Champagne, s’entretenait avec un cycliste québécois qui venait tout juste de décrocher le maillot jaune des Mardis Lachine et qui amorçait le deuxième nœud de sa grande boucle : la patiente étude de l’ostéopathie au Collège d’études ostéopathiques de Montréal. Dès septembre, comme moi! Moi, maître fondeur et bon coureur, saurais naturellement fraterniser avec l’homme fort du vélo. Ce serait la rafle; tous les honneurs du Collège et de la profession dans nos seuls filets, à coup sûr!
Mais une gêne bien vite me rangea en retrait lorsque commencèrent les cours. J’observais ce gars aux pattes d’ours, dont l’élan en toutes choses semblait irrépressible; il comprenait tout d’emblée, écoutait le professeur d’une oreille, dormait parfois lors des démonstrations, puis palpait avec l’assurance d’un PDG. Tandis que les miennes (mes deux oreilles), attentives et toutes bourdonnantes du savoir neuf, privaient de cette symphonie mon unique instrument de travail (mes deux mains). Des honneurs d’ostéopathe, l’apanage reviendrait décidément au plus sourd d’entre nous. Ce qui advint, Simon arrachant sarrau comme maillot, foisonnant sous toutes les coutures.
Simon commençait alors à courir, et partait de loin. Un cycliste, spécialiste des arrivées en sprint et imposante locomotive de surcroît, recyclé en coureur, vraiment? Pourtant, il n’avait aucune peine à suivre lorsque nous arpentions le Mont-Royal entre le cours de Muscle Energy et celui des Viscères; au contraire, il jasait comme s’il prenait son bain, le souffle en sourdine. Lors même que je me considérais comme lui rejeton de la souffrance, je découvrais là une mécanique tout à fait extraordinaire.
La suite vous appartient; amusez-vous à en décortiquer les stupéfiantes manifestations, les chronos de Simon sur cinq kilomètres, au marathon*. Voyez à cette hauteur de quel volume hebdomadaire doivent s’acquitter les jambes**.
La suite, ma petite enclume à l’ampleur de ses secousses me la racontera tôt ou tard.
Joyeuses fêtes, amis coureurs, amis lecteurs.
* 2 h 27 à son premier.
** À peu près 170 kilomètres. Rappel : une semaine compte sept jours.
Du 1 au 11 octobre 2021 avaient lieu la 35e édition de la légendaire course le Marathon des Sables au Maroc. Normalement organisé au printemps de chaque année, cette course de 250 km en 6 jours fut déplacée à l’automne à cause de la pandémie mondial. Cette épreuve sera reconduite au printemps 2022 du 25 mars au 4 avril.
La course se déroule dans le sud du Maroc en autosuffisance alimentaire (chaque concurrent porte sur son dos sa nourriture pour une semaine : seule l’eau portée étant fournie) sous des températures qui avoisinent les 50 degrés. Est-ce utopique pour moi de penser un jour faire ce genre de course? C’est la question que je me pose depuis les années que je coure le marathon.
Quel genre d’entraînement serait le plus adéquat pour ce genre d’épreuve? Est-ce qu’il faudrait arriver 2 semaines avant la course pour s’habituer à cette chaleur intense? Pleins d’informations à aller chercher sur l’alimentation. J’imagine de voir la tête de mes proches le jour que je vais leur dire que je vais courir 250 kilomètres dans le désert du Maroc. Je suis convaincu qu’ils vont s’informer s’il existe encore une place de disponible en psychiatrie.
Un proverbe français dit : Une volonté bien déterminée rend presque tout possible. Je me souviens encore de l’accomplissement à 22 ans de mon premier marathon. Quel bonheur et de soulagement d’avoir compléter cette épreuve ultime en me disant bien voilà, tu viens de rentrer dans un club select. Et aujourd’hui, je me dis pourquoi pas apprendre où sont mes limites.