La sortie tempo

La sortie tempo

Un tempo est très utile pour porter un jugement sur son niveau de forme. Il s’agit essentiellement de courir moins longtemps, mais à la même allure que notre objectif visé sur 5, 10, 21 ou même 42,2 kilomètres. Cet entraînement nous permet alors d’évaluer nos sensations à la vitesse souhaitée le jour de la compétition. Plus tôt en mars, une séance tempo de 7 kilomètres était au programme pour le groupe et moi. Pourquoi 7 kilomètres? Si vous avez l’esprit mathématique, vous aurez deviné qu’il s’agit du tiers de la distance demi-marathon. Voici comment s’est déroulée la séance…

C’est un mercredi matin d’heure avancée, la noirceur sera présente jusqu’à la fin de l’entraînement. La merveilleuse ville de Sherbrooke nous offre cependant le parc Jacques-Cartier illuminé et plat juste pour nous et quelques irréductibles marcheurs. La zone orange nous permettant de courir (enfin) en groupe, nous entamons l’échauffement dans la bonne humeur. Histoires de parentalité, de travail, de course à pied et j’en passe. Le traditionnel tour d’activation tire à sa fin et la conversation glisse tranquillement vers les quelques consignes, conseils et encouragements des deux coureurs aguerris et plus rapides que moi qui feront office de lièvres pour les 7 prochains kilomètres. En théorie, je n’aurai qu’à suivre de près ces deux machines et mettre mon cerveau en mode veille. Nul besoin de regarder ma montre, ces deux métronomes se chargeront de le faire à ma place.

Le lampadaire qui nous sert de repère de départ approche, les pouces se rapprochent de la montre et « clic » le départ est donné. Je me glisse stratégiquement derrières mes deux amis, tel que convenu. Le régulateur de vitesse semble déjà réglé pour eux. Allure cible ce matin : 3:45/km. Un autre membre du groupe court à mes côté et s’accrochera le plus longtemps possible. Nul doute, un tempo est tellement plus facile en groupe!

Les 3 premiers kilomètres défilent très rapidement. On s’encourage mutuellement et le rythme, légèrement plus rapide que prévu, est tout de même confortable. À partir du 4ème, l’effort s’installe graduellement. Les discussions sont plus courtes et ressemblent davantage à « go », « on continue », « ça va bien ». L’effet de groupe fait son œuvre jusqu’à la fin et la montre sonne le 7ème kilomètre. La satisfaction est au rendez-vous et le retour au calme sur les prochains kilomètres fera du bien. Les conversations légères reprennent.

Bilan de la séance; la cote d’effort est légèrement plus élevée qu’anticipée, mais la température froide et le départ plus rapide peuvent expliquer cet écart. Ajoutons une période d’affûtage de 10 à 14 jours avant une compétition ainsi que l’excitation de l’événement et les éléments seront en place le jour venu.

Prochain test? Une séance tempo de 10 kilomètres en avril, trois semaines avant l’événement maison prévu la fin de semaine du 1er mai. Événement, vous l’aurez compris, non-officiel et simplement porté par notre amour pour la course à pied.

Bon entraînement!

***

Vous avez déjà expérimenté une séance de type tempo? Laissez-le moi savoir dans les commentaires.

Boston

Boston

Mars annonce le printemps, et le printemps annonce Boston. Plutôt, le printemps est l’apanage de Boston, ville sur laquelle s’échoue le plus vieux marathon au monde, qui ouvre dans la plupart des esprits la saison des grandes courses. Il y a certes Tokyo en février et Londres en avril, mais le rêve est perpétuellement américain. C’est sur les terres du Massachusetts, là où s’est construite l’Amérique, que les coureurs rêvent au moins une fois d’user leurs petites semelles sur la grande ornière de l’Histoire.

J’y étais, il y a deux ans.

Je me souviens, gamin ou ado, être tombé à quelques reprises sur le marathon de Boston à la télé, toujours un lundi de grisaille, chose inouïe puisque dimanche clôturait habituellement le noble sport (d’endurance, j’entends) au petit écran. Mon père m’avait alors raconté l’histoire de Jacqueline Gareau et de Rosie Ruiz. Mais j’en savais peu, et m’intéressais de loin à ces choses au si long cours, en la monotonie desquelles je m’inclinais avec égards mais sans ambages, laissant les autres battre le plat bitume, batailler interminablement hors des forêts, hors des montagnes, en dehors de tout véritable paysage, dans quelque bled prosaïque, sur des rues dont les noms rappelaient trop bien ma morne existence citadine.

Puis, le lundi 15 avril 2019, j’étais de ces autres, dans un bled nommé Hopkinton, et rien ne me paraissait plus extraordinaire que la succession de chemins asphaltés menant à Boston.

La veille, dans mon appartement loué, j’avais vu Philippe Gilbert triompher sur le vélodrome de Roubaix et le rondelet Patrick Reed affubler Tiger Woods du veston vert à Augusta. Paris-Roubaix en cyclisme, le Masters au golf, Boston en course à pied, la troisième d’avril est toujours la première à marquer au calendrier.

Le matin de la course, très tôt, il fallut prendre un autobus et quitter la belle ville pour atteindre l’obscur village. Dans les tristes ténèbres pleines de vent et de pluie, j’avançai en trottant, en marchant, en courant, croyant faire là un échauffement précoce et salutaire mais ayant trop chaud, cependant que rien n’était plus désagréable dans l’attirail que m’imposaient la Nouvelle-Angleterre et sa météo boudeuse. Un poncho en plastique, du genre de ceux qui – recevant la pluie, mais tenant captive la sueur – restent mouillés en tout point, et des sacs blancs d’épicerie noués aux chevilles plombaient mon allure, un peu le moral aussi, semblaient menacer jusqu’au temps que j’espérais fracasser dans quelques heures. Des petits fantômes, frères et sœurs d’armes, de partout surgissaient d’entre les bâtiments endormis, sur les rues noires que seuls éclairaient les feux de circulation tricolores. Peut-être formions-nous alors, minable procession de ponchos, aux yeux indifférents des passants qui s’en allaient travailler, l’étonnant rappel du bordel à venir dans leur métropole, comme un second cadran du matin qui marquait pour nous plus que pour eux une grande et importante journée.

Dans l’autobus, je pris place aux côtés d’une femme de mon âge, puis entamai mon gruau pris en pain sur l’étroite banquette brune de mon enfance. Durant l’interminable trajet, je m’excusai trop de fois auprès d’elle, lançant niaiseusement : « Sorry, sorry, I hope it’s OK », comme si avaler de l’avoine en poncho dans un autobus scolaire relevait du péché. L’expiation, elle me l’offrit pourtant chaque fois qu’elle osait cette gentillesse : « No, no, of course, go ahead, it looks good ».

Parvenus sur les lieux du départ, ce fut la guerre pour trouver abri, car avant même le manque de sommeil, le surentraînement, le sous-entraînement, les blessures, les ressorts imprévisibles de la digestion, la mauvaise connectivité GPS, la prime crainte du coureur le matin de la course est de mouiller l’empeigne neuve de ses souliers. Des tentes à perte de vue abritaient des mines flegmatiques, rêveuses, absentes, cordées serrées, les plus chanceux assis sur la pelouse humide, les autres debout à scruter le prochain à se dépêcher vers les toilettes chimiques. Moi-même dus m’y résoudre à la toute fin, après près de deux heures d’immobilisme, et quitter mon bout de gazon à regret, mais les files indiennes tous azimuts vers les toilettes me bloquaient déjà la voie, m’empêchèrent d’espérer pouvoir vider mon thermos de café plein la vessie et les boyaux à temps pour le départ.

Ma qualification inespérée, le temps au marathon de Philadelphie à abaisser à tout prix, la vigueur relative de mes jambes, ma présence même à Boston, tout cela disparu, mis en sourdine par mon ventre prêt à éclater. Le départ était imminent. Dans la cohue, il fallut me débarrasser de mes collants, lambeaux rouge et bleu, vieilles étoffes élimées portant en dégradé le nom de mon ancien club de ski de fond : Fondeurs Laurentides. Tout était fourré dans de larges poches que tenaient ouvertes les bénévoles contents. Thermos, sac à dos, poncho, perdus aussi pour toujours.

J’hésitai à retirer ma casquette pendant l’hymne américain, la calotte sur le cœur me semblait une peine dont le Québec et les autres nations pouvaient bien être exonérés. Au coup de départ fusant enfin vers un soleil qui nous surplomberait toute la journée, nous nous enfonçâmes mais trop lentement, sans propulsion franche, comme un déversement de boue, avec tout juste l’élan gravitationnel. Sur les bordures de trottoir, entre les boîtes aux lettres, sur les terrains mêmes des badauds qui applaudissaient devant leurs maisons victoriennes, et dans l’atmosphère desquelles lévitaient des relents de saucisses et de boulettes (les Américains rompus le matin au barbecue plus qu’à l’athlétisme), je m’affairai à contourner, dépasser, enjamber, rattraper. Au premier point de ravitaillement, le bitume était patinoire, et il fallut force adresse parmi les torrents d’eau et de Gatorade, jonchés de milliers de petits cônes de carton et de quelques épaves (trois ou quatre corps échoués sur le sol glissant). Les montres hurlaient, les drapeaux virevoltaient, nous étions bel et bien chez nos voisins du sud.

Si d’un long trait ma Garmin put dessiner mon allure (le pace, oracle du coureur, l’aiguillant au paradis ou tout droit en enfer), un cardiologue d’abord inquiet se serait réjoui de le voir décoller enfin au trente-deuxième assaut (kilomètre), piquant vers la stratosphère et tergiversant dans les hauteurs jusqu’à la fin, et aurait cru y déceler une renaissance de cœur. L’inverse, manifestement, se produisit, ou plutôt rien de tout cela, car alors que je courrai les deux premières heures à cadence de métronome comme un champion, j’avais la mort aux jambes. Mon sang fumait à gros bouillons (le poncho, coupable?). Vivant, je ne l’étais que d’après la sonnerie de ma montre qui me le rappelait nonchalamment, chaque kilomètre. Mais je tenais bon pourtant, je ne sais comment, enfin si : par orgueil, à coup sûr. Et ce n’est pas par poésie de la mise en abîme ni par penchant métaphorique que je m’arrêtai finalement dans la célèbre Heartbreak Hill, côtelette terrible, puis marchai défait les kilomètres suivants. Ma blonde me dit plus tard qu’à ce moment, elle qui suivait avec son père la course à la maison (bien enceinte et clouée là pour des raisons d’assurance), vit le cercle GPS portant mon nom disparaître soudainement de l’application sur son téléphone. Volatilisé, car trop lent. Quelque part, dans la stratosphère, je suçais un popsicle orange, philosophais sur les racines de l’existence en pensant au classique de Kundera, que je n’avais par ailleurs jamais lu : la vie est ailleurs.

Je fus le premier de retour dans l’appartement, tandis que ma mère en digne maman (qui m’avait accompagné dans mon escapade bostonnaise, ma grande sœur et ses enfants aussi) cherchait son fils parmi lits et civières de l’infirmerie non loin de l’arrivée. Au souper, une fois tous réunis, ma sœur qui connaissait pourtant bien son frère et devinait aisément mon amertume, devisa avec sagesse et un trop franc sourire :

« C’est une bonne leçon de vie, peut-être la meilleure chose qui puisse t’arriver. »

Mon frère me dit la même chose au téléphone. Dans deux semaines, ma fille verrait le jour, en détournerait le tranquille cours, et m’apprendrait que ces petites défaites ne sont rien. Ma sœur et mon frère avaient entièrement raison, mais je n’étais pas encore père, et avant de le devenir, je continuais à jouer le gamin ébauchant de grands rêves, ébauchant en secret ce soir-là au sein du tumulte des analyses post-course et méta-analyses de vie un souhait inavouable et incertain : Boston, dans ta grande ornière je reviendrai.

***

Le titre de mon dernier (et premier) article, Fartlek, ne cherchait pas à tromper le lecteur, mais en jeta quelques-uns dans une inévitable méprise. Ce terme suédois, désignant étymologiquement un jeu de vitesse, trouve aujourd’hui d’amoindris échos à l’ère des plans d’entraînement, de la souffrance orchestrée, structurée, chiffrée. Le fartlek, ostentatoirement dépourvu de cadre, de règles, décliné en vitesse selon l’agrément du sujet, d’après les ondulations du sol et les soubresauts de la volonté, échappe tout à fait à la mesure. À l’image, en bref, de mon texte fuyant et un peu comme la plume – brouillonne, changeante, ludique – dont le jeu sans cesse dissimulé est celui de la démesure.

Mets tes raquettes!  Pis cours!

Mets tes raquettes! Pis cours!

Ahhh, les merveilles de l’hiver! Partir en raquettes avec votre conjointe ou conjoint, avec des amis, la famille et fouler la neige épaisse de nos forêts comme l’ont fait auparavant des générations de nos ancêtres autochtones. Gravir des montagnes, descendre dans des coulées ou simplement emprunter des pistes balisées, puis admirer des paysages à couper le souffle. Mais le saviez-vous? Il y a faire de la raquette et courir en raquettes? Oui oui! Vous avez bien entendu! On peut courir en raquettes. Pas avec celles que l’on utilise pour fouler la neige pour nous empêcher de s’enfoncer, non! Il existe sur le marché, depuis plus d’une trentaine d’années, des raquettes pour la course à pied. Parfaites pour les amateurs de course en sentiers. Des raquettes qui vont vous permettre de continuer à courir en trail et ce, en plein hiver.

François Bernard Tremblay

Déjà, au 19e siècle, l’existence du Montreal Snowshoe Club, au début de années 1840, nous montre tout l’intérêt de partager l’activité de la raquette entre amis. Quelques années plus tard, la fondation de nouveaux clubs à travers le Québec élève le niveau récréatif à des niveaux compétitifs. Les grandes compagnies le comprennent et s’ajustent. Nouveaux matériaux, nouvelles formes, légèreté. Aujourd’hui, les adeptes de ce sport ont accès à des produits de pointe.

Ambassadeur de la région Saguenay—Lac-Saint-Jean de la course en raquettes, l’athlète Carl St-Hilaire a accepté de nous informer sur ce sport méconnu. Le Saguenéen est bien connu comme participant de la course des portageurs (15 km avec une poche de 100 lbs sur le dos) et est aussi un redoutable joueur de hockey sur glace. Personnellement, c’est la nage en eau libre et le triathlon qui nous a rapprochés.

Où?
La course en raquettes se pratique sur des surfaces préalablement entretenues où la neige est déjà foulée comme les sentiers de marche, de fat bike et de motoneige (vérifier avant si vous avez l’autorisation d’y accéder).

Les coureurs qui empruntent les sentiers uniquement munis de leurs chaussures ne sont pas toujours bien vus par les autres utilisateurs, ils brisent les sentiers et font des trous dans la surface. Par contre, les coureurs équipés de raquettes sont les bienvenus partout et même dans les centres payants m’affirme St-Hilaire.

François Bernard Tremblay

Comment et Combien?
La course en raquettes est tout de même un sport qui vous paraîtra relativement abordable. En effet, tout ce qu’il vous faut, ce sont ces fameuses raquettes spécialement conçues pour courir. Beaucoup moins longues que celles fabriquées pour la marche en forêt, elles viennent tout de même en plusieurs déclinaisons de modèles.

Pour Carl St-Hilaire, un athlète parcourant plus 500 km en raquettes par hiver depuis près d’une quinzaine d’années et qui est impliqué dans l’organisation de divers événements, il n’y a qu’un seul modèle qui vaille : La TSL-305. Il vous en coûtera près de 200$ pour l’achat des raquettes, plus l’achat d’une tige-attache (moins de 100$) et d’une paire de chaussures. Seules certaines boutiques tiennent ce modèle de raquettes, car il faut percer la semelle de la chaussure avec une perceuse (il faut une chaussure avec une semelle assez épaisse à l’avant) afin d’y installer la fameuse tige-attache qui s’amarrera à la raquette (Notez bien que la botte TSL existe également). Ce type de raquettes demande par contre un léger ajustement dans le style de course, car grâce à l’attelage spécial, l’arrière de la raquette va traîner au sol. Il y a donc un effet de glissement du pied qui diminue aussi la projection de neige dans le dos du coureur.

raquettesIl existe d’autres modèles plus simples d’utilisation où le pied se fixe entièrement à la raquette. Vous aurez plus la sensation de courir avec une chaussure. L’arrière de la raquette ne traîne pas au sol. Il faut donc, comme à la course à pied, lever un peu plus les genoux. L’avantage de ce type de raquettes est que vous pouvez utiliser la chaussure de votre choix. Par contre, il y a aussi un désavantage important : la projection de neige qui vous éclaboussera le dos, voire même la tête. Le port d’un vêtement hydrofuge est plus que conseillé. L’acquisition de ce type de raquettes vous en coûtera autour de 250$, mais comme toute chose, des modèles plus onéreux sont également disponibles.

D’autres modèles ont tenté d’imiter l’effet « inclinaison ou pivot » de la TSL-305 en fixant le devant du pied sur un attelage pivotant. Encore là, un investissement de quelque 250$ vous permettra de vous chausser convenablement pour la pratique de course en trail hivernale.

François Bernard Tremblay

Bref, comme vous le voyez, il existe des modèles pour tous les goûts et tous les budgets. Un débutant pourra trouver un produit qui lui convient à partir de 150$ environ et le coureur qui cherche plus de performance devrait s’en tirer pour moins de 500$.

Pourquoi?
Parce que t’es une fille de trail ou un gars de trail et que l’asphalte et les longues lignes droites ne sont pas pour toi. Parce que tu veux continuer à courir en sentier l’hiver. Parce que l’hiver dans le bois, les paysages sont à couper le souffle. Pour quitter l’environnement bruyant de la ville et reconnecter avec la nature.

Pour te motiver un peu, sors en groupe! Ou si t’en peux juste pu de la belle gang de « chialeux » qui t’accompagne à l’année longue, inscris-toi dans un club, il en existe sûrement un près de chez toi. La plupart du temps, les clubs de course en raquettes sont associés à des boutiques spécialisées. Au Saguenay-Lac-St-Jean, le Club Vo2 trail et dans la région de Québec le club Le Coureur nordique, sont spécialisés dans ce domaine.

Raquettes

Un gros merci à Carl St-Hilaire (Vo2 Trail) qui a accepté de m’éclairer sur le sujet.

Bonne course!

Crédit photo : Carl St-Hilaire

Vous vous sentez coupables après le repas et rêvez de minceur ? Lisez ceci.

Vous vous sentez coupables après le repas et rêvez de minceur ? Lisez ceci.

Runwise

En 2015, j’ai essayé de manger le moins possible pour m’approcher du physique d’un Kényan avec la ferme intention de courir plus vite et d’avoir l’air mince.

Soyons transparents d’entrée de jeu, j’avais poussé le vice à l’extrême. Je jeûnais du samedi soir ou lundi matin et je me pliais au jeûne intermittent le reste de la semaine.

J’avais également supprimé toute la nourriture transformée de mon alimentation (en plus d’être végan et sans gluten).

J’étais persuadé que cela m’aiderait à maigrir, améliorerait ma santé ainsi que mes performances.

Mais les chronos ne mentent pas. Cette saison-là ? J’ai fait la pire saison de cross-country de ma carrière. Pourtant il m’aura fallu des années pour le reconnaitre.

maxime lopes

Quelques années plus tard, j’ai réalisé que ces comportements extrêmes avaient écourté mes saisons. J’ai commencé à manger à ma faim, plus varié et à prendre du poids.

En quelques mois, j’ai recommencé à progresser, les blessures ont disparu tout en pesant 7 livres de plus.

Mais le véritable bienfait a été sur le plan psychologique.

Mon moral est revenu et j’ai redécouvert le plaisir de s’entrainer. Je souhaite à tout coureur de vivre ce sentiment de libération.

La semaine dernière, j’ai publié une trilogie alimentaire détaillée et appuyée par la science. Un genre de guide avancé pour les coureurs et qui explique pourquoi nos comportements alimentaires sont souvent problématiques et comment faire pour y remédier.

Le but ? Montrer qu’il existe une autre façon de faire. Une façon qui vous rendra – j’en suis convaincu – plus épanoui sur le long terme.

Suite à la publication de cette série d’articles sur les réseaux sociaux, des dizaines de coureurs et coureuses ont fait valoir leurs expériences parfois douloureuses. Ceci nous concerne tous.

Pourquoi c’est si important ?
Une majorité de coureurs est aux prises avec des comportements alimentaires dysfonctionnels et une partie n’en a pas conscience. Nous voulons tous (ou presque) habiter un corps différent, un corps plus mince.

Ne nous culpabilisons pas, ce n’est pas vraiment de notre faute.
C’est un message fort que nous envoie la société depuis notre enfance. Un message amplifié dans les sports d’endurance.
Pour atteindre cet idéal, nous avons développé des habitudes et des croyances alimentaires qui nous poussent à manger moins en exerçant un contrôle constant sur ce que nous mangeons.

À long terme, nous glissons insidieusement vers une sur intellectualisation de l’alimentation. Le lien de confiance entre le corps et l’esprit s’effrite. Notre corps devient cet adversaire qu’il nous faut dominer par la force.

De telles habitudes font des ravages dans la communauté des coureurs. Elles favorisent les blessures, limitent la progression à long terme, et fragilisent la santé physique et mentale des athlètes.

Accepter que notre façon de penser soit défaillante est peut-être l’étape la plus difficile à franchir.
Cette façon de penser tient en deux idées :

1. Nous voulons être toujours plus mince.
2. La nourriture devient un moyen d’atteindre notre quête sociale de minceur.

Des chiffres préoccupants
La semaine dernière, j’ai diffusé un questionnaire auprès de coureurs permettant de diagnostic d’éventuels troubles alimentaires.
Vous pouvez encore y participer.

Ce court questionnaire est le « Eating Attitudes Test » qui a été validée par une étude scientifique parue en 2016. Ce test ne se substitue pas à un avis médical.
Plus de 1000 coureurs et coureuses ont répondu.

Voici quelques résultats :

75% des coureurs pensent aux calories qu’ils brulent quand ils courent

75% des coureurs pensent aux calories qu’ils brulent quand ils courent

84% auraient une terreur folle d’avoir des kilos en trop

84% auraient une terreur folle d’avoir des kilos en trop

70.7% se sentent mal à l’aise après avoir mangé des bonbons

70.7% se sentent mal à l’aise après avoir mangé des bonbons

78.9% sont obsédés par l’idée d’être plus mince.

78.9% sont obsédés par l’idée d’être plus mince.

Je vous laisse le soin de tirer vos propres conclusions.

Si ce constat vous préoccupe, je ne peux que vous encourager à lire cette trilogie alimentaire.

En attendant, voici quelques recommandations qui pourraient vous aider.

Mes 20 recommandations

1. Parlez-en ! C’est l’étape la plus difficile. Trouvez quelqu’un qui saura vous écouter. Mettez des mots sur ce que vous ressentez, vos difficultés, vos angoisses.

2. Entourez-vous de personnes ayant un rapport équilibré à l’alimentation.

3. Vous n’avez pas besoin d’éviter un groupe alimentaire parce que vous avez lu sur internet que le gras ou le sucre, c’est mauvais (c’est probablement faux).

4. Consommer assez de calories est plus important que de manger des aliments « sains”.

5. Acceptez l’idée que parfois, votre corps a davantage besoin d’un twix que d’un brocoli.

6. Tentez de ne plus catégoriser certains aliments comme bons ou mauvais (c’est la meilleure façon de développer un trouble alimentaire).

7. Ne vous blâmez pas si vous avez envie de chips ou d’un twix, c’est surement le signe que vous avez (trop) faim.

8. Votre intuition est probablement un meilleur guide alimentaire que de nombreux mythes nutritionnels supportés par peu de données scientifiques.

9. Faites confiance à votre corps, c’est le seul qui sait de quoi vous avez vraiment besoin.

10. La maigreur ne conduit pas aux performances à long terme (et parfois même pas à court terme).

11. Vous pouvez manger autant que vous le voulez, sans vous priver, juste en mangeant à votre faim.

12. Si vous voulez atteindre un poids de performance, vous pouvez optimiser votre sommeil, votre entrainement et diminuer votre stress.

13. Le poids et le type de corps varient d’une personne à l’autre, tentez d’accepter et d’aimer votre corps : la comparaison peut faire beaucoup de mal.

14. Vous n’avez pas à mériter un repas. Vous pouvez manger ce que vous voulez quand vous voulez (le plaisir fait disparaitre le désir).

15. Il y a peu de preuve scientifique démontrant que le sucre est mauvais pour la santé, même pour le sucre raffiné (notamment chez les coureurs).

16. Aucun type de diète à la mode ne vous aidera à courir plus vite ou être en meilleure santé.

17. Vous n’avez pas besoin de jeûner pour progresser ou être en santé (j’ai mis 2 ans à m’avouer que cela était inutile).

18. Essayer de ne pas associer certains aliments à des récompenses (si je cours 25 km, j’ai le droit à un chocolat). Vous risquez de créer une association alimentaire négative.

19. N’essayez pas de compenser un « surplus » de calories par plus d’exercice.

20. Attention à la balance. En plus d’être source d’angoisse, le poids n’a que peu d’intérêt contrairement à la composition corporelle.

Conclusion

Nous avons tous des croyances alimentaires bien ancrés, souvent hérités de notre éducation.

Le discours de notre entourage nous influence. Notre voix intérieure nous fait douter, mais faire la paix avec son corps et renouer avec sa capacité à manger par plaisir c’est possible.

Vous pouvez commencer dès maintenant en élargissant votre répertoire alimentaire (même les twix).

En vous accordant le droit de manger ce que vous voulez quand vous voulez.

Mangez à l’enthousiasme et acceptez-vous : voici mes recommandations.

J’espère que cet article sèmera une graine, aussi petite soit-elle.

Prenez soin de vous,

Si vous avez besoin d’aider, voici une ressource québécoise : https://anebquebec.com/

Courir pour mieux vivre

Courir pour mieux vivre

Selon le Journal of the American College of Cardiology, les gens en santé qui s’entraînent et complètent un premier marathon retranche l’équivalent de 4 ans à leur âge vasculaire.

Les chercheurs ont associé cet entraînement à une réduction de la pression artérielle et de la rigidité de l’aorte. Le durcissement des artères est une conséquence normale du vieillissement, mais il augmente aussi le risque de problème cardiovasculaire chez des individus autrement en santé.

J’ai toujours pensé qu’en étant actif, j’éloignais la maladie et les médicaments qui suivent. Et il faut dire que j’ai toujours eu une aversion envers les divers produits chimiques qu’on donne à notre corps pour retrouver la santé. Rendu à 62 ans et avec toutes les activités physiques que j’ai pratiquées, je peux valider que cette croyance est vraie. Je remercie l’univers à tous les jours de me réveiller avec toutes mes facultés autant mentales que physiques. Car je travaille quotidiennement auprès d’une clientèle qui ont des limitations de toutes sortes. Donc, c’est avec une immense gratitude envers la vie que j’embarque dans mes espadrilles pour m’élancer sur différents parcours.

Et ce n’est pas demain que ça va se terminer quand je regarde le Britannique John Starbrook qui a 87 ans a couru son 33e marathon de Londres en 2018 en un temps de 8 heures et 21 minutes. Bon, vous allez me dire que c’est un phénomène, un peu dans le genre de Phil Latulippe qui a commencé à courir à 48 ans pour finalement plus tard, à 62 ans traverser le Canada à la course à pied. Il a même répété l’exploit à l’âge de 70 ans. Mais avant tout, il faut se respecter avec les dispositions génétiques que nous possédons. Tout est relatif. Courir 1 km peut être aussi méritant que le record d’Éliud Kipchoge de 1h59 pour un marathon.

Évidemment, la course à pied nous apporte aussi un meilleur sommeil mais également nous oblige à surveiller de plus près notre alimentation qui est quand même le carburant de notre véhicule. L’écrivain André Malraux disait : ‘’il faut ajouter de la vie aux années, pas des années à la vie.’’ Pourquoi pas les deux.