QMT 80km

QMT 80km

 

les defis de beat

Ah ! Quand le jour de la course arrive… Qu’est-ce que c’est chouette, ces papillons, cette excitation, toute l’effervescence qui se crée à l’approche du départ…

Je suis certaine que vous êtes comme moi, vous avez hâte que ce départ sonne, heureux d’être entouré de coureurs aussi fous que vous, car QMT 80km, on s’entend que ce n’est pas rien…

Juste à la vue des sourires des coureurs à la ligne de départ. On peut lire le bonheur, le bien être sur tous les visages, wow c’est juste merveilleux.

QMT 80km

Mon départ
80 km officiel, est ma plus grande distance de trail. Je suis prête, mentalement, et physiquement. Le seul hic, c’est la chaleur qui me joue des tours. Depuis mon coup de chaleur à la Big Wolf Backyard, j’ai de la misère avec les températures…

Heureusement, la météo est la même pour tout le monde, on doit donc agir en fonction de cette dernière. Nous partons de Baie St-Paul et nous arrêterons au Mont Ste Anne au bout de nos 80 km, le tout en traversant la montagne.

Nous courons sur 1 km de bitume environ avant de rentrer dans le bois. Le jour se lève très rapidement, quelques pas dans le sentier et nous pouvons déjà couper nos lumières.

Le Ligori
J’ai découvert ce mont, il y a 2 semaines avec le club de l’Harricana, une très belle expédition sur deux jours que nous avions faits là.

Je savais que sur la QMT 80 km, je devais le faire en partant. J’ai donc pris soin de m’imprégner du parcours, histoire de bien me préparer mentalement.

QMT 80km

Sommet Ligori
2 semaines avant, avec le club de l’harricana

La traversée de ce sentier me renvoyait dans ma fin de semaine des 5 sommets, avec les anecdotes ou discussions que j’avais pu avoir avec Line Pelletier, Themy que nous avions perdu… Marline Côté, j’ai remangé des framboises à la même place que tu m’as fait remarquer leurs présences… Les sections ou nous ralentissions pour que Christian Vallée nous rejoigne, etc…

Une fois le gros dénivelé passé, je texte Christian qui ne courrait pas pour qu’il m’apporte des glaçons au ravito du Massif. La chaleur est tellement forte que je suis déjà très proche du coup de chaleur.

Je suis partie avec 3 litres d’eau pour faire mes 15 premiers km et à 13km, j’en ai déjà plus. Je ralentis pour ne pas arriver déshydratée.
QMT 80KM

Ravito du Massif
Cool, la plus grosse difficulté de dénivelé est faite, ça va super bien. J’ai 75 minutes d’avance sur le cut-off.

Christian est là avec la glace que j’ai tant besoin, je rencontre des amis coureurs dont Gérald Audet avec qui j’ai couru sur la Big, Téo Sénécat est là en tant que bénévole, il court demain sur le 25km, il me donne la pêche. C’est le bonheur malgré l’humidité et la chaleur.

Christian fait le plein de mon sac d’hydratation pour me gagner du temps pendant que je me restaure.

J’apprends que mon amie Judith Chapados vient juste de repartir. Mais, pas de stress, je veux profiter de ce spot pour refroidir mon corps, j’ai de l’avance autant en profiter.

Ravito Cap Salut
Je repars clapi clopant avec un plaisir non dissimulé. Le sentier se court bien, c’est parfait.

Je suis super contente, c’est vraiment nickel, ma bête noire du Ligori est passée. Il me suffit de bien garder le rythme, profiter du bonheur d’être en nature, en santé et garder le positif dans les pensées.

Il n’y a pas d’air, il fait chaud, chaud, chaud… Je prends avec une grande gorgée d’eau, mais beurk, Christian m’a rempli mon sac d’hydratation d’électrolytes au lieu de l’eau naturelle avec mes glaçons, oh là, là… Je suis dans la m….

Oh non… Aille, aille, aille, je ne dois pas boire ça… Je fais de la rétention d’eau… Zut ! Bon, je vais prendre de petites gorgées obligatoires pour me pousser au prochain ravito et d’ici là avec la fonte des glaçons cela devrait diluer les électrolytes.

Je suis nostalgique et prends des fous rires quand je reconnais les sentiers où nous avons fait les folles cet hiver avec mes amies CDF, Line Pelletier, Judith Chapados et Nathalie Roy…
Je ne réussis pas à boire suffisamment pour atténuer ma soif.

Arrivée au ravitaillement je remets de la vraie eau pour compléter mon sac d’hydratation. Je ne veux pas jeter mes glaçons et j’ai les mains tellement dégueulasses que je ne veux pas vider en retenant ma glace.

Je retrouve de nouveau mes amis coureurs. J’ai maintenant 135 minutes d’avance sur le cut-off. À par mon problème d’eau, ça va très bien.

Ravito Cap Gribane
Je me permets de nouveau une pause de 15 minutes. Je placote avec les coureurs. J’adore ces échanges, je fais mon social… Quoi… Ça ne se fait pas dans une course ? Ben moi j’aime ça… Me taper la causette au ravito, y a toujours plein de gens sympas, les bénévoles et les coureurs sont supers, ça crée des liens, de la complicité pour la suite du parcours, on se retrouve toujours sur les ravitos suivants, j’aime cette interaction…

Je repars la joie au cœur pour mon 3ème ravitos. Dans ma tête, je ne cours pas 80 km, mais 6 ravitos…

Je rattrape Frédéric puis le dépasse. Il voit là, une opportunité pour l’aider à garder un rythme. Il veut essayer de rester coller à mes baskets pour ne pas perdre la cadence.

Frédéric me suit comme ça pendant 5km. On discute de tout et de rien, sans que je sache à quoi il ressemble. Sa voix, la frappe de son pas ainsi que sa façon de respirer n’ont plus un seul secret pour moi. À l’oreille, je sais si je le distance ou si c’est un autre coureur qui arrive.

Puis, je dois ralentir, je recommence à chauffer gros, je ne supporte plus le goût des électrolytes. Pourtant, j’ai bu si peu… Mes mains enflent à vue d’œil et je ne veux pas que cela arrive dans mes jambes… Et mince, ça fait ch… ces électrolytes…

QMT 80km

Judith, Line et Nathalie à la découverte du sentier des caps

La cata… 38ème km
Je ne suis pas au mieux de ma forme, mais le prochain ravito n’est plus très loin. Ça devrait aller. Il me reste 4 km pour l’atteindre, je peux me permettre de ralentir encore même si j’ai déjà levé le pied depuis un quelques minutes.

L’air est vraiment étouffant … Je sue énormément même à l’arrêt… Mon estomac s’amuse à faire le yoyo… Je laisse passer beaucoup de coureurs, je ne sais pas combien ni qui, je suis trop concentrée à reprendre le contrôle sur mon état que je vois à peine ce qui se passe autour.

Johanne que j’avais dépassée un temps avant, me rejoint et me dit qu’elle arrête… Elle en a marre, elle n’a plus de plaisir, il fait trop chaud, elle a mal partout… Elle ne veut pas finir la course dans ces conditions.

Ohhhh, je ne comprends pas son raisonnement et je lui réponds que non, pas moi… Je vais récupérer et j’irai jusqu’au bout, ce sera le cut-off qui m’arrêtera, mais pas moi…

Oups, mon état s’aggrave à chaque pas… Johanne ne tarde pas à disparaître devant moi, je décide de faire un vidéo en direct pour me changer les idées. Je crois fermement me requinquer pour mieux repartir.

Mais non impossible, je me vide, c’est fini… Je tremble de tout mon être… J’ai chaud, je ruisselle de partout, je prends un violent mal de tête…

J’ai qu’une envie, m’étendre sur le sol pour récupérer pour repartir ensuite… Puis, je pense à mes enfants et la promesse que je leur ai fait « NE JAMAIS ME METTRE EN DANGER »

DNF
Sans y penser deux fois, j’appelle Christian et l’informe de la situation. Je lui explique l’inversion qu’il a faite avec l’eau et les électrolytes. Non pas pour le rendre coupable, mais pour qu’il connaisse la vérité afin de ne pas refaire une telle erreur.

Je me sens très faible et j’ai bien du mal à avancer… Entre deux respires, je fais un second live pour informer mes amis qui me soutiennent que c’est fini pour moi. Je n’ai pas réussi à combattre la chaleur.

Je mets 90 minutes pour parcourir mes 3 derniers kilomètres. Nous serons finalement 3 à arrêter ici, car Olivier un coureur du 125 km est lui aussi victime d’un coup de chaleur. Il est lui aussi en piteux état.

Même si dans la réalité des faits j’abandonne ma course, je ne ressens pas du tout ça comme tel.

Si j’avais poussé plus, j’allais vers la catastrophe, me retrouver à l’hôpital ne m’intéresse pas.

Je préférais récupérer le plus rapidement possible et faire mon bénévolat le lendemain comme convenu tout en profitant de l’événement.

On sait tous que parfois, ça ne marche pas comme on veut, alors il faut s’adapter et réessayer plus tard. Ce qui m’embête c’est que j’étais prête, ce 80km était à ma portée, mais il me fallait de l’eau, de la vraie pour le réaliser…

Merci aux bénévoles
À l’arrivée du ravito, j’ai été prise en charge par les bénévoles. Marylène Gravel m’a reconnu et s’est occupé de moi comme une maman. Je ne supportais pas le soleil, la chaleur, il me fallait de l’ombre et je voulais juste m’allonger, enlever mon mal de tête…

De la glace sur la tête, dans la nuque, wow, je me sentais revivre peu à peu.

Le personnel des premiers soins sillonnait le sentier, alors l’équipe du ravito a été au petit soin pour nous. Leur aide m’a permis une récupération plus rapide même si je ne me sentais pas encore en état de recourir. Un gros merci à vous tous. J’ai pu faire mon baptême en côte-à-côte. Eh calvaire, ce truc, c’est malade, je ne peux pas dire que j’ai apprécié mon expérience, mais je me suis rendue à destination.

Nous sommes allés au 4ème Ravito pour récupérer mon sac de rechange au 57ème km.

C’est ici que j’ai pu saluer mes amis Judith Chapados (80km), Mitch Lessard (160km), Julien Paradis (Pacer), Yan Bernier (160km), Lysanne Trépanier (160km), Éric Deshaie (160 km), Themy (160km) …

J’étais admirative et pleine de compassion, car je connaissais le travail et la difficulté que tous ces coureurs avaient déjà fournis.

Je comptais sur eux pour passer le lendemain au lunch, car je servirai le dernier repas de course en tant que bénévole.

Conclusion
Une course n’est jamais gagnée d’avance, ça, tout le monde le sait. Même si on se prépare au pire, jamais je n’aurais pu prévoir cette erreur.

Courir sous une forte chaleur est très difficile pour moi. Mais en contrôlant ma vitesse avec un ravitaillement au 15km maximum même, avec du dénivelé, je pouvais parfaitement réussir cette distance.

J’attribue cet échec à l’absence d’eau naturelle dans mon sac d’hydratation. On dit toujours que l’on fournit des résultats ou des excuses… Alors, pour moi cette fois-ci ce sera une excuse, et pourtant…

J’ai pris la bonne décision au bon moment et je m’engage à revenir l’année prochaine sur cette même distance, sans électrolytes dans mon sac d’hydratation.

Je réserve le même poste pour le bénévolat, car c’était super de pouvoir féliciter tous les coureurs à l’arrivée.

QMT 80 km

Cette course était pour mon amie Judith ce jour-là. Elle rayonnait, c’est un plaisir de la voir ainsi.
“Judith, tu doutais de tes capacités, mais tu as réalisé exactement le temps que je visais. Bravo et félicitations ! Tu as toute mon admiration”.


Merci à tous pour votre soutien et votre énergie

Défie le sentier 12 heures de nuit

Défie le sentier 12 heures de nuit

 

les defis de beat

Défie le sentier 12 heures de nuit est à sa 2ème édition. Cela se passe au Sanctuaire de St-Majorique, dans la forêt en bordure de la rivière St-François. Un coin de Drummondville à découvrir si vous ne connaissez pas.

Défie le sentier 12 heures de nuit
Ce défi vient compléter le choix de course proposé par Défie le sentier Soucy.

Lors de la 1ère édition, je n’avais pas pu être présente, car j’étais déjà inscrite à une autre course à Toronto. Je m’étais donc promis de réserver ma place pour la seconde édition qui s’est déroulée du vendredi 15 octobre 21h au samedi 16 octobre 2021 à 9h.

Il est important pour moi de soutenir, participer ou/et encourager les évènements de course dans ma ville d’adoption.

Cela fait partie de mes saines habitudes de vie et rejoint mes valeurs pour la santé, le bien-être auxquelles je suis attachée. Plus la population sera en forme, plus il y aura de gens heureux autour de nous selon moi.

Préparation
Ma saison de course ayant été clôturée sur le marathon de Percé le week-end dernier, je n’attends rien de ce défi. Je viens juste chercher des réponses pour savoir comment préparer ma prochaine saison.

Je suis ici pour me tester sur cette épreuve que je trouve intéressante. Savoir comment mon corps peut réagir après une semaine surchargée, une journée de travail bien rempli débutée depuis 5h le matin.

Comment vais-je être capable de combattre mes démons dans la nuit ?

J’ai l’ambition de courir 125 km en 2022. Alors, comment dois-je me préparer pour le parcours de nuit ?

Qu’est-ce qui m’attend, comment ne pas sombrer dans les ténèbres de la nuit ? J’ai tant de choses à apprendre pour courir la nuit, cette course sur terrain plat est parfaite pour ça.

En juin, pendant ma participation au Big Backyard à Rivièrve du Loup, auprès de grands athlètes de la région, j’ai beaucoup appris à me gérer pour tenir sur les longues.

Stéphanie Simpson, notre championne canadienne a été ma référence. C’est elle qui m’a conseillé avant que je me présente sur cette course.
Elle était là aussi pendant la course, avec:

Isabelle Bernier, Kim Gaudet, Karine Litalien, Tania Rancourt, Hélène Dumais, Olivier Le Méner, Cédric Chavane, Éric Déhaies champion canadien et bien d’autres…

Une expérience
Défie le sentier 12 heures de nuit est une boucle de 8 km que l’on fait le plus souvent possible pendant la durée de l’épreuve. Cela ne veut pas dire que l’on doit courir toute la nuit. Libre à toi si tu veux dormir… Seulement, tu prends le risque de perdre des tours sur les autres coureurs.

Forte de mon expérience du backyard, j’ai suivi les conseils que j’ai reçus. J’ai privilégié l’hydratation, l’alimentation et le sommeil, les 3 clés essentiels pour tenir le plus longtemps possible.

Je me suis donc présentée avec mon conjoint Christian Vallée, chargé de mon stock démesuré, avec un choix de bouffe et de boissons liquide à gogo, sans oublier les chaises longues pour dormir au besoin.

J’ai vu le regard des coureurs envieux de mon idée de charrette pour traîner tout ce stock ainsi que deux chaises longues. Ce qu’ils ne savaient pas encore à ce moment, c’est que j’allais me servir de ma chaise longue pour dormir en vrai.

Défie le sentier 12 heures de nuit
Notre setup

C’est parti
Défie le sentier 12 heures de nuit
Ma fidèle supportrice Kassandra, ma fille

Je n’ai pas fait de préparation mentale pour passer la nuit. Avec ma chaise longue, je suis en affaires, ça me suffit. Je sais qu’en étant allongée, je peux dormir 5 minutes et récupérer facilement.

Nous sommes 19 coureurs sur la ligne du départ, dont 4 femmes. Je ne connais pas ces 3 femmes, mais on est là pour s’amuser et c’est vraiment ce que je ressens en leur parlant.

Le départ est lancé. La première boucle se passe très bien. La température est super bonne pour un mois d’octobre, peut-être un peu trop chaude encore à 21h, mais on devrait perdre quelques degrés donc pas de stress.

J’ai prévu de mettre une heure pour faire chaque boucle, je finis la première en 57 minutes, c’est correct.

J’attends Christian pour qu’on reparte ensemble. Je repars avec lui, mais je le distance de nouveau. Il est important que chacun aille à son rythme pour durer le plus longtemps possible. Je continue et l’attendrais avant de repartir sur la 3ème boucle.

Ma 3ème boucle
Christian arrive 10 minutes après moi, je prends le temps d’échanger un peu avec lui puis je repars, car je trouve ma pause longue pour un début de course.

Pendant ma 3ème boucle, je perds déjà de l’intensité sur ma lampe frontale, m…., ça fait ch…, j’ai mis des batteries neuves avant de partir.

Il me reste 4 km sur cette boucle, mais ça va être difficile, car je trébuche dès que j’essaie de courir. Je ne vois pas du tout les racines sous la faible lueur.

Attention panique à bord
Pour me dé-paniquer, je me mets du Franck Nicolas dans les oreilles. Un balado de motivation, persévérance et confiance illimitée. Le genre de truc, tu ne peux pas arrêter même si c’est difficile.

Je finis ma boucle en une heure malgré tout, je suis surprise, mais contente de voir que j’ai su trouver une bonne solution pour finir dans les temps et sans me blesser.

1er Repos
Avant de repartir pour la 4ème boucle, je veux changer mes batteries, malheureusement, c’est Christian qui les a. J’avais prévu une 2ème lampe frontale, mais je lui ai passé, car la sienne ne fonctionnait pas.

Julien Paradis qui est bénévole pour ce défi me prête la sienne, car Christian est loin de son retour, ça fait seulement 30 minutes qu’il est reparti.

Je repars avec cet emprunt, ce qui me frustre un peu, car j’avais tout prévu pour moi, et donné mes recommandations à Christian pour qu’il ait tout en sa possession. Malgré tout, il n’a pas été assez prévoyant pour lui-même.

Chacun doit apprendre de son expérience
Il a sans doute sous-estimé mes recommandations, je pense qu’il faut vivre la situation pour être conscient de la réalité. Chacun doit faire son apprentissage, sa propre expérience.

Au retour de cette 4ème boucle qui m’a pris beaucoup d’énergie mentalement pour me détacher de la situation frustrante que je venais de passer, je décide de dormir 30 minutes. J’ai du temps, il est 1h30, j’ai déjà fait 4 boucles. Mon état physique est parfait. Je demande à Julien pour qu’il me réveille à 2h.

C’est reparti pour 4 tours
Mon horloge interne est merveilleuse, à 1h58, je me réveille, fraîche et reposé prête pour repartir comme si j’avais passé une nuit de sommeil.

Je croise d’autres coureurs qui commencent à être maganés… Oh, la nuit commence à laisser des traces sur certains. Je ne connais pas leur histoire, une course c’est personnel, propice à soi-même en fonction du moment et des situations que l’on vit.

Je remets mon Balado Franck Nicolas dans les oreilles et advienne que pourra. Je veux faire 6 ou 8 boucles, j’ai largement le temps, car il est 2h du matin et la course finit à 9h.

Ça va super bien j’ai toujours la même foulée et la même énergie qu’au premier tour. Pour le moment, j’ai fait toutes mes boucles autour de 60 minutes, comme je voulais. Mon corps me donne aucun signe de douleur, c’est génial.

Il fait un noir profond, à deux reprises le changement de musique me fait lancer des hurlements de terreur, cela ne dure qu’un instant, mais me ravigote au plus haut point. Croyez-moi, je n’ai pas le goût de dormir.

Il me reste 3km à ma 6ème boucle quand la pluie se met à tomber. Fine et légère au départ puis pour les derniers mètres, il pleut averse. En arrivant au ravito, Christian est là, prêt à repartir, pfff, je ne voulais pas faire de pause, mais ça ne me tente pas de faire une boucle sous la grosse pluie alors que ça devrait arrêter vers 5h…

2ème pause
Eh, c’est hot, il est 4h30 j’ai fait les 6 boucles que je voulais faire, il me reste du temps en masse pour en faire 2 de plus minimums et je devrais même avoir encore du temps pour une autre.

Toutes les femmes sont au ravito, Anne-Pier Raymond veut faire une pause, ben moi je vais faire pareil, car je sais que la pluie n’est que passagère. Je demande à Frédéric Ouellet de me réveiller à 5h pour faire une 2ème pause de 30 minutes.

J’en avais pas spécialement besoin, mais je trouve plus judicieux de dormir à l’abri plutôt que d’aller m’affaiblir sous la grosse pluie.
À peine allongée sur ma chaise, je dors et me réveille, 2 minutes avant l’heure fixée.

Après ma sieste, il ne pleut plus
Il ne pleut presque plus, je suis prête à repartir pour ma 7ème boucle. Tous les coureurs mettent leur coupe-vent, je fais pareil, car j’ai peur de mal mesurer la température vue que je sors « du lit ». 500 mètres plus loin, je dois le reposer, il fait beaucoup trop chaud avec ça.

Les coureurs des 4 heures de nuit ont pris leur départ, cela fait du sang neuf. Je peux faire un brin de jasette en dépassant 3 marcheurs parmi les coureurs. Ils sont là par solidarité pour les coureurs des 12 heures. Oh j’ai trouvé ça touchant, une belle attention à notre égard.

Un gros merci à ces 3 marcheurs, car oui ça fait chaud au cœur.

Arrêt prématuré
Je suis à 2 km de la fin de ma 7ème boucle quand un coureur sans lumière est arrêté sur le côté du sentier. J’ai hurlé toutes mes entrailles tellement j’ai eu peur.

Le coureur embêté c’est confondu d’excuses, il avait mal aux muscles et essayait de se masser les points douloureux pour revenir au camp. J’ai tellement eu peur…

Ensuite, c’est au tour d’une biche et ses 2 bébés qui me font faire le saut, je les aperçois dans la lueur de ma lumière s’éloigner, pfff mon cœur bat la chamade, mais ça réveille, et me sort de mon écoute audio.

Je finis ma boucle, après une courte pause pour manger, je repars pour la 8ème. Je veux voir le jour se lever, il est entre 6h30 et 7h.

Je découvre le parcours avec ses défauts, je vois enfin ce qui m’a fait trébucher toute la nuit. Je n’ai plus mes repères de la nuit, ça me fait drôle, j’ai l’impression de vivre une nouvelle course.

Encourager une amie
Ma 8ème boucle se termine à 7h50, j’ai 70 minutes pour faire la 9ème, ce qui est largement assez, car j’ai toujours le même rythme qu’à la première. Je pourrais repartir, ça va super bien.
Malgré tout, je décide d’arrêter, car cela ne changera rien pour mon classement.

J’ai atteint mon objectif maximal désiré.
Mais surtout, demain, je veux accompagner mon amie Diane Dumas qui fait un marathon personnel « Hommage à son père ».

Je lui ai promis d’être à ses côtés pour la soutenir et partager ce moment à vélo avec elle.

Résultat inattendu
J’ai profité de ces 70 minutes pour discuter avec les coureurs et bénévoles de la place. À aucun moment, j’ai réalisé ce que je venais d’accomplir et avec la facilité que je l’avais fait.

J’ai fini avec une capacité d’en faire plus. J’ai réalisé 110 à la Big, alors, je pense que j’aurai pu atteindre 80km. Ce sera mon objectif pour la prochaine fois, probablement en 2023. Car en 2022 je devrais me trouver à l’île de la Réunion pour affronter le Muscaraigne à cette même période de l’année.

Quel plaisir de partager et échanger avec un coureur exceptionnel comme Pierre-Luc Fortin. Il revient du Tor de Géant en Italie, il n’avait pas encore récupéré de cette grande épopée. Il était présent aussi à la Big, mais je n’avais pas eu l’occasion ce jour-là d’échanger avec lui. Le monde de la trail est vraiment chouette, c’est un monde à part ou il y règne la sagesse de la course.

J’ai fini 2ème chez les femmes avec 64 km. Ce test m’a apporté la confirmation que j’avais le potentiel pour atteindre mon objectif de 2022. Maintenant repos avant de reprendre l’entraînement à la mi-novembre.

Bon repos à tous et on se retrouve bientôt dans d’autres aventures.

Croyez en vous, foncez, vibrez au rythme de vos défis, de vos rêves…

Je vous ai déjà dit, mais je vous le répète, j’adore ma vie !

Défie le sentier 12 heures de nuit

Réguler l’hypersensibilité par la course à pied

Réguler l’hypersensibilité par la course à pied

Il est possible de trouver beaucoup d’informations en lien avec les personnalités hypersensibles sur la toile. Un conseil revient souvent. Faire du sport, individuellement, en maximisant le contrôle des stimuli. La course à pied permet quelque chose de précieux et vital pour les personnes à la sensibilité exacerbée. Être dans sa bulle soit se ressourcer, se recentrer, retrouver son énergie vitale, se retrouver et retourner à l’harmonie intérieure. L’intensité des ressentis par rapport aux autres, à  ses émotions, ses sentiments, les événements est telle que la fatigue mentale peut vite s’accumuler si la gestion n’est pas tout à fait adéquate à la réception de toute cette stimulation. Aller courir permet non seulement de reprendre pied mais aussi, de mettre à profit la sensibilité pour se recharger. Le vent, le taux d’humidité, la température, les paysages, la lumière variante, la présence des différents types de nuages sont autant de variables perceptibles par les sens très alertes. L’effet thérapeutique est presqu’instantané après s’être recentré dans le présent et que le stress retombe.

Les conditions météos plus extrême peuvent être une réelle source de bien-être. Un vent violent ralentit certainement la cadence de la course tout en étant revitalisante pour le coureur. Les arbres se ploient  sous son souffle, les feuilles multicolores dansent  à un rythme de plus en plus effréné , la mousse monte en pic sur les vagues qui se creusent, la pluie devient cinglante et l’odeur humide et fraîche apportée par les bourrasques ajoute une touche plutôt magique à ces moments précieux.

Sur une note plus humoristique, cette exacerbation des sens chez les gens hypersensibles est parfois comparée à l’état dans lequel se trouve quelqu’un qui consomme certaines drogues. La souffrance physique ou morale est généralement vécue intensivement mais les périodes de bien-être sont aussi proportionnées. Le « trip » est gratuit et sans effet néfaste pour la santé. L’autorégulation reste primordiale afin de favoriser l’harmonie intérieure et celle avec son entourage.