Une coureuse devenue maman

Une coureuse devenue maman

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Aujourd’hui, je voudrais vous emmener avec moi dans ma nouvelle réalité de maman. Oui, j’ai donné naissance à notre premier enfant le 7 septembre 2020. Comme coureuse, je ne savais pas ce que cela impliquerait d’être enceinte, d’accoucher, encore moins de devenir maman. Dans ma tête, je continuerais de m’entrainer étant enceinte comme ces femmes qu’on voit à la télévision qui s’entraînent juste avant d’aller à la maternité pour accoucher. Je pensais aussi que le lendemain de mon accouchement (ou presque) je mettrais à nouveau mes baskets pour attaquer mon prochain objectif. Après un 125 km ultra trail réussi, je voulais commencer un entrainement pour courir la distance mythique d’ultra trail, le fameux 160 km (100 miles). Vous imaginez, si vous êtes maman ou si vous êtes moins fou que moi, que cela ne se passe pas comme ça tout de suite après une grossesse. Dans cet article, je vous partage quelques textes écrits à différents moments sur ce parcours de maternité, de la conception à la maman que je suis aujourd’hui. Je tiens à souligner que les écrits sont conjugués au temps correspondant à la période à laquelle ils ont été écrits. Je veux garder le sens et l’émotion de ces écrits et que chaque personne qui lira ces lignes vive ce moment comme étant présent.

Giselle Mpaka

Avril 2020: les mauvaises surprises

J’ai vécu un automne 2019 plutôt difficile avec deux fausses couches et un arrêt prolongé de la course et tous autres entraînements. Bonne nouvelle, depuis deux ou trois mois, j’ai recommencé doucement à me remettre en forme. Pour la course ce n’est pas encore concluant, je suis vraiment très loin de ma forme d’avant. Mais pour la forme en général, mes exercices de musculation, d’étirement et ma pratique de vélo depuis le mois passé, tout va bien de ce côté-là et franchement, ça fait un bien fou psychologiquement!

Par moment, je me dis que La Gazelle n’existe plus. Comment je vais pouvoir courir un 160km si je n’arrive plus à faire un 10 km? Dans mon désespoir, je me surprends à douter de moi, alors que je suis plutôt confiante comme personne. Dans mes bons jours, je conclus que j’apprends différemment à être la Gazelle. J’apprends à avoir des objectifs modestes. J’apprivoise la femme que je deviens. J’accepte d’évoluer avec moi et pour moi, même si l’inconnu fait peur. Je suis convaincue que les forces sont transférables. Je ne me suis pas sentie comme une gazelle sur un parcours d’Ultra trail depuis un bout (printemps 2018), mais je suis en train de faire un autre genre de course, celle d’apprivoiser le monde de la maternité avec espoir. Réussir à protéger cet espoir contre des peurs et des échecs est aussi important que mes autres victoires dans la course à pied. Je vous encourage à ne pas regarder seulement votre situation actuelle, mais regardez droit devant et misez sur ce que vous pouvez faire et ne vous attardez plus sur ce que vous ne pouvez pas/plus faire.

Mai 2020: adaptation
Giselle Mpaka
J’ai enfin eu une grossesse viable. Le bonheur! Maintenant que je suis enceinte de 6 mois, voici en cinq points ce que je trouve différent dans la pratique de mon sport.

1. On court une course différente
Les maux de grossesse nous rappellent vite à l’ordre! On ne pense plus à nos entraînements et à nos objectifs, mais comment faire pour diminuer les nausées ou encore pour minimiser la fatigue. Lorsque c’est un premier bébé, en plus d’être envahi d’hormones, on est pas mal devant l’inconnu, alors parfois on panique et on navigue entre des questions sur ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Ce saut dans un monde inconnu à lui seul nous prend de l’énergie, alors inutile de vous dire que l’entraînement prend le bord sans même s’en rendre compte, d’autant plus que je ne sais pas pour vous, mais après deux fausses couches, j’avais une peur bleue de perdre le bébé en m’entraînant d’une quelconque façon.

2. On prend du poids
Ah oui, on n’en parle pas comme symptômes désagréables de la grossesse, mais moi je l’ajoute à la liste! Quand tu as toujours pesé plus au moins le même poids depuis des années et que du jour au lendemain (peut-être pas aussi rapidement) tu prends 10, 20, 30 livres et plus, ça fait mal à l’image de soi (qui a dit qu’on s’en fout de ce qu’on a l’air??? On se raconte des mensonges!

Je ne me reconnais pas. Je me sens lourde, rien ne me va (en vérité, ce n’est pas vrai, c’est une impression), et me regarder dans un miroir devient attristant. Alors, on apprend une leçon: quand on pense avoir une bonne estime de soi parce que sans trop faire d’efforts, on a un corps passe-partout, on comprend les autres femmes qui se sont battues toute leurs vies avec ce corps qui n’en fait qu’à sa tête. On se rend compte qu’on n’a pas une meilleure estime qu’eux, c’est juste que la nôtre n’avait pas été ébranlée jusque-là. Quelle humilité que j’en retire! C’est facile de juger les autres tant qu’on n’est pas confronté aux mêmes épreuves. À mon tour d’apprendre à aimer ce corps nouveau. À mon tour de considérer d’autres critères de beauté que la minceur, à mon tour de résister au cycle vicieux d’efforts/déceptions. Ce poids temporaire … ou pas, me pousse à revoir mes bases de qui je suis comme femme et qu’est-ce qui me détermine.

3. On apprend à s’entraîner différemment
Alors quand la pratique de la course à pieds nous fait peur par rapport à la grossesse, que les séances intenses de musculation sont déconseillées, que le printemps tarde à venir pour faire du vélo, on se trouve face à un choix limité de ce qu’on peut faire dans la liste de ce qu’on avait l’habitude de faire. Certaines personnes, en apprenant la nouvelle de la grossesse, ont hâte de faire du yoga, d’autres de la natation, mais sans mentir, je ne vois pas ces activités comme de l’entraînement, mais comme de la détente. Passer de l’entraînement intense de plusieurs jours par semaine au yoga ou à la natation, ça ne rentre pas dans ma tête! Alors quoi faire? Je déprime et je maudis la vie? Mais non, on se retrousse les manches et on cherche encore. Il y a sûrement là quelque chose qui peut faire l’affaire. Pour moi, j’ai trouvé des entraînements de musculation & cardio sur YouTube pas mal pour les femmes enceintes. Quand j’avais l’énergie, je faisais un entraînement deux fois de suite pour avoir ce sentiment d’avoir tout donné! J’ai aussi appris à apprivoiser la peur de faire mal au bébé en essayant des exercices avant de les intégrer dans ma routine. Finalement, c’est seulement à 5 mois et demi, que j’ai eu assez de confiance pour enfiler à nouveau mes chaussures de course. Là encore, pas pour faire de longues distances malheureusement ou heureusement pour ce petit bébé qui grandit en moi, mais je fais présentement 5 km à la fois. Pour moi qui étais satisfaite au minimum avec un 10km, ce n’est pas grande chose, mais c’est mieux que rien. Je suis reconnaissante de pouvoir le faire!

4. On revoit nos critères de performance
Vous l’avez sûrement compris, on n’est plus dans les mêmes critères de performances. Je ne suis pas courbaturée après mes entraînements, je ne bats aucun record, je n’améliore pas ma condition physique et je ne la maintiens peut-être même pas! Le seul critère à ce stade, c’est de garder l’habitude de faire de l’exercice, qui peu importe le niveau d’effort, est bon pour la santé!

5. On fait une pause sur les projets de course à pied à court terme
Oui, il parait que la forme physique ça se récupère et même au-delà, mais ce n’est pas pour tout de suite et c’est après des efforts intentionnés que j’y arriverai. Ma naïveté du début a disparu comme neige au soleil. Je ne pense pas faire partie de ces femmes qui accouchent et qui reprennent leur sport en peu de temps. Donc, j’ai dû accepter l’idée que les compétitions sont arrêtées pour le moment, mais aussi que je ne sais pas quand est-ce que je pourrais m’y remettre en sachant très bien que des efforts seront à fournir au moment venu. Conclusion, aujourd’hui je suis plus une femme enceinte qu’une coureuse. Et comme ce n’est pas facile de mettre ma passion de côté, je choisis d’une façon intentionnelle la grossesse. Je fais jour après jour la place à ce choix de fonder une famille. J’apprends à aimer cette course pas comme les autres. Je me renseigne sur les habiletés qu’il faut pour s’y préparer. Je reconnais avec humilité que je n’y connais rien, alors je prends une bouchée à la fois comme à mes débuts de course à pied lorsque je faisais à peine 5 minutes de course. Si Dieu me fait la grâce de réussir comme maman, alors la médaille de maman ne pourra se comparer à aucune autre médaille!

Septembre 2020: Accouchement et Post accouchement

Je ne vous dis pas comment s’est passé l’accouchement, mais seulement vous dire que pour moi la réalité a dépassé la fiction. Assis dans cette salle d’attente de la maternité, je me sens rassurée d’être là. Ils vont enfin me dire si tout va bien à propos des bobos post accouchement. Mais, je suis aussi troublée, apeurée, vulnérable. Cette salle, je la connais bien. La première fois que j’y étais, on m’a dit que mon utérus portait un œuf clair, aussi connu sous l’appellation de grossesse non évolutive, c’est un œuf qui ne dépasse pas le stade d’embryon. La deuxième fois, c’était pour me confirmer la même chose parce que je voulais plus de réponses, je ne comprenais pas et surtout je ne voulais pas y croire. La troisième fois, c’était pour l’échographie du troisième mois d’une troisième grossesse. La peur au ventre, je n’ose pas trop me projeter pour cet éventuel bonheur. Mais lorsqu’on a écouté le cœur du bébé, ce dernier battait la vie. Et moi, je me suis accrochée à ce cœur et j’y ai cru pour ne plus douter.

La quatrième fois, je pensais que mon petit trésor allait arriver. L’impression d’avoir percé la poche des eaux m’a poussé à aller consulter. Un bon moment malgré la déception que le jour J n’était pas arrivé puisque mon mari a pu entendre le cœur du bébé, ce qui n’était pas arrivé depuis des mois à cause de son travail et de la pandémie. La cinquième fois, on ne le savait pas encore, mais on allait enfin te rencontrer. Après une visite de suivi à 40,1 semaines, nous acceptons le déclenchement proposé le soir même. Retour à la maison pour prendre ce qu’il faut pour l’accouchement et nous voilà de nouveau dans cette salle d’attente avec des émotions passant de la peur à l’excitation.

Et me voilà de nouveau dans cette salle ce soir à la recherche de réponses aux maux post accouchement. Le temps qu’un médecin m’ausculte, je pense à tous ces événements dans cette salle. Le parcours pour devenir maman est parfois difficile. C’est ici que tout a pris place, ici même que le miracle de notre vie a vu le jour, mais l’expérience parentale n’est qu’au début et elle me fait peur.

Octobre 2020: Nuits difficiles
3:48 AM

Voilà une heure qui est de plus en plus familière. Si je n’allaite pas à cette heure-là, je tire mon lait, sinon je change la couche, sinon je rendors le bébé pour une fois de plus. Comment on devient habitué à quelque chose d’inhabituel? En devenant parent!

En pleine nuit, alors que le monde est endormi, la maman que je suis maintenant pense, elle pense même beaucoup. De toute façon, à cette heure-là, il n’y a pas beaucoup de choix de ce qu’on peut faire. Il y a des mamans qui magasinent en ligne, d’autres mangent, d’autres pensent. J’ai essayé les trois! Mais cette nuit, je pense. Je pense donc à ma déchirure post accouchement en train de guérir, je pense à mon retour à l’entraînement qui est plus qu’incertain puisque je ne suis pas encore guérie, je pense à quand je retrouverais un corps athlétique même si en ce moment ça ne sert à rien, je pense à moi quoi! Et puis, je pense à lui, juste à côté dans son petit lit. Est-ce qu’il a bien mangé, est-ce qu’il va bien dormir, jusqu’à quelle heure il va dormir, à quelle heure son père l’a changé avant le dodo et voilà que rapidement, il n’est plus question de moi, mais de lui, ma nouvelle vie, mon nouvel objectif, mon nouvel entraînement. C’est lui qui régule tout. C’est lui le déstabilisateur et le stabilisateur de ma vie maintenant.
Est-ce que je suis encore une coureuse? Oui, je cours la plus importante des courses, celle d’être maman. Je ne me rends juste pas compte, pas encore!

Novembre 2020: le corps

Je suis à trois mois post accouchement. Je regarde mon corps et j’ai le goût d’essayer tous les régimes miracles qui existent sur terre pour me débarrasser de ce ventre. J’ai envie de courir, pas pour le plaisir comme avant, mais pour perdre quelques livres. Mais si je suis raisonnable aucune de ces solutions n’est bonne. Les régimes, j’en ai jamais fait et je m’interdis d’aller dans cette voie. La course, je viens d’avoir la permission par la physiothérapeute périnéale de commencer, pas d’accélérer, mais de commencer. Donc, je commence la course avec cette vérité en tête: la course est juste. Elle vous donne toujours ce que vous êtes capable de prendre. Les paresseux n’y ont pas leur place, mais les orgueilleux non plus. Souvent des gens courent pour perdre du poids. Ça aurait pu être mon cas, si le corps avait suivi. Nous souhaitons tel ou tel autre changement sur notre corps. Ce matin, je m’encourage et je vous encourage à aimer nos corps malgré toutes les parties que nous voulons changer. Il s’agit d’apprécier les changements aussi petits soient-ils. Il s’agit d’accepter le rythme que le corps prend pour cette transformation désirée. C’est aussi le fait de ne pas se comparer aux autres coureurs et coureuses. Aimer son corps, c’est résister à l’envie de se surentrainer.

Mai 2021: maman et coureuse
Giselle Mpaka
Rééducation périnéale, renforcement du périnée, en passant par un retour à la course progressive, la Gazelle est bien là! Je ne suis plus la même coureuse. J’écoute plus mon corps. Alors que ça soit avec mon bébé en poussette ou toute seule, je cours à nouveau ma vie dans les rues de Montréal et les trails avoisinant ma ville. J’ai revu mon objectif à la baisse (très), mais l’heure n’est pas à la déception, mais à la fierté. Au lieu de m’entrainer pour un ultra trail de 160km, je serai à la ligne de départ du QMT pour un 25 km début juillet cette année. Objectif modeste, mais toujours avec le plaisir de courir et le cœur reconnaissant de pouvoir le faire! Je termine en saluant tous les parents qui par différents jonglages arrivent à faire du sport. Vous avez toute mon admiration!

6 balados québécois testés et approuvés pour vos sorties de course à pied

6 balados québécois testés et approuvés pour vos sorties de course à pied

Vous en avez marre de toujours écouter la même liste de musique lors de vos longues courses à pied ? Je vous suggère d’essayer les balados ! Ceux-ci sont similaires à une émission de radio : un fichier audio que vous pouvez écouter quand bon vous semble et couvrant une variété de sujets. Ils sont aussi appelés les « podcasts ». Personnellement, je trouve que mes séances de course à pied semblent passer beaucoup plus rapidement avec un balado puisque mon cerveau est concentré sur celui-ci, ce qui me plaît particulièrement lors des longues sorties, qui peuvent vite devenir redondantes. Depuis un an ou deux, la popularité des balados a monté en flèche, il y en a de plus en plus et je suis vite devenue accro : j’en ai déjà testé plusieurs ! En voici qui, selon moi, valent la peine d’être découverts.

1. Sans Filtre podcast (variété)
Sans Filtre podcast (variété)
PH Cantin et Doum Plante reçoivent chaque semaine des invités provenant de toutes les sphères : sport, sciences, arts, musique, etc… afin de discuter avec eux de sujets variés. Plusieurs invités connus y sont passés, il y en a assurément pour tous les goûts. La longueur des épisodes est parfaite selon moi, on entre complètement dans la discussion et on ne voit plus le temps passer !

2. Over n Out (true crime)
Over n Out (true crime)
Victoria Charlton se spécialise dans les histoires de True Crime ayant eu lieu partout dans le monde. Son travail de recherche est superbe et la façon d’apporter les sujets est fascinante. Des récits de disparition, de crimes odieux, de théories du complot, de mystères… Il y a suffisamment de contenu pour satisfaire tous les passionnés comme moi.

3. Ma version des faits (true crime)
Ma version des faits (true crime)
Isabelle Richer, journaliste judiciaire, raconte avec rigueur et justesse divers procès qui ont fait la une au Québec. Sa manière de raconter est exceptionnelle, il est difficile de s’arrêter après un seul épisode !

4. Bain Libre (vie de famille)
4.	Bain Libre (vie de famille)
Une émission légère et amusante animée par nuls autres que Jessica Barker, Vincent Bolduc et Guillaume Lemay-Thivierge. Les sujets traités, en lien avec la vie familiale, sont toujours apportés avec humour et réalisme. On sent bien la complicité entre les animateurs. Des invités spéciaux y participent également afin d’apporter de la variété et de l’expertise. Du bonbon pour les oreilles !

5. On s’appelle et on déjeune (nutrition)
On s’appelle et on déjeune (nutrition)
Voici un balado que j’attends toujours avec impatience chaque semaine. Bernard Lavallée et Catherine Lefebvre, deux nutritionnistes, font un travail remarquable afin de traiter des enjeux en lien avec l’alimentation. On sent la rigueur derrière chaque épisode, que ce soit par leur façon de s’exprimer, la manière dont les opinions sont apportées et la participation des invités lors de chaque épisode, spécialistes dans leur domaine.

6. Grand écart (entraînement)
Grand écart (entraînement)
Impossible de terminer cet article sans mentionner cette émission présentée par Radio-Canada et animée par Jean-Philippe Wauthier. Celui-ci discute avec ses invités d’entraînement, de nouvelles tendances sportives, de psychologie de nutrition, entre autres. Un podcast fascinant à découvrir pour les fans d’entraînement et de course à pied !

La sagesse en sport

La sagesse en sport

La sagesse en sport, hum…. Ça veut dire quoi ça exactement ?

Faire du sport même si on avance en âge ?

Être plus sage dans notre façon de pratiquer le sport ?

Ça peut vouloir dire plusieurs choses et de différentes façons tout dépendamment qui on est. J’aimerais vous expliquer pour moi ce que ça représente.

Dans un premier temps, je crois que c’est important de bien vieillir dans nos sports. Pour moi ça ne veut pas juste dire se modérer ou faire plus attention, pas du tout. Et même au contraire. Ça veut dire MIEUX le pratiquer. Savoir jusqu’où on peut aller sans provoquer des ‘’dégâts’’ pas parce que ça pourrait être plus long à guérir juste parce qu’on connaît nos limites, parce qu’on sait les reconnaitre.

Je ne fais pas que de la course à pied, je pratique plusieurs autres sports et j’applique ma ‘’sagesse’’ dans chacun d’eux. C’est une très bonne façon, je crois, de pouvoir continuer à les pratiquer en ayant du plaisir et en toute sécurité.

Un sport nouveau est souvent très stimulant à pratiquer, mais si on ne connaît pas nos limites on peut risquer de ne pas le pratiquer longtemps.
Dans l’exemple qui nous intéresse ici on va prendre la course à pied.

Lorsque j’ai débuté la course à pied, je le faisais de façon occasionnelle, pour bouger. De un, je me trouvais trop lourde (même après ma perte de poids) je manquais de souffle, mais pourtant j’étais très endurante en vélo. Alors je ne courrais qu’une fois semaine, sans grande conviction. Et j’ai finis par m’y mettre plus régulièrement.

Alors est venue la question des souliers…. Je me disais alors, pas question que je fasse comme les crinqués qui dépensent une fortune dans leur godasse de course, non non non , pour moi ça va rester un sport simple et peu couteux 😉 . Faut dire qu’au début je faisais plus de la course sur tapis roulant, alors le besoin se fait moins sentir d’être plus sérieusement chaussée. Mais petit à petit je me suis mise à courir à l’extérieur. Bon, on se rend vite compte que des souliers de courses de grandes surfaces ça s’use vite, que c’est moins confo aussi.

Mais avant d’investir dans des souliers de course à $$ on poursuit avec l’idée que nous, on est ailleurs. Que ça va bien aller avec nos godasses bas de gamme, c’est rien qu’une mode, que les personnes qui achètent leur souliers dans des magasins de sports le font pour pêter de la broue. Erreur…. La sagesse, c’est de reconnaître que pour le bien de notre corps, on n’aura pas le choix de demander l’avis d’un professionnel en magasin, quelqu’un qui s’y connait.

Alors on s’y rend et on paye la facture. Mon premier achat par contre n’a pas été bon…. Je ne savais pas ce dont j’avais besoin, alors comment l’expliquer au vendeur ? Comment mon pied atterri au sol et autres questions du genre. Mes souliers étaient vraiment confo, mais pas adaptés pour moi, trop d’absorption, lourds, pas de retour d’énergie … mais bon, on apprend à force d’expérience 😉. Alors après m’être fait mal au niveau d’une hanche, j’étais un peu rétissante à me refaire conseiller. Mais après quelques paires de souliers usées en quelques kilomètres, on remet l’expérience en boutique.

Cette fois-ci j’apporte un sac complet de mes vieilles chaussures. Et je suis repartie avec la marque de soulier que je porte encore aujourd’hui, la sagesse fait que : SI elles sont parfaites pour moi, bien je reste avec… Je peux varier les couleurs au gré de ce que la compagnie offre mais je reste avec le même modèle; Il est parfait pour moi.

Même chose pour la pratique de la course en général. Avant, beaucoup de comparaison, de lecture sur internet et autre article d’un peu partout. Je me laissais influencer par toute sorte de notion qui n’était pas mienne. Avec l’expérience, on vient à se fier à son propre jugement. Encore faut-il avoir des preuves que notre jugement est bon.

Chose certaine, même si on développe de la sagesse en sport, on continue sans cesse d’apprendre sur nous et le sport en tant que tel. C’est je crois ce qui fait que c’est aussi agréable et stimulant kilomètre après kilomètre. J’apprends présentement beaucoup sur mon corps, sa capacité à récupérer lors de mes sorties en trail, même si pour l’instant le nombre de kilomètres n’est pas impressionnant. Mon corps apprend en même temps que moi (et ma tête). C’est que je lui en demande beaucoup. Je dois aussi être sage et ne pas lui demander de faire de la trail à chaque sortie, de faire du déniveler, oh une sortie à vélo, et on remet ça.

Savoir reconnaitre les petits signes que notre corps nous envoie avant qu’il fasse un ‘’coming out’’ qui nous empêchera de bouger pour un temps. En lui faisant attention il nous le remettra au centuple. Je demeure à l’affût de ses petits signes, et je cherche toujours à comprendre ce qui arrive, peut être aussi pour ça que je ne me blesse pas.

Beaucoup n’en ont que pour la mesure des pas de course, la vitesse moyenne, temps général pour faire une telle distance, leur rythme cardiaque durant l’effort etc.. Si vous lisez sur Facebook des pages de course ou les gens partagent, tous se questionnent sur ces chiffres, se concentrent là-dessus et se comparent. Au lieu de se poser les vraies questions. Suis-je confortable lors de ma course. Suis-je bien après l’avoir terminée, ou si je suis bon pour les rebuts. Ai-je le goût de recommencer? Pourrai-je courir longtemps (en termes d’années) ou si je vais user mon corps à la vitesse grand V.

Je lis souvent que les gens se questionnent sur une douleur apparue. Tout le monde de bonne foi donne un conseil. La personne un peu mêlée en prend de gauche et de droite, finalement rencontre le médecin, et dois arrêter la course pour un temps car elle s’est blessée.
Nous devons connaitre notre corps et l’écouter. Pas juste la tête, les deux doivent apprendre à se parler… même si parfois établir un contact entre les deux est difficile. 😉

Mes premiers entrainements de marathons étaient basés beaucoup sur la rapidité … j’avais quasiment des palpitations avant de partir courir dû à un stress de performance que je m’imposais à moi-même. Lors de l’évènement, je faisais toujours la même erreur, partir très vite… mais ralentir de beaucoup sur la 2e portion.

Avec mon expérience je tente plus à rouler moins vite, mais faire tout le parcours en courant sans être obliger de ‘’poser’’, donc une course plus confortable et durable. Bon avec les derniers marathons qui étaient virtuels, moins d’effet d’entrainement sur le départ…. On verra si ma ‘’sagesse’’ tiendra à ma prochaine course 😉.
Je vous laisse là-dessus, une réflexion à faire avec soi-même 😊

Citation : *
On ne reçoit pas la sagesse, il faut la trouver soi-même, après un trajet que personne ne peut ni faire pour nous, ni nous épargner.
*Marcel proust

Courses Folles | Épisode 4 – Le grand départ!

Courses Folles | Épisode 4 – Le grand départ!

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– Poulet ou pâtes?

La voix de l’agent de bord, s’adressant aux passagers devant moi, me tire de mon sommeil. Peut-il y avoir meilleur réveil dans la vie que de se faire offrir un repas? Je ne croirais pas. Je hume l’odeur plus ou moins claire du mélange de nourriture réchauffée, du parfum au Pacioli de ma voisine d’allée et de mes chaussettes de moins en moins propres plus le voyage avance et je sens mon ventre gargouiller. Il est quand même 2 heures du matin, quelle belle heure pour souper. Je mets sur pause le film dont j’ai dû voir la moitié du générique d’ouverture avant de sombrer dans le coma grâce au cocktail parfait du voyageur : Sleep eze et vin rouge. Je déplie ma tablette, redresse mon siège et prépare déjà ma réponse à la question tant attendue lorsque les lumières des ceintures de sécurité se rallument et je vois mon plateau-repas s’éloigner rapidement en compagnie de l’agent de bord. Nonnnnnn.

– Ici votre commandant, nous traversons une zone de turbulences, veuillez regagner votre siège et attacher vos ceintures. Le service de repas reprendra dans quelques instants.

***

– Tu boudes encore? me demande Nico.

– Je ne boude pas, je suis juste extrêmement déçue, nuance.

Nico me prend par les épaules.

– Inquiète-toi pas, tu vas en manger des pâtes trop cuites d’ici la fin du voyage. dit Nico en rigolant.

Les portes automatiques s’ouvrent et une bouffée de chaleur nous écrase. Ouf l’air climatisé de l’aéroport me manque déjà.

– Bienvenue en Australie pour notre première course folle! s’écrit Marie attirant le regard intrigué des passants.

Joël improvise une petite danse de joie pas piquée des vers. Malgré nos yeux cernés et ma cheville de la taille d’une clémentine, nous sommes bien excités.

***

– Allez c’est l’heure. Marie me secoue brusquement dans mon lit.

Le décalage horaire, quelle invention inhumaine. Je ne sais pas comment on a pu se convaincre que de courir le lendemain de notre arrivée à Melbourne pour sauver 100$ sur nos billets d’avion serait une bonne idée. J’ai l’impression de m’être fait renverser par un dix roues. Et un dix roues avec des pneus à clous. J’enfile ma tenue de course. C’est fou comment je deviens superstitieuse quand il s’agit de choisir mes vêtements. Rien n’est laissé au hasard; de l’élastique à cheveux, aux bas en passant par les bobettes tout a été choisi avec soin. Éviter les frottements, légers, harmonieux et surtout interdiction de porter le chandail de l’événement le jour de la course au risque d’être foudroyé instantanément. Un chandail d’une année précédente est toutefois acceptable. J’attrape mon mélange de Gatorade et d’eau, mon rouleau de tape élastique et mes souliers de course.

On se dirige vers le départ de la course. La fébrilité nous gagne rapidement lorsque nous croisons d’autres participants déjà en train de s’échauffer. Arrivés à la table d’inscription, on récupère nos dossards, nos épingles et notre pacte de bières.
Nous y voilà. À nous le BEER MILE!

Pourquoi aime-t-on courir?

Pourquoi aime-t-on courir?

Qu’est-ce qui fait qu’on lace ses runnings et que l’on extirpe d’une douce langueur pour partir courir ? Peut-être sommes-nous un gang de dépendants en attente de notre dose d’endorphine ? Peut-être sommes-nous des aventuriers inconscients qui ne peuvent voyager que de cette façon ? Mais, pourquoi cours-t-on au juste?

Courir vers l’inconnu
On a beau faire le même parcours, la même distance, tenter d’avoir la même cadence, ce n’est jamais la même course que l’on fait. Quand on se glisse dans la nature, il n’y a que l’imprévue qui est prévisible. Tant ce que nous voyons, ce que nous ressentons changent, mais, aussi notre propre façon de percevoir se transforme. La foulée n’a jamais tout à fait la même aisance, la nature n’est jamais identique. J’ai fait des sorties lors d’orages, en étant en totale harmonie et j’ai aussi fait des sorties dans des conditions similaires en ressentant un sentiment de panique, la nature est variable, mais le coureur aussi. De nos jours, où tout est trop prévisible, trop contrôlé, ressentir un peu de contingence, c’est être libre.
Marathon Runners
Courir vers l’autre
Que nous soyons deux ou vingt mille au départ, cela change peu de choses, car, la course, c’est aussi une histoire de lien social. Parfois, dans l’effort, nous avons l’impression que seul le coureur à nos côtés, que nous connaissons parfois à peine, c’est vraiment la seule personne au monde qui peut ressentir ce que nous vivons. En courant des centaines de kilomètres par année avec d’autres humains, de belles histoires d’amitié naissent. La course nous réserve toujours des moments d’intensité, et partager ces moments avec d’autres, c’est réconfortant.

Courir vers soi
À la course, autant nous pouvons être en lien avec l’autre, autant, nous pouvons être totalement seuls, et y être si bien. L’auteur et coureur japonais Haruki Murakami indique qu’il court pour obtenir le vide, ce vide si confortable, si apaisant. Alors que les premières foulées d’une sortie peuvent être difficiles, l’aisance apparaît avec la répétition du mouvement et cela nous laisse libres de rêver et de vivre le moment présent. Quand la foulée devient un mantra, les soucis s’en vont, l’ici et maintenant, prend toute la place, enfin.

Courir pour courir
J’attache mes runnings, je branche mes écouteurs et je commence à courir en écoutant une chanson d’Eddie Vedder

I think I need to find a bigger place
Cause when you have more than you think
You need more space
Society, you’re a crazy breed

Je suis bien d’accord avec Eddie, la société est une bibitte bizarre, mais ce n’est pas grave, je peux trouver tout l’espace qu’il me faut pour être bien, je n’ai qu’à courir.