Le repos, une phase nécessaire à l’entrainement

Le repos, une phase nécessaire à l’entrainement

Les compétitions d’automne étant pratiquement toutes terminées, j’ai eu envie de vous parler de repos annuel. En effet, une fois notre saison de compétition terminée, on peut avoir l’impression de retrouver devant le néant. « Mais qu’est-ce que je peux bien faire maintenant que j’ai réalisé tous mes objectifs de la saison » me direz-vous. Et vous aurez raison de vous poser la question !

C’est donc à cette question que je tenterai de répondre dans ce billet de blogue.

Les phases de la course à pied
Tout d’abord, il m’apparaît pertinent d’expliquer la structure d’un programme de course à pied. En effet, la périodisation — c’est-à-dire le découpage d’un processus d’entraînement en périodes plus courtes — est la clé d’un bon plan de course à pied. La nomenclature quant aux différentes phases peut varier d’un ouvrage à l’autre, mais les objectifs de chacune d’elles restent sensiblement les mêmes. Ainsi, il est possible de distinguer 6 phases de l’entraînement :

1. La phase d’introduction : Cette phase sert de transition à la suite d’un repos ou d’une phase de compétition intense. L’objectif est de permettre à l’athlète de reprendre l’entraînement sur de nouvelles bases tout en limitant la fatigue physique et mentale.

2. La phase de structuration : L’entraînement commence à cette deuxième phase. Le but est de permettre à l’athlète d’augmenter ses capacités aérobies tout en favorisant l’amélioration de points techniques tels la posture, la force, la puissance, la cadence ou tout autre point jugé pertinent.

3. La phase de consolidation : Elle constitue une phase charnière entre la phase de structuration et la phase de préparation spécifique. L’objectif est de préparer l’athlète à la phase suivante en apprivoisant les allures de compétition.

4. La phase de préparation spécifique : Cette phase intense du cycle vise à reproduire lors de l’entraînement, les exigences d’une course en compétition. Les allures cibles y sont également optimisées et les entraînements mobilisent essentiellement la filière énergétique prépondérante de l’épreuve de prédilection de l’athlète.

5. L’affûtage / Compétition : Les phases précédentes ont permis à l’athlète d’atteindre son plus haut niveau de forme. La phase d’affûtage lui permet de se reposer tout en gardant un stimulus minimal pour ne pas perdre la forme. C’est lors de cette phase qu’une compétition est planifiée.

6. Repos / Repos annuel : À la suite d’une période de compétitions — période pouvant contenir plusieurs compétitions — il est idéal de prendre quelques journées de repos et de reprendre le cycle d’entraînement. Cependant, une fois par année, il est bon de prendre un plus long repos, ce que j’appelle le repos annuel.

Le repos annuel
Ainsi, pour des athlètes de courses sur route où les compétitions s’étendent généralement d’avril à octobre, il apparaît raisonnable de prendre son repos annuel vers la fin octobre, soit après sa dernière compétition.

L’idée du repos annuel est de prendre une pause mentale et physique d’un programme d’entraînement. Ça ne veut donc pas dire d’arrêter complètement de faire de l’activité physique, mais simplement d’arrêter un entraînement planifié et intense.

La durée du repos peut varier d’une personne à l’autre selon une multitude de facteurs, dont la longueur du cycle d’entraînement annuel ou le niveau de fatigue général de l’athlète. Il s’agit en quelque sorte d’un moment de répit pour l’athlète et seule une introspection devrait guider son retour à la course. En d’autres termes, l’athlète doit écouter ses sensations et reprendre l’entraînement lorsqu’iel se sent vraiment prêt·e.

La phase de repos constitue également une opportunité de faire un retour sur la saison qui vient de se terminer. Il est bon de revoir sa saison pour se remémorer les bons coups et ce qui pourrait être à améliorer lors de la prochaine saison.

Enfin, il m’apparaît un bon moment pour établir ses prochains objectifs à court et à moyen terme. L’athlète peut par exemple penser aux distances qu’iel aimerait faire, aux marques qu’iel aimerait atteindre et aux différents événements auxquelles iel aimerait participer. Ce processus pourra grandement aider à mieux préparer l’athlète vers ses prochains objectifs.

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Rêve inaccessible?

Rêve inaccessible?

Du 1 au 11 octobre 2021 avaient lieu la 35e édition de la légendaire course le Marathon des Sables au Maroc. Normalement organisé au printemps de chaque année, cette course de 250 km en 6 jours fut déplacée à l’automne à cause de la pandémie mondial. Cette épreuve sera reconduite au printemps 2022 du 25 mars au 4 avril.

La course se déroule dans le sud du Maroc en autosuffisance alimentaire (chaque concurrent porte sur son dos sa nourriture pour une semaine : seule l’eau portée étant fournie) sous des températures qui avoisinent les 50 degrés. Est-ce utopique pour moi de penser un jour faire ce genre de course? C’est la question que je me pose depuis les années que je coure le marathon.

Quel genre d’entraînement serait le plus adéquat pour ce genre d’épreuve? Est-ce qu’il faudrait arriver 2 semaines avant la course pour s’habituer à cette chaleur intense? Pleins d’informations à aller chercher sur l’alimentation. J’imagine de voir la tête de mes proches le jour que je vais leur dire que je vais courir 250 kilomètres dans le désert du Maroc. Je suis convaincu qu’ils vont s’informer s’il existe encore une place de disponible en psychiatrie.

Un proverbe français dit : Une volonté bien déterminée rend presque tout possible. Je me souviens encore de l’accomplissement à 22 ans de mon premier marathon. Quel bonheur et de soulagement d’avoir compléter cette épreuve ultime en me disant bien voilà, tu viens de rentrer dans un club select. Et aujourd’hui, je me dis pourquoi pas apprendre où sont mes limites.

Est-ce que la course vous a rendu heureux cette année?

Est-ce que la course vous a rendu heureux cette année?

La saison de course s’achève, c’est le moment de faire les bilans de fin de saison et de jeter un regard sur ce que nous avons fait au cours des derniers mois. Il me semble que chez les coureurs, la tendance à voir le verre à moitié vide me semble bien présente. Une course difficile, un abandon, tout cela peut nous apparaître comme un immense bouton dans le milieu du front qui nous empêche devoir le reste. Et pourtant, pourquoi courons-nous? Pour battre un chrono? Pour devancer un adversaire? « L’enjeu de la course est-il de l’emporter sur les autres? N’est-ce pas plutôt de se vaincre soi?[1] » Pas certain que la meilleure façon d’aimer la course c’est en la faisant contre l’autre.

Il ne faut pas mesurer le tout en termes de performance, au contraire, compter les instants de bonheur me semble plus porteur.   Quand vient le temps de faire le bilan de la saison, la question qui me semble importante c’est : qu’elles ont été les moments pendant lesquels j’étais le plus heureux? Qu’est-ce que la course m’a fait vivre et qu’il m’aurait été impossible de connaître si j’étais demeuré sur mon divan à regarder la télé?

Il ne faut quand même pas avoir une vision trop idyllique, courir cela demande de l’effort, le bonheur n’est pas toujours instantané. Quand nous partons jogger dans le froid et dans le noir, ces petits instants heureux se laissent désirer, mais ils finissent par arriver…parfois! Les petits sursauts de bien-être peuvent durer quelques secondes, mais il me semble qu’ils en valent la peine en titi. Pour ma part, mon bilan de saison « moment de bonheur » c’est le suivant :

5) Se perdre avec un groupe lors d’une course en sentier, et se dire qu’un petit raccourci par la route serait bien agréable et que d’être disqualifié une fois dans sa vie, cela serait quand même une expérience différente

4) S’amuser comme un enfant à faire des sprints sur piste, et faire semblant d’être un grand sprinteur

3) Voir le soleil se lever en allant travailler à la couse, et se dire que l’on peut bien y ajouter quelques kilomètres de plus, la job va attendre un peu ce matin

2) Faire un entraînement de nuit en chantant des chansons grivoises, histoire d’éloigner les ours et de se rapprocher des amis

1) Tous les moments de partage avec les amis, les bières prises ensemble, les blagues échangées et les instants où nous ressentons la solidarité.

C’est mon bilan 2021, quel est le vôtre? Moi, j’ai eu une belle année de course.

[1] Leblanc, G. (2012) : Courir, méditation métaphysique, Flammarion; Paris, page 267

Pour un bilan « moment de bonheur »

La saison morte

La saison morte

La saison du marathon est terminée. Les chaussures aux plaques de carbone sont remisées et les objectifs placés en veilleuse. L’année de compétition 2021 nous a permis de renouer avec certains événements. Pour plusieurs, la motivation à s’entraîner est revenue en même temps que ces promesses de courses organisées. Maintenant que la saison morte s’installe, voici quelques éléments qui vous permettront, je vous le souhaite, de l’apprécier un peu plus.

Tout d’abord, courir en novembre et en décembre permet d’embrasser doucement l’hiver qui s’installe. De nos jours, il est très fréquent d’avoir encore de belles surfaces sécuritaires pour nous permettre d’apprécier le paysage plutôt que de guetter la prochaine plaque de glace. Avant les premières neiges, la beauté du gazon gelé mélangé aux doux rayons du soleil du matin ne pourra vous laisser indifférent. Vous n’êtes pas une coureuse ou un coureur matinal(e)? Tant mieux pour vous! Le mercure peut facilement monter près des 10 degrés en après-midi. Courir en plein jour permet aussi de profiter de la lumière naturelle du soleil. Il s’agit d’un excellent moyen de garder le moral pendant ces mois plus difficiles pour plusieurs.

De plus, l’entre-saison est aussi l’occasion rêvée de varier nos terrains de jeu. Résidant à Sherbrooke, notre Mont-Bellevue trône en plein centre-ville. Ses multiples sentiers nous invitent à délaisser nos repères de vitesse et travailler davantage en côtes. Exit le pace, bonjour la course aux sensations!

Finalement, la saison hivernale est aussi l’occasion parfaite pour apprécier nos réalisations, définir tranquillement de nouveax objectifs pour l’année à venir et dresser un bilan de nos bons et mauvais coups de l’année. Pour les plus assidus, l’entraînement en salle peut faire partie de la routine hivernale afin de se préparer aux événements printaniers. De surcroît, un plus grand laxisme alimentaire peut faire du bien aux plus grands coureurs épicuriens. Cette période de l’année doit aussi servir à se détendre et à consacrer davantage de temps aux autres sphères de notre vie. Notre capacité à lâcher prise peut très bien être bénéfique. La valeur d’une pause mentale ne doit pas être sous-estimée.

Bonne course!

Marius Sauvageau

Marius Sauvageau

 

Je suis parti courir. Encore un peu sous le choc. Je venais de lire qu’un homme de Chambord était accusé de menaces de mort sur le Premier ministre François Legault. Un homme de Chambord. Mon village natal!

Finalement, la citoyenneté de l’individu est un peu plus complexe que ça. Il aurait de la famille sur place, serait déjà passé par là, est vaguement connu, etc. Je ne peux pas dire qu’on le revendique trop fort chez les locaux. Ça se comprend.

N’empêche, je me sens le devoir de redorer le blason de la municipalité. Ça me fournit l’occasion de vous raconter une histoire qui me rend très fier de mon patelin. À Chambord, l’aréna s’appelle Centre Marius-Sauvageau.

Oui, Marius Sauvageau.

Vous pouvez le Googler, faire le tour de Wikipédia, demander à la Société historique de la région, les chances que vous trouviez une référence à Marius sont minces. J’ai essayé. La seule trace qu’on trouve, c’est un avis de décès, via un site de généalogie.

Pourtant, notre homme a un aréna à son nom. Dans le patrimoine contemporain du Québec, ça équivaut à une place au Temple de la renommée.

C’est que, à Chambord, quand est venu le temps de baptiser la nouvelle patinoire couverte, on n’a pas voulu lui donner le nom d’un politicien, d’un athlète, d’un industriel ou même d’un quart-de-finaliste à Star Académie (je suis certain que ça se trouve). Non, à Chambord on a eu l’excellente idée de rendre hommage aux citoyens les plus importants de la municipalité, les bénévoles. À travers l’un d’entre eux.

Marius, c’était LE bénévole. Je l’ai bien connu. Drôle de binette, voix éraillée, riant pratiquement tout le temps. Dans une organisation, le premier arrivé, dernier parti. Jamais dans les postes visibles. Pas le « président de » ou le « présentateur du ». Marius ne tenait jamais le micro, c’est lui qui l’avait branché. Et transporté la sonorisation. Et qui la retournerait à sa place pendant que tous les autres seraient au cocktail.

Il est décédé jeune, pas 60 ans, en 2004. C’est sûr que depuis, il a pris en charge la logistique de la ligue de fer à cheval du Paradis et qu’il y vend aussi des moitié-moitié.

J’avais quitté le village depuis pas mal de temps lorsque j’ai appris qu’on donnerait son nom à l’aréna. Je n’ai jamais su qui avait eu cette idée, si un comité s’était penché sur la question. J’ose croire que ça n’a même pas fait l’objet de longues discussions. Quelqu’un a dû dire : Marius ? ». Les autres ont répondu, parce que ça allait de soi : « Ben oui, Marius, c’est sûr ».

C’est comme ça que son nom s’est retrouvé en grandes lettres blanches, à l’entrée de l’aréna. Imaginez le nombre de fois qu’une petite joueuse du hockey mineur a demandé à son père : « C’est qui ça Marius Sauvageau? » et le père a répondu : « Ben, euh, ça doit être euh, quelqu’un… dépêche-toi, là, ton équipe est sur la glace! »

Dans le fond, il y était presque, ce père. C’est ce que Marius était, dans le sens le plus québécois de l’expression.

Marius, c’était, quelqu’un.